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RACHEL SALMONA

Rachel Salmona est née le dimanche 5 novembre 1933 à Paris. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, elle passa son enfance au Tréport sous l’Occupation allemande. Elle allait à l’école rue Suzanne au Tréport. Sa petite sœur Colette, sa mère Victoria, sa grand-mère Calo et elle ont été victimes d’une rafle et ont été arrêtées le samedi 16 janvier 1943. Elles ne reverront plus jamais Le Tréport…. Rachel mourra en 1943 à l’âge de 10 ans. C’était une petite fille ordinaire qui est décédée parce qu’elle était juive.

Biographie[modifier | modifier le code]

Rachel Salmona, née le 5 novembre 1933 à Paris XIIe arrondissement est le second enfant de Victoria Mitrani (née le 14 octobre 1913 ) et de Vitali Salmona (né le 22 décembre 1905). Elle a eu un frère, Jacques, né en 1930 et décédé deux ans plus tard, puis une sœur, Colette, née le 23 novembre 1940 . Elle a vécu toute son enfance au Tréport, au 14 rue Alexandre Papin et a étudié à l’école LDM (Ledret Delmet Moreau), rue Suzanne.

Son père, d’origine turque, a épousé Victoria, Turque elle aussi, le 4 janvier 1930 à Paris XIème arrondissement . Ils se sont rencontrés pour la première fois sur leur lieu de travail étant, tous deux commerçants ambulants.

Vivre pendant la guerre[modifier | modifier le code]

Le temps des exclusions[modifier | modifier le code]

A partir de 1940, la discrimination envers les Juifs va croissante. Sur ordre du préfet, les commissariats de police se doivent de recenser les familles d’origine juive. Ainsi la famille Salmona se fait recenser dès 1940 au commissariat de police du Tréport . A partir de là on fait indiquer la mention «JUIF» sur leurs cartes d’identité . Les Allemands utilisent l’Administration française pour effectuer de nombreux recensements de plus en plus précis (tranches d’âge, sexe, domicile, nationalité…) . Ces recensements visent à actualiser les listes de Juifs. Les nombreux contrôles effectués à leur domicile y contribuent . Les consignes données sont strictes et rigoureuses (ex : contrôle à 20 heures, début du couvre-feu pour les Juifs). A partir de 1942, on note une gradation concernant les discriminations des Juifs : en juin 1942 les Juifs doivent porter l’étoile jaune (photo à venir). La famille étant d’origine turque (pays neutre ménagé par l’Allemagne), elle n’est pas tenue de la porter . Cependant, face à cette nouvelle mesure discriminatoire, Madame Salmona fait baptiser Rachel et sa petite sœur Colette dès le mois de juin 1942, croyant les protéger .

La discrimination antisémite vise aussi leur exclusion de la vie économique et sociale. Ainsi, on recense leurs biens. Les parents de Rachel exercent le métier de marchand ambulant en article de bonneterie. Ils n’ont pas de boutique. Leur chiffre d’affaire est estimé à 30.000 Francs. Leur stock de marchandises est évalué à 5.000 Francs. Ils possèdent trois voitures automobiles d’une valeur globale de 7.500 Francs .En 1941, les biens des Salmona sont saisis par ordonnance allemande et sont administrés par le cabinet de Maître Fleury-Coquerelle situé à Eu . Finalement, le commerce des Salmona est liquidé . Par conséquent, la famille Salmona se retrouve sans ressources. Le maire du Tréport s’en émeut et rédige alors une lettre de demande d’allocation au préfet pour la famille .

Le temps des arrestations[modifier | modifier le code]

Les arrestations sont d’abord individuelles et les premières grandes rafles ne concernent que les hommes. Ainsi, le père de Rachel, Vitali Salmona, parti chercher de la marchandise à Paris, est arrêté au cours de la grande rafle du mois d’août 1941. Il est conduit à Drancy, un camp d’internement et de transit situé aux portes de Paris. Il figure dans la liste des déportés du convoi n°3 partant de Drancy pour Auschwitz, le 22 juin 1942. Il y meurt le 15 août 1942 . Mettant en œuvre la « Solution finale » programmée par les Allemands, de grandes rafles concernant également les femmes et les enfants sont organisées par les autorités françaises grâce aux fichiers juifs établis à partir des recensements. Prenant comme prétexte l’attentat commis contre un officier allemand à Rouen le 2 janvier 1943, le service de la Gestapo de Paris décide l’arrestation de tous les Juifs de la Seine-Inférieure du 15 au 17 janvier 1943 . Le préfet de la Seine-Inférieure, André Parmentier, prend un arrêté pour exécuter et respecter les directives des Allemands. D’après les procès verbaux de la famille Salmona, le 16 janvier 1943, trois gendarmes de la brigade d’Eu, se présentent au 14 rue Alexandre Papin. Ils lisent l’ordre d’arrestation . Si on se fie aux instructions retrouvées pour Rouen, Dieppe, Yvetot et Neufchâtel, les gendarmes laissent peu de temps à la famille pour rassembler les vêtements et linge demandés : « Ils devront se munir de leurs cartes d’alimentation, de linges de corps, de vêtements chauds, de couvertures, d’une paire de draps et de trois jours de vivres. » On sait par un courrier du maire au préfet que des scellés ont été apposés aux portes et des fenêtres de l’habitation par le commissaire de police du Tréport, le 6 mars 1943. Le maire que la maison des Salmona a été visitée par des Officiers de l’armée Allemande, qui se sont accaparé de tout ce qui les intéresse . On n’a pas retrouvé de documents mentionnant l’arrestation de Rachel dans sa salle de classe. Seuls des témoins oculaires l’affirment. La famille est ensuite emmenée à la gendarmerie de la ville d’Eu afin de taper les procès verbaux d’arrestation. Ces derniers mentionnent un signalement précis pour chaque membre de la famille : ainsi pour Rachel « Taille 1,15m, cheveux châtains foncés, front haut, yeux gris, nez rectiligne, bouche petite, menton haut, vêtue d’un pantalon en drap marron et d’un manteau marron. » Victoria a dû remettre les deux clefs de la maison ainsi que son argent soit 2 850 Francs . Toute la famille est ensuite conduite à la maison d’arrêt de Dieppe. Une entreprise générale de transports et déménagements a été réquisitionnée le 18 janvier 1943 afin de conduire la famille au centre d’accueil de la rue Poisson à Rouen (aujourd’hui rue Fontenelle), lieu où sont regroupés tous les Juifs du département arrêtés au cours de cette rafle. Le jour même, Rachel et les siens quittent Rouen en train pour Drancy. De là Rachel, Colette, Victoria et Calo sont déportées par le convoi n°47 du 11 février 1943 . Ce convoi compte 998 déportés dont 182 enfants à destination d’Auschwitz . Rachel (9 ans et 3 mois), Colette (2 ans et 3 mois), Victoria, la mère (29 ans) et Calo, la grand-mère (70 ans) sont exterminées dès leur arrivée le 16 février 1943.

Sans l’acharnement pour appliquer les lois de mise à l’écart, les contrôles successifs, sans la collaboration de la haute Administration (préfecture), de la police et de la gendarmerie françaises, la déportation de Rachel et des Juifs aurait été plus difficile à réaliser.

Rachel de nos jours[modifier | modifier le code]

Rachel Salmona est présente à de nombreux endroits au Tréport :

-On peut la retrouver à l’Eglise Saint Jacques. Son nom figure parmi la liste des déportés.

-L’école de son enfance lui rend aussi hommage en lui réservant une plaque à l’entrée de son ancienne salle de classe.

-Le 9 décembre 1988, en hommage à Rachel Salmona le collège du Tréport qui jusque là n’avait pas de nom prend le sien ; une fresque a été faite en son honneur.

-Son nom figure aussi sur le mémorial de la Shoah qui se trouve au 17 Rue Geoffroy l'Asnier à Paris.

Mémorial de la Shoah à Paris.


Bibliographie[modifier | modifier le code]

Archives
  • ADSM (Archives Départementales de la Seine-Maritime) 1408W548: lettre du commissariat de police au sous-préfet de Dieppe.
  • ADSM 1408W548: lettre du commissaire de police du Tréport au préfet de la Seine Inférieure.
  • ADSM 1408W548: cahier de recensement s juillet 1942.
  • ADSM 1408W548: lettre du commissaire de police au sous-préfet de Dieppe.
  • ADSM 1408W548 : listes des juifs recensés.
  • ADSM 1408W548: renseignement concernant les entreprises juive et lettre du commissaire police du Tréport au sous-préfet de Dieppe.
  • ADSM 1408W548 : lettre du préfet de la Seine-Inférieure au sous-préfet de Dieppe ; liste des administrateurs provisoires des entreprises israélites de l’arrondissement de Dieppe.
  • ADSM 1408W548
  • ADSM 1408W548 : lettre du maire du Tréport au préfet.
Attestation du ministère des anciens combattants et victimes de la guerre.
  • ADSM : ordre de mission du préfet régional daté du 15 janvier 1943.
  • ADSM : ordre de mission du préfet régional daté du 15 janvier 1943.
  • ADSM 1408W548 : procès verbaux de Calo Mitrani, de Victoria Salmona, de Colette et Rachel Salmona.
  • ADSM 1408W548
Archives municipales du Tréport
  • ADSM 1408W548
Ouvrages
  • Françoise BOTTOIS : De Rouen à Auschwitz. Les Juifs du « Grand Rouen » et la Shoah, 9 Juin 1940 – 30 Août 1944, éditions Ovadia, 2015
  • Denise HOLSTEIN : Le Manuscrit de Cayeux-sur-Mer, Paris, éditions Le Manuscrit, 2008
  • Denise HOLSTEIN : Je ne vous oublierai jamais mes enfants d’Auschwitz, Paris, éditions Hachette, 1995
  • Claude MITRANI – ECHAUBARD : Rachel Salmona Convoi 47, éditions Bertout, 2004