Précarité et citoyenneté

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Précarité et citoyenneté peuvent se trouver liées si les précaires ne disposent pas des conditions requises pour l’exercice de leur citoyenneté. Robert Castel estime qu’il n’y a pas de citoyenneté sans la réciprocité de liens entre les citoyens et sans le pouvoir de s’engager à l’égard d’autrui. Les précaires en galère peuvent ne plus être dotés de ces conditions[1]. Ils peuvent avoir en outre le sentiment d’être des « exclus de l’intérieur », ce qui, pour Serge Paugam, contrevient au principe de citoyenneté[2]. Les médecins du travail, parlent, eux, de « la spirale de l’exclusion » et d’atteinte au socle de la citoyenneté[3]. Jean-Paul Fitoussi voit une contradiction entre la précarité du travail et la citoyenneté[4].

La précarité est multiforme. Elle concerne aussi bien le logement que l’intégration sociale et le travail. La précarité au travail est dominante. Elle découle de l’insuffisance du nombre d’emplois à pourvoir et des conditions de travail. Elle peut entraîner les autres. Si le citoyen précaire ne dispose pas du minimum de moyens pour exercer réellement sa citoyenneté l’État doit veiller à ce qu’il puisse les acquérir ou à défaut les lui fournir. Ce rôle est dévolu à l’État social souvent appelé État Providence.

La citoyenneté

Les électeurs du Tiers état aux États généraux de 1789 étaient ceux qui payaient l’impôt. En 1791 l’Assemblée législative, confirmant ce point de vue, exclut du droit de vote tous ceux qui ne disposent pas d’un minimum de propriété, soit un tiers de la population en âge de voter. À l’époque c’était une évidence. Les journaliers, les manœuvres, les misérables survivant au jour la journée n’ont pas les moyens d’exercer la citoyenneté. Seuls les détenteurs de propriété, petit paysan propriétaire de sa parcelle ou artisan propriétaire de son échoppe, en disposaient et pouvaient assurer leur indépendance et leur dignité. C’est la protection sociale qui a permis de donner aux individus sans propriété les supports nécessaires pour accéder à l’indépendance sociale. La protection sociale est sous l’égide de l’État. Ce qui fait dire à Robert Castel que la citoyenneté sociale est le pendant de la citoyenneté politique. Elle donne à l’individu non protégé par la propriété privée les moyens de son indépendance. L’utilisation du terme État social est alors préférable à celui d’État Providence[5].

La précarité

La précarité empêche les individus qui en sont victimes de conduire des projets et d’être maîtres de leurs choix[6]. Elle limite leur espace de vie[7]. Le développement et l’ancrage de la précarité aboutissent à la formation d’un précariat qui peut être considéré comme une nouvelle classe sociale[8].

La précarité peut concerner le travail mais aussi d’autres domaines. Le travail est cependant la cause principale de son développement. Il est un élément fondamental d’insertion sociale, de construction identitaire et le socle de la citoyenneté[9]. La précarité au travail est susceptible d’entraîner d’autres formes de précarité tels que l’habitat, le revenu, la vie familiale, etc.

La précarité au travail

Les enquêtes menées en 1981 et 1991 sur les changements qui ont affecté les valeurs des Français montrent que le travail représente toujours une valeur centrale pour toutes les classes d’âge et toutes les catégories de revenus[10]. .


Emploi et travail

Il est habituel de faire la distinction entre emploi et travail, le terme travail étant utilisé dans les deux cas. La précarité liée à l’emploi résulte des nouvelles formes de contrats de travail ou de l’insécurité concernant l’avenir. Cette insécurité peut porter soit sur l’avenir de l’entreprise du fait de sa situation économique soit sur celui du salarié compte tenu de la concurrence entre salariés ou du management pratiqué. La précarité liée au travail est celle que ressent le salarié lorsque le travail lui semble sans intérêt, mal rétribué et faiblement reconnu par ses supérieurs ou par ses pairs[11].

Serge Paugam distingue quatre types de précarité chez les salariés selon qu’elle concerne l’emploi ou le travail et cumule ou non ces précarités. La précarité maximale, celle qu’il nomme « intégration incertaine » correspond au salarié dont l’emploi est instable et le travail non satisfaisant. Le salarié à l’intégration assurée dispose, quant à lui, d’un emploi stable et de satisfaction dans le travail. L’absence d’emploi ou/et l’insatisfaction au travail entraînent des conséquences dommageables au salarié. L’instabilité de l’emploi obère l’avenir. La non satisfaction dans le travail engendre un sentiment d’inutilité[11].

Dépréciation de l’identité

L’emploi n’a pas pour seul attribut la recherche d’une rémunération. Les chômeurs, par exemple, revendiquent des conditions de travail susceptibles de leur procurer une dignité et des moyens effectifs de s’affirmer professionnellement[12]. Un précaire témoigne lors d’une visite médicale : « L’intérim, c’est bon pour le patron, pas pour le salarié : c’est humiliant. Dans les entreprises, on fait ce qu’on veut de lui ; celui-ci ne peut jamais dire non ». Ne comptent plus le plaisir au travail, la reconnaissance, la communauté de valeurs, le lien social. Le chômage contraint à accepter n’importe quoi. Pourtant un travail peut être dur, s’il plaît on peut s’y investir. Un autre précaire : « Se tenir toujours prêt, toujours dire oui, être aux ordres, accepter des postes dont les permanents ne veulent pas ». Les précaires acceptent une tâche déqualifiée provisoirement, puis ils s’habituent et restent. Cette dépréciation de l’identité est progressivement intériorisée au cours des tâches déqualifiées qui se succèdent. Ne pas réussir à obtenir un emploi stable engendre un sentiment de culpabilité ou d’insuffisance avec perte d’identité à la clef[13].

Isolement

Au début de l’industrialisation le salarié se trouvait seul en face à face avec son employeur. Lors des Trente Glorieuses a été instauré un système de régulations collectives. Les partenaires sociaux agissaient comme des acteurs collectifs et l’État social donnait un caractère légal et obligatoire aux équilibres négociés. Le salarié, soutenu par le syndicat, n’était plus un individu isolé. Avec la montée du chômage les travailleurs sont mis en concurrence les uns avec les autres. Les anciens collectifs sont cassés[14]. La syndicalisation, par ailleurs en diminution, est entravée par la précarité de l’emploi. La crainte d’être licencié renforce l’attitude de distanciation à l’égard des syndicats. Les salariés se replient sur eux-mêmes en recherchant, de façon pragmatique, des solutions individuelles[15]. Un précaire se confie à son médecin du travail : « Plus personne n’a confiance en l’autre. Je me méfie de tout le monde ». La reconnaissance par les pairs, qui était un facteur de satisfaction dans le travail lors des Trente Glorieuses, n’existe plus puisqu’il n’y a plus de pairs[16]. Les précaires se retrouvent seuls face aux pressions.

Effritement de la protection

Les précaires ne bénéficient pas de toutes les prérogatives du droit du travail et de la protection sociale. Dans l’esprit du patronat le recours à l’emploi du statut précaire s’inscrit dans le cadre d’un renforcement de la flexibilité et de la remise en cause d’une partie substantielle du droit social du travail. Il permet des licenciements à moindre coût ainsi qu’une pression à la baisse du taux de salaire. La sous rémunération horaire des intérimaires est estimée à plus de 20 % en moyenne[17]. Le statut des précaires ainsi que leurs conditions de travail entraînent une exposition accrue aux risques. Très souvent ils sont affectés aux travaux pénibles, ne reçoivent pas de formation et sont victimes d’accidents de travail. Ils travaillent en sous-traitance et ne sont pas formés à la sécurité. En industrie nucléaire ils sont embauchés pour des travaux faiblement qualifiés (décontamination, calorifugeage, etc.) dans le cadre de cascades de sous-traitance. Leur rotation et leurs interruptions ne permettent pas leur suivi médical. Les précaires ont moins de capacité de résistance à des consignes les mettant en danger et plus d’incitation à ne pas déclarer les accidents[18]. Un jeune actif sur trois est sous contrat temporaire. Le taux de sous déclaration des accidents de travail est estimé à 20 % pour l’ensemble de la population, mais à 59 % pour les jeunes de moins de 30 ans[19].

Sentiment d’exclusion

L’utilisation de statuts précaires permet aux employeurs de marginaliser, voire d’éliminer, les salariés les moins performants[20]. Les salariés qui se trouvent à la fois en instabilité d’emploi et en non satisfaction dans le travail ressentent particulièrement cet ostracisme. Ils éprouvent en outre le sentiment d’être inutiles. Ils représentent 20 % des salariés[21].

Le cumul des précarités

La précarité familiale

Ne pas pouvoir réaliser ses aspirations professionnelles et connaître des difficultés d’intégration conduit à la fois à une dévalorisation de soi et à une dévalorisation pour autrui. La vie de couple repose sur l’estimation réciproque. L’expérience du chômage ou la perpétuation d’une situation précaire peut finir par devenir humiliante à la fois pour soi et pour le conjoint. Une enquête sur l’instabilité conjugale a révélé une forte corrélation entre l’instabilité conjugale et le degré de précarité professionnelle. La précarité familiale s’ajoute alors à la précarité professionnelle[22].

La précarité sociale

Durant les Trente Glorieuses l’intégration sociale se faisait grâce à l’inscription des individus dans des collectifs de travail et dans des syndicats. Depuis les années 1970 l’influence de ces collectifs diminue, voire disparaît. La dynamique en cours de décollectivisation et d’individualisation renvoie l’individu dans sa solitude. Celui-ci retourne la souffrance de sa précarité sur les autres, les siens et parfois sur lui-même[23]. Lorsqu’il est en discontinuité de travail, il est assimilé à l’oisiveté coupable et à la figure traditionnelle du « mauvais pauvre ». Le travail est un impératif catégorique, une exigence absolue pour être socialement respectable[24]. Ce qui fait dire à Annie Thébaud-Mony que la précarité au travail entraîne la précarité sociale[25]. L’analyse de l’enquête INSEE de 1986-1987 « Situations défavorisées » a permis de vérifier que plus la précarité par rapport à l’emploi était grande, plus le risque de ruptures sociales et familiales et le risque de réduction de la sociabilité l’était également[26].

La disqualification sociale

Le processus de disqualification sociale peut commencer bien avant le chômage. Il s’enclenche dès que les salariés sont contraints d’accepter un travail où ils ne se reconnaissent pas, qui n’est pas valorisé et qui n’est pas conforme à la représentation morale qu’ils ont d’eux-mêmes. La considération qu’ils obtiennent de leur travail peut être si faible qu’elle leur donne le sentiment d’être rabaissés, voire de ne pas ou ne plus compter pour autrui. La perte d’un contrat à durée indéterminée, (CDI), et l’entrée dans des emplois précaires peuvent déclencher un engrenage qui mène à la pauvreté et au cumul de difficultés. La précarité professionnelle, lorsqu’elle dure, suscite presque inévitablement un questionnement identitaire et une disqualification sociale. Les revenus du travail peuvent être si faibles qu’ils ne suffisent plus à assurer les besoins. Le travailleur pauvre se sent rabaissé lorsqu’il sollicite les services d’assistance. Son statut social est dévalorisé et ses liens sociaux s’affaiblissent. La perte d’indépendance le disqualifie socialement[27].

La responsabilisation individuelle

À partir des années 1970 la responsabilisation individuelle apparaît en tant que forme de gouvernement. L’État social est de plus en plus contesté. L’individu doit être autonome, responsable, faire preuve d’initiative et assumer lui-même les risques. Ce qui suppose qu’il possède les conditions pour le faire. Ce n’est pas forcément le cas. Il peut ne pas posséder le capital le mettant à l’abri du dénuement. Les moins qualifiés et les plus précaires manquent de capitaux non seulement économiques, mais aussi culturels et sociaux[28]. Se rajoute le processus de précarisation qui est destructeur. Il contraint l’individu à accepter des emplois le dévalorisant et à revoir ses ambitions à la baisse. L’individu apprend à ne rien dire, rien faire qui puisse compromettre son intégration[29]. Lorsqu’il est amené à solliciter une aide, il se trouve en situation de désarroi, vulnérable et fragile, parfois dans une situation familiale et sociale très difficile. Lui demander de refaire un projet d’existence est hors sa portée. Exiger des précaires un projet pour changer leur vie alors qu’ils vivent au jour le jour dans la précarité c’est demander beaucoup à ceux qui ont peu. Les responsabiliser c’est un grand risque de les culpabiliser au lieu de les aider alors qu’ils ne sont pas responsables de la pénurie de travail sur le marché de l’emploi[30]. Il n’est pas utile mais cruel de prôner la responsabilité individuelle lorsqu’il est presque impossible pour certaines catégories de travailleurs de trouver des emplois[31].

La cohésion nationale

Des citoyens de seconde zone

Les jeunes en galère, les travailleurs pauvres bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA), les précaires ne trouvant un emploi que par intermittence ne sont pas des individus à part entière. Robert Castel les nomme « individus par défaut » ou « surnuméraires ». Leurs protections sont inférieures à celles qui sont accordées aux salariés. Elles s’inscrivent dans une logique de contrepartie, activation des dépenses passives, et ne sont plus automatiques. Les précaires sont dévalués car incapables de conduire leurs projets et être maîtres de leurs choix[32]. Une précaire témoigne au médecin du travail : « On ne peut faire aucun projet, s’assumer, aider ses parents, on vit au jour le jour ». S’est installée une citoyenneté de seconde zone[33].

Il y a bien une corrélation entre le degré d’intégration et la catégorie professionnelle. Les ouvriers qualifiés se retrouvent nombreux à se sentir inutiles au travail et à l’identité menacée. Cependant les cadres précaires ou passibles de chômage ou que l’on cherche à exclure ont également un sentiment d’inutilité et d’identité menacée[34]. Les jeunes enchaînent petits boulots, intérims, emplois précaires. Le travail ne leur permet plus de remplir le rôle bénéfique d’intégration qu’il devrait jouer notamment lorsqu’il fait suite à des échecs et inégalités scolaires. Lorsqu’ils sont issus de zones urbaines sensibles et qu’ils sont discriminés par les employeurs ils ressentent une relégation sociale[35].

Gagnants et perdants

Les directions d’entreprises, notamment automobiles, présentent la précarisation économique comme un levier d’une plus grande implication des salariés à la performance. Les précaires sont immédiatement rentables[36]. La précarité du travail et de l’emploi assure à l’entreprise un maximum de flexibilité en vue de sa performance. L’État y est favorable car elle permet de diminuer les statistiques de chômage. Cette précarité n’est pas une anomalie. Elle fait partie du système dont elle est un mode régulation. Les précaires ne sont pas en dehors du système économique et social. Ils contribuent directement à sa régulation. Le processus de précarisation relève d’un tri au sein de la population active. Il conduit les personnes les moins qualifiées ou les moins aptes à se défendre à une précarisation forcée[37]. La société des individus engendre des gagnants et des perdants[38].

La précarité progresse. Après avoir marginalisé les plus fragiles elle se propage à la classe moyenne. Celle-ci constitue la base sociologique de la démocratie. Sa désespérance sociale induit une déstabilisation politique dangereuse pour la démocratie[39].

L’État social

La dégradation du lien social des précaires se traduit par leurs abstentions aux votes. 32 % des salariés en emploi précaire ne votent pas. Ils ressentent un sentiment d’impuissance face à l’avenir et perdent leur confiance dans les institutions[40].

Des contreparties sont exigées aux personnes qui demandent des aides. Les moyens de fournir ces contreparties peuvent manquer aux précaires. Ce donnant-donnant dénote un rapport marchand qui n’est pas un rapport citoyen. Le citoyen a le droit d’être secouru, même s’il ne peut payer en retour[41]. Ne pas donner à chacun les moyens de sa subsistance est un déni de la citoyenneté et de la démocratie[4]. La cohésion sociale est une préoccupation centrale de l’État. L’État social en est le garant. Il a l’ambition de sécuriser le présent et d’assurer l’avenir. Mais l’État social est aujourd’hui contesté. La logique néolibérale en cours le met en difficulté pour remplir sa mission alors que les dynamiques d’individualisation exigent non pas moins plus de protections. Ne pas en tenir compte menace la cohésion nationale[42].

Notes et références

  1. Castel, p. 203, 414
  2. Paugam, p.XVI, 17
  3. Souffrances, p.176, 17
  4. a et b Fitoussi, p.285
  5. Castel, p. 412, 413, 256, 257, 26
  6. Castel, p. 27
  7. Souffrances, p. 73
  8. Castel, p. 168
  9. Souffrances, p.17
  10. Castel, p.149
  11. a et b Paugam, p. 356
  12. Paugam, p. 26
  13. Souffrances, p. 164, 18, 75, 80, 31, 30, 32
  14. Castel, p. 21 à 23
  15. Paugam, p. 269, 270, 381
  16. Souffrances, p. 84, 178
  17. Paugam, p. 70 et 71
  18. Thébaud, p. 70, 49, 124, 125, 86, 343
  19. Santé & travail, juillet 2013, p. 36
  20. Souffrances p. 18
  21. Paugam, p.XVIII, 366
  22. Paugam, p. 293, 294
  23. Souffrances, p.37
  24. Castel, p. 232, 23, 114
  25. Thébaud, p. 174
  26. Paugam, p. 14
  27. Paugam, p. 377, 378, 311
  28. Castel, p.267, 268, 404, 255, 373
  29. Souffrances, p.30, 33
  30. Castel, p.242, 229, 220, 243
  31. Fitoussi, p.286
  32. Castel, p.235, 27 à 29
  33. Souffrances, p.188
  34. Paugam, p.102, 115
  35. Santé & travail, juillet 2013, p.25, 33
  36. Thébaud-Mony, p 504, 201
  37. Paugam, p. 380, 160
  38. Castel, p. 262
  39. Fitoussi, p.289, 290
  40. Paugam, p.350, 351
  41. Castel, p.220, 45, 46
  42. Castel, p.188, 267, 38

Bibliographie

  • Robert Castel, La montée des incertitudes, Seuil, 2009
  • Jean-Paul Fitoussi, Chapitre 14, Marché, emploi et citoyenneté, Le citoyen, Paris, Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.), 2000
  • Serge Paugam, Le salarié de la précarité, PUF, 2000
  • Souffrances et précarités au travail, Syros, 1994
  • Annie Thébaud-Mony, Philippe Davezies, Laurent Vogel, Serge Volkoff (Sous la direction de), Les risques du travail, La Découverte, 2015