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Utilisateur:Michel Abada/Article en cours de modification/Frise de Dong Wang Jixiang

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La Frise de Dong Wang Jixiang est un ensemble de scènes sculptées sur la roche d'une montagne à proximité de la ville chinoise de Dong Wang Jixiang (ou de Kong Wan Shan), près du port de Lianyungang (province du Jiangsu). Les historiens et les archéologues ont déterminé que cette frise de 25 mètres de long comporte deux familles distinctes et bien discernables de gravures : un groupe de 115 personnages datés d'environ 69, et un autre groupe moins marqué mais de même importance numérique de style bouddhique chinois qui a été gravé postérieurement à 311 et qui encadre le premier groupe.

Selon les historiens, la famille de gravures datées d'environ 69, se rapporterait à la création d'un mouvement religieux, créé à l'initiative du prince Liu Ying demi-frère de l'empereur Han Mingdi. Cette création serait intervenue à la suite de la venue de deux missionnaires que le prince Ying serait allé chercher en Inde. La frise est qualifiée de pré-taoïste et le mouvement religieux créé par le prince Ying pourrait s'être prolongé et avoir notamment participé à la révolte des turbans jaunes de la secte taoïste Taiping (« grande paix ») de Zhang Jiao, au printemps de l'an 184. Ces deux missionnaires sont traditionnellemet considérés comme ayant emmené le Bouddhisme en Chine. Pierre Perrier a toutefois émis l'hypothèse qu'il pourrait s'agir d'une mission de l'apôtre Thomas, dont de nombreuses sources indiquent qu'il a évangélisé la Chine, avant de revenir en Inde, où il a été exécuté vers 72.

Les données archéolgiques et historiques

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La première campagne archéologique chinoise (1980-1981) a daté la frise de la deuxième moitié du Ier siècle[1],[2]. Elle a aussi identifié certains personnages comme étant chinois — dont un grande foule chinoise d'hommes, de femmes et d'enfants, au centre de la frise —. D'autres personnages ont été identifiés comme étant Yué-tché ou provenant de l'Ouest de la Chine, ce qui à l'époque correspond aux parthes[1]. La technique de sculpture semble unique en Chine, sans descendant ni ascendant connus[1]. Malgré l'usure, des témoignages d'une dimension cultuelle à l'égard des personnages principaux a pu être mis en évidence (notamment, la présence de cupules sculptées pour brûler l'encens)[1].

Une seconde campagne archéologique chinoise (2010), appuyées sur les informations contenues dans les Chroniques chinoises a permis de préciser ces premières indications. La frise a été gravée à la demande du prince Liu Ying demi-frère de l'empereur Han Mingdi et vice-roi de la province[3]. L'identification comme une frise bouddhiste faite initialement a été abandonnée. Elle est désormais qualifiée de pré-taoiste, sans exclure l'identification chrétienne proposée par Pierre Perrier[4].


Temple du Cheval blanc

Concernant l'évangélisation de la Chine par Thomas

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De nombreuses sources font état de l'évangélisation de la Chine par l'apôtre Thomas. Les plus anciennes sont issues de la liturgie en syriaque (un dialecte de l'araméen), comme par exemple deux antiennes qui selon les spécialistes datent de l'époque où se constitua l'office de l'Église de l'Orient et le chant liturgique, sous le pontificat du Catholicos Isu Jabu III (647-657)[5]. La Didascalie d'Addaï écrite au VIIe ou VIIIe siècle refléterait aussi une tradition assez ancienne[5]. Par la suite, Françis-Xavier et Gaspar da Cruz (XVIe siècle rapportent cette tradition en disant la tenir respectivement d'un évêque grec (probablement syriaque ou arménien) et d'un évêque arménien[6]. De même, Nicolas Trigault (XVIe – XVIIe siècle) rapporte les propos « d'un arménien », sans plus de précision[6]. Pour Don Régis Moreau, ces traditions orales, émises dans des contrées où la transmission orale est beaucoup plus habituelle qu'en occident, « sont en fait d'une assez grande précision[6]. »

Éventuelle évangélisation de la Chine

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Selon Pierre Perrier associé à des chercheurs chinois, en 64, Thomas serait parti par bateau pour la Chine, appelé par l'empereur Mingdi. Le premier contact aurait eu lieu entre Thomas et le prince Ying, un parent de l'empereur, dans une vallée située dans l'actuel Kirghizistan, région où l'on parlait l'araméen à l'époque. Selon les sources chinoises, le prince Ying était allé dans cette région pour acheter des chevaux nécessaires à la garde de l'empereur qu'il dirigeait. Arrivé en Chine, Thomas aurait fondé plusieurs églises, dans le port de Lianyungang ainsi qu'à Luoyang, la capitale. La falaise sculptée de Kong Wang Shan à Lianyungang, contemporaine de sa prédication (c. fin 60 début 70[7]) comporte 105 personnages sur 15 mètres de long et permet de reconstituer les circonstances de sa prédication[8]. Pierre Perrier et son équipe se fondent aussi sur une littérature chinoise qu'il qualifie d'abondante. Il identifie plus d'une vingtaine de signes judéo-chrétiens dans la fresque et souligne qu'il n'y a aucun symbole que l'on peut rattacher à la vision romaine, mais que les représentations renvoient à la société parthe. Thomas serait ensuite reparti dans le sud de l'Inde. Pierre Perrier souligne qu'à l'exception de cette prédication en Chine où Thomas a bénéficié de l'aide d'un traducteur qui s'était converti, la carte de la prédication chrétienne au Ier siècle en Asie, correspond aux régions où l'on parlait araméen. Il estime que le centre de l'organisation de cette prédication se trouvait dans la région de Ninive. Ce travail récent, fondé sur des éléments inconnus des spécialistes jusqu'en 2012, reste toutefois à évaluer de façon critique.

Notes et références

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  1. a b c et d Pierre Perrier, De l'empire parthe jusqu'en Chine : la frise de Kong Wang Shan, in Ilaria Ramelli, Pierre Perrier, Jean Charbonnier, L'apôtre Thomas et le christianisme en Asie, Paris, 2013, éd. AED, p. 81.
  2. Wenwu Magazine, Ding Yi zhen et al. (Wu), 1981, no 7.
  3. Pierre Perrier, De l'empire parthe jusqu'en Chine : la frise de Kong Wang Shan, in Ilaria Ramelli, Pierre Perrier, Jean Charbonnier, L'apôtre Thomas et le christianisme en Asie, Paris, 2013, éd. AED, p. 84.
  4. Pierre Perrier, De l'empire parthe jusqu'en Chine : la frise de Kong Wang Shan, in Ilaria Ramelli, Pierre Perrier, Jean Charbonnier, L'apôtre Thomas et le christianisme en Asie, Paris, 2013, éd. AED, p. 80.
  5. a et b Don Régis Moreau, Sources historiques sur la tradition de la venue de l'apôtre saint Thomas en Chine, in Ilaria Ramelli, Pierre Perrier, Jean Charbonnier, L'apôtre Thomas et le christianisme en Asie, Paris, 2013, éd. AED, p. 33.
  6. a b et c Don Régis Moreau, Sources historiques sur la tradition de la venue de l'apôtre saint Thomas en Chine, in Ilaria Ramelli, Pierre Perrier, Jean Charbonnier, L'apôtre Thomas et le christianisme en Asie, Paris, 2013, éd. AED, p. 29.
  7. Après le départ en 68 de Thomas et le succès rapide de l'évangélisation, le prince Ying est destitué en 70 ce qui, pour les archéologues chinois et Pierre Perrier, fixe la datation de ces grands bas-reliefs à 69 après J.-C.
  8. P. Perrier, Kong Wang Shan. L'apôtre Thomas et le prince Ying : l'évangélisation de la Chine de 64 à 87, éditions du Jubilé, 2012, annexe 2, p. 91