Merope angulata

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Merope angulata ou Paramignya angulata, l'agrume anguleux[1], est la seule espèce du genre Merope M.J. Roemer (1846), une Rustaceae endémique de l'est de l'Inde, du Myanmar, d'Indochine, de Thaïlande, de Malaisie et de Papouasie-Nouvelle-Guinée. C'est une rare Citreae qui prospère dans les sols salins des forêts littorales à marée et des marécages de mangroves.

Taxonomie[modifier | modifier le code]

Walter T. Swingle (1915) dans son Merope angulata, a salt-tolerant plant related to Citrus, from the Malay Archipelago note «une histoire nomenclaturale curieuse et compliquée, et un manque surprenant d'informations quant à l'occurrence, la nature et la valeur économique possible de cette curieuse plante tolérante au sel», ce qui est toujours vrai. Il inventorie les synonymes suivants dans l'ordre historique depuis Willdenow (qui lui-même citait Rumphius (1741) avec Limonellus angulosus dans Herbarium Amboinense): Citrus angulata Willd. (1801), Sclerostylis spinosa Blume. (1825), Limonia spinosa Spreng. (1827), Ghjcosmis spinosa Dietr. (1840), Merope spinosa Poem. (1846), Limonia angulosa Wight & Arnott (1859), Atalantia longispina Kurz (1872), Gonocitrus angulatus Kurz. (1874), Paramignya longispina Hook. (1875), Paramignya angulata Kurz. (1876), Atalantia spinosa Hook. (1895)[2].

Merope angulata (Willd.) Swingle (1915) est retenu de nos jours[3]

Chez Bayer, Mabberley, et al. 2009, le sous-clade L (en rouge) contient 3 genres: Merope, Monanthocitrus et Oxanthera assez proche de Paramignya

Phylogénie[modifier | modifier le code]

Le statut de 8 genres (Micromelum, Wenzelia, Monanthocitrus, Oxanthera, Merope, Luvunga, Burkillanthus, Limnocitrus) a longtemps été inconnu (1976)[4]. Un taxon Wenzelia rassemblait 4 genres fortement apparentés déjà vue par Swingle (1943)[5] : Wenzelia (9 espèces[6]), Monanthocitrus , Oxanthera (tous avec 6 ovules dans chaque loge ovarienne) et Merope (avec 4) . A l'exception d'Oxanthera propre à la Nouvelle-Calédonie, ils sont présents en Papouasie-Nouvelle-Guinée[7]. L'hypothèse admise était que Merope était une ramification précoce d'une forme ancestrale du groupe Wenzelia.

R Bayer, D Mabberley et al. (2009) sur base d'analyse génétique (donnée KASPar) définissent une sous-tribu des Citreae: Triphasilineae qui comprend 5 genres Oxanthera, Pamburus, Paramignya, Triphasia, et Wenzelia[8] «Notre étude est la première à étudier et à confirmer la position phylogénétique des genres unispécifiques Merope, Monanthocitrus et Oxanthera [sous-clade L]. Le groupe Wenzelia [ ] est fortement monophylétique et se compose de Merope, Monanthocitrus et Wenzelia. Les genres sont similaires en ce sens qu'ils se trouvent naturellement à Bornéo, en Nouvelle-Guinée, aux Îles Salomon et aux Fidji ; avoir des feuilles unifoliées; avec de très courts pétioles sans ailes, non articulés; et 4 à 8 ovules par loge, au lieu des deux par loge que l'on trouve dans le reste des Triphasiinae»[8]. A Oueslati Bahri (2017) élargie la sous-tribu (analyse in silico des SNP) à 8 genres avec l'ajout de Luvunga, Merope, Monanthocitrus [9].

Nom communs[modifier | modifier le code]

En Malais: Kigerukkan, Limau Buaya[10] ,en anglais Mangrove Lime[11].

Morphologie[modifier | modifier le code]

Arbuste épineux grimpant, fortement épineux. Les tiges sont entourées d'un liège pneumatophore qui recouvre la surface externe, le liège cambium se distingue clairement, chambre à air dans le cortex[12].

Feuilles simples 7 à 16 cm avec un parfum de lime quand on les froisse. dégagent une odeur de citron vert lorsqu'elles sont écrasées[13]. Petites fleurs parfumée à 5 pétales blancs Fruits jaunes long de 2,5 à 4 cm, de section triangulaire, canelé avec beaucoup de graines longues[14].

La fleur, le fruit et les graines chez Swingle (1915)

Les plantes vivent en sorte de colonies éparses (se trouve principalement dans de petites criques[15]). Aquatic Botany (2015) décrit cet habitat comme fragmenté. Pour autant les populations indiennes sont génétiquement peu diversifiées[16].

La tolérance au sel[modifier | modifier le code]

Guillaumin, Swingle et Tanaka ont pensé tirer parti de la tolérance au sel en en faisant un porte-greffe des agrumes cultivés[17], l'idée est reprise dès l'introduction de la plante aux USA (1929)[18], mais il ne semble pas que la greffe a été tentée. Parmi les Rustaceae tolérantes à la salinité voir aussi Limnocitrus littoralis[19].

Utilité[modifier | modifier le code]

Iqrar Ahmad Khan (2007) écrit que les plantes du genre sont peu fréquentes ex situ, mais ont probablement des applications utiles, Jones (1982) parle de vertus médicinales[20]. Au Myanmar feuilles broyées servent de cataplasme antalgique (douleurs corporelle)[21].

Dans de nombreux endroits (Inde, Singapour) elle est classée menacée, en Inde une tentative de régénération des populations sauvages par bouturages a été décevante (les boutures ne répondent pas aux stimulateurs de croissance)[22].

Anthologie[modifier | modifier le code]

  • Giorgio Gallesio, Traité du citrus, Paris, Louis Fantin (1811)[1].

Gallesio (1811) renvoie à Willdenow («pétiole nu, feuille ovale, fruits pointus et anguleux») et au Limonellus angulosus, Lemon malais de Rumphius (Herb. Amb. t. 2, c. 16, p. 110).

« L'agrume anguleux est l'espèce qui s'éloigne davantage du citrus d'Europe [ ] Les fruits sont très petits, tantôt quadranguleux, et tantôt quinquangulaires, aplatis sur les côtés, longtemps verdâtres, quelquefois jaunissant dans la maturité, formés d'une écorce très mince, qui renferme des loges pleines d'un suc visqueux, qui a l'odeur du limon nipis, mais qui n'est pas mangeable, et qui contient quatre ou cinq semences. Rumphius ajoute que cet arbuste, trouvé depuis peu dans un bois marécageux de Mangi-Mangi, près de la mer, est presque inconnu aux indigènes, et qu'il vient dans l'eau de la mer qui couvre le sol dans les hautes marées. »

  • Bernard Rollet. Petite histoire de la mangrove depuis les origines... Nantes, Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques  Année 2002. pp. 107-122[23].

« L’origine du mot mangrove est controversée. Il vient peut-être de la contraction de mangue qui désigne en portugais à la fois les espèces d’arbres de la mangrove et la forêt (Holanda 1975), et de grove, mot anglais qui signifie petit bois, bosquet, bocage. Mais par une étonnante conjonction phonétique, mangi-mangi est un vieux mot utilisé à Amboine (Indonésie orientale) pour désigner les Bruguiera (Rumphius 1747-1770) [Palétuvier]. Ce mot n’est pas malais : des noms vernaculaires très différents sont utilisés pour désigner les Bruguiera tant en Malaisie qu’en Indonésie et aux Philippines. »

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Giorgio Gallesio, Traité du citrus, L. Fantin, (lire en ligne)
  2. (en) Walter T. Swingle,, « BOTANY.—Merope angulata, a salt-tolerant plant related to Citrus, from the Malay Archipelago. », Journal of the Washington Academy of Sciences Vol. 5, No. 12,,‎ , p. 420 à 425 (lire en ligne [PDF])
  3. « Merope angulata | International Plant Names Index », sur www.ipni.org (consulté le )
  4. (en) Asim Esen et Giuseppe Geraci, « DISTRIBUTION OF COAGULATION OF YOUNG SHOOT HOMOGENATES IN THE AURANTIOIDEAE », American Journal of Botany, vol. 63, no 3,‎ , p. 329–334 (DOI 10.1002/j.1537-2197.1976.tb11819.x, lire en ligne, consulté le )
  5. (en) Klaus Kubitzki, Flowering Plants. Eudicots: Sapindales, Cucurbitales, Myrtaceae, Springer Science & Business Media, (ISBN 978-3-642-14397-7, lire en ligne), p. 298
  6. « Wenzelia — The Plant List », sur www.theplantlist.org (consulté le )
  7. « CHAPTER 3 », sur citruspages.free.fr (consulté le )
  8. a et b (en) Randall J. Bayer, David J. Mabberley, Cynthia Morton et Cathy H. Miller, « A molecular phylogeny of the orange subfamily(Rutaceae: Aurantioideae) using nine cpDNA sequences », American Journal of Botany, vol. 96, no 3,‎ , p. 668–685 (DOI 10.3732/ajb.0800341, lire en ligne, consulté le )
  9. Armel Oueslati Bahri, Diversité et origine génétique des espèces de la sous famille des Aurantioideae et décryptage des structures interspécifiques des génomes des agrumes modernes, Tunis, Université des sciences de Tunis El Manar, , 200 p. (lire en ligne), p. 2017
  10. (en) Akar Lelimau, « Native Plants Paramignya lobata », sur mybis.gov.my,
  11. (en) Joseph Tangah, Arthur Y.C. Chung, Shigeyuki Baba, Hung Tuck Chan et Mio Kezuka, REHABILITATION OF MANGROVES IN SABAH The SFD-ISME Collaboration (2014−2019), Sabah, Malaysia, Dr Mami Kainuma & Ms Nozomi Oshiro, , 70 p. (lire en ligne), p. 33
  12. (en) Humberto Gonzalez Rodriguez, Bholanath Mondal et al., « Comparative Morphology and Anatomy of Few Mangrove Species in undarbans, West Bengal, India and its Adaptation to Saline Habitat », International Journal of Bio-resource and Stress Management 3(1),‎ , :001-017 (lire en ligne [PDF])
  13. (en) « In The Lime-light », sur In The Lime-light (consulté le )
  14. « Limau lelang (Merope angulata) on the Shores of Singapore », sur www.wildsingapore.com (consulté le )
  15. (en) Ruchi Badola et S. A. Hussain, « Valuing ecosystem functions: an empirical study on the storm protection function of Bhitarkanika mangrove ecosystem, India », Environmental Conservation, vol. 32, no 1,‎ , p. 85–92 (ISSN 1469-4387 et 0376-8929, DOI 10.1017/S0376892905001967, lire en ligne, consulté le )
  16. (en) Satya Narayan Jena, Sushma Verma, Kuttan Narayanan Nair et Awadhesh Kumar Srivastava, « Genetic diversity and population structure of the mangrove lime (Merope angulata) in India revealed by AFLP and ISSR markers », Aquatic Botany, vol. 120,‎ , p. 260–267 (ISSN 0304-3770, DOI 10.1016/j.aquabot.2014.09.004, lire en ligne, consulté le )
  17. André Guillaumin, « Les travaux récents sur les Aurantiées », Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée p. 176, vol. 8, no 79,‎ , p. 169–176 (DOI 10.3406/jatba.1928.4595, lire en ligne, consulté le )
  18. (en) Inventory: United States Department of Agriculture, U.S. Department of Agriculture, (lire en ligne), p. 9
  19. (en) Nigel J. H. Smith, J. T. Williams, Donald L. Plucknett et Jennifer P. Talbot, Tropical Forests and Their Crops, Cornell University Press, (ISBN 978-1-5017-1794-9, lire en ligne), p. 104
  20. (en) Iqrar Ahmad Khan, Citrus Genetics, Breeding and Biotechnology, CABI, (ISBN 978-0-85199-019-4, lire en ligne), p. 73
  21. (en) Katsuhiro ONO et Kunio SUZUKI, « Assessment of Subsistence Plant Resource of the Mangrove Forest in the Ayeyarwady Delta, Myanmar », Global Environmental Research,‎ , p. 223-232 (lire en ligne [PDF])
  22. (en) H. Thatoi, P. Mishra, A. Ouseph et L. N. Acharjyo, « Rooting of Stem Cuttings of Cerbera manghas (L.) and Merope angulata (Kurz) Swingle through Application of Growth Regulators: a Tool for Conservation of Endangered Mangroves », undefined,‎ (lire en ligne, consulté le )
  23. Bernard Rollet, « Petite histoire de la mangrove depuis les origines : perception d’un écosystème tropical et transferts dans l’imagination populaire », Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, vol. 124, no 6,‎ , p. 107–122 (lire en ligne, consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]

On peut voir dans les divers spécimens d'herbier que les épines sont plus ou moins agressives, la taille et la forme des feuilles est variable [1].