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Utilisateur:EThys/Brouillon

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Des critiques tant internes qu’externes au mouvement ont émergé, ciblant principalement la posture des thérapeutes, l’aspect scientifique des la thérapie, ou encore pointant du doigt ses limites.

Critique sur les compétences personnelles[modifier | modifier le code]

Albert Ellis fut considéré comme un thérapeute non-conventionnel, à contre-courant de son époque[1]. Il a régulièrement été critiqué pour son comportement agressif[2]. Stephen Weinrach, proche d'Ellis, l’a qualifié d’“abrasif, impatient, manquant des compétences sociales les plus basiques”[1]. Il a également formulé cette critique à l’égard d’autres thérapeutes, notant que la TCER pouvait attirer des praticiens manquant de certaines compétences sociales[1]. Il note que les praticiens de la TCER ont une approche plus abrupte, moins empathique que d’autres thérapeutes[3].

D’autre part, certains praticiens ont une approche centrée sur l’individu, oubliant que ce dernier fait partie d’un système interdépendant d’autres individus[4]. Ainsi, Albert Ellis lui-même indiqua être “tout à fait d’accord” avec l’affirmation : “Chacun a le droit d’avoir mauvais caractère et d’être malveillant” ("Albert Ellis' rationality," 1973), ce qui va à l’encontre du Humanist Manifesto II, co-signé par Ellis, qui déclare : “Le futur des uns est lié d’une certaine façon à celui des autres”[4].

Critique sur la non-scientificité[modifier | modifier le code]

La TCER a également fait face à des critiques concernant sa scientificité. Une première critique concerne la testabilité de ses hypothèses sous-jacentes. Selon Frank Bond et Windy Dryden, deux des quatre hypothèses centrales sur lesquelles repose la TCER ne pourraient pas être testées : the core and the primacy of the must[5]. Pour tester ces hypothèses, il faudrait en effet pouvoir distinguer les cognitions des émotions et des comportements, ce que ne permet pas le principe d’interdépendance porté par la théorie TCER[5]. De ce fait, on ne peut établir que les cognitions sont au cœur des dysfonctionnement psychiques[5]. D’autre part, la primauté des musts apparaît également difficilement mesurable[5].

Cette critique peut être mise en parallèle avec la façon dont est née et s’est propagée la TCER. Pour Cyril Franks, la TCER est née d’une approche rationnelle, c’est-à-dire de la théorie, et non de données empiriques[6]. Albert Ellis avait en effet deux possibilités : il pouvait soit tester, collecter la données et diffuser sa théorie une fois qu’elle eut fait ses preuves, soit médiatiser cette théorie en analysant les résultats au fur et à mesure. Ayant fait le second choix, Albert Ellis a montré que la pratique de la thérapie n’avait pas à être réservée aux psychiatres pour être efficace, ni à se cantonner au système psychanalytique[6]. Néanmoins, si la recherche existe en parallèle, on peut interroger son intervention a posteriori.

Pour Richard Lee Wessler, la TCER est même une "pseudo-science"[7]. Il met notamment en avant le manque de définition précise d'un des termes centraux du modèle, le "rationnel" et son pendant l'"irrationnel". La définition de ces termes par Ellis n'est pas stable dans le temps, l'irrationalité étant liée à la logique (les idées irrationnelles sont celles qui ne correspondent pas à la réalité), ou aux conséquences (les idées irrationnelles sont celles qui empêchent le patient de mener à bien sa vie), ou encore aux musts (les idées irrationnelles sont celles qui émanent d'attentes grandioses, irréalistes)[7].

Les limites de la TCER[modifier | modifier le code]

Un manque de prise en compte de la diversité[modifier | modifier le code]

De nombreux travaux attestent de l’intérêt croissant porté à la considération des différences inter-individuelles dans l’accompagnement thérapeutique[4]. Qu’il s’agisse de différences ethniques, sociales, de genre, ou d’orientation sexuelle, la volonté générale est de mieux prendre en compte ces différences dans le cadre d’une thérapie[4]. Par contraste, Stephen Weinrach a relevé le manque de diversité dans les articles publiés dans le Journal of Rational-Emotive and Cognitive-Behavior Therapy entre 1989 et 1994[4]. Albert Ellis lui-même, dans son ouvrage Homosexuality : Its Causes and Cure, considérait l’homosexualité comme une pathologie[8]. Il reviendra sur sa position en 1976, après que l’American Psychiatric Association retire l’homosexualité des maladies mentales en 1973[8].

Cette exclusion s’explique par divers facteurs. D’une part, la TCER, de par son postulat humaniste, adopte un point de vue universaliste sur l’être humain[4] alors même que ces thérapies ont été développées en Occident et ne prennent pas en compte d’autres points de vue. D’autre part, les croyances irrationnelles, auxquelles d’attaque la TCER, sont très dépendantes des caractéristiques de la personne[4]. Stephen Weinrach relate ainsi l’exemple d’une étudiante Japonaise qui partagea à Albert Ellis sa peine à l’idée de décevoir les attentes de sa famille. Celui-ci ne prit pas en compte les conséquences différentes qu’impliquent de vivre dans une société individualiste ou collectiviste[4]

La TCER, une thérapie fourre-tout ?[modifier | modifier le code]

La TCER, comme toute autre thérapie, n’est pas forcément l’approche la plus pertinente pour accompagner toutes les problématiques. Or, si les praticiens ont insisté sur la prise en charge très large que permettait cette théorie, ils ont été moins prolifiques sur ses limites et contre-indications. D’une part, les praticiens déclarent pouvoir prendre en charge de plus en plus de pathologies[9] ; d’autre part, la définition même de la TCER ne fait que s’élargir pour englober de plus en plus de pratiques[4].

  1. a b et c (en) Stephen G. Weinrach, « Unconventional Therapist: Albert Ellis », The Personnel and Guidance Journal, vol. 59, no 3,‎ , p. 152–160 (DOI 10.1002/j.2164-4918.1980.tb00520.x, lire en ligne, consulté le )
  2. (en-US) Matt Dobkin, « Behaviorists Behaving Badly - Why Albert Ellis Isn't Allowed at The Albert Ellis Institute - Nymag », sur New York Magazine (consulté le )
  3. (en) Stephen G. Weinrach, « Rational Emotive Behavior Therapy: A Tough-Minded Therapy for a Tender-Minded Profession », Journal of Counseling & Development, vol. 73, no 3,‎ , p. 296–300 (DOI 10.1002/j.1556-6676.1995.tb01751.x, lire en ligne, consulté le )
  4. a b c d e f g h et i (en) Stephen G. Weinrach, « Reducing REBT's “wince factor:” an insider's perspective », Journal of Rational-Emotive and Cognitive-Behavior Therapy, vol. 14, no 1,‎ , p. 63–78 (ISSN 1573-6563, DOI 10.1007/BF02238094, lire en ligne, consulté le )
  5. a b c et d (en) Frank W. Bond et Windy Dryden, « Why two, central REBT hypotheses appear untestable », Journal of Rational-Emotive and Cognitive-Behavior Therapy, vol. 14, no 1,‎ , p. 29–40 (ISSN 1573-6563, DOI 10.1007/BF02238092, lire en ligne, consulté le )
  6. a et b (en) Cyril M. Franks, « RET, REBT and Albert Ellis », Journal of Rational-Emotive and Cognitive-Behavior Therapy, vol. 13, no 2,‎ , p. 91–95 (ISSN 1573-6563, DOI 10.1007/BF02354454, lire en ligne, consulté le )
  7. a et b (en) Richard L. Wessler, « Idiosyncratic definitions and unsupported hypotheses: Rational emotive behavior therapy as pseudoscience », Journal of Rational-Emotive and Cognitive-Behavior Therapy, vol. 14, no 1,‎ , p. 41–61 (ISSN 1573-6563, DOI 10.1007/BF02238093, lire en ligne, consulté le )
  8. a et b « Albert Ellis », dans Wikipédia, (lire en ligne)
  9. (en) Stephen G. Weinrach, Albert Ellis, Raymond DiGiuseppe et Michael E. Bernard, « RATIONAL EMOTIVE BEHAVIOR THERAPY AFTER ELLIS: PREDICTIONS FOR THE FUTURE », Journal of Rational-Emotive and Cognitive-Behavior Therapy, vol. 24, no 4,‎ , p. 199–215 (ISSN 1573-6563, DOI 10.1007/s10942-006-0045-y, lire en ligne, consulté le )