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Utilisateur:Louiseml/Brouillon

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La course d’orientation (CO) trouve ses origines dans les pays scandinaves à la fin du XIX° siècle et apparaît progressivement en France après la seconde guerre mondiale, fruit d’un prosélytisme suédois pour des raisons en partie économiques.[1]

A partir de 1893, des pratiques d’orientation compétitives naissent dans les milieux militaires du royaume Suèdo-Norvégien et gagnent rapidement quelques clubs civils d’athlétisme ou de ski. La période est propice. Comme dans tous les pays d’Europe, la vague sportive accompagne l’industrialisation. Elle touche les rives de la Baltique et, dans un contexte de social-démocratie, donne progressivement naissance à un « modèle sportif nordique » inspiré des mouvements populaires. A mi-chemin entre activités topographiques militaires et cross-country anglais, les premiers concours d’orientation s’inscrivent dans cette mouvance et préfigurent ce qui va devenir un des sports les plus prisés des pays Nordiques.

C’est en Suède, -séparé de la Norvège en 1905- que la nouvelle activité se développe  et donne naissance, après la Première Guerre mondiale, à l’ORIENTERING, sport progressivement règlementé et institutionnalisé d’abord sous l’égide de la Fédération Athlétique des Sports de Stockholm puis à partir de 1938 sous celle d’une fédération autonome la Svenska orienteringsförbundet (SOFT) précédant la mise en place de structures similaires au Danemark, en Norvège et en Finlande. Car les Suédois ont suscité dès 1930, des échanges avec les pays voisins et créé les premières conditions d’une harmonisation inter-nordique.

C’est également sous leur instigation que se constitue après la guerre, le Nordisk orienterings råds, organisme composé de la Norvège, de la Finlande, du Danemark et évidemment de la Suède, chargé d’élaborer un calendrier annuel de rencontres, d’harmoniser les règlements.[2] Le prosélytisme suédois permet alors d’aboutir à la création deL’International Orienteering Fédération (IOF) le 22 mai 1961 à Copenhague donnant naissance à l’ORIENTEERING à la définition internationale désormais légitime « course-contre-la-montre, en terrain varié généralement boisé, sur un parcours matérialisé par des postes que le concurrent doit découvrir dans un ordre imposé, par des cheminements de son choix, en se servant d’une carte et éventuellement d’une boussole » Dix pays européens en deviennent les premiers membres : Suède, Norvège, Finlande, Danemark, Bulgarie, Hongrie, Tchécoslovaquie, Allemagne de l’Est et Allemagne de l’Ouest et Suisse.

Les mécanismes de la diffusion de l’orientering puis de l’orienteering en Europe sont bien rodés : les milieux porteurs de pratiques traditionnelles d’orientation sont contactés, des courses dites de propagande sont effectuées visant à faire connaître le modèle sportif nordique. Si des tentatives infructueuses d’implantation française existent avant la création de l’International Orienteering Federation (IOF) en 1960 en direction des milieux scouts [3], des organisations touristiques et de la vieille fédération hébertiste la FFEP, le prosélytisme suédois s’exerce surtout après : en jeu, des mobiles économiques -le marché des boussoles Silva- et symboliques -l’attachement de ce peuple à la diffusion d’un sport dont il a historiquement délimité les normes. C’est donc dans sa version sportive codifiée par la toute jeune IOF que la COURSE D'ORIENTATION -traduction française de l’ORIENTEERING- se diffuse en France. Le démarchage obstiné de Stalbrand, délégué suédois de la succursale française Silva, auprès de l’Office national de forêts, des milieux scolaires et de l’Ecole interarmées des sports (EIS) permet donc de mettre en place les premières compétitions.

La FFCO voit le jour en 1970, réunissant en un consensus temporaire les acteurs des milieux dans lesquels l’activité sportive s’est implantée. Libérée de la tutelle suédoise dés 1975, la structure fédérale se développe, marquée par les oppositions entre militaires et civils. La CO s’est en effet répandue dans les Armées, fruit d’une conjoncture favorable mêlant à la fois l’utilitarisme d’un apprentissage plus moderne de la topographie et l’opportunité pour les athlètes du Bataillon de Joinville d’inscrire rapidement la course d’orientation au programme des grandes compétitions internationales militaires et civiles[4]. Fortement impliqués dans les bureaux et comités directeurs, les orienteurs de l’Ecole interarmées des sports, constituent jusqu’au milieu des années 1980 l’élite sportive, forts de leur ancrage dans les Clubs Sportifs et Artistiques de la Défense (CSAD) et bénéficiant de la logistique militaire. Défenseurs du haut niveau et de la version sportive de la course d’orientation, ils s’opposent aux milieux enseignants qui militent en direction d’une orientation « plein air » et une diffusion en direction de la masse.[5] Les luttes de pouvoirs sclérosent le développement de la jeune organisation jusqu’au milieu des années 1980, moment où le nombre de clubs civils devient alors supérieur aux CSAD (103 contre 91 pour un total de 194 clubs)- et au début des années 1990 -date à partir de laquelle une élite n’appartenant plus aux Armées se dessine. Le sport perd progressivement sa connotation militaire peu médiatique et s’autonomise.


  1. Maïté Lascaud, La carte, la boussole et l’itinéraire. Légitimités et conflits dans l’implantation et la diffusion de la course d’orientation en France. Fin XIXème siècle - début des années 1970, Lyon, Thèse de doctorat en Sciences et techniques des activités physiques et sportives, , 743 p.
  2. Ibidem
  3. Maïté Lascaud, « Scoutismes, pratiques traditionnelles d’orientation et sport nordique. Le cas de la Suède et du Canada. L’exemple français. Début du XXème siècle-années 1960 », Stadion, Internationale Zeitschrift für Geschichte des Sports, 2006,‎ , p. 87-109.
  4. Maïté Lascaud, « Le militaire et l’orienteur. Contribution des Armées à l’implantation et à la diffusion d’un sport 1967-1987 », Science & Motricité, Revue scientifique de l’ACAPS, n° 49,‎ , pp. 63-82.
  5. Maïté Lascaud, Thierry Terret, « The Soldier, the Teacher and the Forester : French orienteers in conflict, », Annual of CESH, European Committee for the History of Sport,‎ , p. 51-66