Table ronde

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Apparition du graal.
Enluminure du Lancelot en prose, Évrard d'Espinques, BNF FR.116, f.610v. (vers 1475).

La Table ronde est, dans la légende arthurienne de la matière de Bretagne, la table légendaire autour de laquelle se réunissaient le roi Arthur et ses chevaliers, dits « chevaliers de la Table ronde ».

Histoire

Le premier auteur à la mentionner est Wace, auteur normand, qui dans son Roman de Brut (1155) parle d'une table construite sur ordre d’Arthur afin d'y réunir ses meilleurs chevaliers. Elle est un symbole de paix et d'égalité, car il ne peut pas y avoir de préséance autour d'une table ronde :

« C’est pour les nobles preux seigneurs qui l’entouraient et qui tous se croyaient meilleurs les uns que les autres — et l’on aurait eu bien du mal à désigner le pire — qu’Arthur fit la Table ronde, cette table sur laquelle les Bretons racontent tant de fables. C’est là que prenaient place, dans la plus parfaite égalité, les nobles seigneurs. Ils siégeaient autour de la Table dans l’égalité la plus parfaite, et c’est dans la plus parfaite égalité qu’ils étaient servis. Aucun d’eux ne pouvait se vanter d’être mieux placé que son égal : tous siégeaient aux places d’honneur, aucun ne se trouvait relégué à l’écart[1]. »

— La Geste du roi Arthur selon le Roman de Brut de Wace.

Il est possible que Wace ait lui-même inventé cette tradition[2].

Galaad et le siège périlleux. Miniature d'Évrard d'Espinques, Lancelot en prose, BNF Fr.116 (1475).

Selon les auteurs, le nom et le nombre de chevaliers pouvant s’asseoir autour de la table varie ; Chrétien de Troyes parle d'une trentaine, Layamon de 1 600.

D’après Robert de Boron, la table ronde serait une création de Merlin pour Uther Pendragon, en souvenir de la Table de la Cène et de celle fondée par Joseph d’Arimathie lors de son arrivée en Grande-Bretagne. À la mort d’Uther, la Bretagne plonge dans le chaos et la table est donnée au roi Léodagan. Lorsque Arthur arrive sur le trône et se marie à Guenièvre, fille de Léodagan, la table est donnée comme dot au nouveau roi qui installe cette table à sa cour. Dans cette version, la table accueille 150 chevaliers.

Les différents chevaliers appelés à s’installer autour de cette table ont leur nom inscrit sur le siège. Seul un siège ne porte aucune inscription et reste vacant en souvenir de Judas. C’est le « siège périlleux » sur lequel seul pourra s’asseoir le meilleur chevalier, celui qui trouvera le Graal et aura le cœur le plus pur. Ceux qui tentent leur chance mais qui ne remplissent pas ces conditions sont engloutis par la terre. Ce siège périlleux est une adaptation de la Pierre de Fal, pierre de souveraineté qui criait lorsque son souverain s’approchait d’elle.

Pourquoi une table « ronde » ?

La table ronde du Grand Hall du château de Winchester.

Le mot allemand Tisch, « table », est un emprunt au latin discus « disque, plateau », de même l'ancien français deis qui désigne une « table d'honneur dressée sur une estrade » (B. de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 3111)[3].

Le roi s’asseyait au milieu de la table, en hauteur, et les places d’honneur étaient situées à sa droite et à sa gauche. La forme ronde, symbolisant la fraternité, évite toute préséance entre ceux qui s’asseyent, leur rappelant que les chevaliers n‘héritent de leur place que grâce à leur courage. Ainsi les chevaliers d’Arthur forment un ordre chevaleresque, « Les chevaliers de la table ronde », et représentent alors un idéal de la chevalerie.

Au-delà de cet idéal de chevalerie, la table ronde est également à l’image du monde : « Ja verroiz la Table Ronde Qui tournoie comme le monde. » (Tristan dans Tristan et Iseut de Béroul).

Le symbole de la tablée se retrouve de nos jours et certaines communes pratiquent encore ce rite. Une reproduction de la Table ronde d'Arthur se trouve suspendue dans le Grand Hall du château de Winchester (Angleterre).

Notes et références

  1. La Geste du roi Arthur selon le Roman de Brut de Wace, présentation et traductions par Emmanuèle Baumgartner et Ian Short, 1993.
  2. Sandra Gorgievski, Le mythe d'Arthur : de l'imaginaire médiéval à la culture de masse, Liège, Editions du Céphal, (ISBN 2-87130-118-2, lire en ligne), p. 11
  3. « Dais : étymologie de dais », sur CNRTL (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

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