Aller au contenu

Utilisateur:Na-historienne UDEM/Brouillon

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La fantasia est attestée en Algérie dans sa version originale au sein même de la Numidie or à l’époque même de l’antiquité. C’est une technique de guerre exécutée par les cavaliers de Massinissa, le roi de la Numidie.[1]

La Fantasia en Algérie et à travers ses régions et décrite dans de nombreux écrits, récits de voyages, de touristes, historiens d’écrivains, et notamment les témoignages militaires durant la colonisation française de l’Algérie.

Cet article recense quelques-uns de ces écrits et peintures qui illustrent si bien la pratique de la Fantasia connue sous le nom El baroude notamment, soit la poudre en Algérie.

En 1839, lors de son escale à Boutlelis dans l’Oranie, l’auteur J. A. Bolle décrit ainsi cette exhibition équestre : « Les cavaliers se donnent aussi souvent le plaisir d’exécuter des phantasias, exercice qui consiste à faire faire des bonds, des sauts et des cabrioles à son cheval, à le faire caracoler, se cabrer, ruer, hennir, piaffer avec colère, blanchir son mors d’écume[2] »

Eugène Fromentin qui avait peint une toile, une huile Fantasia Algérie en 1869 qui se trouve au musée Sainte-Croix de Poitiers, décrit au mieux cette pratique ancestrale en Algérie dans son livre « Une année dans le Sahel » publié en feuilleton entre en 1858/1859 :

« Le premier départ fut magnifique ; douze ou quinze cavaliers s’élançaient en ligne. C’étaient des hommes et des chevaux d’élite. Les chevaux avaient leurs harnais de parade ; les hommes étaient en tenue de fête, c’est-à-dire en tenue de combat : culottes flottantes, haïks roulés en écharpes, ceinturons garnis de cartouches et bouclés très haut sur des gilets sans manches, de couleur éclatante. Partis ensemble ils arrivaient de front, chose assez rare pour des Arabes, serrés botte à botte, étrier contre étrier, droits sur la selle, les bras tendus, la bride au vent, poussant de grands cris, faisant de grands gestes, mais dans un aplomb si parfait, que la plupart portaient leurs fusils posés en équilibre sur leur coiffure en forme de turban, et de leurs deux mains libres manœuvraient soit des pistolets, soit des sabres. »[3]

Lors de son voyage en Algérie Napoléon III a assisté à une grande Fantasia organisée en son honneur le 18 septembre 1860 à Maison-Carrée (El Harrach aujourd’hui, une banlieue dans l’est d’Alger) « L’empereur venait d’assister à une grande Fantasia exécutée par six mille Arabes ou Kabyles de diverses tribus »

Edmond Morin, peintre et illustrateur français mort en 1882 assistant à cette fantasia avait dit « Ce n’est pas un peuple, c’est une armée [4]».

En 1860, dans son livre Voyage de Leurs Majestés en Algérie, on peut lire cet extrait « On a cent fois décrit cette course folle de quatre ou cinq cavaliers lançant leurs bêtes à toute vitesse, les maintenant de front comme l’attelage d’un quadrige, d’une main brandissant leur sabre, de l’autre déchargeant leur fusil, le faisant tournoyer en l’air, le reprenant, revenant sur leurs pas et recommençant toujours avec le même plaisir, avec la même ardeur, si longtemps que dure la poudre[5] ».

Le voyage de Mme A.Gaël en Algérie a donné lieu à un livre intitulé simplement En Algérie, édité en 1881 où elle aussi évoque une fantasia à laquelle, elle venait d’assister : « De tous les spectacles que je n’aie jamais vus, le plus émouvant, le plus enivrant est bien la Fantasia ! et, je ne crains pas de l’affirmer, un membre du Congrès de la paix, lui-même, subjugué par ses charmes fantastiques, sentirait, ne fut-ce qu’un instant, s’éveiller en lui l’ardeur guerrière de nos pères les Gaulois. [6]»

Dans l’ouvrage dont le titre est Le Cheval algérien : élevage, dégénérescence, amélioration, institutions hippiques... »/par H. Vallée de Loncey, 1889 : nous relevons : « Si vous avez eu la bonne fortune d’y assister, vous avez eu une image exacte de la fantasia telle qu’elle se pratique en Algérie[7] ».

Gaston Bonnefont auteur de Deux petites touristes en Algérie, 1890, il écris : « Ils venaient de parvenir au sommet de la hauteur, lorsque Numa appela l’attention de son oncle sur un groupe de cavaliers qui galopaient dans une étroite plaine, dont on pouvait embrasser du regard toute l’étendue.

— C’est une fantasia, dit M. Badourot.

— Une fantasia ?

— Oui. La fantasia est un divertissement qui est surtout en honneur dans la province d’Oran, mais qu’on ne dédaigne pas, comme tu vois, dans celle d’Alger, où toutefois il se réduit à des proportions beaucoup moindres. — C’est une cavalcade furieuse, un jeu national.[8] »

Lieutenant O. de La Bourdonnaye Dans le bled, esquisses algériennes 1905 « Fantasia vient de fentasi, fier, orgueilleux. Le terme propre est melab qui signifie hippodrome » il poursuis : « Qui dit fantasia exprime en même temps la joie, une joie exultante, où la poudre fait ricaner l’âme des fusils. Comme chez les autres peuples, le bruit est un indice de réjouissance. Des cavaliers se détachent successivement de la ligne des fourrageurs, le fusil déjà en main, occupée à garnir l’intérieur de poudre qu’ils prennent dans une poire suspendue à leur ceinture[9] ».

Quelques titres de journaux de l’époque : L’écho de Tiaret le programme de la journée de dimanche 23 septembre 1923 : « A 8 heures grande fantasia Kabile et Mozabite, à 11 heures : Apéritif-Concert. De 14 à 16 heures : Grande Fantasia et jeux divers ».

Armée et marine : revue hebdomadaire illustrée des armées de terre et de mer, datant du jeudi 17 novembre 1904 : « La fantasia tunisienne a un caractère moins militaire : tant par les exercices que par les costumes elle se rapproche davantage des tournois du moyen âge. » « Il importe de distinguer, pour les fantasias entre l’Algérie et la Tunisie, ici ce sont généralement des cérémonies de grand apparat ».

A Prignet, à travers l’Algérie (Province de Constantine et Kabylie cet extrait « dans les villages cl les douars, la cérémonie du mariage s’accompagne de chants, de coups de fusil et de fantasias. » « Voyez ce vieux monsieur décoré assis près du Bachagha : c’est un ancien général devenu Sénateur, à qui le grand chef indigène offrira demain le spectacle d’une fantasia.[10] »


[1] Jean-Pierre Digard et Mercedes Garcia-Arenal (éd.), Al-Andalus allende el Atlántico, Paris, Ediciones UNESCO, 1997 « El caballo y la equitación entre Oriente y América. Difusión y síntesis », p. 234-252.

[2] J. A. Bolle, Souvenirs de l’Algérie ou relation d’un voyage en Afrique, , Impr. de J. Broquisse, 1839 Angoulême, pages 195/196.

[3] Eugène Fromentin, Une année dans le Sahel, Michel, Lévy, frères, libraires-éditeurs, 1859, page. 336.

[4] Fernand Giraudeau, Napoléon III intime, Paul Ollendorff, éditeur, 1895.page 168.

[5] Voyage de Leurs Majestés en Algérie en 1862, typographie de Henri Plon, imprimeur de l’Empereur, page 31.

[6] Mme A.Gaël, En Algérie, 1881, librairie centrale des publications populaires, page 50.

[7] Le Cheval algérien : élevage, dégénérescence, amélioration, institutions hippiques... »/par H. Vallée de Loncey, Challamel et Cie, éditeurs, 1889, page 143.

[8] Gaston Bonnefont Deux touristes en Algérie, Bernardin, Bêchet et fils, éditeurs, 1890, page 65

[9] Lieutenant O. de La Bourdonnaye Dans le bled, esquisses algériennes, Henri-Charles Lavauzèlle, éditeur 1905, page 83

[10] A Prignet, à travers l’Algérie (Province de Constantine et Kabylie) chapitre promenade autour de Biskra, Sidi Okba, éditions librairie Hachette et Cie, 1914. Page, 4.