Pio Turroni

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Pio Turroni
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Anarchisme, libertarisme civile (en), antifascismeVoir et modifier les données sur Wikidata
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Pio Turroni (1906-1983) est un maçon, carreleur, mosaïste et militant antifasciste anarchiste italien.

En 1923, il fuit la répression du régime fasciste italien et s'exile en Belgique puis en France.

Il participe à la révolution sociale espagnole de 1936. Il s'engage dans la colonne Ascaso et combat sur le front d'Aragon où il est blessé à deux reprises.

Actif dans les réseaux internationaux de soutien aux prisonniers politiques antifascistes tel Giustizia e Libertà, il est incarcéré de à à la prison militaire du Fort Saint-Nicolas (Marseille).

Libéré faute de preuves, il vit dans la clandestinité, avant d'être à nouveau arrêté. Interné, il s'évade deux fois lors des transferts vers le camp du Vernet. En 1941, il réussit finalement à rejoindre le Mexique via l'Afrique du Nord.

En 1943 à Mexico, il est recruté comme « agent politique » par les services secrets britanniques du Special Operations Executive et rejoint Londres, puis l'Italie dans le sillage des armées alliées.

Avec, notamment Giovanna Berneri, il est parmi les reconstructeurs du mouvement libertaire italien après la Seconde Guerre mondiale. De 1946 jusqu'à sa mort, en , il édite la revue mensuelle Volontà.

Biographie[modifier | modifier le code]

Il nait le à Cesena (Émilie-Romagne) dans une famille d’antifascistes connus des services de police italiens

Il s'engage très jeune dans le mouvement libertaire après avoir participé à un meeting d’Errico Malatesta venu à Cesena en 1920.

Antifascisme et exil[modifier | modifier le code]

En , après la prise du pouvoir par les fascistes italiens, il fuit le pays pour se réfugier en Belgique où il travaille comme maçon[1].

C'est en 1926, ou peut-être en 1927, qu'il arrive à Paris, où il participe activement aux manifestations parisiennes de protestation contre l'exécution des anarchistes italo-américains Sacco et Vanzetti, par chaise électrique dans la nuit du 22 au .

En 1933, il s’installe à Brest où il anime le Gruppo Edizioni Libertarie fondé par Camillo Berneri. Cette petite maison d'édition publiera notamment L’Operaiolatria de Berneri et La Guerra che viene de Simone Weil. Il y anime également une coopérative de maçonnerie artisanale pour venir en aide à d'autres exilés antifascistes italiens.

Revenu à Paris en 1935, il assiste Nestor Makhno jusqu’à sa mort, le .

Révolution sociale espagnole et résistance[modifier | modifier le code]

À la suite du soulèvement nationaliste des 17 et 18 juillet 1936 en Espagne, lors de la révolution sociale, en septembre, il s'enrôle dans la section italienne de la colonne Ascaso. Lors des combats, il est blessé à deux reprises (en et ). Il rejoint Barcelone le , où il désigné avec Emilio Canzi (it) comme représentant des anarchistes italiens. C'est en protagoniste, qu'il vit en direct les durs affrontements des journées de mai 1937 à Barcelone[1].

De retour à Marseille en , en relation avec des militants italiens et internationaux, et le soutien de la Confédération nationale du travail (Espagne), il contribue à la préparation de plusieurs projets attentats contre Mussolini dont aucun n'aboutit.

Fin 1938 et début 1939, il est parmi les fondateurs du Comité Anarchico Pro Vittime Politiche de Marseille (avec notamment Étienne Chauvet) qui organise le secours et l’assistance aux libertaires italiens prisonniers des camps de rétention administrative des Pyrénées-Orientales. Dans le camp de Saint-Cyprien et le camp de concentration d'Argelès-sur-Mer sont formés par des détenus, des Comités Pro Vittime Politiche internes.

Plaque commémorative à l'entrée du Camp du Vernet (Ariège).

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

En , du fait de ses activités antifascistes et de ses relations régulières avec l'italo-suisse Luigi Bertoni de Genève (transferts d'argent pour l'action en faveur des prisonniers), il est arrêté et incarcéré au Fort Saint-Nicolas (Marseille). Il est libéré le à la délivrance d’un non-lieu concluant : « il est incontestable que Turroni constituait l’un des rouages d’une vaste organisation à tendances extrémistes, mais son activité quelque opportune qu’elle puisse paraître ne semble pas tomber sous le coup de l’inculpation dont il est l’objet ».

Libéré, il fait l'objet d'un ordre d'expulsion du territoire français. Il vit dans la clandestinité jusqu’à son arrestation le . Il est alors écroué à la prison Saint-Pierre de Marseille avant d'être transféré dans différents camps de détention.

Le , il s'évade avec six autres détenus, du camp de triage du Brébant Marseillais avant son transfert pour le camp du Vernet.

Avec l'appui d'Emilio Lussu et du groupe de résistance Giustizia e Libertà, il obtient un passeport d’apatride délivré par le consulat mexicain.

En attente de la possibilité d’embarquer pour le Mexique, c'est à nouveau dans la clandestinité qu’il est arrêté le et incarcéré à la prison Chave de Marseille jusqu’au .

Après plusieurs tentatives, il embarque vers Algérie en . en compagnie du futur député Leo Valiani[1]. Arrivés à Oran, ils passent au Maroc avec l’aide de résistants français. Durant les années précédentes, il a côtoyé et connait des membres des noyaux anarchistes existant en Algérie et au Maroc, réseaux qui aident notamment les italiens de Giustizia e Libertà à arriver à Casablanca, seule enclave « libre » à partir de laquelle la fuite par bateau est encore possible.

Cipriano Mera en 1940.

À l’initiative du Comité international de la Croix-Rouge de Genève, un navire portugais, le Serpa Pinto, battant pavillon neutre, effectue deux voyages par an vers l'Amérique au départ de Casablanca. De la fin janvier à , il vit clandestinement à Casablanca où il travaille, vraisemblablement dans le bâtiment. C’est durant ce séjour qu’il fait la connaissance de Cipriano Mera avec qui il entretiendra une correspondance suivie après 1945.

En , il débarque à Veracruz, au Mexique, où il réside jusqu'en .

À Mexico, il est approché et recruté par l'agent des services britanniques Massimo Salvadori (en). Commence alors un périple qui le mène à Londres où, semble-t-il, il est interné dans un camp pour interrogatoires. En août, il est transporté par avion dans une base militaire en Algérie. De cette période jusqu'à 1945, il est considéré comme un agent « politique » des Special Operations Executive (Direction des opérations spéciales).

À la fin de 1943, il rentre en Italie, où il part à la recherche des anarchistes vivants dans les zones libérées par les armées alliées dans le but de rétablir les contacts nécessaires à la reprise du mouvement libertaire local[1].

Reconstruction du mouvement libertaire[modifier | modifier le code]

De retour en Italie fin 1943, à Naples, il fonde avec notamment Giovanna Berneri, l'Alleanza dei Gruppi Libertari qui publie le journal Rivoluzione libertaria.

De 1946 jusqu'à sa mort, en , il édite la revue mensuelle Volontà[2]

Bibliographie et sources[modifier | modifier le code]

Iconographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Louis Mercier-Vega, La Chevauchée anonyme : Une attitude internationaliste devant la guerre (1939-1942), Agone, 2006, page 210, note 29.
  2. L'Éphéméride anarchiste : Volontà.