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Salwan Momika

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Salwan Momika
Salwan Momika en 2023.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 38 ans)
Hovsjö (en) (Södertälje)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Salwan Sabah Matti Momika
Nationalité
irakienne (à partir du )Voir et modifier les données sur Wikidata
Allégeance
Drapeau de l'Irak Irak (2014-2017)
Activités
Appartenance ethno-culturelle
Autres informations
Religion
Membre de
Unité
Kataib Rouh Allah Issa Ibn Miriam (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conflit

Salwan Sabah Matti Momika (en arabe : سلوان صباح معطي موميكة), né le à Tall Afar (Irak) et mort le à Södertälje (Suède), était un militant irakien anti-Islam vivant en Suède. Il est connu pour y avoir organisé en 2023 des manifestations, préalablement autorisées, au cours desquelles il brûle en public des exemplaires du Coran.

Ces profanations sont condamnées par le gouvernement suédois, et il est poursuivi pour« agitation contre un groupe ethnique ». Elles font également l'objet d'une réprobation internationale et entrainent des manifestations et des actes de violence dans le monde musulman.

Momika est tué par balles à son domicile en janvier 2025.

Salwan Momika est né dans une famille chrétienne du nord de l'Irak. Il se définit lui-même comme athée[1].

En 2014, dans le nord de l'Irak, il dirige la milice chrétienne Rouhallah Isa bin Maryam au sein de la coalition populaire multi-confessionnelle à prédominance chiite Hachd al-Chaabi constituée alors pour combattre l'État islamique[2].

En 2017, une lutte de pouvoir oppose Momika à Rayan al-Kildani, chef d'une autre milice chrétienne, le mouvement Babylone, et conduit Momika à fuir l'Irak avec un visa Schengen pour l'Allemagne. Dans ce pays, il annonce son apostasie du christianisme et son athéisme[3],[4],[5].

En avril 2018, Momika demande un visa de réfugié en Suède, et il est reconnu comme réfugié en avril 2021, date à laquelle il obtient un permis de séjour temporaire de trois ans. En Suède, Salwan Momika se rapproche du parti d’extrême-droite des Démocrates de Suède. Il déclare qu'il souhaite se présenter aux élections pour siéger au Parlement suédois sous la bannière du parti[6],[3].

En 2023, il organise une série de manifestations (en) contre l'islam. Au cours de ces manifestations encadrées par la police suédoise, il piétine et brûle des exemplaires du Coran. En réaction, il est victime de nombreuses attaques et menaces de mort. Son geste entraine également de nombreuses condamnations internationales[7]. Le Ministère des affaires étrangères suédois dénonce le comportement de Momika, qualifiant ses actes d'islamophobes[8].

Le 29 juin[9] et le 20 juillet 2023[7], en réaction, des partisans du chef religieux chiite irakien Moqtada Sadr[10],[11],[12] manifestent puis prennent d'assaut à deux reprises l'ambassade de Suède à Bagdad, provoquant la seconde fois des incendies au sein de la représentation diplomatique.

En parallèle, la Suède assimile le fait de brûler un livre religieux à une « agitation contre un groupe ethnique », et, le 18 juillet, retire sa protection policière à domicile à Salwan Momika[13] (une protection est maintenue lors des manifestations ainsi qu'au tribunal[14]). Momika dénonce alors ce retrait de protection et notamment celui d'une maison sûre[15]. Après sa mort, son avocate Anna Roth déplore également que Momika, bien qu'il ait signalé que sa tête était mise à prix, n'ait pas été protégé[16].

Au mois d’août, la Sûreté suédoise Sapo relève le niveau de menace à quatre sur une échelle de cinq, le pays étant devenu une « cible prioritaire ». En , l'Irak demande son extradition pour pouvoir le juger[17].

Le même mois, l'Agence suédoise des migrations (en) révoque son permis de séjour mais, faute de pouvoir le renvoyer en Irak, lui accorde un permis temporaire[17]. Le , il annonce son départ pour la Norvège en raison, dit-il, « des persécutions [...] de la part des institutions gouvernementales » suédoises, jugeant que la liberté d'expression et la protection des droits de l'homme dans le pays sont un « gros mensonge »[17]. Le 4 avril, la police norvégienne annonce qu'elle a arrêté Salwan Momika le 28 mars et qu'elle prévoyait de l'expulser vers la Suède sur la base du règlement de Dublin[18]. Le 28 août 2024, les procureurs suédois accusent Salwan Momika (et Salwan Najem) de quatre chefs d'accusation de « délits d'agitation contre un groupe ethnique ou national »[19],[20].

Il est tué par balle à Hovsjö (en) dans la ville de Södertälje (banlieue de Stockholm) le [21],[22]. Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson mentionne la possible implication d'une « puissance étrangère »[20].

Le 3 février 2025, le tribunal de Stockholm, qui avait reporté son verdict en raison du meurtre, condamne Salwan Najem, co-accusé de Salwan Momika, pour « incitation à la haine contre un groupe ethnique », le juge Göran Lundahl argumentant que « ses actions et son comportement à l'été 2023 ont excédé ce qui pourrait être décrit comme un débat objectif et la critique d'une religion ». Les poursuites contre Salwan Momika avaient été abandonnées à la suite de sa mort[16],[23].

Références

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  1. (en-GB) « Protests across Muslim nations after Sweden allows second attack on Qur’an », The Guardian,‎ (lire en ligne)
  2. (sv) « Koranbrännaren kan kopplas till regimen i Iran », DN.SE, (consulté le )
  3. a et b (en) « From militia leader to refugee: The backstory of the man who burned a Koran in Sweden », sur The Observers - France 24,
  4. Clara Hidalgo, « Qui est Salwan Momika, le réfugié irakien brûleur de Coran, tué par balle à Stockholm ? », sur lefigaro.fr, Le Figaro, (consulté le ) : « En 2017, Salwan Momika a fui l’Irak pour l’Allemagne grâce à un visa Schengen, où il a fait acte d’apostasie, rejetant ainsi la foi chrétienne. Sur son compte Facebook, il se décrivait d’ailleurs comme un «athée libre». ».
  5. Antoine Ajavon, « Provocateur, anti-islam… Qui était Salwan Momika, le profanateur de Coran tué en direct sur TikTok ? », sur ledauphine.com, Le Dauphiné libéré, (consulté le ) : « Devenu athée et proclamant son apostasie du christianisme ».
  6. (sv) « Koranbrännaren om sitt SD-medlemskap: ”Vill kandidera till riksdagen” », Aftonbladet, (consulté le )
  7. a et b « L’ambassade de Suède à Bagdad incendiée lors d’une manifestation », le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. « Profanations du Coran : on vous explique la polémique qui oppose la Suède à l'Irak et d'autres pays musulmans », sur Franceinfo, (consulté le )
  9. « Coran brûlé à Stockholm : des manifestants pénètrent dans l’ambassade de Suède à Bagdad », Ouest-France.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. Le Parisien avec AFP, « Paris « condamne » l’attaque de l’ambassade de Suède à Bagdad », sur leparisien.fr, Le Parisien, (consulté le )
  11. « Profanation du Coran : le courant de Moqtada Al-Sadr plus présent que jamais en Irak », sur courrierinternational.com, Courrier international, (consulté le )
  12. « Suède: le profanateur de coran Momika tué par balles à Stockholm, cinq personnes arrêtées », sur La Libre.be, (consulté le )
  13. Quentin Müller, « Assassinat de Salwan Momika : la solitude de l'homme qui brûlait des corans », sur marianne.net, Marianne, (consulté le ).
  14. (en) Jennifer Rankin, « Sweden points to ‘foreign power’ after Iraqi refugee on trial for Qur’an burnings shot dead », sur theguardian.com, The Guardian, (consulté le ).
  15. (en) The New Arab Staff, « Sweden 'Quran-burner' Salwan Momika claims police withdrew protection », sur newarab.com, The New Arab, (consulté le ).
  16. a et b (en) Miranda Bryant, « Iraqi-Swedish man convicted in Stockholm for Qur’an-burning protests », sur theguardian.com, The Guardian, (consulté le )
  17. a b et c « Suède: le profanateur du Coran Salwan Momika dit partir pour la Norvège », sur Le Figaro, (consulté le )
  18. « Le profanateur du Coran Salwan Momika arrêté en Suède et sous menace d'expulsion », sur rfi.fr, (consulté le )
  19. (en) « Sweden charges two men over 2023 Quran burnings », Al-Jazeera, (consulté le )
  20. a et b « Suède : Salwan Momika, réfugié irakien auteur de plusieurs autodafés du Coran, tué par balle », Le Monde, .
  21. « Salwan Momika abattu en Suède: un acte controversé se termine tragiquement », lematin.ch,‎ (ISSN 1018-3736, lire en ligne, consulté le )
  22. (sv) « Koranbrännaren Salwan Momika skjuten till döds », sur SVT Nyheter, (consulté le )
  23. avec AFP/Belga, « Brûler le Coran est une “incitation à la haine”, conclut la justice suédoise », sur 7sur7.be, 7 sur 7, (consulté le )

Liens externes

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