Pierre de Cantabrie

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Pierre de Cantabrie
Fonction
Dux
Titre de noblesse
Dux (d)
Biographie
Naissance
Décès
Enfants
Alphonse Ier
Fruela de Cantabrie (en)
Froiluba (d) (?)Voir et modifier les données sur Wikidata
Blason

Pierre de Cantabrie (en latin Petrus, en cantabre Pidru, en espagnol Pedro), mort en 730, est duc de Cantabrie dans la première moitié du VIIIe siècle.

Il est l'ancêtre commun de tous les rois des Asturies. Son fils Alphonse épouse la fille de Pélage le Conquérant, fondateur du royaume des Asturies, mais à la mort de leur fils Favila qui a règné deux ans, la couronne du Royaume des Asturies reviendra définitivement à la lignée de Pierre de Cantabrie qui est le plus vieil ancêtre connu des Rois d'Espagne.

Éléments biographiques[modifier | modifier le code]

Ancêtres[modifier | modifier le code]

Jusqu'au XIXe siècle, on pensait d'après les chroniques de l'époque qu'il était le fils du roi wisigoth Ervige (680-687), mais certains historiens et généalogistes remettent en cause cette théorie aujourd'hui.

Selon la chronique d'Alphonse III dite ad Sebastianum, rédigée vers 900, Pierre descendait directement des rois Récarède (586-601) et Léovigild (568-586) et servait sous les règnes des rois Égica (687-702) et Wittiza (702-710) comme chef des armées. Il occupa également la fonction de dux.

Descendance[modifier | modifier le code]

On ignore le nom de son épouse[1].

Son fils aîné, Alphonse, est le troisième roi des Asturies, le père des rois Froïla, Silo et Mauregat, et le grand-père d'Alphonse II des Asturies.

Son fils cadet, Fruela de Cantabrie (c. 715 - c. 765), dux de Cantabrie et co-régent en 739, est le père des rois Aurelius et Bermude. Ce dernier est à l'origine d'une grande lignée desquelles proviennent les monarques des royaumes des Asturies, de León, de Navarre, de Castille et d'Aragon, qui donnèrent ultérieurement naissance aux maisons d'Espagne et de Portugal.

Rôle historique[modifier | modifier le code]

D'après d'anciennes chroniques musulmanes[2],[3], en 714, Musa ben Nusayr et Tariq ibn Ziyad s'emparent de la place forte d'Amaya, capitale du duché de Cantabrie, ce qui oblige Pierre et les siens à se réfugier au-delà de la cordillère. Pelage rejoint bientôt les cantabres Pierre Duc de Cantabrie et son fils Alfonse I de Cantabrie, réfugiés dans l'enceinte naturelle de Liébana, afin de mieux combattre Munuza[4] qui avaient fondé le califat du nord à Gijon avec l'aide d'Oppas, un évêque asturien « collaborationniste »[4],[5]. Les combats se déroulent en deux temps avec la mythique bataille de Covadonga (722), et une débandade finale a Liébana, précisément à Cosgaya (Causecadia dans les sources anciennes)[6], où un glissement de terrain vient ensevelir les troupes du général Alkama qui avaient survécu à la bataille[7].

Par ce coup d'éclat, qui aboutit à la liberation des Asturies de l'emprise de Munuza, il semble que Pelage, dont la généalogie reste débattue encore aujourd'hui, rentre dans la famille du Duc Pierre de Cantabrie. D'après le fragment transcrit ci-dessous de la Chronique d'Albelda, Pelage offre la main de sa fille Ermesinde, à Alphonse de Cantabrie:

« Adefonsus, Pelagi gener, reg. an. XVIIII. Iste Petri Cantabriae ducis filius fuit ; et dum Asturias venir Ermesindam Pelagii filiam Pelagio proecipiente, accepit[8] »

— Enrique Flórez de Setién. España sagrada, t. XIII, ap. VI

A partir de là, une nouvelle entité territoriale va émerger, avec une "capitale" située à Cangas de Onis sur la rivière Sella, qui est la frontierre ancestrale entre les peuples asturiens et cantabres[9].

Après la mort de Favila le , tué par un ours, successeur de son père Pélage, Alphonse II est désigné premier roi des territoires unifiés Asturiens et Cantabres, qui seront désignés bien plus tard comme Royaume des Asturies. Il passe à la postérité sous le nom d'Alphonse le Catholique.

Sources[modifier | modifier le code]

  • Chronique d'Alphonse III dite ad Sebastianum.
  • Chronique d'Albelda.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (es) J. Echegaray González, Los Cántabros [« Les Cantabres »], Ed. Librería Estudio, Santander, 1993 (ISBN 8487934234).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Ou de ses épouses, éventuellement.
  2. Selon le Chroniqueur Ahmad ibn Muhammad al-Razi (887-955), Tarik a pillé Amaya lors de sa conquête du nord en l'an 712. Après avoir attendu l'arrivée de Musa (dont on ne sait pas s'il finit par arriver), Tariq partit en campagne à Guadalajara et conquit la capitale de la province frontalière de Cantabrie, Amaya (dans l'actuelle province de Burgos). Il ajoute ensuite : "Ils s'emparèrent de plusieurs milliers de captifs ainsi que des trésors et des richesses des magnats d'Amaya." De là, on en déduit qu'en Amaya se réfugièrent beaucoup de nobles visigodos de Tolède, avec tous les trésors propres et tous ceux qui fuyaient devant les envahisseurs. Cette afflux de réfugiés a dû prolonger la résistance de la ville d'Amaya mais celle-ci finit par céder, provoquant la fuite des cantabres et des réfugiés vers l'ouest et l'enceinte naturelle de Liébana.
  3. (es) Aḥmad ibn Muhammad ibn Mūsā al-Rāzī, Crónica del moro Rasis del «Ajbār mulūk al-Andalus» de Aḥmad ibn Muhammad ibn Mūsā al-Rāzī, 889-955..., Madrid, Edition : Madrid : Universidad, Seminario Menendez Pidal : Gredos Éditeur scientifique : Diego Catalán (1928-2008), Maria Soledad de Andrés, Universidad complutense de Madrid. Seminario Menéndez Pidal, , CX-389 p. _ 8 p. de fac-sim. (lire en ligne), Après avoir attendu l'arrivée de Musa, Tariq partit en campagne à Guadalajara et conquit la capitale de la province frontalière de Cantabrie, Amaya. Ils s'emparèrent de plusieurs milliers de captifs ainsi que des trésors et des richesses des magnats d'Amaya.
  4. a et b D'après la Chronique d'Albeda écrite en latin entre 881 et 883 par le moine Vigila et ses compagnons Sarracino et Vela. Il s’agit d’une première version considérée par certains experts comme la plus fidèle aux événements survenus : « Pélagio, fils de Veremundo, neveu de Roderico, roi de Tolède. Il fut le premier à arriver dans les montagnes des Asturies et se cacha dans une grotte dans les rochers d'Anseba... Le premier à régner dans les Asturies fut Pélage, qui vécut à Canicas (Cangas, notre note) pendant dix-neuf ans. Expulsé de Tolède par le roi Witiza, il entra dans les Asturies après l'occupation de l'Espagne par les Sarrasins. Juzeph régnant à Cordoue, et Munuza dans la ville de Gegio (Gijón). Pélage s'est rebellé avant tout le monde dans les Asturies. Il détruisit les Ismaélites, leur général Alcamano (Alqama) fut tué, et Mgr Oppas fut fait prisonnier. Finalement, Munuza a également perdu la vie et le peuple chrétien a retrouvé sa liberté. Ceux de l'armée sarrasine qui échappèrent à l'épée furent, par le jugement de Dieu, opprimés et enterrés par le mont Liébana, et le royaume des Asturiens fut érigé par la divine Providence. Le Pélage susmentionné est mort à la place de Canicas à l’époque 775.»
  5. « COVADONGA : UNE LÉGENDE QUI EST NÉE OU FAITE ? »
  6. La petite ville appelée aujourd'hui Cosgaya dans la vallée de Liébana, est mentionnée dans le Chronique de l'évêque Sebastián, ou de D. Alphonse le Grand, qui nous racontent la victoire du roi D. Pelayo et le glissement de terrain de la montagne Subiedes, où furent enterrés, ou traînés par le courant impétueux de la rivière Deva, les restes de l'armée Mahométhane, qui fuyait Covadonga. « . qui remanserant (les fugitifs), in verticem montis Ausevae ascenderunt, atque per praeruptum montis, qui vulgo appelatur Amosa, ad territorium Lebaniensium praecipites descendante avorton. Sed nec ipsi Domini evaserunt vindictam, nam cum per verticem montis, qui situs est super ripam fluminis Devae, iuxta praedium quod dicitur Cosegadia"
  7. La Chronique d'Albelda, écrite en 883, ne pourrait être plus clair quand il dit "quand ceux des Sarrasins qui avaient a survécu à l'épée (à Covadonga) en traversant une montagne à Liébana, ont été enterrés par le jugement de Dieu, et ainsi surgit par la Divine Providence le Royaume des Asturies~.
  8. Soit : "Celui-ci était le fils du duc de Cantabrie, Pierre ; (le reste de la phrase reste à traduire : le mot "venir" ne paraît pas correct en latin).
  9. Pomponius Mela, Description de la Terre, III, 11 : "A partir d'un fleuve qu'on appelle Salia (Sella), les côtes commencent à se replier peu à peu, et l'Hispanie, encore assez large en cet endroit, se resserre de plus en plus entre les deux mers. Ces côtes sont habitées par les Cantabres et les Vardules.