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Utilisateur:Guy6631/Brouillon5

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Dialectique, historique / matérialisme des philosophes[modifier | modifier le code]

Georges Politzer[1] montre comment la philosophie du matérialisme scientifique en devenant dialectique s'identifie au marxisme. Un des fondements de cette philosophie est la liaison étroite entre la théorie et la pratique. C'est, pour lui, ce qui sépare le matérialisme des philosophes totalement idéel (domaine de la pensée), non idéaliste autant que possible du matérialisme marxiste qui est aussi praxique (dans le but de l'action, personnelle ainsi que sociale et politique).

D'autres courants philosophiques font aussi ce constat : Dans le tome 4 de La Méthode, Edgar Morin appellera la noologie cet espace des idées dans lequel se cantonne quelques philosophes, souvent universitaires ou enseignants. Pierre Hadot, de son côté, adopte plutôt une attitude praxique en considérant la philosophie comme une manière de vivre[2].

G. Politzer indique comment se pratique le matérialisme au quotidien. Tout d'abord, il classe les savants en plusieurs catégories[3]:

  • Les savants qui sont matérialistes conscients et conséquents,
  • Les savants qui appliquent le matérialisme mais qui sont agnostiques ; ceux qu'Engels appelle les matérialistes honteux.
  • Les savants qui ne sont matérialistes qu'au laboratoire car ils sont idéalistes, croyants ou religieux dans la vie courante. Ils appliquent le matérialisme méthodologique mais n'ont pas compris que science et croyance s'opposent absolument

Le matérialiste pratique sa philosophie partout et en toutes circonstances. Il s'agit de transposer le matérialisme dans l'action. Un facteur considéré comme premier est la réalité et pour facteur second la pensée. Ne sont pas matérialistes :

  • L'individualiste : le monde n'existe que pour lui seul,
  • l'égoïste : l'univers se limite à sa propre personne.
  • Celui qui apprend pour le plaisir d'apprendre mais garde tout pour lui.
  • Celui qui raisonne sur toutes choses uniquement par rapport à lui-même.
  • Le sectaire.
  • Le doctrinaire.

Son œuvre philosophique[modifier | modifier le code]

Enracinements[modifier | modifier le code]

Son œuvre philosophique s'inscrit dans la pensée matérialiste, et plus précisément dans le courant évolutionniste[4] du matérialisme scientifique. Ce matérialisme est dit scientifique au XIXe siècle par opposition d'une part au matérialisme des philosophes, et d'autre part au matérialisme éthique ou moral (sens vernaculaire : attitude matérialiste).

Le matérialisme évolutionniste est une philosophie dont les racines historiques remontent au XIXe siècle et qui :

  1. est un monisme : « Les matérialistes ne reconnaissent qu'une seule espèce d'éléments qui remplit la totalité de l'univers »[5] : la matière. Pour Joseph Dietzgen, contemporain de Karl Marx et Friedrich Engels : « le monisme est la conception de l'unité de la matière et de l'esprit, ou de l'enchevêtrement de tous les phénomènes entre eux »</ref>Charbonnat 2013, p. 524</ref>. « Le monisme pour Gueorgui Plekhanov représente l'affirmation de l'unité ontologique du monde, qu'elle ait pour fondement la nature ou l'esprit »[6].
  2. est un immanentisme : « la matière est conçue à partir d'un principe immanent »[7].
  3. qui demande à la philosophie la préséance de la Science : « La méthode scientifique est considérée comme la seule voie d'accès à la connaissance véritable et le discours philosophique s'appuie sur les dernières découvertes de l'époque »[8].

Ce terme de matérialisme évolutionniste a été choisi pour qu'il puisse se démarquer des divers courants philosophiques du matérialisme du XIXe siècle ou antérieurs.

Développements[modifier | modifier le code]

Rares sont les philosophes évolutionnistes qui proposent une ontologie matérialiste se voulant conception générale du monde[9]. Pour lui, tout est matière, tout en admettant que l'immatériel (la conscience et la pensée par exemple) existe et découle de la matière (le cerveau). Chaque entité existante résulte d'un processus de développement. Une entité existante peut posséder une propriété dite émergente car, inexistante dans ses parties constitutives prises séparément, elle est apparue au moment de la formation du tout. Le simple construit le complexe avec des irréversibilités possibles.

Il n'est pas partisan d'un réductionnisme radical en philosophie de l'esprit. Il ne partage pas non plus le point de vue de l'éliminativisme.

Ancrage dans la science[modifier | modifier le code]

Les qualités du matérialisme scientifique telles que Mario Bunge les présente dès 1981 sont[10] :

  1. exactitude : notamment des définitions et des formulations sans polysémie, aussi proche que possible du langage mathématique et de la philosophie analytique.
  2. matérialisme : toute entité est matière concrète, y compris un concept ou une idée conçus par le cerveau d'un être pensant.
  3. dynamicisme : la matière peut se changer spontanément. Être c'est devenir.
  4. non dogmatisme.
  5. systématisme : chaque concept ou définition appartient au système hypothético-déductif constamment ouvert à la révision raisonnée confrontée au réel.
  6. scientificité : Toutes les hypothèses philosophiques sont compatibles avec la science "en train de se faire". D'où le réalisme.
  7. émergentisme : les systèmes ont des propriétés émergentes que n'ont pas les parties constituantes.
  8. systémisme : chaque entité est tout ou partie d'un système.
  9. évolutionnisme : les systèmes complexes sont le produit d'une histoire au cours de laquelle s'associent des éléments de niveau d'organisation inférieur. Son traducteur a préféré choisir le terme de matérialisme systémique et émergentiste.

L'unité plurielle du matérialisme « ancré dans les sciences » et reprenant les apports de Mario Bunge est détaillée par Marc Silberstein[11] :

  1. le matérialisme est à considérer comme évolutionniste, et donc, comme un bateau de Neurath.
  2. une doctrine ontologique.
  3. une méthodologie, appelée matériologie, contenant un scepticisme situé entre le doute raisonnable et le scepticisme radical.
  4. il existe une coévolution de la science et du matérialisme.

Conséquence méthodologique[modifier | modifier le code]

Dans le sillage de Mario Bunge et pour lutter contre les créationnismes et les pseudo-sciences, Guillaume Lecointre, s'appuyant sur les travaux de Pierre Bourdieu, juge nécessaire de rappeler les liens qui existent entre la science et le matérialisme scientifique. Il propose les termes du contrat tacite qui conditionne la possibilité de reproductibilité des expériences scientifiques des chercheurs en sciences[12] :

  1. scepticisme initial sur les faits,
  2. réalisme de principe,
  3. matérialisme méthodologique,
  4. rationalité (et logique).

Critiques[modifier | modifier le code]

Ses contemporains partisans du physicalisme strict, tel que Andrew Melnyk rejettent l'idée d'émergences de complexités spécifiques.

[13]

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  1. Georges Politzer, Principes élémentaires de philosophie, Paris, Editions sociales, , p. 83 à 113, Partie 2 Le matérialisme philosophique.
  2. Pierre Hadot, La philosophie comme manière de vivre : Entretiens avec Jeannie Carlier et Arnold I. Davidson, Paris, Albin Michel, coll. « Itinéraire du savoir », , 283 p. (ISBN 9782226122612, lire en ligne).
  3. Politzer 1972, p. 87 à 89
  4. Pascal Charbonnat, Histoire des philosophies matérialistes, Paris, Kimé, , 706 p..
  5. Charbonnat 2013, p. 442
  6. Charbonnat 2013, p. 529
  7. Charbonnat 2013, p. 471
  8. Charbonnat 2013, p. 436
  9. Charbonnat 2013, p. 623 et 624
  10. Collectif sous la direction de Marc Silberstein, Matériaux philosophiques et scientifiques pour un matérialisme contemporain, t. 2, Paris, Éditions Matériologiques, , 1.534 (ISBN 9782919694259 et 9782919694266), p. 97 à 100.
  11. L'unité plurielle du matérialisme et Marc Silberstein 2013, p. 7 à 27.
  12. Lecointre Guillaume, Les sciences face aux créationnismes. Ré-expliciter le contrat méthodologique des chercheurs., Versailles, QUAE, , 172 p. (ISBN 9782759216864), p. 103 à 109.
  13. {{Ouvrage}} : paramètre titre manquant.