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Siem Reap

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Siem Reap
ក្រុងសៀមរាប
Siem Reap
Rue de l'hôpital, près du Vieux Marché à Siem Reap, avec ses caractéristiques "compartiments chinois"
Administration
Pays Drapeau du Cambodge Cambodge
Province Province de Siem Reap
Démographie
Population 245 494 hab. (2019)
Géographie
Coordonnées 13° 21′ 44″ nord, 103° 51′ 35″ est
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Cambodge
Voir sur la carte administrative du Cambodge
Siem Reap

Siem Reap (សៀមរាប, littéralement « là où les Siamois se sont faits aplatir »; il faut prononcer /siem riep/ et non pas /siem réap/) est la capitale de la province de Siem Reap, située au Cambodge, à proximité du complexe archéologique d'Angkor et à environ 314 km au nord-nord-ouest de la capitale Phnom Penh.

Description

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Siem Reap a une architecture de style colonial et chinois notamment dans le quartier français et autour du Vieux Marché.

En ville on trouve des festivals de danse Apsara, des magasins d'artisans, des fermes séricicoles, des rizières, des villages de pêcheurs et des sanctuaires pour oiseaux près du lac Tonlé Sap.
C'est une ville en plein développement du fait de l'attraction touristique en plein essor que représentent les temples d'Angkor depuis la fin de la guerre et les dernières attaques Khmers rouges qui eurent lieu jusqu'en 1994. Le tourisme s'est particulièrement accéléré depuis les années 2000. De nombreux hôtels y ont été construits et d'autres sont en construction grâce notamment à l'apport de capitaux étrangers. Beaucoup de petits établissements sont concentrés autour du Vieux Marché, alors que les hôtels les plus chers sont situés entre l'aéroport international de Siem Reap-Angkor et Siem Reap le long de la route nationale 6. Il y a aussi une variété d'hôtels et de restaurants de catégorie moyenne le long de la rue Sivatha et dans la zone de Phsar Leu. Il y reste quelques édifices antérieurs à l'indépendance, appelés compartiments chinois (en anglais : shophouses) constitués de deux, trois ou quatre niveaux : boutique sur la rue, entrepôt et séjour à l'arrière ; et appartements dans les étages supérieurs[1].

Compartiments chinois typiques

Siem Reap aussi le nom d'une rivière sacrée tributaire du Tonlé Sap.

Siem Reap signifie « Siamois aplatis » et évoque une bataille opposant les armées siamoise et khmère qui vit la victoire de cette dernière.

Implantation ancienne

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Structurée par la proximité du Tonlé Sap et par un réseau de rizières, de digues et de canaux, la région est occupée dès les périodes pré-angkoriens par des communautés rurales dont l'archéologie et l'étude du paysage révèlent la continuité. Au tournant du IXe siècle, cet espace est intégré au cœur politique de l'Empire khmer jusqu'au XIVe siècle[2]. Les capitales royales se déploient à Angkor et dans ses marges immédiates, formant une vaste agglomération agro-urbaine où se combinent infrastructures hydrauliques, habitat dispersé, complexes monumentaux et réseaux routiers. Ce que l'on nomme aujourd'hui Siem Reap n'est alors pas une ville distincte, mais une composante de cette métropole impériale dont les grands sanctuaires (Angkor Vat, Angkor Thom, Bayon, etc.) strcuturent encore fortement le paysage.

Déclin d'Angkor et développement d'une campagne sacralisée

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Le déclin d’Angkor à partir du XVᵉ siècle et le déplacement du centre de gravité politique vers le sud du Cambodge ne signifient pas pour autant l’abandon de la région. Les temples sont réinvestis comme sanctuaires bouddhiques, les enceintes anciennes abritent des villages et des pagodes, et une économie rurale vivace continue d’exploiter les systèmes hydrauliques hérités.

La zone correspondante à l’actuelle Siem Reap se présente alors comme une campagne sacralisée, marquée par la persistance des pratiques rituelles et par un maillage de communautés villageoises, plutôt que comme une entité urbaine pleinement constituée. La continuité d’occupation, la réinterprétation religieuse des ruines et le maintien des circulations locales préparent toutefois le terrain à l’émergence d’un centre plus structuré à l’époque contemporaine.

Développement sous l'impulsion coloniale française

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La constitution de Siem Reap en ville moderne est indissociable de la période du protectorat français et de la mise en place d’un appareil savant chargé de l’étude et de la conservation d’Angkor. À partir de la fin du XIXᵉ siècle, les ruines attirent voyageurs et pillards - notamment André Malraux, futur ministre de la Culture du général de Gaulle -, administrateurs et érudits, puis la création de l’École française d’Extrême-Orient et, en 1907, de la Conservation des monuments d’Angkor, installée à proximité immédiate, confèrent au petit bourg riverain un rôle de base logistique, administrative et scientifique[3].

Autour des bâtiments de la Conservation, du quartier administratif, du marché et des axes reliant le parc monumental au Tonlé Sap se dessine un noyau urbain qui demeure de taille limitée jusqu’au milieu du XXᵉ siècle. L’indépendance du Cambodge en 1953 ne met pas fin à ce rôle, mais les conflits successifs, la prise de pouvoir des Khmers rouges en 1975 et l’isolement international entraînent l’interruption des chantiers de restauration, la fermeture du centre EFEO local et une fragilisation durable des structures urbaines et sociales[2].

Une ville du patrimoine mondial

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La phase la plus récente s’ouvre avec le retour progressif à la paix et l’inscription d’Angkor au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1992 après vingt-cinq ans de dictature et de guette civile[2]. La réinstallation de l’EFEO à Siem Reap la même année, la reprise des programmes de recherche et de formation, ainsi que la mise en place d’une coopération internationale autour de l’Autorité APSARA contribuent à redéfinir la ville comme porte d’entrée scientifique et patrimoniale du site monumental[4].

Parallèlement, l’essor des flux touristiques et la construction d’infrastructures (aéroport international, hôtels, quartiers résidentiels et commerciaux) provoquent une croissance rapide de l’agglomération, désormais première destination touristique du pays. Dès la première année de réouverture, les visiteurs affluent à Angkor. En trois mois, la ville enregistre 200 visiteurs, un niveau sans précédemment jusqu'alors.

Il convient toutefois de nuancer le récit selon lequel Angkor aurait été "sauvé" de la jungle, tropisme typiquement européen qui prolonge le mythe d’une "découverte" d’Angkor par l’Occident, largement instrumentalisé dans le contexte de l’expansion coloniale du XIXᵉ siècle. Un tel récit occulte le fait qu’Angkor Vat était largement connu dans la région et avait conservé, tout au long de l’époque moderne, son statut de haut lieu de pèlerinage bouddhique en Asie du Sud-Est.

Marché de Siem Reap
Grand Hotel d'Angkor

Aéroport international de Siem Reap-Angkor

À voir aussi

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Personnalités

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  • Son Chhay (1956-), homme politique, est né à Siem Reap.

Notes et références

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  1. Jean Baffie et Thanida Boonwanno, Dictionnaire insolite de la Thaïlande, Cosmopole éditions, , 160 p. (ISBN 978-2-84630-084-1), « COMPARTIMENTS CHINOIS », p. 40 et 41
  2. a b et c elisa.thomas, « Archives et travaux de l’EFEO au Cambodge », sur PSL Explore, (consulté le )
  3. « Conservation d'Angkor (1907-1975) - Archives de l'EFEO », sur archives.efeo.fr (consulté le )
  4. « EFEO - Libraries - The Siem Reap Library », sur www.efeo.fr (consulté le )
  5. (en) « International Exchange - The Council of Local Authorities for International Relations (CLAIR) », sur web.archive.org, (consulté le )

Liens externes

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