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Utilisateur:Gerard-emile/Bac à sable 7

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Brouillon:Monde (philosophie).


« Pythagore aurait été le premier à appeler cosmos, κόσμος, kósmos, l'enveloppe de toute chose, à cause de l'ordre qui s'y trouve [N 1]. Pour les Pythagoriciens, l'homme était intégré au monde comme l'oeil à l'ensemble du corps [...] Le sens de l'existence humaine découlait de ce sentiment d'appartenance au grand Tout, lequel était appelé macrocosme (grand cosmos), par analogie à l'homme qui était considéré comme un microcosme [...] Pour les Pythagoriciens, une vision du monde excluant l'homme n'aurait pas été une vision du monde » note Jacques Dufresne[1].

Le kosmos s'affranchira progressivement de son sens religieux pour devenir une notion philosophique adaptée à la désignation de l'univers.

Du Cosmos des présocratiques au concept de monde[modifier | modifier le code]

Le terme de « Cosmos » désigne chez les présocratiques le tout des étants comme système, c'est à dire « une totalité englobante où viennent s'équilibrer les éléments opposés selon un jeu de combinaisons systématiques et périodiquement alternées »[2]. C'est de ce cosmos qu'est née avec la philosophie et plus tard la phénoménologie par dérivation l'idée de monde conçue comme une unité vivante et rationnelle[3]. Perdant de son objectivité le monde de la phénoménologie devient un a priori existentiel « puisqu'il est dans son essence d'être toujours déjà là et de précéder toute rencontre d'un étant quelconque »[4]

Le Cosmos chez Emmanuel Kant[modifier | modifier le code]

Le philosophe allemand Emmanuel Kant défait le lien entre le « livre de la nature » et la théologie naturelle . La nature ne recèle donc plus aucun enseignement théologique ni ne manifeste plus la perfection de Dieu, parce qu’elle n’est que le résultat d’une objectivation du sensible réalisée au moyen des catégories de l’entendement. Si le « livre de la nature » n'est plus aussi lisible alors l'attention se porte sur la subjectivité écrit Michaël Fœssel[5].

Alors que dans un premier temps, le monde était déclaré inachevé en raison d’une omnipotence divine qui devait trouver le moyen de s’exprimer dans la plasticité de la matière, il l’est désormais pour devenir compatible avec la téléologie de la liberté humaine. Réduit au statut de matière indéterminée, le monde non seulement se fait à chaque instant, mais il est fait par ceux qui l’habitent[6].

Le Cosmos chez Edmund Husserl[modifier | modifier le code]

Husserl a commencé, très tôt à développer la notion de « monde de la vie » , dès ses Recherches logiques, mais c'est surtout dans son ouvrage tardif la Krisis[7] qu'elle devient le titre d'une problématique universelle, écrit Emmanuel Housset[8]. Le monde de la vie [...], n'est pas un simple monde des choses, mais il est tout à la fois, en arrière-plan, un monde de valeurs, de biens et un monde pratique. Cette notion désigne en gros, « le monde tel qu'il se donne par opposition au monde exact construit par les sciences modernes de la nature », les phénoménologues parlent aussi de monde pré-scientifique [N 2]. On peut inclure dans ce concept toutes les prestations, concrètes comme abstraites, qu'un ego peut effectuer dans le cours naturel de sa vie (perception d'objet, de chose, de personne, pensée en général, jugement scientifique, hypothèse métaphysique, croyance de toutes sortes, etc.). Il contient aussi des environnements idéaux, corrélats des actes de connaissance comme les nombres qui se rencontrent dans les actes de numération.Paul Ricœur[9], remarque à ce propos que l'illusion la plus constante qui caractérise la « thèse du monde » est la croyance naïve à l'existence « en soi » de ce monde et que toute perception empirique d'objet aurait a priori un caractère d'évidence que n'aurait pas la simple réflexion[N 3]. Comme l'écrit ailleurs Paul Ricœur[10], « la philosophie transcendantale de Husserl est une philosophie du « sens » — en donnant à ce mot sa plus vaste extension par delà toute étroitesse intellectualiste — : sens perçu, sens imaginé, sens voulu, sens éprouvé affectivement, sens jugé et dit, sens logique. Le monde pour moi c'est le sens du monde en moi, le sens inhérent à mon existence, et, finalement, le sens de ma vie ».

Pour Husserl il ne peut y avoir de monde objectif que sur la base du phénomène de l'intersubjectivité[4].

Le Cosmos chez Eugen Fink[modifier | modifier le code]

Alors que Husserl donne à l’ego le statut de sphère fondamentale, c'est au monde que Fink attribue la primordialité essentielle. « Le monde, et non l’ego, constitue la condition de possibilité de toute autre approche. Fink écrit: la méditation sur le monde en tant que situation est la méditation sur soi qui porte sur la condition de possibilité de toutes les autres méditations sur soi » relève David Chaberty [11], auteur d'une thèse sur l'œuvre de Fink. David Chaberty poursuit, citant Fink : « Le monde n’a plus pour nous maintenant de validité séparée, comme étant tout simplement en dehors de la vie qui l’éprouve et en tant qu’indépendant d’elle, mais il ne vaut plus pour nous que comme phénomène de notre situation »[12]. De ce fait, Fink récuse le préjugé husserlien sur lr rôle du sujet qui pour lui ne serait pas phénoménologique[13].Il n'y aurait pas de possibilité de fondement égologique à l'intersubjectivité et au monde[14].

Fink tente de penser « cosmologiquement » le problème de l'« apparaître » des choses du monde. Il écrit dans ce texte relevé par David Chaberty[15], « Il importe vraiment de concevoir l'apparaître de l'étant et sa vérité en provenance du règne du monde qui donne l'espace et qui laisse le temps [...] Le temps ne mesure plus le changement de la chose mais devient la condition sous laquelle se pense l'être de la chose lui-même ». Dans cette perspective la chose n'apparaît pas seule dans l'existence mais accompagnée d'autres choses du monde[N 4],[N 5]. De même par approfondissement de l'intuition husserlienne de la rétention et de la protention, Fink part de ces horizons, (qu'il appelle «horizon de dé-présentation ») pour penser que tout vécu n'est ce qu'il est qu'en tant qu'il est inclus dans les horizons de l'avant et de l'après, écrit Marc Richir[16].

Serge Meitinger écrit à propos de l'usage de cette notion par Eugen Fink « Eugen Fink se refuse à penser comme deux entités séparées le jeu de l'homme dans sa vie quotidienne et le jeu donné pour celui du monde [...] l'unité du jeu , il la trouve dans la vieille notion de monde comme cosmos (c'est-à-dire ordonnance) et totalité (c'est-à-dire comme Un et Tout se faisant) le monde n'étant jamais alors un objet placé devant nous mais la région de toutes les régions, le temps de tous les temps. Ce faisant Eugen Fink laisse résonner la parole d'Héraclite[N 6], qui nous offre sous une forme imagée, le plus souvent-les noms du feu, de lumière solaire, de l'éclair du temps du monde, du jeu et de la raison pour dire et penser le grand principe de production et d'ordonnancement qui est à l'œuvre en tout ce qui est »[17].


Le Cosmos chez Merleau-Ponty[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. « Dans la Grèce archaïque kosmos pourrait désigner un ensemble de valeurs et de règles, l'ordre politique et social »Sébastien BASSU 2011, p. 2
  2. « La vie est ce donné primitif qui s'articule progressivement dans le cadre d'une relation, c'est-à-dire d'une expérience, dans le contexte de laquelle se constitue simultanément et interactivement la subjectivité d'un sujet et l'objectivité du monde »-Jean-Claude Gens 2010, p. 69
  3. « Toute pensée scientifique et toute problématique philosophique comportent des évidences préalables : que le monde est, qu'il est toujours d'avance là [...] toute visée présuppose le monde dans son être, comme horizon de tout ce qui vaut indubitablement, ce qui implique un certain stock de choses connues et de certitudes soustraites au doute » écrit Husserl-Krisis, p. 126
  4. citation|Fink le souligne : cela signifie que l’apparaître n’est jamais un apparaître ‘isolé’. Aucune chose n’apparaît seule ; la chose apparaît dans le champ englobant d’une ‘présence’ commune, elle apparaît dans une ‘région-David Chaberty 2011, p. 492 lire en ligne
  5. « L’apparaître n’est plus conçu comme advenant à une chose individuelle, mais advient, - et c’est un thème fondamental -, dans une région (Gegend). En pensant l’apparaître de l’être, Fink pense l’émergence non plus d’un individu mais l’émergence d’un ensemble, toute émergence d’un individu ou même d’une particularité étant simultanée et relative à l’émergence d’un ensemble, d’une région, à laquelle appartient l’individu ou la particularité »-David Chaberty 2011, p. 489 lire en ligne
  6. voir Héraclite : Séminaire du semestre d'hiver 1966-1967

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

[[Catégorie:Concept philosophique]] [[Catégorie:Phénoménologie]] [[Catégorie:Philosophie du XXe siècle]]