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L'anarchisme est une philosophie politique qui prône l'abolition de l'état et qui appelle à la mise en place d'une société fondée sur des valeurs libertaires.

Qu'est-ce que l'anarchisme ?[modifier | modifier le code]

Principes généraux[modifier | modifier le code]

À la source de toute philosophie anarchiste, on retrouve une volonté d'émancipation individuelle et/ou collective. L'amour de la liberté, profondément ancré chez les anarchistes, les conduit à lutter pour l'avènement d'une société plus juste, dans laquelle les libertés individuelles pourraient se développer harmonieusement et formeraient la base de l'organisation sociale et des relations économiques et politiques. L'ennemi commun de tous les anarchistes est l'état, l'institution qui prétend détenir le monopole de la violence légale et avoir le droit de voler (impôt) et de réduire en esclavage (conscription, service militaire) l'individu.

Les visions qu'ont les différentes tendances anarchistes de ce que serait ou devrait être une société sans état sont par contre d'une grande diversité.

À un extrême du continuum anarchiste, on considère qu'une telle société n'aurait plus de hiérarchie, plus de pouvoir et plus d'autorité. Les rapports sociaux hiérarchiques et les institutions centralisées (Capitalisme, Patriarcat, Famille, Église, État, Armée...), sont qualifiés d'immoraux, oppressifs, nuisibles, générateurs de désordre, et d'entraves inutiles aux libertés individuelles.

A l'autre bout du continuum, on considère au contraire que seuls propriété privée et liberté économique totale peuvent assurer à l'individu une protection contre l'état. Les institutions intermédiaires, nées de la collaboration entre individus et susceptibles de tenir l'état en échec, sont considérées avec bienveillance, pour autant évidemment qu'elles ne participent pas à l'oppression étatique (exemple typique, les fabricants d'armes).

Une fois la société libérée de ces entraves artificielles, les anarchistes pensent que l'ordre naturel que l'état contrariait se rétablirait spontanément, ce qui est d'ailleurs la signification du symbole anarchiste du "A" inscrit dans un "O" (L'anarchie, c'est l'ordre, Proudhon).

Le rejet de l'autorité centralisée aboutit donc à un projet d'organisation sociale fondée sur la gestion directe de sa propre vie, où chacun est en mesure de participer à la vie commune, tout en conservant son autonomie individuelle, selon les conceptions parfois diamétralement opposées que s'en font les différents courants anarchistes.

Confusions et détournements du terme[modifier | modifier le code]

Le terme anarchisme est issu du mot grec anarchie (άναρχία). An est la marque du privatif et archè définit ce qui se rapporte au pouvoir, à l'autorité et au commandement. Le suffixe isme désigne une doctrine.
Bien souvent, le mot anarchie est utilisé à tort pour décrire le chaos, les guerres civiles et les situations de désordre social. Pourtant, les anarchistes ne prônent absolument pas l'absence d'ordre, de règles et de structures organisées. Une telle situation correspondrait à un état d'anomie sociale. Pour éviter cette confusion entre anarchie politique et anomie, confusion qui dénature les idées de l'anarchisme, les anarchistes utilisent parfois le mot « acratie » (mot latin équivalent du mot anarchie d'origine grecque) ou libertaire (défenseur de la liberté politique), comme synonymes d'anarchiste.

Courants[modifier | modifier le code]

L'anarchisme a été pendant longtemps une partie intégrante du socialisme dont il incarnait la tendance libertaire. L'anarchisme est considéré comme une doctrine politique qui établit un pont entre le socialisme et l'individualisme. C'est pourquoi, au sein de l'anarchisme, deux tendances principales existent : l'individualisme social et le socialisme libertaire. L'une portant plus sur "la question individuelle", l'autre portant plus sur "la question sociale", sans que l'une ou l'autre nie les autres questions. Ce qui implique une complémentarité (mais aussi une concurrence) entre ces deux tendances.

Aujourd'hui, le courant s'est ouvert à d'autres perspectives et il existe de nombreuses théories anarchistes distinctes. Différents groupes peuvent donc se définir comme anarchistes et néanmoins avoir des positions (au niveau tactique, stratégique, organisationnel, économique et social) différentes, voire parfois opposées.

Courants fondateurs/historiques[modifier | modifier le code]

À la genèse de l'anarchisme politique, on trouve les travaux pionniers de William Godwin : en 1793, il publie Enquête sur la justice politique et son influence sur la morale et le bonheur, œuvre largement inspirée par la Révolution française. Il y propose une critique radicale de la société et de toutes les formes de gouvernements qui, selon lui, empêchent l'épanouissement des individus et les mènent à leur corruption. Les travaux de Max Stirner auront également un rôle très important dans le développement de l'anarchisme individualiste. Celui-ci publie en 1845 L'unique et sa propriété, une œuvre qui s'inscrit dans la pensée hégélienne (de par ses critiques des divers libéralismes) et qui va marquer durablement la pensée anarchiste.

Jusqu'à une période récente, les principaux courants anarchistes étaient les suivants :

  • l'anarchisme socialiste, qui propose une gestion collective égalitariste de la société (mouvement largement influencé par les écrits de Bakounine) ;
  • l'anarchisme communiste, qui de l'adage « À chacun selon ses besoins, de chacun selon ses capacités » veut, d'un point de vue économique, partir du besoin des individus afin de produire par la suite le nécessaire pour y répondre ; ce qui politiquement est lié étroitement avec l'anarchisme qui part des volontés de chaque individu réel, par la liberté politique pour créer/construire la société à échelle des humains vivants/désirant (mouvement largement influencé par les écrits de Errico Malatesta, Pierre Kropotkine, etc) ;
  • l'anarcho-syndicalisme, qui propose une méthode : le syndicalisme, couplé à l'anarchisme, comme moyen de lutte et d'accès vers une société anarchiste (mouvement largement influencé par les écrits de Émile Pouget, Pierre Monatte, Georges Sorel, etc) ;
  • L' anarchisme proudhonien, qui défend l'autogestion fédéraliste, un travaillisme pragmatique et un justicialisme idéo-réaliste. Le travail, fondement de la société devient le levier de la politique, le réalisateur de la liberté. Le justicialisme permet un pluralisme à travers un équilibre des forces physiques et sociales. Le fédéralisme permet le dynamisme et l’équilibre de la société pluraliste. (Auteurs : Pierre Joseph Proudhon, James Guillaume, etc.)
  • l'anarchisme individualiste, qui défend l'autonomie individuelle contre toute forme d'autorité et d'aliénation (humanisme, morale, Etat, religion...), et propose l'association entre des individus uniques (mouvement largement influencé par les écrits de Max Stirner, Émile Armand, etc).
  • L'anarchisme chrétien. Courant, proche de l'anarchisme individualiste, mais avant tout personnaliste, associant la croyance aux valeurs chrétiennes. (Auteurs : Léon Tolstoï, Jacques Ellul, etc.)
  • L'anarcho-capitalisme, mouvement issu de la pensée libérale, libertarienne et individualiste. Il veut rendre à l'individu tous les droits usurpés par l'État, y compris les fonctions dites "régaliennes" (défense, police, justice et diplomatie). L'anarcho-capitalisme défend la liberté individuelle, le droit de propriété et la liberté de contracter. A ce titre, il est fort éloigné des conceptions de la plupart des anarchistes européens, généralement anti-capitalistes. Voir ici pour des détails sur cette question (en Anglais) Auteurs : Lysander Spooner, Gustave de Molinari, Murray Rothbard, David Friedman, etc.

Ces différentes tendances se rejoignent dans la volonté de mettre en place une société libertaire, où la liberté politique serait la règle, c'est-à-dire qu'aucun organisme (syndical, communautaire, ou autre) ou individu n'aurait à contraindre d'autres formes politiques d'organisation. Elles constituent encore de nos jours le noyau dur de l'anarchisme actif, et une majorité d'anarchistes considère que ce sont les seuls mouvements qui peuvent légitimement revendiquer l'appellation d'anarchisme, d'autres, parmi les récents mouvements, sont fondamentalement rejetés (anarchisme de droite, national-anarchisme) de par leurs appellations, et de par leurs théories ne correspondant pas à l'anarchisme historique. Les tendances de l'anarchisme historique sont également les plus actives politiquement et idéologiquement, et les mieux organisées. Elles peuvent en outre revendiquer un héritage historique très riche, qui a été composé au fil des décennies par un militantisme et un activisme très vivace.

Courants récents[modifier | modifier le code]

Après la seconde guerre mondiale, d'autres courants apparaissent dans différents domaines : politiques, philosophiques ou littéraires. Ils se démarquent parfois assez radicalement des doctrines libertaires classiques vues plus haut.

[1] Ces mouvements (national-anarchisme, anarchisme de droite) sont considérés comme n'appartenant pas à l'anarchisme politique et historique, selon les critères courants de l'anarchisme historique en Europe et en amérique du nord (et ailleurs). La plupart des anarchistes rejettent ces mouvements qu'ils ne considèrent pas comme des formes d'anarchisme. Ils rejettent également ces expressions qu'ils considèrent comme étant sans fondement et qui emploient abusivement le terme anarchisme.

Cette diversification de la philosophie anarchiste montre que l'anarchisme tend à se disperser en fonction de l'attachement des penseurs à des sensibilités politiques ou philosophiques très diverses. Certes, toutes ces tendances ont en commun de rejeter le pouvoir et l'autorité, mais les « programmes » des différents courants sont parfois incompatibles entre eux (mais l'anarchisme n'étant pas monolitique, cela n'altére en rien au mouvement).
Au sein du mouvement anarchiste, ces nouveaux mouvements sont plus ou moins bien accueillis (selon les tendances), certains sont considérés comme un enrichissement de l'anarchisme, d'autres non (1.  )..

Vers une société anarchiste[modifier | modifier le code]

Le rejet des contraintes qui entravent l'individu, dans ses désirs ou ses besoins, aboutit à une remise en cause des institutions qui ont été créées, selon les anarchistes, afin de perpétuer ces contraintes. L'État, le Capital et l'Église font parties de ces institutions que les anarchistes essaient de combattre (voire d'abattre). Ce combat contre l'Autorité prend souvent la forme d'une action directe (un exemple en est le Do It Yourself du mouvement punk), étrangère aux formes traditionnelles de la lutte politique. En fait, les systèmes politiques contemporains étant très souvent munis d'un pouvoir centralisé, le passage à l'anarchisme implique un changement radical. C'est pourquoi les anarchistes proposent l'abolition de ce système par différents moyens : désobéissance civile, grève, résistance passive ou résistance active, hacktivisme, obstructionnisme, etc. Certains anarchistes considèrent qu'il faut préparer l'avènement d'une révolution sociale radicale (le recours aux armes pouvant être aussi parfois nécessaire pour se défendre contre un système oppressif, qui lui n'acceptera pas le droit aux individus de s'organiser afin de déterminer par eux mêmes leurs libertés), afin de laisser les sociétés s'organiser sans maîtres et selon leurs besoins et désirs ; d'autres estiment qu'une révolution non violente est possible, avec une extinction progressive des pouvoirs.

→ voir différents moyens organisationnels
→ voir quelques exemples d'actions directes.

Expériences historiques[modifier | modifier le code]

Les idées anarchistes ont été appliquées, à des degrés divers, dans certaines régions durant la Commune de Paris (qui est tout autant revendiquée par les socialistes que les communistes) en 1871, en Ukraine par le mouvement makhnoviste et à Kronstadt pendant la Révolution russe (1917-1921) ou encore lors de la Guerre civile espagnole (1936-1938), dans certaines régions. L'échec de ces expériences sera dû à plusieurs facteurs externes ou internes au mouvement anarchiste, dont la situation politique internationale défavorable, l'absence de soutien international, la répression de la bourgeoisie, les contraintes impliquées par une situation de guerre, l'entrave mise par les jacobins et les bolchéviques, des contradictions au sein de la mouvance anarchiste (par exemple en Espagne). Cependant, ces expériences sont parvenues à réaliser nombreux des principes anarchistes, dont des expériences dans l'éducation libre, la collectivisation des terres et usines, la liberté politique, etc...

En d'autres lieux et des périodes plus récentes, certains peuples se sont inspirés en partie de certains principes libertaires :

  • l'EZLN au Chiapas né à la fin du XXe siècle qui expérimente la démocratie directe (et non l'anarchisme) ;
  • la commune d'Atenco au Mexique (2002-2003) qui vécut sans autorité communale, voire la combattit (autant que celle de l'État) pendant plus de deux ans et autogéra la commune ;
  • les communes libres de Kabylie (depuis 2001) ;
  • la crise argentine depuis fin décembre 2001, où une grande partie de la population manifeste quasi quotidiennement avec pour slogan « Que se vayan todos ! » (« Qu'ils s'en aillent tous ! »), s'organise en assemblées de quartier, et pratique l'autogestion (usines et supermarchés occupés et autogérés) [1], [2] et [3] ;
  • La commune libre Christiania à Copenhague au Danemark, expérience d'un squat autonome/autogéré ;
  • Diverses expériences lors de la révolte de mai 68.

→ voir l'anarchisme dans l'histoire