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Utilisateur:Camille.banse/Brouillon

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Apparue dans les années 1990, en réaction à l'histoire comparée, l’histoire connectée (« connected history ») est une branche de l’histoire globale qui autorise les jeux d’échelles, spatiaux et temporels, et qui a pour figure de proue Sanjay Subrahmanyam.  Une démarche pratique de recherche historique L'histoire connectée est une démarche de recherche historique travaillant sur des "aires culturelles" ainsi que des dynamiques de circulation (d'hommes, d'idées, de techniques et de ressources) et de métissage, en se basant sur une documentation en langues vernaculaires extra-européennes. A ce titre, l'histoire connectée a pour but d'étudier les connexions réelles, les contacts entre des communautés initialement opposées géographiquement. Ainsi, elle vise à produire un "contre-récit" par rapport à une histoire européano-centrée. Ce "contre-récit" permet de donner une nouvelle compréhension des perceptions locales et des historicités plurielles du "moment colonial des sociétés extra-européennes". L’histoire connectée est donc l’étude des interactions multiples, réalisée au moyen d’allers-retours entre les différentes échelles d’analyse et par un décentrement du regard. Ces variations d’échelles révèlent la globalité des échanges au sein des sociétés étudiées et permettent d’analyser les mouvements à grande échelle. Cependant, l’histoire connectée se concentre sur l’étude de ces interactions à un moment précis et non sur le long terme. L’utilisation de ce type d’histoire est donc moins pertinente pour étudier les changements de longue durée, les évolutions des connexions. Les deux notions essentielles de l’histoire connectée sont la réciprocité et l’hybridation (ou métissage). L’histoire connectée cherche à comprendre la façon dont chaque communauté vit la rencontre avec l’autre. De ce fait, cette méthodologie permet de critiquer les préjugés ethnocentriques d'autres approches historiques. De par son caractère transnational, l’histoire connectée s’intéresse aux circulations, que ce soit du point de vue des hommes et des objets ou de celui d’un processus créateur agissant sur les sociétés. Elle veut dépasser les compartimentages nationaux civilisationnels pour montrer les modes d’interaction « entre le local et régional et le supra-régional ». L’histoire connectée nécessite d'une part une lecture critique des sources écrites ou orales en privilégiant celles qui sont dans la langue des sujets étudiés et d'autre part de se placer au niveau des hommes en tant qu’acteurs des diverses interactions.  En conclusion, l’histoire connectée est intéressante pour étudier les problématiques concernant plusieurs contextes géographiques et culturels, comme les migrations de population. Une démarche au carrefour de plusieurs courants historiographiques Comparaison avec l'histoire globale La différence entre l’histoire connectée et l’histoire globale repose dans le fait que l’histoire connectée est d’abord une approche méthodologique avant d’être une théorie de l’histoire. L’histoire globale, ou histoire de la globalisation des sociétés, est née aux Etats-Unis. Elle aborde des approches diverses et suppose une grande mobilisation matérielle ainsi qu’une décentrement du regard. Elle est globale par son objet d'étude et « par son refus de la fragmentation historiographique et des compartimentages disciplinaires. » Comparaison avec l'histoire transnationale L'histoire connectée est une des branches de l'histoire transnationale. L'histoire transnationale s'intéresse également aux interactions et interdépendances des sociétés modernes et contemporaines, selon l'axe de la globalisation. Elle porte sur la circulation des hommes, des capitaux et des biens et demande une connaissance poussée en langue vernaculaire extra-européenne afin d'avoir accès à des sources permettant un éclairage nouveau. Comparaison avec l'histoire comparée L’histoire connectée est apparue en réaction à la méthodologie de l’histoire comparée. En effet, contrairement à l’histoire comparée, l’histoire connectée ne néglige pas les circulations et les contacts de formes culturelles. Comparaison avec l'histoire croisée Tout comme l’histoire croisée, l’histoire connectée accorde une place importante au décentrement du regard. L’histoire croisée est une histoire connectée qui accorde en plus de la valeur à l’étude des transferts entre différentes zones culturelles. Bibliographie Bertrand Romain, L'histoire à parts égales : récits d'une rencontre Orient-Occident (XVIe-XVIIe siècle), Paris, Seuil, 2011. Gruzinski Serge, La colonisation de l'imaginaire : sociétés indigènes et occidentalisation dans le Mexique espagnol, XVIe-XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, 1988 (Bibliothèque des histoires). Subrahmanyam Sanjay, Vasco de Gama. Légende et tribulations du vice-roi des Indes, trad. de l’anglais par M. Dennehy, Paris, Alma éditeur, 2012.