Révolution cognitiviste

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Révolution Cognitive

La révolution cognitiviste ou révolution cognitive, d'après une expression d'Howard Gardner (1993)[1], désigne le mouvement scientifique qui, né à la fin des années 1950, a donné naissance aux sciences cognitives. La Révolution Cognitive fait aussi référence, biologiquement, au saut évolutif du cerveau des premiers humains modernes il y a environ 70 000 ans, qui a permis à l’Homo Sapiens, qui n’était alors qu’une espèce sans importance, d’évoluer avec des capacités cognitives et de communiquer à un niveau inédit du langage dans le règne animal[2].

Psychologie[modifier | modifier le code]

Dans le domaine de la psychologie, elle a conduit ses pionniers, Jerome Bruner et George Armitage Miller, dans le cadre du "Center for Cognitive Studies" qu'ils créent ensemble à Harvard en 1960, à dépasser le cadre de la "boîte noire" béhavioriste en vue d'intégrer l'étude de la pensée, considérée par eux comme une construction cognitive apprise[3],[4] et ouvrant vers une « approche interdisciplinaire du mental »[5].

Linguistique générative[modifier | modifier le code]

Sur le langage, le débat majeur entre le psychologue B. F. Skinner et le linguiste Noam Chomsky a été l'un des premiers moments de cette « révolution »[6]. Revenant sur cette époque en 1997, Chomsky écrivait : « Que le mot « révolution » soit approprié ou non, il se produisit un important changement de perspective [dans les années 1950] : on passa de l'étude du comportement et de ses produits (tels les textes) à celle des mécanismes internes constitutifs de la pensée et de l'action. Le point de vue cognitiviste ne considère pas le comportement et ses produits comme son objet de recherche mais comme autant de données susceptibles de fournir des indications sur les mécanismes internes de l'esprit et sur les façons d'opérer de ces mécanismes dans l'exécution des actions ou l'interprétation de l'expérience. [...] Cette approche est « mentaliste » [...] [et] s'emploie à étudier un objet réel du monde naturel — le cerveau, ses états et ses fonctions — et à intégrer ainsi progressivement l'étude de l'esprit au sein des sciences biologiques[7]. »

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Gardner, H., Histoire de la révolution cognitive, Paris, Payot,
  2. (en) Onur Karapinar, « Sapiens : Comment l’Humanité a conquis le monde et pourquoi c’est important de le savoir », sur Essentiel, (consulté le )
  3. (en) Bruner, J.S; Goodnow, J.J.;Austin, G.A.., A study of thinking, NY, Wiley
  4. (en) Miller, G.A.;Galanter, E.; Pribram, K.H., Plans and the Structure of behavior, NY, Holt, Rhineart & Winston,
  5. Daniel Andler, Épistémologie et cognition: colloque de Cerisy, Éditions Mardaga, 1995, p. 7.
  6. (en) Nicky Hayes, Foundations of Psychology: an introductory text, Cengage Learning EMEA, 2000, p. 11.
  7. Noam Chomsky, Nouveaux horizons dans l'étude du langage et de l'esprit, Stock, 2005, p. 43-44. Ce passage, issu du texte d'une conférence prononcée par Chomsky en , est également utilisé — dans une traduction légèrement différente — dans la préface qu'il a donnée au livre de Jean-Yves Pollock, Langage et cognition : introduction au programme minimaliste de la grammaire générative, PUF, coll. « Psychologie et sciences de la pensée », 1998, p. 14.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Bernard Baars, The Cognitive Revolution in Psychology, New York, Guilford, 1986.
  • (fr) Jerome Bruner, Car la culture donne forme à l’esprit : de la révolution cognitive à la psychologie culturelle, Paris, Eshel, 1991.
  • (en) Howard Gardner, The Mind's New Science: A History of the Cognitive Revolution, New York: Basic Books, 1985. Traduction française sous le titre Histoire de la révolution cognitive. La nouvelle science de l’esprit chez Payot en 1993.