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Perpétue de Marsac
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Dernière Solitaire de Port-Royal, en 1909, à l'âge de 64 ans.
Nom de naissance Perpétue Françoise Marie de Reversat Marsac
Alias
Perpétue d'Aurelle de Paladines
Naissance
Marsac
Décès (à 87 ans)
Chevreuse
Autres activités
Solitaire à Port-Royal (la dernière)
Ascendants
Conjoint
Louis Adolphe d'Aurelle de Paladines dit Antoine[n 1]
Famille
Signature de Perpétue de Marsac
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Armes de la famille de Reversat de Marsac

Perpétue Françoise Marie de Reversat Marsac, aussi connue sous le nom de Perpétue de Marsac, née le à Marsac (Tarn-et-Garonne) et morte le à Chevreuse (Yvelines), est une figure du jansénisme du XXe siècle, issue d'une famille de tradition janséniste trigénérationnelle dominée par des femmes au sein de la Petite Église de Toulouse[1]. Elle passe les cinquante premières années de sa vie dans un milieu familial aristocratique entièrement acquis aux valeurs jansénistes de Port-Royal, avant de rejoindre ses « Amis de la Vérité » à Port-Royal des Champs, ayant renoncé à tous ses biens et donné sa fortune pour y vivre trente-sept ans comme dernière Solitaire, dans un abandon total à Dieu.

Biographie à Marsac (1845-1894)[modifier | modifier le code]

Son milieu familial d'accueil[modifier | modifier le code]

Perpétue de Marsac, est la fille cadette des quatre enfants de Victor de Reversat Marsac (1784-1870), ancien secrétaire général de Haute-Garonne[2] et de Françoise Sainte-Croix Lacroix (?-1863). Son frère aîné, Louis a huit ans, sa sœur Marie-Thérèse presque six et son frère cadet Emmanuel trois. Ils forment « un noyau familial uni dans l'affection et la prière, comme la Sainte Famille qu'ils vénéraient », auquel s'ajoutent, la « bonne tante Félicité »[3] ,[n 2] au service des enfants, son oncle Eugène[n 3] frère cadet de Victor de Marsac et l'ami intime de ceux-ci, Armand de Voisins[n 4] tous deux célibataires; Thérèse Laffont, célibataire, amie de jeunesse de la mère de Perpétue avec sa nièce orpheline, Sara qui sera son amie d'enfance. Trois femmes et un couple sont attachés à leur service. L'environnement humain quotidien de Perpétue consiste donc, jusqu'à son mariage, en une cellule socialement composite, formant une famille élargie qui occupe le vaste château de Marsac[4].

Le château familial des Marsac (façade NE)

Ce noyau familial s'élargit très fréquemment quand viennent au château son oncle par alliance, Louis de Saint Blanquat[n 5], veuf depuis huit ans, avec deux de ses enfants célibataires : Eugène (1810-1883), 35 ans et Melchior (1818-1883), 27 ans, tous trois jansénistes zélés[5]. Marius de Voisins-Lavernière[n 6], frère aîné d'Armand, maire de Lavaur, poète, membre de l'Académie des Jeux floraux, fréquente aussi occasionnellement le milieu familial des Marsac[6]. « Ce qu’il y avait d’admirable ici, » témoigne la vicomtesse de Malartic[n 7], « c’était l’hospitalité généreuse, sans compter qu’on y recevait. Nous étions douze à quinze à table. [...] Dans les cuisines, tout le village venait y manger à tour de rôle. Et on vivait largement sur les propriétés sans avoir besoin d’une pièce de cent sous en poche (comme dans le bon vieux temps) »[7] Selon Véronique Alemany, « elle connut jusqu’à l’âge adulte, une vie de famille perturbée par la singularité de sa mère. Son père, âgé fut doux et discret mais sa mère, 23 ans plus jeune que lui, était un personnage complexe, une ancienne visionnaire hantée par des idées millénaristes et une maîtresse de maison au caractère tranché[…] »[8].

Son milieu culturel[modifier | modifier le code]

Le milieu toulousain où Perpétue s'est formée est celui d'une petite noblesse provinciale, parlementaire, cultivée et d'un légitimisme critique, où règne un jansénisme du XVIIe siècle attaché aux libertés de l'Église gallicane auquel se greffe un jansénisme du XVIIIe avec, entre autres, un retour aux textes bibliques en français et une attente de la conversion des juifs. Ce néo-jansénisme est caractérisé par une intense dévotion à la Croix ; il condamne le prêt à intérêt et s'oppose toujours autant aux jésuites[9].

D'après Véronique Alemany les deux branches parentales du père de Perpétue sont constituées de fervents adeptes d’un jansénisme bien implanté dans le diocèse de Lectoure en Lomagne, où se situe Marsac et dans le diocèse de Toulouse dès le début du XVIIe siècle et jusqu’au XIXe[10]. La riche bibliothèque "de travail" du château de Marsac comprenant principalement des ouvrages d'auteurs jansénistes porte témoignage de l'usage fréquent qui en est fait : annotations, ratures, corrections, soulignements, renvois au crayon ou à l'encre. Les propriétaires et les utilisateurs sont des catholiques cultivés, pratiquants et dévôts. Ce sont aussi de fervents port-royalistes. Ils forment un foyer intellectuel subversif, selon Véronique Alemany[11].

Vie de famille[modifier | modifier le code]

Une enfance très encadrée[modifier | modifier le code]

Si son père[n 8] âgé, est d’un caractère doux et discret, sa mère, de vingt-quatre ans plus jeune que son mari mais étant proche de la quarantaine quand elle mit au monde Perpétue, était « une épouse autoritaire, une maîtresse de maison au caractère tranché »[12], écrit Véronique Alemany. La bonne tante Félicité, très proche des enfants, est là pour arrondir les angles.

Elle reçoit dès sa plus tendre enfance « une éducation chrétienne teintée de jansénisme » en participant à tous les moments de prière en famille. Cette éducation correspond à celle qui était « donnée aux jeunes filles de bonnes familles dans la société aristocratique d'Ancien Régime : instruction religieuse, charité, civilité et «lettres humaines» – ce qui était conseillé pour devenir une bonne épouse, une bonne mère –, et culture générale »[13]. Perpétue mémorise l'alphabet en récitant l'Alphabet de la sagesse de la Croix et s'exerce à bien écrire des pages de lettres minuscules et majuscules et à recopier des pages de lignes comme : «Jamais ne voir que Dieu». Elle apprend à lire dans des passages des Heures de Port-Royal et dans la Traduction nouvelle du Livre de Job par M. de Génoude en 1818. «Ce livre édifiant passa entre les mains des enfants Marsac qui chacun à leur tour apposèrent [...] leur prénom sur la page de garde[14]». Son éducation est dispensée sur place par son père Victor, son oncle Eugène et leur ami Armand, trio inséparable faisant office de précepteurs, « soucieux de [lui] inculquer les bonnes mœurs, tout en accentuant l’apprentissage de la lecture dans les livres saints pour consolider [sa] formation chrétienne ». « [À l'âge] de cinquante ans, elle se souviendra « de son vieux saint père quand il [l’]instruisait avec ses deux chers frères dans les consolantes vérités »[15].

Une adolescence studieuse[modifier | modifier le code]

Adolescente, Perpétue trouve dans la bibliothèque familiale des « livres de lectures moralisantes et édifiantes », des catéchismes, mais aussi « des lectures d'initiation à l'intelligence des Écritures dans la traduction des Messieurs de Port-Royal, pour la mener à la découverte de Dieu, selon la méthode de Pascal ». Elle est toujours attentive à choisir de « bons livres » « propices à former et alimenter un esprit grave et réfléchi, une âme pieuse »[16].

Entrée côté SE par une porte cochère surmontée d'un fronton triangulaire donnant sur la cour du château. Une des deux fenêtres de la chambre de Perpétue visible en bas de la façade de la tour carrée

« Dans sa chambre elle avait sa bibliothèque personnelle[n 9], composée de livres tout autant sérieux, destinés à son éducation religieuse, à la culture générale et au savoir-vivre » la préparant à fréquenter les salons du Second Empire. Ce fonds reflète l'univers culturel de la bourgeoisie de l'époque et témoigne de son intérêt particulier pour la littérature française, l'histoire et la géographie[17].

En grandissant au milieu de ses « Amis de la Vérité », dans une ambiance janséniste qui l’écarte des plaisirs du monde et l’oblige à une vie quasi monacale dans cet imposant château médiéval, elle trouve courage, patience et endurance pour parfaire son éducation religieuse « tout en forgeant son propre caractère dans la solitude » de sa chambre située au premier étage de la tour carrée d’où elle avait une vue étendue sur les terres domaniales[n 10]. Pour accepter ses conditions de vie, elle a recours aux prières et à la méditation des nombreux préceptes rédigés ou recopiés par sa grand-mère paternelle, ses parents et son oncle Saint-Blanquat[18].


Premières confrontations avec la mort[modifier | modifier le code]

À dix ans, Perpétue vit sa première expérience de la mort d’un proche au château, quand décède, le , à cinquante-neuf ans, Thérèse Laffont l’amie intime de sa mère. Sept ans plus tard, les circonstances de la mort de Madame de Marsac sont plus éprouvantes : l’autorité de sa mère et ses fortes convictions jansénistes lui font affronter l'évêque de Toulouse et les autorités ecclésiastiques refusent alors de l'entendre en confession. Selon Véronique Alemany, on peut supposer que ce refus est à l'origine de sa soumission peu de temps avant sa mort qui survient le , à l'âge de 53 ans[19],[20].

Suivra le le décès des suites de couches de sa sœur Marie-Thérèse[n 11], à vingt-trois ans, mariée l’année précédente. Perpétue avait déjà perdu, deux ans auparavant sa belle-sœur, Nathalie d'Aurelle de Paladines[n 12], épouse de son frère Louis, morte à Castelsarrasin à dix-neuf ans des suites de couches, en laissant un bébé orphelin.

Nouvelles alliances persistantes[modifier | modifier le code]

Hélène de Saint-Jean de Belleud, belle-sœur de Perpétue

Le père de Perpétue ayant déjà décidé par testament olographe[n 13] en décembre 1862 le partage de ses biens entre ses enfants se prépare à près de quatre-vingts-ans au début de l’année 1864 à assurer l'avenir de la famille en préparant le mariage de ses deux fils encore jeunes, sans conjoint et de sa cadette en âge de se marier.

Dès le mois d'avril 1864, Louis, le frère aîné de Perpétue, veuf depuis trois ans, se remarie à Castelnau-Montratier avec Hélène de Belleud[n 14]. Le couple réside au château de Marsac. Six mois plus tard, fin octobre, étant maire de Marsac, il marie son frère cadet, Emmanuel, avec Louise Saint-Côme[n 15], fille de notaire, en présence de leur père, Victor. Le couple s'installe au château[n 16] de Poupas, commune limitrophe de Marsac.

Fin de la communauté janséniste[modifier | modifier le code]

Février 1863, Mme de Marsac décédée, la communauté janséniste perd sa raison d'être en même temps que ses derniers membres disparaissent. Cependant les convictions demeurent entières pour certains : « en 1864, Victor de Marsac offr[e] à sa fille les ouvrages pieux dans lesquels, adolescente, il l'avait fait s'instruire sur les « grandes vérités »». L'un de ceux-ci contenant un feuillet imprimé en 1859 pour faire la promotion d'un Recueil de réflexions philosophiques, morales et religieuses, et offrant des conseils pour la « Réforme du caractère »[21].

Mariage de Perpétue de Marsac[modifier | modifier le code]

Le 6 février 1865, à dix-neuf ans, Perpétue s’unit en la mairie de Marsac[n 17] avec Louis Adolphe d’Aurelle de Paladines[n 18], neveu du général, né en 1840 à Mauzun, dans le Puy-de-Dôme, et alors négociant demeurant chez ses parents à Clermont-Ferrand[22], devenant ainsi Vicomtesse d'Aurelle de Paladines. « Le couple vécut d'abord dans cette ville », précise Véronique Alemany, « faisant des séjours au château de Marsac où Perpétue avait conservé sa chambre située à l'étage de la tour carrée, dans la partie la plus ancienne de la demeure ancestrale. » Ces années « furent autant d'années de fêtes dans la société du Second Empire et à la Cour même des Tuileries où son [celui de la vicomtesse d'Aurelle de Paladines] esprit brillait autant que sa beauté » selon un article nécrologique rédigé à sa mort[n 19],[23].

Ils n'eurent pas d'enfant mais s'occupèrent de Victor né en 1860, premier neveu de Perpétue, orphelin de mère à sept mois, peu intégré à la famille que son père, Louis de Reversat Marsac avait fondée en se remariant en 1865. Il fut un peu leur « enfant d'adoption», son grand-père maternel, le général d'Aurelle de Paladines étant son tuteur attitré[24]. Cette année 1865 se termine pour Perpétue avec la perte de son oncle Eugène à soixante-dix-neuf ans, le 21 décembre au château de Marsac.

Façade arrière du "Chalet" acheté par Perpétue et son mari
"Le Chalet" : angle Grand'rue et ruelle "Carrelot du presbytère"

Puis, à la chute de Napoléon III, le couple s'installe définitivement à Marsac, dans une maison achetée ensemble, en contrebas du château familial, dénommée « Le Chalet »[25]. Madame la Vicomtesse de Malartic, cousine par alliance des de Reversat Marsac, réfugiée avec ses deux jeunes enfants au château de Marsac, durant l'automne et l'hiver 1870-1871, témoigne ainsi de la présence de « [...] Mme d’Aurelle de Paladines, logée au bas du château dans une sorte de pavillon ou petit castel. Quand elle ne venait pas dîner avec son mari, elle montait toujours pour la veillée. »[3]. C'est là qu'elle perd son mari le 21 novembre 1871, alors maire de Marsac en remplacement de son beau-frère, Louis décédé le 27 décembre 1870.

1871-1884 : Jeune veuve à Marsac[modifier | modifier le code]

À la fin de l'année 1871, à vingt-six ans, commence pour Perpétue, « le dur apprentissage de la solitude affective commencé très tôt, et parachevé par le décès de «cette pauvre âme qui m'est chère», mon mari, décès qui «a brisé mon cœur et ma vie» »[26].

Des occupants du château de sa jeunesse, ne lui restent que "la bonne tante" Félicité, quarante-huit ans et le vétéran de Wagram, Armand de Voisins, quatre-vingt-quatre ans, auxquels s'ajoutent sa belle-sœur, Hélène de Belleud, vicomtesse de Marsac, trente-et-un ans, déjà veuve[n 20],[27] et ses deux jeunes enfants : Eugène, six ans et Jeanne, quatre ans. Son frère, Emmanuel, juge de Paix, et sa jeune famille vivent, à quelques kilomètres de là, au château de Poupas, récemment réhabilité par la famille[28].

Chapelle funéraire familiale[modifier | modifier le code]

Louis Adolphe d'Aurelle de Paladines, fut inhumé sur une parcelle de terrain récemment acquise par ses soins et contiguë au cimetière communal. Veuve, Perpétue obtient d'«y fonder à perpétuité la sépulture particulière de la famille d'Aurelle de Paladines et de Reversat de Marsac» et y fait construire une chapelle funéraire capable de contenir seize cercueils[29],[n 21].

Dans son « Chalet » au pied du château[modifier | modifier le code]

Dès le décès de son mari, la jeune vicomtesse, reconstitue pour quelques années un milieu familial au « Chalet ». Le recensement du 2 mai 1872 mentionne la présence de sept personnes : Perpétue de Reversat Marsac, veuve d'Aurelle de Paladines, propriétaire ; de Reversat Marsac Victor, son neveu, onze ans; Henri d'Aurelle de Paladines, prêtre, son oncle par alliance, soixante-quatre ans ; servis par du personnel très jeune, de vingt-cinq à quatorze ans : un cocher, une femme de chambre et deux domestiques[30].

Au recensement de décembre 1876, à trente-et-un ans, elle y vit seule avec, toujours à son service, le jeune couple Gensac et leur fille de quatre ans tandis que dix personnes occupent le château : sa belle-sœur Hélène de Belleud, veuve, chef de ménage, trente-deux ans ; Eugène, son fils, dix ans ; Jeanne, sa fille, huit ans ; Armand de Voisins Lavernière, "allié au chef", quatre-vingt-huit ans ; Félicité de Vignes de Puylaroque, "alliée au chef" ; un couple de domestiques et leur fils de vingt-quatre-ans, domestique ; une cuisinière de quarante-neuf ans.

Perpétue d'Aurelle de Paladines, bien que demeurant chez elle au «Chalet», continue, comme elle l'avait fait pour son père, de s'occuper et de soigner les derniers membres âgés de sa famille restés au château : Armand de Voisins, l'ami de son père qui lui dit « dans un moment suprême : je ne t'oublierai pas », décédé en décembre 1876 à quatre-vingt-neuf ans et sa «bonne tante Félicité» qui meurt cinq ans après, en novembre 1881, à cinquante-sept ans[31]. Se conformant aux volontés exprimées par son père dans son testament en décembre 1862, elle veille à « environner ces vieillards de soins affectueux et de leur rendre la vieillesse et les infirmités qui en sont la suite les plus supportables possible »[32].

Sans oublier la parenté éloignée[modifier | modifier le code]

Du côté de la famille de son mari, la vicomtesse d'Aurelle de Paladines maintient le contact avec les membres plus éloignés de sa belle-famille quand elle perd l'oncle de son mari, le général d'Aurelle de Paladines, soixante-treize ans, en à Versailles [n 22], lors d'une de ses visites au Palais, aile des ministres Nord où il résidait avec « sa seconde épouse dont elle était proche »[33],[n 23].

Du côté de la famille de Lingua de Saint-Blanquat, Perpétue de Marsac pense souvent à ses deux cousins bien plus âgés qu'elle, Eugène et Melchior au château de Lacaze à Capens. Elle possède dans sa bibliothèque, quelques livres offerts et dédicacés par Eugène à l’époque de son enfance[34]. Après la mort de leur père en 1854, leurs rencontres régulières cessèrent. Eugène et Melchior décèdent la même année 1883 dans leur château de Lacaze[n 24]. Respectivement à l'âge de soixante-treize et soixante-six ans.

Perpétue est maintenant la seule mémoire vivante de ce « « petit centre de jansénistes », comme elle qualifiera plus tard la demeure familiale »[35].

1884-1894 : Perpétue, seule à Marsac[modifier | modifier le code]

Héritière d'un lourd patrimoine[modifier | modifier le code]

Au début de cette période, Perpétue vit seule dans son chalet, servie par un personnel réduit, continuant probablement à prendre ses dîners au château, comme elle en avait régulièrement l'habitude avec son mari. Son frère Emmanuel, juge de Paix à Lavit, sa dernière attache familiale, décède en mars 1890 à l’âge de quarante-sept-ans dans son château de Poupas, commune limitrophe de Marsac.

La perte de sa mère, de son père, de son oncle et de son mari, l'avaient laissée très affectée et dans une grande solitude mais les héritages cumulés la mettent de fait, à la tête d’une fortune de 88 000 francs et de biens tant immobiliers que fonciers comme l'énumère V. Alemany : l’héritage reçu de sa mère se monte à 11 906 francs de valeurs immobilières, celui de son père à 117 ha de terres et vignes réparties sur trois métairies, celui de son oncle Eugène comprend une partie de ses biens fonciers[36] avec leurs soucis et tracas : phylloxéra, méventes de récoltes[37] bien qu'elle vive tout cela avec un certain détachement. Mais indirectement, les « querelles autour du partage de l'héritage de son frère [Louis,] dont une partie fut mal gérée et dilapidée par le fils [Victor][n 25], né de son premier mariage, [sont l']objet de souci et de déception [pour elle] qui l'avait en partie élevé»[38].

Fidèle à ses principes, se décharge de cet héritage[modifier | modifier le code]

Ses convictions demeurent : à près de cinquante ans, elle est seule à les garder intactes au sein de sa famille. Ayant grandi « au milieu d'Amis de la Vérité, dans un environnement janséniste qui la préservait des distractions du monde et lui imposait une vie austère dans un imposant château [éloigné des villes] d'où l'insouciance était bannie », [elle trouve sans doute dans son éducation religieuse courage, endurance et patience,] « tout en forgeant son propre caractère dans la solitude », remarque V. Alemany[39].

« La prière va lui permettre de trouver un nouveau sens à sa vie dans une relation intime avec Dieu », bien dans l'esprit de cet extrait d'« un sermon de carême entendu à Saint-Thomas d' Aquin en 1893 qu'elle avait écrit en lettres majuscules sur un bout de papier » : « Religion, lien de Dieu à l'homme et de l'homme à Dieu. Religion, dialogue : l'homme parle à Dieu, et Dieu lui répond, et l'homme entend la réponse de Dieu »[40].

Elle décide alors de mettre en œuvre son projet de vie mûri durant vingt années de veuvage, en prenant ses distances avec le monde, suivant les modèles de Vies édifiantes de jansénistes héritées de sa grand-mère[n 26],[41]. N'ayant plus d'attaches familiales directes, elle fait don de tous ses biens, château, domaines, argent, aux membres de sa famille de seconde génération[42],[43]. Elle garde cependant à Marsac son « petit chalet » et une « petite métairie », seule source de revenus qui lui permettra d’être indépendante, autonome, libre[44],[n 27].

« Avant de se retirer à Port-Royal, Perpétue fait imprimer sur un feuillet double la mention d’âmes à évoquer dans des prières ». S'y trouvent les noms de tous ceux qu'elle a vu partir. Pour clore cette litanie elle y fait mentionner son propre nom : « Mme Perpétue d'Aurelle, née de Marsac, a commencé son pélerinage le 8 juin 1845 ; elle l'a terminé le [...] ». Pour clore, une prière: « Mon doux Sauveur, accordez-nous la grâce de bien comprendre que la vie n'est qu'un tout petit voyage, un temps d'épreuves et de combats.[45] ». Feuillet remis à tous les bénéficiaires de ses largesses.

Après avoir trié sa bibliothèque[46], « libérée de toutes obligations familiales, délestée de toute fortune, elle s'achemine vers Port-Royal qui depuis si longtemps attirait son mysticisme.» « Elle aurait parcouru à pied les près de cinq cents kilomètres séparant Lyon, qu'elle habitait alors, jusqu'à Magny-les-Hameaux où achevaient de vivre les dernières religieuses de Port-Royal»[47],[48].

Biographie à Port-Royal des Champs (1894-1932)[modifier | modifier le code]

Août 1894 - juin 1895 : Une année d'insistance pour réaliser son rêve[modifier | modifier le code]

Carte postale de la fin du XIXe siècle : Vue d'ensemble des ruines de l'abbaye de Port-Royal. À l'arrière le vieux moulin et la maison de Perpétue, le pigeonnier, l'habitation du fermier caché derrière les arbres et tout à droite l'oratoire-musée récemment construit

Pour Véronique Alemany, « C'est cette réalité visuelle - à la fois naturaliste, symboliste, impressionniste et expressionniste - et ces présences immatérielles qui, un jour d'été 1894, charmèrent la visiteuse... »[49]

Augustin Gazier

Août 1894, la vicomtesse d'Aurelle de Paladines se rend à Port-Royal des Champs. « Fascinée par le site, elle y rencontre Augustin Gazier [n 28] et lui fait part de son souhait de s’y installer.». Elle sollicite les prières des religieuses de Sainte-Marthe[n 29] qui l'hébergeaient alors dans leur maison de Magny-les-Hameaux, non loin de là, [...] tout en insistant auprès de M. Gazier : « Je suis quelquefois comme effrayée d'être poussée bien souvent comme malgré moi à faire cette demande ».

Le logis de la dernière Solitaire : « une humble maison à [pignon] »[50] faisant partie d'un ensemble de petites maisons bâties par Louis Silvy, au milieu du XIXe siècle, « à l'emplacement des communs de l'ancienne abbaye entre le colombier et le moulin »[51]

Au printemps suivant, elle l'entretient de son « désir si vif d'aller vivre seule avec Dieu seul, dans cette sainte solitude de Port-Royal [...], c'est comme une sorte d'hypnotisme, c'est un beau rêve !»[n 30]. Enfin, fin juin, au nom de la Société Saint-Augustin, il accepte de lui « donner asile dans une petite maison mitoyenne de celle des gardiens »[52], un ancien logement abandonné.

Aussitôt elle fait son voyage annuel à Marsac, ajoutant à son programme habituel le déménagement de sa bibliothèque, héritée de celles de sa grand-mère paternelle, de ses parents et de son fonds personnel[53]. Déjà triée et mise en caisses, elle l'emporte en bagages accompagnés jusqu'à la gare de Saint-Rémy-lès-Chevreuse où de « braves gens », accompagnés « de sept ou huit personnes » emportent le tout dans une carriole à cheval couverte, jusqu'à son nouveau domicile, comme elle le détaille dans une lettre à Augustin Gazier[54].

Juin 1895 : Enfin seule « chez elle »[modifier | modifier le code]

La dernière Solitaire de Port-Royal, vêtue d'une longue robe noire, coiffée d'un foulard, tenant un bâton comme canne, entre deux visiteuses devant son humble maison à laquelle on accède par un escalier de quatre marches et comportant deux pièces au rez-de-chaussée et deux autres à l'étage en soupente, l'une avec fenêtre en façade et l'autre avec fenêtre ouvrant sur l'étang des moniales à l'arrière de la maison au-dessus du talus.
La dernière Solitaire de Port-Royal devant chez elle, entre deux visiteuses (années 1920)
Les communs de Port-Royal des Champs - à droite, pignon arrière de sa maison dépassant du talus-digue au pied duquel elle est implantée

Son rêve devient réalité en juillet 1895 quand elle s'installe dans « son « céleste local », emménagé comme une cellule de moniale », dans un esprit de pauvreté et de renoncement à tout luxe et à toute « superfluité » . Je suis enfin dans mon « vrai chez moi » [55] : « deux pièces du rez-de-chaussée de la maison prêtée par la Société Saint-Augustin[n 31]. Dans ce « céleste local », un réchaud, un petit poêle, une lampe à pétrole » ; au fil des années, les murs blanchis à la chaux seront entièrement recouverts « de cartes postales, de gravures, et autres types d’illustrations, rappelant des lieux et personnalités » qui lui sont chers.[56]. Au premier étage, deux pièces en soupente avec fenêtre : l'une en façade et l'autre à l'arrière donnant sur l'étang des moniales derrière son talus-digue.

La Solitaire à ses débuts à Port-Royal en longs vêtements noirs, une canne à la main, un foulard noué autour de la tête.

Elle se trouve enfin dans « sa tant aimée solitude de Port-Royal » et s’y identifie au point de se donner, dès juillet 1895, le titre de « Solitaire de Port-Royal », car enfermée à Port-Royal, écrit-elle à Augustin Gazier, « je suis comme le poisson dans l’eau, l’oiseau dans l’air ; ils mourraient si on les sortait de leur élément. Mon élément c’est la solitude »[57].

À son arrivée elle tente d'adopter la tenue des moniales : « longue robe [...] et grand scapulaire blanc avec une croix rouge écarlate », mais Augustin Gazier l'en dissuade. Elle se contente dès lors de longs vêtements noirs[58].

C’est au creux de « ce vallon mystérieux », en contrebas de la chaussée de l’étang, près des ruines de l'abbaye qu'elle passe ses trente-sept dernières années en Solitaire, certes, mais dans un environnement campagnard composé de prairies, jardins, vergers, allées d'arbres taillés, étang, très animé par toutes les bêtes d'une ferme de cette époque. Deux familles y demeurent : celle du gardien des lieux dans l'ancien moulin et celle du fermier dans la maison d'habitation de la ferme encadrée par des bâtiments agricoles autour du puits[59], où elle se rend en « voisine [...] pour y chercher quotidiennement un demi-litre de lait et y puiser de l'eau »[60],[n 32].

Ses conditions matérielles d'existence[modifier | modifier le code]

« Tout proche, sur le Rhodon, un lavoir permet à la Paladines d’entretenir son linge [...]»[61]

« Chaque jour elle arpente son lieu de vie qui s’étend sur la commune de Magny-les-Hameaux » : promenades méditatives sur place, montée aux Granges et ses lieux préservés de mémoire janséniste, course de trois kilomètres et demi jusqu'au village de Magny pour y suivre la messe et faire des achats à l'épicerie, se recueillir au cimetière, rendre visite au curé ou aux sœurs de Sainte-Marthe, [...][62] ,[n 33]. Elle se rend souvent également à Saint-Lambert à un kilomètre et demi en passant par Vaumurier pour y acheter du pain et se recueillir dans le cimetière de son église devant le « carré de Port-Royal » et « la tombe de Louis Silvy à côté de laquelle elle s'est réservée un emplacement pour y être inhumée »[63]. Il lui arrive d'aller jusqu'à Saint-Rémy-lès-Chevreuse, à six kilomètres et demi pour y acheter ce qu'elle ne trouve pas plus près.

Des activités privilégiées pour « cultiver son esprit [64]»[modifier | modifier le code]

Infatigable pèlerine[modifier | modifier le code]

Pour Véronique Alemany, « la Paladines est une infatigable pèlerine. Elle affectionne de se rendre dans les lieux historiques liés à Port-Royal [...]. Sa démarche est à la fois mémorielle et édifiante », bien dans l'esprit du Manuel du Pèlerin de 1767 qui invite ceux qui veulent s'y lancer à le faire non en « stériles admirateurs », mais en chrétiens agissant pour « la gloire de Dieu, l'honneur des saints et notre propre sanctification » . Elle en possède un exemplaire comme guide dès le début de son séjour, puis par la suite elle en a confectionné un autre, « manuscrit, recopié par ses soins en 1922 d'après un texte revu en 1910 » pour tenir compte des travaux récents d'aménagement du site[65]. Ce manuscrit, « rédigé dans un carnet de sa fabrication, contient des textes relatifs à des déplacements faits aux ruines de Port-Royal des Champs et à des visions mettant en scène ces ruines. Elle y a glissé une carte postale de chaque station »[66]. « Avec la Première Guerre mondiale, et les risques dus à la fragilité de l'âge, ses déplacements » se raréfient alors qu'elle avoisine les soixante-quinze ans. « De plus elle choisit de vivre davantage comme une moniale [...], car « une religieuse ne sort pas de son couvent » », selon ses propos[67].

Durant les dix dernières années de sa vie, cet album-souvenir de ses pèlerinages, lui permettra de les revivre sans avoir à se déplacer.

Bibliothécaire janséniste et lectrice passionnée[modifier | modifier le code]

Ayant quitté Marsac, en emportant avec elle, en bagages accompagnés, sa bibliothèque personnelle et tout le fonds janséniste de sa grand-mère paternelle et du défunt noyau janséniste du château de Marsac, dès son arrivée, « elle consacre ses après-midi, de deux heures à cinq heures, à « arranger » ses livres dans sa "bibliothèque" : la pièce en entrant à gauche où elle avait fait installer des rayonnages. Elle complète son travail de bibliothécaire par une tâche d’archiviste, en triant les papiers de ses ancêtres, « toutes ces chères paperasses en fouillis »»[68].

Paul de Saint Blanquat (1853-1934), petit-neveu de la dernière Solitaire

En juillet 1908, Mme d'Aurelle de Paladines, reçoit une lettre de Paul de Saint Blanquat[n 34], un de ses petits-neveux, désirant « mettre en dépôt en sûreté » à Port-Royal « ce petit trésor » qu'il conservait dans son château de Lacaze à Capens, hérité à la mort de ses oncles Eugène et Melchior[69]. Avec l'accord d'Augustin Gazier, une réponse positive lui ayant été donnée, « un exceptionnel ensemble de livres imprimés et de manuscrits, complété par des gravures et des images pieuses, parvient à Port-Royal des Champs en vingt-cinq caisses, dont l'organisation du transport, l'envoi, la réception, la préparation de son installation, la mise en place et l'inventaire s'étaleront sur trois ans, de 1908 à 1911 »[70]. Dans sa demeure, les deux pièces à l'étage en soupente seront aménagées et décorées, des rayonnages mis en place pour « mettre en sûreté des objets si précieux » tout en se battant « contre les souris, les rats et l'humidité ambiante due à une fuite de gouttière ». Mais aussi « trier ce qu'elle voulait conserver et préparer des envois » pour la Bibliothèque janséniste de la Société Saint-Augustin, pour les Amis lyonnais de la Vérité, pour l'université de Louvain en Belgique incendiée pendant la guerre, des ouvrages seront même emmenés à Montréal à un archevêque, français émigré, constituant une bibliothèque janséniste[71].

Cécile Gazier (1878-1936)

Pour le travail d'inventaire et de classification, s'estimant incompétente, la Paladines fait appel pendant une dizaine d'années à Cécile Gazier, « savante en Port-Royal ». Pour le catalogage elle consulte l'Abrégé de l'Histoire de Port-Royal par Racine, réédité en 1907 par Augustin Gazier, réalisant elle-même ses carnets. Mais « à soixante-quinze ans, elle commence à avoir des crises d'angoisse et souffre des articulations de la main droite, surtout quand il fait froid. Aidée dans les dernières années par son [petit-]neveu et par des connaissances des sœurs de Sainte-Marthe, pendant quelques mois, chacun. »[72],[n 35].

« Dès son installation sur le site, [...] pour en mieux connaître l'histoire ─ et les événements et les personnes ─, elle se plonge dans la lecture des diverses histoires parues au XVIIIe siècle sur l'abbaye, les Religieuses et les Messieurs, et dans celle des Mémoires ou histoire des Solitaires de Port-Royal [...]. Elle se passionne pour l’œuvre des convulsionnaires, et plus particulièrement pour ses instruments, à travers des lettres, des prières, des discours de piété, des visions et des prédictions de "frères" et surtout de « sœurs » [...] »[73].

C'est ainsi que parler de Port-Royal devient pour elle une vraie joie auprès des visiteurs qui apprécient son érudition[74].

Copiste acharnée[modifier | modifier le code]

« Dès 1895, la Solitaire s'attelle à la tâche de copiste, dans la tradition port-royaliste d'une entreprise de mémoire ». Ce travail d'écriture sera son occupation favorite qu'elle estime « surélevante, surnaturelle », privilégiant les annonces des sœurs convulsionnaires prophétesses du XVIIIe siècle, à partir de manuscrits prêtés par des relations jansénistes sur Paris, Lyon » ou de la famille Saint-Blanquat[75]. « Les 13 000 pages recopiées de sa main, comptabilisées dans les archives de Port-Royal des Champs, ainsi que l'ensemble de ses lettres » révèlent souvent les conditions difficiles dans lesquelles elles ont été écrites : « quotidiennement, en toute saison, jour et nuit ». « J'ai usé ma vie à copier du port-royalisme du XVIIIe siècle, jusqu'à deux heures du matin avec la lampe Pigeon; en hiver les jours sombres, précise-t-elle en 1929, je n'y vois ni pour lire ni pour écrire. Et en écrivant ma pauvre tête se congestionne bien vite.[76] » Elle avait alors quatre-vingt-quatre ans.

Documentaliste pour Augustin Gazier[modifier | modifier le code]
Délégation officielle d'académiciens et de personnalités politiques, rassemblée en 1899 à l'emplacement de la cour intérieure du cloître où se situait l'ancien cimetière des moniales et des Solitaires.
25 avril 1899 : Le noyau janséniste de Port-Royal des Champs constitué par les résidents et les membres de la Société Saint-Augustin, propriétaire des ruines. Dominant le groupe, debout au dernier rang, la Solitaire coiffée d'un grand chapeau noir.[n 38]

La vicomtesse d'Aurelle de Paladines « participe activement » aux démarches préparatoires à des commémorations « puis, comme invitée, en assistant aux manifestations qui se déroulent « chez elle » »[77] et à des recherches documentaires ponctuelles destinées à des publications d'Augustin Gazier[78],[n 39].

Durant son séjour à Port-Royal des Champs elle connaîtra trois journées commémoratives auxquelles elle participe de manière plus ou moins engagée dans les préparatifs.

La première journée, en 1899, est dédiée au bicentenaire de la mort de Jean Racine. Le , « l'habitante du vallon sacré » se mêle à la foule des six cents personnes en suivant la « brillante » délégation venue à pied de Saint-Lambert et Vaumurier pour « la visite solennelle des ruines », assiste à l'inauguration applaudie du buste de Racine[79], « écoute les discours prononcés au milieu d'un profond recueillement, monte aux Granges avec le cortège officiel »[80], en empruntant les Cent Marches, y visite la Maison des Solitaires, les Petites Écoles et reçoit finalement, dans la bibliothèque du château, récemment construit, l'accueil le plus délicat de M. et Mme Goupil Sainte-Marie.

La seconde,journée anniversaire de la dispersion des dernières religieuses et fermeture du monastère le , organisée par le « bon génie de Port-Royal », A. Gazier qui « [a] préparé de longue main cette solennité », en proposant : « pas de discours, pas de manifestation. C’est la fête du souvenir. » . Cet anniversaire fut volontairement discret et la presse tenue à l’écart. « La Solitaire du lieu », comme une trentaine d’ « amis » est invitée par « lettre confidentielle » à se retrouver à Port-Royal des Champs le  ; environ la moitié se déplace. Un service solennel se déroule dans l’église de Saint-Lambert. Elle se rend ensuite avec les fidèles « aux ruines de l'abbaye pour y chanter le De profundis : « un pèlerinage expiatoire » et un hommage à des caractères qui ne ployaient pas, à de « fières consciences » de résistantes » témoigne le vicomte de Vogüé.[81] »

« Pas plus de solennité » pour la troisième journée commémorative, dédiée « au tricentenaire de la naissance de Blaise Pascal, [...] célébré le , d'abord aux ruines », où Mme d'Aurelle de Paladines écoute les prises de parole de MM. Édouard Le Roy et Alfred Rébelliau, de l'Institut et la lecture de fragments d'œuvres de Pascal par Paul Gazier, avant d'assister à une messe d'action de grâce à Saint-Lambert. À cette occasion, elle aurait été « conviée au banquet parmi les Amis de Port-Royal, à la droite même du Président [de la République] , mais elle refusa humblement l’invitation », selon sa proche amie Louise Faure-Favier[82].

« Cette année-là fut créée la Société des Amis de Pascal, à un moment où ce dernier [...] apparaît plus vivant, plus actuel que jamais »[n 40]. « Chaque année, en juin, les amis de Pascal accomplissent une « excursion-pèlerinage », soit à Paris soit dans la vallée de Chevreuse ». Le , Mme d'Aurelle de Paladines, « portant avec grâce ses quatre-vingt-cinq ans », est honorée de la visite du groupe. Son âge ne l'empêche pas de « suivre le groupe aux Granges pour écouter, devant le Logis des Solitaires, Eugénie Segond-Weber lire des Pensées de Pascal et Lydie Février réciter la prière d'Esther dans la tragédie de Racine.»[83].

Les Cent Marches et les Granges de Port-Royal[modifier | modifier le code]

Vue générale des vestiges de l'abbaye de Port-Royal des Champs. Au premier plan le mur d'enceinte des Granges de l'abbaye et sa porte fermée à clé. Une partie de l'escalier des Cent Marches est visible dans le coin en bas à droite.

Le site des ruines de l'Abbaye de Port-Royal des Champs est un domaine privé, libre d'accès par Saint-Lambert et Vaumurier, ayant conservé une grande partie de son mur de clôture. La propriété contiguë des Granges de Port-Royal sur le plateau au nord avec : sa ferme, le puits de Pascal[n 41], le logis des Solitaires[n 42], les Petites Écoles[n 43], le château de la famille Goupil[n 44] est ouvert temporairement à la visite quand les propriétaires sont présents au printemps et en été, mais sur demande expresse.

Souriante, elle tient fièrement, et presque religieusement, un trousseau de clefs[84]

Un sentier et son escalier des Cent Marches relient ces deux sites en passant le mur de clôture par une porte fermée à clef. Aussi, dès l'année suivante en 1896, c'est avec « émotion et reconnaissance » que la vicomtesse de Paladines reçoit de Mme Goupil » , la clef de la porte des Cent Marches[85] ! Dès l'été 1897, ce privilège est élargi à l'octroi d'une chambre qui lui est « réservée au premier étage du « château », celle dite de M. de Sacy au cas où l'escalier du parc serait trop glissant pour redescendre, ou lorsqu'elle ressentait trop d'inconfort chez elle ». Par la suite, les propriétaires successifs ont maintenu ce privilège[n 45],[86].

Coiffée d'un chapeau noir à larges bords, vêtue de longs vêtements noirs - robe et cape avec capuchon - s'appuyant une canne, la vicomtesse fait une pose aux Cent Marches « en terre battue retenue par des rondins »[87]

Dès lors, la « montée des marches » de cet escalier historique et symbolique devient « très importante pour la Solitaire» : selon la tradition orale, « elle montait [...] souvent les Cent Marches, et parfois à genoux, pour faire pénitence, malgré les intempéries et la fatigue due à son grand âge »[88].

Depuis 1829, Louis Silvy[n 46] habitait la maison qu'il s'était fait construire sur les vestiges de l'ancien moulin et assurait l'accueil des visiteurs occasionnels, les guidait dans la visite des ruines du bas et accompagnait ceux qui désiraient voir les Petites Écoles et le puits de Pascal en leur faisant monter les Cents Marches[89],[n 47]. Après sa mort en 1847, sa maison hébergera la famille des gardiens successifs chargés de l'entretien des plantations et espaces verts et de l'accueil des visiteurs et d'être leur guide. À son arrivée, la vicomtesse accepte également ce rôle auprès du public que lui propose Augustin Gazier quand elle est sur place.

Guide fervente et zélée[modifier | modifier le code]

Dès lors, Mme d'Aurelle de Paladines est « un guide fervent et zélé dont la disponibilité, les connaissances et l’originalité sont réputées. Elle ne se lasse jamais de répondre aux questions des visiteurs, quels qu'ils soient. S'il s'agisse de personnalités, elle prend leurs cartes de visite et les fait parvenir à Augustin Gazier. Elle trouve le temps pour accompagner les visiteurs de qualité intéressés au-delà des zones accessibles au public, en prenant elle-même la responsabilité de les faire monter aux Granges, ou, sur présentation d'un mot de M. Gazier, de leur ouvrir le musée-oratoire »[90]. Son amie, Louise Faure-Favier[n 48],[91], habitant « tout près » de chez elle[92], en témoigne ainsi : « Parler de Port-Royal était pour elle une telle joie ! Elle en parlait avec une si agréable érudition qu’elle finissait par instruire, de la meilleure manière, les gardiens successifs du musée chargés de conduire les visiteurs »[93].

« Dédicace par la Solitaire de Port-Royal de son portrait photographié en 1909 à Port-Royal des Champs »[94]

« Son allure excentrique frappe Gustave Cohen lors d'une visite avec ses étudiants » dans les années 1924-32[n 49] alors qu'elle avait dans les quatre-vingts ans : « Une étrange figure se présente à nous, vivante mais si vieille qu'elle semble un fantôme noir errant parmi les ruines en plein midi. Mme d'Aurelle de Paladines, coiffée d'un étrange chapeau de paille rond noir, à larges bords, et qui trace un nimbe autour d'une tête inspirée. Appuyée sur un bâton, elle porte sur sa poitrine une grande croix, une image du Sauveur et d'autres pieuses reliques. Dernière Solitaire de Port-Royal, elle semble veiller sur ce qui reste de lui et le défendre contre les blasphèmes et les haineux qui n'ont pas désarmé. » La Solitaire avait voulu adapter cet uniforme atypique à sa rupture avec le monde, à son statut de veuve, de femme pauvre et de religieuse par procuration.[95],[n 50]».

« Tout au long de son séjour aux Champs, la vicomtesse, en gardienne vigilante du site », informe régulièrement par lettre, A. Gazier jusqu'à sa mort en 1922 puis son fils Louis[n 51] de ce qui s'y passe et « de l'avancement des travaux : gros œuvre sur les bâtiments, fouilles, restauration de tableaux et aménagement dans l'oratoire-musée ». Elle aide ou remplace bénévolement les gardiens successifs quand ils sont souffrants ou absents et veille « à ce que les stocks de cartes postales et d'ouvrages mis en vente ne soient jamais épuisés »[96].

 • 1903 - 1908 : Deux séjours "jansénistes" à Lyon besoin de repos (chargée par A. Gazier de recherche documentaire pour le tricentenaire de la destruction de Port-Royal des Champs en 1909.


 • Renouveau du site 1920 -1932 (décès en 1933) : 15 000 à 20 000 visiteurs par an
 
 • Fin de vie

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Å son décès elle est déclarée veuve d'Antoine d'Aurelle de Paladines
  2. Marie Antoinette Félicité Charlotte de Vignes de Puylaroque (1824-1881) petite nièce du père de Perpétue qui demeurera au château jusqu'à sa mort en 1881
  3. Louis Eugène de Reversat de Marsac (1785-1865)
  4. Marie Jean Pierre Armand de Voisins-Lavernière (1788-1878), lieutenant de cavalerie, blessé à la bataille de Wagram, chevalier de la Légion d'honneur
  5. Louis Jacques Antoine Marie Magdeleine de Lingua de Saint-Blanquat (1773-1854), veuf, avait épousé la tante Alexandrine de Perpétue, sœur de son père. Ils résident au château de Lacaze à Capens au sud de Toulouse
  6. Marie François Joseph Victor Marius de Voisins-Lavernière (1786-1865), maire de Lavaur, élu monarchiste en 1830 au Conseil général du Tarn et à la Chambre des députés, propriétaire à Toulouse
  7. son mari, Henri Maurès de Malartic, est un neveu de la bonne tante Félicité (de Vignes de Puylaroque)
  8. Victor de Reversat Marsac, né en 1784, avait dix ans quand son père, Pierre Marie Emmanuel de Reversat Marsac (1742-1794), victime du tribunal révolutionnaire, fut guillotiné. Dès lors sa mère, Marie-Françoise de Vignes de Puylaroque, comtesse de Marsac, janséniste zélée tout comme son défunt mari, éduqua avec autorité, ses quatre enfants : Prosper, Alexandrine, Victor et son frère cadet Eugène bien dans la ligne Port-Royaliste. Après le mariage des deux aînés en 1808 et 1805, les deux frères cadets vécurent célibataires avec leur mère, rejoints en 1809 par un de leurs amis, Armand de Voisins Lavernière, lieutenant de cavalerie blessé à la bataille de Wagram. Ils ne se quittèrent plus. À la mort de sa mère, en 1829, Victor devint chef de famille durant six ans, jusqu'à son mariage en 1835. Durant ces années il prit la direction de la « petite société » attachée à l’Œuvre de la Croix, pour exercer son pouvoir absolu de coercition sur Françoise Lacroix, alors sœur convulsionnaire à leur merci. Dès son mariage, sœur Françoise devient Madame la Comtesse de Marsac, une épouse autoritaire et un chef incontesté de la communauté qui l'avait accueillie
  9. Véronique Alemany ajoute cette note : « Bibliothèque qu'elle enrichit après son mariage, et qu'elle conserva près d'elle toute sa vie, à l'exception de 166 ouvrages profanes publiés dans les années 1840-1870, certains reliés en cuir rouge après son mariage et portant son monogramme en lettres dorées. Elle les laissa à Marsac ».
  10. Photo de la campagne vue du château de Marsac, fournie gracieusement par Tripadvisor
  11. Marie-Thérèse de Reversat Marsac (1839-1863), ayant épousé en 1862 Pierre Guilhaume dit Prosper Massoc Mandre(1829- ), maire de Marsac, meurt en couches au château de Marsac. Son enfant ne lui survivra qu'une semaine.
  12. Eugénie Nathalie d'Aurelle de Paladines (1841-1861), fille du général Louis d'Aurelle de Paladines (1804-1877)
  13. Voir le domaine foncier sous Château de Marsac (Tarn-et-Garonne).
  14. Marie Antoinette Émilie Hélène de Saint-Jean de Belleud (1841-1901), originaire de Castelnau-Montratier à 45 km au NE de Marsac dans le Lot.
  15. Jeanne Marie Louise Saint-Côme (1844-1931), fille de Jean Saint-Côme, notaire à Lachapelle, résidant à Marsac
  16. Le château de Poupas en réhabilitation depuis leur mariage, n'a pu être habité par le jeune couple que fin 1868; leur deuxième fille, Perpétue, née le 9 février 1868 à Marsac est décédée au château de Poupas le 5 mars 1869.
  17. Son frère aîné, Marie Louis de Reversat Marsac (1837-1870), maire de Marsac depuis janvier 1863, a demandé à son adjoint, de le remplacer pour cette cérémonie.
  18. Louis Adolphe d'Aurelle de Paladines (1840-1871), fils de Louis Claude Michel d'Aurelle de Paladines (1805- ), fils aîné du général, et d'Élizabeth Delmas (1815- ), négociants demeurant 5, place Saint-Pierre à Clermont-Ferrand.
  19. Voir l'ouvrage en bibliographie et ici la page de la citation vue en ligne
  20. Marie Louis de Reversat Marsac (1837-1870), son mari, est décédé de la variole ayant secouru des soldats blessés durant la guerre de 1870, contaminé par l'un d'entre eux, selon le témoignage de la Vicomtesse de Malartic, réfugiée alors au château avec ses deux jeunes enfants.
  21. À cette occasion elle destine un tiers des frais de réalisation, soit 150 francs aux indigents de la commune. Voir la fiche du défunt sur le site "Cimetières de France"
  22. voir | son acte de décès aux AD des Yvelines, Versailles D 1877 acte n°1099
  23. Blachette Hortense Adèle Adrienne (1836-1906), a épousé le 7 mai 1862 à 28 ans, le général, veuf, âgé de 58 ans. Ils ont eu quatre enfants.
  24. Eugène Marie Gilles de Lingua de Saint Blanquat (1810-1883), célibataire, né à Toulouse, décédé au château de Lacaze à Capens le 19 janvier 1883. Son frère, célibataire, Melchior Pierre Michel né à Capens au château de Lacaze, y est décédé le 19 décembre 1883
  25. Marie Léon Victor de Reversat Marsac (1860-1925), fils de Louis et de son épouse Eugénie Nathalie d'Aurelle de Paladines (1841-1861) décédée peu après sa naissance
  26. Françoise Marie de Vignes de Puylaroque (1750-1830), jeune fille, reçut une éducation janséniste au pensionnat du couvent de Fourquevaux
  27. Avant décembre 1905, ce « petit chalet » sera converti en une « pauvre petite rente viagère ». Alemany 2013, p. 475, l. 8-9 ; Alemany 2017, p. 309, col. 2, l. 8-9 et sa note 1318
  28. membre du conseil d'administration de la Société Saint-Augustin, propriétaire des ruines depuis 1868.
  29. Voir Après Port-Royal de Cécile Gazier, p. 245-246
  30. Elle écrit même début juin à Augustin Gazier qu'elle a passé la journée du dans son « petit coin de ciel » pour y célébrer les « noces d'or de sa naissance »!
  31. Créée en 1845, devint Société civile immobilière en 1921 et enfin Société de Port-Royal
  32. Une pompe à eau fut installée par la suite vers 1910. Elle en parle dans une lettre du 16 septembre 1919 où elle se plaint d'avoir eu du mal à se « faire un petit sentier dans 40 centimètres de neige pour aller chercher de l'eau à la pompe. Elle a alors soixante-quatorze ans ! Alemany 2017, p. 482, note 900) »
  33. Les familles de Rosa Bonheur et Louise Weiss y possédaient à l'époque respectivement l'ancien presbytère et le château de Brouessy. Alemany 2013, p. 344, note 5 ; Alemany 2017, p. 478, note 816 - p. 478-479, fin note 816
  34. Paul Louis Marie de Lingua de Saint Blanquat (1853-1934), né à Dreux, fils d'Antoine Jean Népomucène de Lingua de Saint Blanquat d'Esplas (1814-1893), ayant hérité du château de Lacaze, à la mort de ses deux oncles Eugène et Melchior décédés en 1883, se marie le 5 mai 1890 à Paris (16e) avec Jehanne de Montaignac d'Estansannes (1868-1946). Le couple emménage de suite au château à Capens, où ils sont recensés en 1891. Paul décédé en 1934 est inhumé à la Chapelle de Saint-Blanquat au château de Lacaze. Perpétue est la grand-tante de Paul de Saint-Blanquat.
  35. Auguste de Sainte-Beuve, voir Furet du Nord, p. 13, n° 134
  36. Transcription de la prière de Perpétue à sa mère (en bas de la page de droite) : Ô ma Bonne maman / appuyez / moi à Faire / un St usage de cette privation / Et demandez à votre Divin priez que / plus je suis privé de ce bonheur / là Plus J’en augmente en moi / ce désir être Amour
  37. Transcription de la page :
    1743
    (4 épreuves annoncées à la Sr ) (Actes à
    (la Sr écrite en) .........................(nièce de)
    (lettre de sang) 3 Mai \ 21 Mai (la Sr )
    ....3 Juin ......6 Juin.. (nièce de la Sr )
    ... 10 juin .....15 Juin (obéissance pour la)
    .................................... ( communion )
    ...4 août (année noire) (Fre Hippolite)
    (M. Boursier) ...9 Août ...19 Août ...22 Août
    (2me Visite )
    (d’Elie – Voy. l’impuissance de 1792).. 10 7bre
    (La Sr Passe).. 14 7bre ...12 9bre ...9 Xbre
    (par un Feu ) (Nuée Noire) XXXXxx
    (La Colonne Lumineuse Obscure) 15 Xbre
    ...............[Fin de l’année 1743]
    ......................Année 1744
    La Se de la Visitation Religieuse à l’Hôtel
    Dieu ne Pouvant s’accorder ni des Pénitences
    que ses Convulsions lui Procurait ni de
    l’exactitude1 que M. Balin son Directeur qui
    voulait qu’elle se défit de petits Meubles i-
    nutiles auxquels elle était attachée[,] prit
    le Parti de secouer le jour de la direction
    et des conv[vulsions]. Vers xnxnxnxnxnxnxnxn
    xnxnxnxnxnxnxnxnxnxnxnxnx le Mois de Mars
    1744 \ Le Mal eut été moindre et n’au-
    rait nui qu’à elle seule si elle l’eut
    fait sans bruit. Mais joignant l’in-
    fidélité et la trahison à la Révolte
    elle se Mit à déclamer contre l’œu-
    vre du Sgr et contre le charitable gui-
    de qui l’y avait maintenu \ Dieu la
    Puni Par de Fréquents vomissements et
    par de violentes agitations que Plusieurs
    ont regardé côme l’effet d’une Possession
    du démon \ Mais ce châtimt au lieu
    de la Ramener à son devoir ne fit que
    l’en éloigner davantage Et elle se
    dit que le mal qu’elle éprouvait
    [...]

    1 : mis probablement pour l'attitude
  38. Au premier rang, assis à gauche, tête nue, Augustin Gazier et à droite debout, tête nue, Félix Rolland de la Petite Église de Lyon ; au deuxième rang, à droite debout, tête nue, derrière un monsieur au chapeau melon, Ollivier François le gardien du site ; au troisième rang, à gauche les trois sœurs de Sainte-Marthe en coiffe blanche, Louise Faure-Favier assise à la droite de la dernière Solitaire debout avec un grand chapeau noir et à sa gauche, Jeanne Udry, née Chaptard, 86 ans, veuve de l’ancien gardien.
  39. « Recherche de renseignements sur Godefroy Hermant pour l'édition critique de ses Mémoires sur l'histoire ecclésiastique du XVIIe siècle à partir d'un manuscrit conservé à la bibliothèque Mazarine. A. Gazier, [depuis 1905] prépare le sixième volume qui sortira en 1910 » et lors de la commémoration de 1909, collecte de documentation pour l'édition, à cette occasion, d'un album de luxe illustré et de souscripteurs pour sa vente.
  40. À l'occasion de cet évènement Cécile Gazier fait paraître dans La Revue hebdomadaire du , un article : Pascal et Port-Royal : voir p. 151-160
  41. «équipé d’un treuil créé d’après les calculs de Blaise Pascal : ce mécanisme permettait de remonter, d’une hauteur de 60 m, un seau grand comme neuf seaux ordinaires» selon le passage Site des Granges dans Musée National de Port-Royal des Champs.
  42. Voir la page qui leur est dédiée
  43. selon section Site des Granges dans Musée National de Port-Royal des Champs
  44. château de style Louis XIII construit en 1892-93, constitue une aile au bâtiment des Petites Écoles selon la section Site des Granges dans Musée National de Port-Royal des Champs
  45. Mme Goupil, née Estele Angélique BRUNEL (1841-1923), veuve d'Auguste GOUPIL, libraire, (1843-1897), tente vainement, à la mort de son mari, de vendre le château des Granges. À sa mort en 1923, Albert, son fils aîné en devient propriétaire jusqu'en 1925. « Pauline Albertine Marie Ghislaine Van Pottelsberghe de la Potterie, épouse de Charles Marcel Ribardière, avocat et futur directeur du journal L'Intransigeant, acquit alors le domaine à son nom.» La dernière Solitaire de Port-Royal put avec eux continuer à « emprunter la porte des Cent Marches pour se promener dans le parc, contempler le vallon sacré depuis le plateau des Granges, visiter le musée installé dans les Petites Écoles par les Goupil et enrichi par les Ribardière qui complétèrent la bibliothèque janséniste laissée par les précédents propriétaires.
  46. Ayant acquis en 1828 à titre personnel le domaine de Port-Royal des Champs, Louis Silvy « redonna vie et sens aux ruines » en lançant des travaux : « dégagement des vestiges, construction d’un » premier « oratoire sur l’emplacement du chevet de l’ancienne église, agrandissement du canal, plantation de peupliers pour délimiter les espaces, etc »Alemany 2013, p. 175, § 2, l. 15 - p. 176, l.1 ; Alemany 2017, p. 119-120, col. 1, l. 10-14
  47. « Il accueillit par deux fois la reine Marie-Amélie [...] : en octobre 1838, accompagnée de la sœur de Louis-Philippe, la princesse Adélaïde [...]; en juillet de l'année suivante, accompagnée de son fils aîné, le duc d'Orléans. « "Charmée" par sa première visite, la reine fit envoyer un portrait de Pascal pour le musée. » Alemany 2013, p. 176, l. 8-15 ; Alemany 2017, p. 119-120, col. 2, l. 6-15 et sa note 390
  48. « femme de plume, connue aussi pour ses talents d’aviatrice, [...] demeurant à Paris mais séjournant pour les vacances dans sa maison de Vaumurier, hameau de Saint-Lambert-des-Bois. De là elle se rend à pied à Port-Royal des Champs et aux Granges où la Maison des Solitaires lui est devenue « si agréablement familière ».
  49. selon sa biographie : § 2, l. 7-10
  50. Autre portrait dressé par le secrétaire de Mme Lebaudy, richissime : « vêtue de noir, coiffée d’un chapeau ridicule de fée carabosse », elle a une allure austère et étrange ; son alimentation est réduite, son logement sans confort ; elle manifeste un goût très vif pour la marche à pied. Ainsi, au premier abord, avec son allure de pauvresse et son fanatisme antirépublicain, la jugeait-on « mythomane, démente, excentrique ». (Alemany 2013, p. 444, l. 5 - p. 446, l. 11 et sa note 2 ; Alemany 217, p. 292, col. 2 - p. 293, col. 2, l. 8 lire en ligne et sa note 1194)
  51. Louis-Henri-Gabriel Gazier (1883-1965), était depuis 1923, secrétaire général de la mairie du XVIe arrondissement de Paris

Références[modifier | modifier le code]

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  3. a et b de Malartic, p. 7 § 2
  4. Alemany 2013, p. 298, § 3 ; Alemany 2017, p. 201, § 3 à p. 202, § 1.
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  7. de Malartic, p. 7 § 1
  8. Alemany 2013, p. 302, § 2 et sa note 5 ; Alemany 2017, p. 204 et sa note 678.
  9. Alemany 2013, p. couverture 4 ; Alemany 2017, p. présentation (l. 8-17)[1]
  10. Alemany 2013, p. 35-40 ; Alemany 2017, p. 29-34
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  12. Alemany 2013, p. 302, §2 ; Alemany 2017, p. 203-204.
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  18. Alemany 2013, p. 309 § 2 ; Alemany 2017, p. 208 § 2
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  20. de Malartic, p. 8 § 5
  21. Alemany 2013, p. 309, § 2 et sa note 7 ; Alemany 2017, p. 208 Fin § 2 et sa note 701
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  25. Alemany 2013, p. 614, note 4 ; Alemany 2017, p. note 1631
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  56. Alemany 2013, p. 370, § 3 à 371, l. 1-2 ; Alemany 2017, p. 245 et sa note 933
  57. Alemany 2013, p. 335, fin) à 336, l. 1-8 et notes 1 et 2 ; Alemany 2017, p. 224-225, et les notes 794 et 795
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  59. Rogelet 1969, p. 109-111
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  70. Alemany 2013, p. 350, § 2, l. 6-12 ; Alemany 2017, p. 233, col. 2, § 2 - p. 234, col. 1, l. 1-5
  71. Alemany 2013, p. 352-356 ; Alemany 2017, p. 234, col. 2 - p. 236, col. 2
  72. Alemany 2013, p. 352, § 2, l. 18 - p. 353, l. 7 et l. 24-29 et sa note 8 ; Alemany 2017, p. 235, col. 1, l. 11 - col. 2, l. 1-8 et page suivante col. 1, 11-17 (et sa note 858)
  73. Alemany 2013, p. 360, l. 1-6 et 16-21 ; Alemany 2017, p. 239, col. 1, l. 2-8 et col. 2, l. 3-7
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  75. Alemany 2013, p. 361, § 4 - p. 362, § 3 ; Alemany 2017, p. 478-779, col. 1, note 818
  76. Alemany 2013, p. 363, l. 2-20 ; Alemany 2017, p. 241, col. 1 - col. 2, § 1
  77. Alemany 2013, p. 528, l. 1 - 8 ; Alemany 2017, p. 337, col. 1
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  81. Alemany 2013, p. 530, § 3 ; Alemany 2017, p. 338, col. 2, § 2 - p. 339, col. 2, l. 3
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  84. Alemany 2013, p. 327, l. 17 ; Alemany 2017, p. 219, col. 2, en bas
  85. Alemany 2013, p. 326, § 4 - 327 ; Alemany 2017, p. 219, col. 2, l. 2-6
  86. Alemany 2013, p. 328, § 1 ; Alemany 2017, p. 219-220, col. 1, l. 10 - 221, col. 1, l. 3
  87. Alemany 2013, p. 327, l. 20 et sa note 4 ; Alemany 2017, p. 219-220, l. 12 et sa note 753]
  88. Alemany 2013, p. 327 - 328, § 1 ; Alemany 2017, p. 219, col. 2 - 220, l. 3
  89. Alemany 2013, p. 175, § 2 - 176, § 1 ; Alemany 2017, p. 119, col. 2, § 2 - 119-120
  90. Alemany 2013, p. 364, § 3 - 365, l. 3 ; Alemany 2017, p. 242, col. 1, l. 5 - col. 2, l. 3
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  93. Mercure 1933, p. 110 (108), avt-dern. §
  94. Alemany 2013, p. 352 : légende de l'hors-texte, n° 1
  95. Alemany 2013, p. 444, l. 5 - p. 445, l. 6 ; Alemany 2017, p. 292-293, l. 2 - l. 15
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Bibliograhie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

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  • Véronique Alemany, La dernière Solitaire de Port-Royal : survivances jansénistes jusqu'au XXe siècle, Paris, Éditions du Cerf, coll. « Cerf histoire », , 709 p., livre numérique (ISBN 978-2-204-09951-6). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Marie-Thérèse de Malartic, Les Carnets de la vicomtesse de Malartic : En route pour Marsac (transcription annotée d'un manuscrit de 1870), transcription Yvan Reverdy ; annotations "P.G.", . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Armand Boutillier du Retail et Louise Faure-Favier, Mercure de France : La Solitaire de Port-Royal, (lire en ligne), p. 106-114. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Gérard d'Houville, Le Figaro : La dernière Solitaire de Port-Royal, (lire en ligne), première colonne à la une. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Christiane Rogelet, Port-Royal des Champs en notre temps, Paris, Les Éditions du Temps, , 457 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Cécile Gazier, Après Port-Royal : l'ordre hospitalier des sœurs de Sainte-Marthe de Paris, 1713-1918, Paris, L'Édition moderne - Librairie Ambert, , 330 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • André Maurel, Le Figaro : À Port-Royal des Champs, (lire en ligne), p. 2, col. 6 - p. 3, col. 1. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article