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Relations entre l'Arabie saoudite et le Qatar

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Relations entre l'Arabie saoudite et le Qatar
Drapeau de l'Arabie saoudite
Drapeau du Qatar
Frontière
Frontière entre l'Arabie saoudite et le Qatar
  Longueur 60 km

Les relations entre l'Arabie saoudite et le Qatar, tendues lors des conquêtes d'Ibn Saoud puis apaisées après l'indépendance du Qatar en 1971, ont connu une rupture importante lors de l'avènement de l'émir du Qatar Hamad ben Khalifa Al Thani. Elles sont depuis marquées par une concurrence géopolitique et religieuse croissante.

Histoire

Ibn Saoud souhaite l'annexion du Qatar dans les années 1920 et 1930 mais son expansionnisme est contrecarré par les Britanniques. En 1971, le Qatar devient indépendant de la tutelle du Royaume-Uni. La monarchie saoudienne utilise alors ses liens avec des entrepreneurs qataris, les membres de la famille régnante au Qatar et certaines tribus bédouines pour placer le petit émirat sous son influence[1]. Dans un premier temps, les deux monarchies absolues, qui partagent la même idéologie le wahhabisme, entretiennent des bonnes relations[2].

L'arrivée au pouvoir de Hamad ben Khalifa Al Thani, qui dépose son père Khalifa ben Hamad al-Thani, en 1995 change la donne. Déjà en tant que ministre de la Défense, il avait refusé l'entrée des troupes saoudiennes sur son territoire lors de la première guerre du Golfe en 1990 ce qui avaient provoqué la colère des Saoudiens. Ceux-ci tentent donc d'organiser un soulèvement en 1996 et le retour de Khalifa mais échouent[1]. Au Yemen, en Iran, en Iraq, la politique étrangère de l'émir Hamad semble alors « contrecarrer en tout point » celle des Saoudiens[3]. Des projets de pipeline évitant l'Arabie saoudite sont alors mis au point par le Qatar.

La création de la chaîne Al Jazeera en novembre 1996 par le Qatar accélère les tensions : la population saoudienne a accès à une chaîne où des opposants à la monarchie peuvent s'exprimer librement mais aussi des sujets considérés comme tabous comme la sexualité ou la liberté des femmes. Riyad interdit alors à ses régies publicitaires et à ses entreprises d'acheter des annonces dans cette chaîne pourtant très regardée[3]. Dans les années 2000, la presse saoudienne dresse des portraits peu flatteurs de l'émir du Qatar et de sa politique, Al-Watan va même jusqu'à le traiter de « nabot ».

En 2003, le Qatar obtient le transfert d'une importante base militaire américaine jusqu'alors implanté sur le sol saoudien[4].

Le Printemps arabe qui débute en décembre 2010 est l'occasion d'un nouvelle affrontement. L'Arabie saoudite soutient les pouvoirs en place, le Qatar les révolutionnaires. Ce dernier soutient en particulier les Frères musulmans, accueillant leur leader en exil Youssef al-Qaradâwî, que Riyad a classé comme organisation terroriste[5]. Ainsi les deux États financent, arment et forment des mouvements politiques différents et parfois antagonistes en Tunisie, en Libye, en Égypte et en Syrie[6].

Le politologue et « relais de la parole qatarie en France »[7] Nabil Ennasri souligne en 2014 à quel point la fracture entre l'Arabie saoudite et le Qatar s'est creusée notamment dans leur appréhension respective des changements politiques survenus en Égypte[8].

En mars 2014, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Bahreïn rappellent leurs ambassadeurs au Qatar pour protester contre le soutien de Doha à des « mouvements dont le but est de menacer leur sécurité et leur stabilité »[9].

Notes et références

  1. a et b Giorgio Cafiero, « Deux monarchies en compétition, l’Arabie saoudite et le Qatar », Epoch Times,‎ (lire en ligne)
  2. Agnès Levallois, Qatar : jusqu'où ?, L'Harmattan, , p. 24
  3. a et b Olivier Da Lage, Géopolitique de l'Arabie Saoudite, Editions Complexe, , p. 126
  4. David Rigoulet-Roze, Géopolitique de l'Arabie saoudite, Armand Colin,
  5. eAlain Gresh, « Les islamistes à l’épreuve du pouvoir », Le Monde diplomatique,‎
  6. Jean-Pierre Estival, La Tragédie syrienne : Révolte populaire ou complot international ?, L'Harmattan, , p. 95
  7. Ramadan, VRP de luxe, Willy Le Devin, liberation.fr, 26 avril 2013
  8. Nabil Ennasri, « La guerre froide du Golfe », sur Qatarologue, (consulté le )
  9. (en) « Saudi, Bahrain, UAE recall envoys to Qatar », Saudi Gazette,‎ (lire en ligne)

Voir aussi