Sciur padrun da li beli braghi bianchi (en français : « Monsieur le patron aux beaux pantalons blancs ») est une chanson populaire de revendications salariales des mondine (les émondeuses et repiqueuses) des rizières du novarese et du vercellese rendue célèbre par Giovanna Daffini. Elle fait partie du vaste répertoire de chants de travail témoignant des difficultés et des espérances de ces femmes de la plaine du Pô, grâce auxquels elles dépassaient leur fatigue et par lesquels elles dénonçaient l'exploitation par les patrons.
Sciur padrun est chanté dans une langue inventée pour communiquer ensemble par les mondine provenant de diverses régions d'Italie et ne connaissant que leur propre dialecte. On retrouve dans cet espéranto des mondariso des termes des dialectes du sud de la Lombardie, de la Vénétie, de l'Émilie ou du Piémont[1].
Le patron est ici décrit arborant des bèli braghi bianchi (de beaux pantalons blancs) soulignant ainsi sa distance et son indifférence aux dures conditions de vie et de travail dans la rizière : il ne se salit pas, il reste sur la berge. Le couplet Prèma al rancaun, e po' dopu a 'ls ciancaun (au début on le déracinait, après on le coupait) fait allusion au fait que parfois les mondine coupaient sans le déraciner le pabi, une herbe aquatique (Echinochloa crus-galli ou giavone en italien, panic pied-de-coq en français) qui enfonce profondément ses racines dans la terre, ce qui rendait la monda inefficace puisque le pabi repoussait. La version originale du chant plaçait en premier l'action de couper et faisait suivre celle de déraciner, se référant à l'inexpérience initiale à laquelle fait allusion le couplet précédent (« c'était la première fois et on ne savait pas faire ») ; la version de Giovanna Daffini inverse l'ordre des deux actions, appuyant ainsi sur une forme volontaire de sabotage en signe de protestation. D'autres mondine, encore plus explicitement, modifiaient même le dernier vers de ce couplet, substituant l'em tot via (« on l'a enlevé ») par l'em lassà (« on l'a laissé »)[2].
Sciur padrun da li béli braghi bianchi föra li palanchi föra li palanchi sciur padrun da li béli braghi bianchi föra li palanchi ch'anduma a cà
A scüsa sciur padrun sa l'èm fat tribülèr i era li prèmi volti i era li prèmi volti a scüsa sciur padrun sa l'èm fat tribülèr i era li prèmi volti ca 'n saiévum cuma fèr
Sciur padrun da li béli braghi bianchi föra li palanchi föra li palanchi sciur padrun da li béli braghi bianchi föra li palanchi ch'anduma a cà
Prèma al rancaun e po' dopu a 'l sciancàun e adés ca l'èm tot via e adés ca l'èm tot via prèma al rancaun e po' dopu a 'l sciancàun e adés ca l'èm tot via al salutém e po' andèm via
Sciur padrun da li béli braghi bianchi föra li palanchi föra li palanchi sciur padrun da li béli braghi bianchi föra li palanchi ch'anduma a cà
Al nostar sciur padrun l'è bon come 'l bon pan da stér insëma a l'érsën da stér insëma a l'érsën al noster sciur padrun l'è bon com'è 'l bon pan da stér insëma a l'érsën al dis - Fé andèr cal man -
Sciur padrun da li béli braghi bianchi föra li palanchi föra li palanchi sciur padrun da li béli braghi bianchi föra li palanchi ch'anduma a cà
E non va più a mesi e nemmeno a settimane la va a pochi giorni la va a pochi giorni e non va più a mesi e nemmeno a settimane la va a pochi giorni e poi dopo andiamo a cà
Sciur padrun da li béli braghi bianchi föra li palanchi föra li palanchi sciur padrun da li béli braghi bianchi föra li palanchi ch'anduma a cà
E non va più a mesi e nemmeno a settimane la va a poche ore la va a poche ore e non va più a mesi e nemmeno a settimane la va a poche ore e poi dopo andiamo a cà
Sciur padrun da li béli braghi bianchi föra li palanchi föra li palanchi sciur padrun da li béli braghi bianchi föra li palanchi ch'anduma a cà
Incö l'è l'ultim giürën e adman l'è la partenza farem la riverenza farem la riverenza incö l'è l'ultim giürën e adman l'è la partenza farem la riverenza al noster sciur padrun
Sciur padrun da li béli braghi bianchi föra li palanchi föra li palanchi sciur padrun da li béli braghi bianchi föra li palanchi ch'anduma a cà
E quando al treno a scëffla i mundèin a la stassion con la cassiétta in spala con la cassiétta in spala e quando al treno a scëffla i mundèin a la stassion con la cassiétta in spala su e giù per i vagon
Sciur padrun da li béli braghi bianchi föra li palanchi föra li palanchi sciur padrun da li béli braghi bianchi föra li palanchi ch'anduma a cà
Quando saremo a casa dai nostri fidanzati ci daremo tanti baci ci daremo tanti baci quando saremo a casa dai nostri fidanzati ci daremo tanti baci tanti baci in quantità
Sciur padrun da li béli braghi bianchi föra li palanchi föra li palanchi sciur padrun da li béli braghi bianchi föra li palanchi ch'anduma a cà
Traduction littérale
Monsieur le patron aux beaux pantalons blancs
Sors tes sous, sors tes sous
Monsieur le patron aux beaux pantalons blancs
Sors tes sous pour qu'on rentre à la maison
Excuse-nous monsieur le patron
Si on t'a donné du fil à retordre
C'étaient les premières fois
C'étaient les premières fois
Excuse-nous monsieur le patron
Si on t'a donné du fil à retordre
C'étaient les premières fois
On ne savait pas comment faire
Monsieur le patron aux beaux pantalons blancs
Sors tes sous, sors tes sous
Monsieur le patron aux beaux pantalons blancs
Sors tes sous pour qu'on rentre à la maison
D'abord on l'a déraciné
Après on l'a coupé
Et maintenant qu'on l'a tout enlevé
Et maintenant qu'on l'a tout enlevé
D'abord on l'a déraciné
Après on l'a coupé
Et maintenant qu'on l'a tout enlevé
On te salue et on s'en va
Monsieur le patron aux beaux pantalons blancs
Sors tes sous, sors tes sous
Monsieur le patron aux beaux pantalons blancs
Sors tes sous pour qu'on rentre à la maison
Monsieur notre patron
Il est bon comme le bon pain
De rester avec nous sur la berge
De rester avec nous sur la berge
Monsieur notre patron
Il est bon comme le bon pain
De rester avec nous sur la berge
À nous dire : faites aller ces mains
Monsieur le patron aux beaux pantalons blancs
Sors tes sous, sors tes sous
Monsieur le patron aux beaux pantalons blancs
Sors tes sous pour qu'on rentre à la maison
Il ne reste pas un mois
Ni même une semaine
Il ne reste que quelques jours
Il ne reste que quelques jours
Il ne reste pas un mois
Ni même une semaine
Il ne reste que quelques jours
Et puis on rentre à la maison
Monsieur le patron aux beaux pantalons blancs
Sors tes sous, sors tes sous
Monsieur le patron aux beaux pantalons blancs
Sors tes sous pour qu'on rentre à la maison
Il ne reste pas un mois
Ni même une semaine
Il ne reste que quelques heures
Il ne reste que quelques heures
Il ne reste pas un mois
Ni même une semaine
Il ne reste que quelques heures
Et puis on rentre à la maison
Monsieur le patron aux beaux pantalons blancs
Sors tes sous, sors tes sous
Monsieur le patron aux beaux pantalons blancs
Sors tes sous pour qu'on rentre à la maison
Aujourd'hui c'est le dernier jour
Et demain c'est le départ
On tirera la révérence
On tirera la révérence
Aujourd'hui c'est le dernier jour
Et demain c'est le départ
On tirera la révérence
À monsieur notre patron
Monsieur le patron aux beaux pantalons blancs
Sors tes sous, sors tes sous
Monsieur le patron aux beaux pantalons blancs
Sors tes sous pour qu'on rentre à la maison
Et quand le train sifflera
Les mondine à la gare
Avec la valise sur l'épaule
Avec la valise sur l'épaule
Et quand le train sifflera
Les mondine à la gare
Avec la valise sur l'épaule
Hop et hop sur les wagons
Monsieur le patron aux beaux pantalons blancs
Sors tes sous, sors tes sous
Monsieur le patron aux beaux pantalons blancs
Sors tes sous pour qu'on rentre à la maison
Quand on sera à la maison
Avec nos fiancés
On se fera plein de baisers
On se fera plein de baisers
Quand on sera à la maison
Avec nos fiancés
On se fera plein de baisers
Plein de baisers en quantité
Monsieur le patron aux beaux pantalons blancs
Sors tes sous, sors tes sous
Monsieur le patron aux beaux pantalons blancs
Sors tes sous pour qu'on rentre à la maison