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Taffoni

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Les taffoni contribuent au pittoresque du paysage du littoral.
Taffoni sur le sentier littoral de Campomoro-Senetosa, Corse-du-Sud.

Taffoni (ou tafoni, mot corse, pluriel de tafonu) désigne en géomorphologie une forme en creux arrondie, de plusieurs décimètres à plusieurs mètres de diamètre, creusée sur une surface rocheuse plus ou moins verticale par l'érosion alvéolaire[1], en climat sec ou sur certaines côtes. Les géomorphologues réservent le nom de nids d'abeille à de petites alvéoles de quelques centimètres de diamètre[2].

Une surface rocheuse plane ou faiblement inclinée permet à cette érosion différentielle de façonner un modelé de type creux de dissolution (en) (cupule, vasque).

Les taffoni sont dus à l'amplification de la corrosion superficielle géo et biochimique au niveau de zones initialement légèrement déprimées ou poreuses (petites dépressions, trous …). Ces zones concentrent l'humidité et sèchent moins vite que les autres, notamment lorsqu'elles sont orientées sur une face moins exposée au soleil (développement préférentiel sur les versants exposés aux embruns ou aux vents humides, de même que sur les parties hautes des alvéoles, l'alvéolisation se développant dans cette direction)[3]. Cette altération qui affecte surtout les roches magmatiques grenues et les roches sédimentaires gréseuses dont l'hétérogénéité est propice à l'action de l'érosion différentielle, se conjugue avec des phénomènes d'hydratation qui contribuent à désagréger les cristaux, et avec la déflation éolienne qui intervient pour évacuer les débris fins, formant ces cavités creuses[4]. Les alvéoles peuvent être aussi partiellement modelées par l'action éolienne dans les régions désertiques et subdésertiques[5].

Les taffoni, présents dans toutes les roches de la Corse, prennent leur plus beau développement dans les granites résistants. Ils sont alors à l'origine de formes qui permettent à l'imagination de proposer légendes et mystères[6].

Taffoni et nids d'abeilles

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Taffoni et nids d’abeille sont parfois confondus.

Les différences entre ces deux modelés tiennent, d’une part, à l’échelle : les taffoni ont un volume de quelques centimètres cubes à plusieurs mètres cubes tandis que les nids d’abeille sont un ensemble de trous d’ordre centimétrique. D’autre part, les conditions de développement les distinguent : les taffoni semblent favorisés par la présence d’humidité et de sels, tandis que les nids d’abeille requièrent une certaine prédisposition structurale : présence de microfissures (diaclases horizontales) ou de creux naturels (tels les géodes) dans la roche, distribution de minéraux fragiles en amas sur lesquels se calquent les trous. En se développant, les taffoni créent un microclimat humide qui favorise leur croissance pouvant être orientée par le vent (face du rocher non exposée au soleil, rosée). Les nids d’abeille quant à eux se transforment en niches favorables à l’installation de microorganismes (lichens) qui vont, à leur tour, exacerber la météorisation qui peut conduire à son tour à la formation de taffoni par coalescence, d'où une distinction difficile selon leur phase de croissance[7],[8].

Altérations des pierres d'œuvre

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Efflorescence à la base et alvéolisation des pierres des remparts d'Avignon sous l'effet des remontées capillaires et des cristallisations salines.

« L’eau peut monter par capillarité depuis le sol jusqu’à quelques mètres à la base des murs. Une nappe phréatique subaffleurante, un sous-sol mal drainé, une contre-pente malencontreuse induisent la concentration de grands volumes d’eau au pied d’un édifice. Dans ces zones de remontées capillaires, les dégradations sont fréquentes. L’eau imbibe les matériaux qui montrent des taches d’humidité plus ou moins sombres. En se concentrant et en s’évaporant, l’eau permet aussi la cristallisation de sels solubles qui forment des efflorescences, des croûtes salines superficielles et qui, en contaminant plus en profondeur la pierre, sont capables de produire différents types d’altérations[9] » produites par l'haloclastie : desquamation (formation de plaques, d'écailles d'une épaisseur variable, de quelques dixièmes de millimètre à plusieurs millimètres), désagrégation (formation d’un sable) et alvéolisation.

Notes et références

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  1. Type d'érosion aréolaire (ou érosion sur les interfluves), appelée aussi alvéolisation, qui s'exerce sur des surfaces, par opposition à l'érosion linéaire. Cf Alain Foucault et Jean-François Raoult, Dictionnaire de Géologie, Dunod, , p. 9
  2. Alain Foucault et Jean-François Raoult, Dictionnaire de Géologie, Dunod, (lire en ligne), p. 348.
  3. « De plus, les sels issus de l'altération des cristaux eux-mêmes alimentent les solutions intergranulaires, et ajoutent leurs effets aux sels exotiques ». Cf Georges Millot, Géologie des argiles : altérations, sédimentologie, géọchimie, Masson, , p. 108.
  4. Jean Dresch et Christiane Motsch, Géographie des régions arides, Presses universitaires de France, , p. 51.
  5. Marcel E. Denaeyer, « Actualité de l'érosion alvéolaire et des taffoni », C. R. somm. de la société géologique de France, 1956, p. 135-136.
  6. Alain Gauthier, Corse, l'Élysée du géologue, Éditions Albiana, 2015.
  7. Jacques Bourcart, « Le problème des "Taffoni" de Corse et l'érosion alvéolaire », Rev. Géogr. Phys. et Géol. Dynam., III, 1, 1930, p.5-15,
  8. Alain Rondeau, « Corse et Bretagne : à propos du modelé granitique de la région de Trégastel (Côtes-du-Nord) », Norois, vol. 20,‎ , p. 454-455
  9. Philippe Bromblet, Mémento sur les altérations de la pierre, CICRP, (lire en ligne), p. 4

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Bibliographie

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  • André de Cailleux, « Taffonis et érosion alvéolaire », Cahiers géologiques de Thoiry, 16-17, 1953, p. 130-133

Articles connexes

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Lien externe

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