Utilisateur:André de StCoeur/Économie du quaternaire

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L’économie quaternaire ou économie du quaternaire est un concept créé par Michèle Debonneuil. Il s'agit d'abord d'un secteur économique conjuguant le secteur secondaire et le secteur tertiaire dont les produits ne sont ni des biens, ni des services, mais « de nouveaux services incorporant des biens », la mise à disposition temporaire de biens, de personnes ou de combinaisons de biens et de personnes. L'économie quaternaire englobe ce secteur, les technologies de l'information et de la communication (TIC) et la formation qui y sont associées, et les actions de l'État pour soutenir son développement.

Des services à la personnes à l’économie quaternaire : le rôle des TIC[modifier | modifier le code]

Les travaux de Michèle Debonneuil sur les services de proximité et les services à la personne, ainsi que sur les TIC l'ont conduits à développer le concept d'« économie quaternaire »[1]. Elle note tout d'abord que de très nombreux services au consommateur sont aujourd'hui rendus dans des lieux dédiés : écoles, hôpitaux, garages, salons de coiffure, etc. Le consommateur n’a pas le choix du lieu, ni même le choix du temps où le service sera rendu - il lui faut prendre rendez-vous. La fourniture de « petits » services « triviaux » à domicile (de la réparation d’un bouton au remplissage de la déclaration d’impôt ou au nettoyage des vitres) n’existe que pour les plus riches, étant soit peu pratique et très chère, soit pratique, mais excessivement chère. Typiquement, un déplacement et une heure de travail sont facturés pour un service qui n’aura pris que quelques minutes ou même quelques secondes. Avec les TIC, il devient de plus en plus possible de « mettre à la disposition du consommateur, là où il le souhaite, quand il le souhaite et pour une durée éventuellement courte, un prestataire capable d’apporter le savoir ou le savoir-faire demandé » Il devient également possible de déplacer le lieu de fourniture des services des lieux dédiés au lieu souhaité par le consommateur, par exemple en substituant les soins à domicile aux soins hospitaliers.

L’économie quaternaire aujourd'hui et demain[modifier | modifier le code]

Cette évolution des services est déjà visible dans certains secteurs : livraison des courses à domicile, fourniture de repas (pour personnes âgées, par livreur de pizza dans les grandes villes, etc.), soutien scolaire, assistance informatique, achats sur Internet, etc. La mise à disposition de biens durables pour des durées variable, souvent courtes pourrait se substituer de plus en plus à leur achat. Utiliser le « Vélib' » devient une alternative à l’achat d’une bicyclette. Demain, différents types de vélos en libre service »[2] ou des véhicules propres pourraient se substituer au modèle unique actuel. Aujourd’hui, le consommateur achète une automobile, qui n’est souvent utilisée que quelques minutes par jour – rarement plus de 10% du temps, une machine à laver qui ne sert que quelques heures par semaine, une tondeuse à gazon qui servira quelques heures par an, des logiciels qui ne serviront que très peu – sinon jamais. C’est à lui d’apprendre à se servir de son équipement, de lui trouver une place de stockage, de l’assurer, de l’entretenir, de se débrouiller pour le faire réparer, … et de s’en débarrasser parce que « ce n’est pas réparable ».

Économie quaternaire, emploi et délocalisations[modifier | modifier le code]

L’économie quaternaire nait ainsi de la conjugaison du secondaire et du tertiaire ; ses produits ne sont ni des biens, ni des services, mais « de nouveaux services incorporant des biens » : « La frontière entre les biens et les services s’estompe ». Elle peut impliquer des échanges informels et non monétaires, ou un système d'échange local (SEL). Pour Michèle Debonneuil l'avenir du secteur passe plutôt par des entreprises, qui pourraient soit mettre à disposition ses salariés, soit servir d'intermédiaire entre les personnes qui fournissent les services ou « biens-et-services » et ceux qui en bénéficient. Elle note que si chaque ménage faisait appel à ces services une heure par semaine, un million d'emplois pourraient être créés[3], et que la plupart de ces emplois - de salariés ou de [[travailleur indépendant |travailleurs indépendants]) - ne sont pas délocalisables.

Inégalités, diffusion, rôle de l'État et besoins de formation[modifier | modifier le code]

Sans surprise, tout comme les produits de la Révolution industrielle hier (l’automobile, la télévision…), les produits du quaternaire concerneront d’abord les classes les plus aisées avant de se diffuser dans l’ensemble de la population. Comme durant l’essor des Trente Glorieuses, on peut s’attendre à une « spirale vertueuse entre gains de productivité, nouveaux emplois créés, élévation du pouvoir d’achat et accroissement de la demande ». Cela suppose que les emplois du quaternaire soient hautement qualifiés (et les biens associés soient assez sophistiqués) pour que les ménages y aient recours[4], ce qui requiert l'intervention de l'État et des efforts de formation.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Debonneuil, Michèle (03-2007) « L'espoir économique : Vers la révolution du quaternaire », Bourin Éditeur, mars 2007, 135 pp.
    Laisné, Céline (05-2008) « La révolution du quaternaire. Compte-rendu de la table ronde du 20 novembre 2007 ». Futuribles, mai 2008, 3 pp.
    Debonneuil, Michèle (12-2008) « L'espoir économique », 10 pp. in « Stratégie pour la France ? », Société de stratégie, Collection ‘Agir’, 106 pp.
    La vie des idées.fr (12-2008) « Innovation et société du 21ème siècle. Entretien avec Michèle Debonneuil » nov. 2008, publié le 9 déc. 2008, 10min28.
    « Croissance et emplois de l'avenir », Conférence jéco, ”Les journées de l’économie”, 12 novembre 2009, Partie 1, 40min 36 ; parie 2 : 10min 30 ; partie 3 : 29min 00.
    Debonneuil Michèle (07-2009). « L’économie quaternaire, nouveau modèle de croissance et réponse immédiate à la crise ». Note à Nathalie Kosciusko-Morizet, 28 juillet 2009.
    Debonneuil, Michèle (01-2010) « L’économie quaternaire : une croissance durable à construire », Centre d'analyse stratégique, janvier 2010, 47 pp. ; vidéo. 14 janvier 2010, 2mn05.
    « De l’horreur économique à l’espoir économique », Dirigeant, le magazine des jeunes dirigeants d’entreprise, 29 mars 2010.
  2. En France : AlloCyclo, Cyclocity, LE vélo STAR, Libélo, VCUB, Vélivert, Vélo'+, Vélomagg', Vélopop', Veloway...
  3. 27 millions de ménages en France (donnée Insee) x 1 h/semaine = 27 millions d'heures par semaine = 1 million d'emplois. On pourrait également ajouter les emplois induits dans la production et l'entretien des biens mis en œuvre par l'économie quaternaire et dans la formation des personnels.
  4. Selon la théorie économique marginaliste, les ménages ne font appel à des services que si cela leur coûte moins que de produire ces services eux-mêmes. Voir Dorival, Camille (06-2007). « L'espoir économique. Vers la révolution du quaternaire par Michèle Debonneuil », Alternatives économiques, n° 259, juin 2007.