Regii
Regii | |
Bouclier des Regii | |
Activité | IVe et Ve siècles |
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Pays | |
Origine | Juifs d'Émèse ou Alamans |
Type | Auxilia palatina |
Rôle | Infanterie |
Effectif | 500 |
Garnison | Concordia (Italie du Nord) |
Batailles | Bataille d'Argentoratum |
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Les Regii (en français : les Rois) sont une unité d'auxilia palatina de l'armée romaine tardive, active entre le IVe et le Ve siècle.
Son origine est débattue par les historiens. Selon une hypothèse proposée par l'historien Theodor Mommsen, les Regii seraient une unité constituée avant la Tétrarchie de Juifs vivant à Émèse en Phénicie libanaise. Une hypothèse plus récente proposée par Michael P. Speidel fait des Regii une unité d'origine alémanique constituée sous Constantin Ier.
Les Regii participent aux campagnes du César Julien et notamment à la bataille d'Argentoratum en 357. Une hypothèse historique les situe également vers cette époque en Égypte.
Au début du Ve siècle, l'existence des Regii est toujours attestée par la Notitia Dignitatum qui mentionne deux unités de ce nom : une legio comitatensis en Occident ainsi qu'un auxilium en Orient.
Origines
[modifier | modifier le code]Plusieurs historiens ont avancé différentes théories concernant l'origine des soldats des Regii et la date de leur création.
Un auxilium pré-tétrarchique constitué de soldats juifs originaires d'Émèse ?
[modifier | modifier le code]Selon Theodor Mommsen, les Regii serait une unité constituée originellement d'habitants juifs de la ville d'Émèse, capitale de la province de Phénicie libanaise[1]. Mommsen se base pour l'affirmer sur la découverte d'une inscription partielle retrouvée sur un sarcophage dans le cimetière de Concordia près d'Aquilée mentionnant l'unité des Regii[note 1]. Selon sa proposition de restitution, l'inscription mentionne l'épouse d'un soldat des Regi(orum) Emes(enorum) Iud(a)eoru(m), c'est-à-dire des « Juifs royaux d'Émèse ». Le nom complet de l'unité en latin serait donc Regii Emeseni Iudaei[1].
Suivant cette théorie, l'origine des Regii serait à rechercher selon Constantin Zuckerman dans « l'histoire politique agitée d'Émèse au troisième quart du IIIe siècle ». Entre 250 et 272, la ville est témoin de l'usurpation d'Uranius Antoninus qui fait face à l'invasion des Perses et devient par la suite l'un des bastions de l'Empire palmyrénien. Un régiment juif aurait pu être levé au cours de ces deux occasions, avant d'être intégré dans l'armée régulière par l'empereur Aurélien après la reconquête d'Émèse. La place de l'auxilium des Regii parmi les premiers régiments d'auxilia palatina dans la Notitia Dignitatum confirmerait une création antérieure à la Tétrarchie, au même titre que l'auxilium des Batavi[1].
Dietrich Hoffmann, qui reprend la théorie de Mommsen, plaide pour sa part pour une création à l'époque de Théodose Ier ou de Valens. Cette théorie est cependant contredite par la présence des Regii lors de la bataille d'Argentoratum à la fin du mois d'[1].
L'hypothèse d'un auxilium d'origine germanique
[modifier | modifier le code]L'historien américain Michael P. Speidel conteste la restitution proposée par Mommsen et, par conséquent, l'origine juive de l'unité des Regii[note 2]. Il affirme que les Regii ne seraient pas des soldats juifs originaires d'Émèse, mais des soldats d'origine alémanique liés au roi Chrocus, dont ils tireraient leur nom (« les hommes du roi ») et qui auraient d'abord servi dans les troupes de Constantin Ier contre Maxence[2]. Ces soldats auraient ensuite été intégrés dans l'armée régulière[3].
Histoire
[modifier | modifier le code]Campagnes de Julien en Gaule (357)
[modifier | modifier le code]Les Regii sont mentionnés par l'historien Ammien Marcellin parmi les unités placées sous le commandement du César Julien lors de ses campagnes en Gaule à la fin des années 350.
Les Regii participent à la bataille d'Argentoratum à la fin du mois d'. Leur unité est déployée en deuxième ligne avec les Batavi, une autre unité d'auxilia palatina à laquelle ils semblent associés[4].
Des Regii en Orient dès 356 ?
[modifier | modifier le code]L'historien américain David Wood, tenant de la thèse d'une origine juive des Regii, fait un rapprochement avec le récit de l'attaque de l'église de Théonas à Alexandrie par l'évêque Lucifer de Cagliari en [5]. Lucifer de Cagliari mentionne des soldats juifs sous les ordres du duc de Syrie, qui pourraient selon lui correspondre aux « Juifs royaux d'Émèse » ; les Regii - si l'hypothèse de restitution proposée par Mommsen était avérée - serait en effet la seule unité à porter un nom faisant explicitement référence au judaïsme dans l'armée romaine[6].
Au regard de la présence des Regii en Gaule l'année suivante en 357, attestée par Ammien Marcellin, David Wood émet l'hypothèse d'une scission dès cette époque des Regii en deux unités opérant respectivement en Orient et en Occident qui apparaît plus de quarante ans plus tard dans la Notitia Dignitatum[6].
Les Regii dans la Notitia Dignitatum (v. 400)
[modifier | modifier le code]La Notitia Dignitatum, un document administratif romain rédigé entre 395 et 420 qui recense les unités de l'armée romaine tardive, mentionne deux unités portant le nom des Regii : une legio comitatensis en Occident et un auxilium commandé par le second magister militum praesantalis en Orient[1].
D'après les inscriptions retrouvées dans le cimetière de Concordia, la legio comitatensis des Regii a probablement été stationnée dans la ville en 409[5].
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- L'inscription originelle se lit comme suit : Flavia Optata, mili de num Regi emi sib de r v. Si quis pos obit me arc volu ap infer vi aur lib una.
- Speidel propose la restitution suivante : Flavia Optata mili(tis) de num(ero) Regi(orum), emi(t) sib(i) de r(e) v(iri). Si quis pos(t) obit(um) me(um) arc(am) volu(erit) ap(erire) infer(at) (fisci) vi(ribus) aur(i) lib(ram) una(m). Traduction : "Flavia Optata, épouse d'un soldat de l'unité des Regii, a acheté ceci pour elle-même grâce aux moyens de son époux. Si quelqu'un ouvre ce sarcophage après ma mort, il devra payer au fisc une livre d'or."
Références
[modifier | modifier le code]- Constantin Zuckerman, « Les «Barbares» romains : au sujet de l’origine des auxilia tétrarchiques », Mémoires de l'Association française d'archéologie mérovingienne, vol. 5, no 1, , p. 17–20 (lire en ligne, consulté le )
- Michael P. Speidel, « Raising New Units for the Late Roman Army: "Auxilia Palatina" », Dumbarton Oaks Papers, vol. 50, , p. 163–170 (ISSN 0070-7546, DOI 10.2307/1291742, lire en ligne, consulté le )
- Guillaume Sartor, « L’Empire et les groupes francs et alamans en Gaule septentrionale de la fin du iiie siecle au début du ve siècle : pour une approche plurielle du phénomène des foederati », dans L’Antiquité tardive dans l’Est de la Gaule, I : La vallée du Rhin supérieur et les provinces gauloises limitrophes : actualité de la recherche, ARTEHIS Éditions, coll. « Suppléments à la Revue archéologique de l’Est », , 247–304 p. (ISBN 978-2-915544-69-5, lire en ligne)
- Ammien Marcellin, XVI, 12, 45.
- (en) Andrew J Schoenfeld, « Sons of Israel in Caesar's Service: Jewish Soldiers in the Roman Military », Shofar: An Interdisciplinary Journal of Jewish Studies, vol. 24, no 3, , p. 115–126 (ISSN 1534-5165, DOI 10.1353/sho.2006.0074, lire en ligne, consulté le )
- David Woods, « A Note Concerning the "Regii Emeseni Iudaei" », Latomus, vol. 51, no 2, , p. 404–407 (ISSN 0023-8856, lire en ligne, consulté le )