Nicolas Floc'h

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Nicolas Floc'h
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Nicolas Floc’h est un artiste plasticien et photographe né en 1970 à Rennes, dont le travail se situe à la croisée des arts et des sciences[1]. Marin et plongeur, il vit et travaille entre Paris et la Bretagne[2].

Son travail, à la fois documentaire et artistique, est lié à l’idée de processus : ses projets sont en évolution permanente[3], conceptualisant et questionnant une période actuelle où les flux, la disparition et la régénération occupent une place capitale[4].

L'artiste interroge la notion de paysage[5], en particulier sous-marin, mais aussi l’habitat, la biodiversité, le climat et la productivité[6]. L’ensemble de son œuvre admet un certain prisme écologique.

Depuis 2010, la production de Nicolas Floc’h se concentre sur la représentation du monde sous-marin, qu’il envisage comme un lieu d’exploration et de création[7]. Son œuvre s’articule autour deux séries principales, Structures productives et Paysages productifs, qui se subdivisent en divers projets croisant les modes de création.

Sa production photographique, documentaire et plastique[8], vise notamment à sensibiliser le public aux écosystèmes menacés[9] des fonds sous-marins[10], ainsi qu’à redéfinir la représentation des paysages subaquatiques en photographie au regard de l’histoire de la photographie de paysage[11].

Débuts[modifier | modifier le code]

En 1995, Nicolas Floc’h réalise la série Écritures productives[12], qui contient en germe le fil conducteur de ses productions futures. Il s’agit d’un travail autour de la métonymie, pour lequel l’artiste écrit des mots dans la nature en utilisant les matériaux qu’ils désignent sémantiquement (le mot « salade » écrit en plantant des salades[13]), faisant se superposer le fond et la forme.

Le projet « poisson » s’inscrit dans cette série. Dans la nuit du 21 au 22 octobre, l’artiste et son équipe tentent d'écrire le mot « poisson » au fond de la mer en utilisant un chalutier, dirigé de façon que sa course suive le tracé des lettres composant le mot[14]. Cherchant à rendre cette écriture « productive »[15], les acteurs du projet pêchèrent et mirent en vente les poissons pris dans le filet-mot[16].

Les photographies retracent le déroulement du projet étape par étape, de la pêche à la vente du produit sur le marché de Talensac à Nantes[15].

En 2000, Nicolas Floc’h réalise le projet Peintures recyclées[17], qu’il relance à Nice en 2014[18]. L’artiste récupère auprès d’artistes des toiles qu’ils n’envisagent pas d’exposer pour en recycler la matière : la peinture est alors remise en tube, répertorié au nom de l’artiste qui s’en est servi[18].

Structures productives[modifier | modifier le code]

Dans le cadre de la série Structures productives[19], amorcée en 2010, Nicolas Floc’h s’intéresse aux récifs artificiels. Il s’engage dans un projet sur le long terme, au cours duquel il explore des paysages subaquatiques en France, au Portugal, et au Japon[20]. Il réalise des plongées pour observer et photographier ce que l’artiste considère être d’étonnantes villes sous l’eau[20]. Ce travail d’étude et d’inventaire[20] aboutit en une série de sculptures et de photographies.

À Nice, Nicolas Floc’h prolonge des récifs artificiels en utilisant divers matériaux, notamment des cordages[18]. En parallèle, il mène un travail de sculpteur en transposant ces architectures immergées dans l’espace d’exposition[21].

Paysages productifs[modifier | modifier le code]

En 2015, Nicolas Floc’h entame une nouvelle série photographique intitulée Paysages productifs, qui s’inscrit dans la continuité de sa précédente série Structures productives[19]. Elle correspond à une suite de projets, à travers lesquels l’artiste souhaite représenter la productivité de l’écosystème aquatique pour en affirmer l’importance, mais également pour traduire en images les phénomènes sous-jacents qui s’y manifestent dus au réchauffement climatique[2].

Invisible/Parallèle[modifier | modifier le code]

Parmi les projets de Paysages Productifs, on compte notamment Invisible/Parallèle pour lequel l’artiste a arpenté les 162 km du littoral méditerranéen qui relient La Ciotat à Marseille, et plongé aux alentours des îles de Port Cros, Porquerolles et du Levant. Pour mener ce projet, qui répond à la première commande publique du ministère de la Culture concernant le milieu sous-marin[22], l’artiste a effectué, entre 2018 en 2020, 60 plongées et 30.000 prises de vues[23]. Les tirages finaux composent une documentation permettant de rendre compte des effets de l’activité humaine sur les écosystèmes aquatiques[23].

Deep Sea[modifier | modifier le code]

Avec le projet Deep Sea, réalisé en 2021 en partenariat avec l’Ifremer dans le cadre de la campagne océanographique Chereef, Nicolas Floc’h se concentre sur les paysages sous-marins abyssaux. Dans le cadre de cette « exploration artistique » [24], l’artiste a passé 21 jours à bord du navire Thalassa, et a greffé son appareil photographique sur le robot sous-marin HROV Ariane. Celui-ci est descendu entre 700 et 1 800 mètres de profondeur dans le canyon de Lampaul[24]. À la différence des prises de vues en plan serré destinées à la recherche scientifique, les photographies de Deep Sea sont des panoramas. Le regard de l’artiste se veut ainsi préservé[24].

Bulles[modifier | modifier le code]

Nicolas Floc’h a également reçu une commande, FLUX, de la part du Centre national des arts plastiques (Cnap) pour laquelle il a mené le projet photographique Bulles[25] en collaboration avec les scientifiques de l’expédition Tara Pacifique[26]. Durant cette résidence sur le bateau de recherche Tara, il met en image le Kuroshio, « courant noir »[27], de Tokyo à Keelong. Il se focalise notamment sur les sites de Shikine et Iwotorijima, petites île volcaniques qui intéressent l’artiste pour l’acidité du pH dans ces zones, ayant un impact notable sur leur écosystème[26].

Initium maris[modifier | modifier le code]

Le projet Initium Maris[28]se présente comme une expédition artistique au large de la Bretagne, de Saint-Malo à Saint-Nazaire. Ce projet s’appuie sur un protocole défini par un consortium scientifique : l’artiste a documenté son voyage, pour représenter les transformations des paysages sous-marins en lien avec les activités humaines qui y ont lieu. Si des scientifiques ont contribué à permettre la réalisation de cette série photographique, il ne s’agit pas d’un travail purement descriptif. À la neutralité de l’œil du chercheur, Nicolas Floc’h confronte le regard de l’artiste et déploie une esthétique fantasmagorique et onirique. Il poétise l’environnement sous-marin, en donnant forme et en poursuivant l’imaginaire du spectateur[29].

La couleur de l’eau[modifier | modifier le code]

Avec son projet La couleur de l’eau[30], Nicolas Floc’h rompt avec le noir et blanc qui caractérise son œuvre. Il entend donner à voir les évolutions du milieu aquatique, mais cette fois-ci à travers la variation des teintes de l’eau. L’artiste explique que la couleur de l’eau est révélatrice de sa composition, et donc de sa bonne ou mauvaise santé : « C’est l’invisible - les phytoplanctons - qui rend visible »[31]. En cela, les changements chromatiques de l’eau sont révélateurs de la qualité « productive »[32] de cet environnement et de l’état de son écosystème[33].

À l’instar de ses autres projets, La couleur de l’eau répond à des enjeux autant esthétiques que scientifiques[31] : les photographies doivent également servir de support d’analyse scientifique[33].

Fleuves-Océan[modifier | modifier le code]

Dans le cadre de sa résidence « Villa Albertine » à la fondation Camargo Mississippi, l’artiste développe Fleuves-Océan, qui s’inscrit dans le projet La couleur de l’eau. Pour cela, il observe les flux aquatiques, cette fois depuis la surface. Aussi le point de vue adopté pour ce projet « tend à compléter la lecture que nous avons de l’océan mais à partir de la terre, espace complémentaire et nourricier, révélant le rapport symbiotique des milieux »[34]. Les photographies de Fleuves-Océan ont été prises en suivant le parcours tracé par le Mississippi, de sa source à son embouchure, en passant par ses affluents[34]. Les monochromes retracent l’itinéraire de l’artiste, ses déplacements horizontaux, et verticaux, en montrant les changements de couleurs à différents niveaux de profondeur.

Expositions[modifier | modifier le code]

L’artiste a eu plusieurs expositions personnelles en France (Centre d’art GwinZegal de Guingamp, MAC/VAL, Musée des beaux-arts de Calais, Villa Noailles à Hyères, Frac PACA, Frac Bretagne, Frac Nord-Pas de Calais…) et à l’étranger (Kennedy Center à Washington, fondation Thalie à Bruxelles, MMAM de Moscou, Kyocera Kyoto art Museum, Glasgow School of Art).

Ses œuvres sont également présentées dans plusieurs institutions dans le cadre d’expositions collectives : à la Fondation Ricard, au Palais de Tokyo, au Centre Pompidou, à la Fondation Carmignac de Porquerolles ou encore au musée d’art contemporain de Séoul.

En 2018, il est lauréat de la commande photographique nationale Flux, une société en mouvement puis de la commande publique artistique en 2019 pour son projet Invisible avec le Parc national des Calanques, en partenariat avec la Fondation Camargo. En 2022, le CNAP lui attribue une bourse de soutien à la photographie documentaire contemporaine. La même année, il est l’un des premiers résidents de la Villa Albertine aux États-Unis.

Publications[modifier | modifier le code]

  • Initium Maris, Carnet de bord, 2020-21, 2/3, Edition Gwinzegal, 2022
  • Invisible Parallèle, Iles de Lérins, texte de Léa Bismuth, Edition In fine, Paris, 2022
  • Deep Sea, Initium Maris, monographie, texte de Michel Poivert, Roma Publication, Amsterdam, 2022
  • Initium Maris, Carnet de bord, 2019, 1/3, Edition Gwinzegal, 2020
  • Invisible, monographie, textes de Muriel Enjalran, Pascal Neveux, Gilles Clément, Nicolas Floc’h, Roma Publication, Amsterdam, 2020
  • GLAZ, monographie, textes de Catherine Elkar, Jean-Marc Huitorel, Yves Hénocque et Nicolas Floc’h, Edition Frac Bretagne / Roma Publication, Amsterdam, 2018
  • Le grand troc, el gran trueque, a gran,de Troca , textes de Anastassia Makridou-Bretonneau et Julien Bézille, Edition Frac Bretagne / Naima, paris, 2018
  • Le Journal de B.O.A.T®. n°3, Editions EESAB, 2016
  • Le Journal de B.O.A.T® . n°2, Editions EESAB, 2016
  • Trois commandes, Nicolas Floc’h, texte d’Estelle Zhong-Mengual ; entretien avec Nicolas Floc’h par Anastassia Makridou-Bretonneau et Éric Foucault, Les presses du réel et Eternal Network, 2015
  • Le Grand Troc, Vitry-sur-Seine, MAC/VAL, 2015
  • Le Journal de B.O.A.T®. n°1, Edition EESAB, 2015
  • Participa(c)tion, Vitry-sur-Seine, MAC/VAL, 2014
  • Ulysses n°21, Semaine hors-série, 2013
  • The Floating Admiral, Palais de Tokyo, Paris, 2013
  • Performing film, Coreana Museum of Art, Séoul, Corée, 2013
  • Acid#2, 19/80 Editions, Paris, 2013
  • Ouessant, résidences au sémaphore du Créac’h, édition Label Hypothèse, 2013
  • Danser sa vie, Editions du Centre Pompidou, Paris, 2011
  • Coquillages et Crustacés, Musée des beaux-arts, Brest ; MIAM, Sète, 2010
  • Made in Pavé, Module ref 9030, texte de Jérome Cotinet, 2010
  • Structures odysséennes, texte de Stéphanie Airaud, Vitry-surSeine, MAC/VAL, 2007
  • Nouvelles pratiques du corps scénique, Patricia Brignone, Editions Al Dante, 2006
  • Nicolas Floc’h In Other Words, textes de Ann Demeester, Léa Gauthier, Pierre Giquel, Emmanuelle Huynh, Philippe Van Cauteren, Nicolas Floc’h, Roma Publications, Amsterdam, Pays-Bas, 2005
  • L’acte pour l’art, Arnaud Labelle-Rojoux, Editions Al Dante From Here to There, W139, Roma Publications, Amsterdam, Pays-Bas, 2004
  • Storage and Display, Roma Publications, Arnhem, Pays-Bas, 2003
  • Paul Ardenne, L’art dans son moment politique, collection Essais, La Lettre volée, Bruxelles, 2000
  • Over the Edges, catalogue d’exposition, S.M.A.K., Gand, Belgique, 2000
  • Nicolas Floc’h, texte de Pierre Giquel, catalogue de l’exposition, Chapelle du Genêteil, Château-Gontier, 2000
  • Cross Currents, I Space, catalogue de l’exposition, Chicago, Etats-Unis, 1998
  • Stop-Stop, Glasgow, Royaume-Uni, 1998
  • Écriture Productive, Nicolas Floc’h, textes de Pierre Giquel, édition Zoo Galerie, Nantes, 1995
  • Histoire des mots, Nicolas Floc’h, édition Zoo Galerie, Nantes, 1995
  • Chantier d’artiste, catalogue de l’exposition, édition CRDC, Nantes, 1994

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Les vies aquatiques de Nicolas Floc’h », sur Makery (consulté le ).
  2. a et b « Nicolas Floc’h, artiste en résidence sur la goélette Tara », sur Fondation Tara Océan (consulté le ).
  3. « Nicolas FLOC'H | Cnap », sur cnap.fr (consulté le ).
  4. « Nicolas Floc'h - The Camargo Foundation », sur camargofoundation.org (consulté le ).
  5. « Nicolas Floc’h les nouveaux paysages aquatiques », sur Artefields, (consulté le ).
  6. « Nicolas Floc'h, Paysages productifs », sur Frac Sud, (consulté le ).
  7. « Klima ONG », sur Klima ONG (consulté le ).
  8. « OSU Institut Pythéas – Observer et comprendre, du fond des océans aux confins de l'Univers », (consulté le ).
  9. « Nicolas Floc'h, photographe des paysages sous-marins et de la couleur de l'eau », sur Sciences et Avenir, (consulté le ).
  10. « Nicolas Floc’h : vingt mille yeux sous les mers », sur Libération (consulté le ).
  11. « À Vannes, Nicolas Floc’h révèle les paysages sous-marins de notre littoral », sur Le Télégramme, (consulté le ).
  12. « works », sur nicolasfloch.net (consulté le ).
  13. « Ecritures productives, 1995 », sur nicolasfloch.net (consulté le ).
  14. DU ADP, « Nicolas Floc’h “Un parcours, une démarche, une séance” », sur DU Art Danse Performance, (consulté le ).
  15. a et b « Poissons – Nicolas Floc'h », sur DDA Bretagne (consulté le ).
  16. « Poissons – Nicolas Floc'h », sur DDA Bretagne (consulté le ).
  17. « Peintures recyclées - 2001 », sur nicolasfloch.net (consulté le ).
  18. a b et c Service Rédaction, « Nicolas Floc’h - Art Côte d'Azur », sur artcotedazur.fr (consulté le ).
  19. a et b Le Gentil E., Vaschalde D., Alban F., David G., Musard O, Peuziat I, Ponsero A, Sabinot C, Sauboua P et Scemama P, « Les sciences humaines et sociales dans les aires marines protégées. Pour la compréhension et la mobilisation des dynamiques territoriales, sociales et culturelles en appui aux politiques de gestion. Rapport de synthèse du séminaire du GIS HomMer et de l’Office français de la biodiversité. », Pôle Numérique Brest Iroise, Plouzané.,‎ , page 5 (lire en ligne Accès libre [PDF])
  20. a b et c « Structures Productives – Nicolas Floc'h », sur DDA Bretagne (consulté le ).
  21. « artconnexion – Nicolas Floc'h: Structures productives », sur artconnexion.org (consulté le ).
  22. « Fondation Camargo : présentation du projet Invisible de Nicolas Floc'h », sur culture.gouv.fr (consulté le ).
  23. a et b « Nicolas Floc’h, l’art de plonger », sur Les Echos, (consulté le ).
  24. a b et c Michel Poivert et Nicolas Floc'h, Nicolas Floc'h : deep see, exposition, Brest, Ateliers des Capucins, Amsterdam, Roma Publications, 3 decembre 2021-12 fevrier 2022], 68 p. (ISBN 9789464460124, lire en ligne)
  25. « Bulles, 2019 », sur nicolasfloch.net (consulté le ).
  26. a et b « FLUX - Nicolas Floc'h, expédition Tara Pacifique et projet 'Bulles' », sur crp.photo (consulté le ).
  27. « Lendroit éditions - Nicolas Floc'h, Kuroshio, le courant noir », sur lendroit.org (consulté le ).
  28. « Initium Maris (2015)-2019-2022, Bretagne », sur nicolasfloch.net (consulté le ).
  29. « Initium Maris, Paysages immergés - Nicolas Floc'h », sur gwinzegal.com (consulté le ).
  30. « La couleur de l'eau, 2015-2019 », sur nicolasfloch.net (consulté le ).
  31. a et b « Nicolas Floc'h, photographe des paysages sous-marins et de la couleur de l'eau », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  32. « « Watercolors », de Nicolas Floc’h | Institut français », sur institutfrancais.com (consulté le ).
  33. a et b « artconnexion – Nicolas Floc'h: La couleur de l’eau », sur artconnexion.org (consulté le ).
  34. a et b « Les couleurs du Mississippi | Villa Albertine », sur villa-albertine.org (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]