Lissage brésilien

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Le lissage brésilien, également appelé traitement brésilien à la kératine, est un traitement des cheveux à l'aide de produits de soin à base de kératine. Il s'agit d'une méthode utilisée par les coiffeurs pour « détendre » temporairement les cheveux, cela permet de les rendre lisses pendant quelques mois. Il fait partie des techniques de lissage chimique du cheveu[1].

Méthode[modifier | modifier le code]

Le lissage brésilien est un traitement capillaire qui consiste à sceller un liquide constitué de kératine et d'autres ingrédients chimiques dans les cheveux à l'aide d'un fer à lisser. Cette méthode pratiquée initialement au Brésil a été exportée dans le monde entier. Cependant, certains produits de lissage brésilien ont été interdits du fait d'une dose de formaldéhyde excédant les normes légales.

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Le traitement des cheveux au moyen du lissage brésilien permet d'éliminer les frisottis et de lisser les cheveux. Le traitement reste efficace environ trois mois, en fonction de son entretien. D'origine brésilienne, ce traitement à base de kératine peut-être effectué sur tous les types de cheveux traités chimiquement et vierges (blanchis, éclaircis, colorés, permanentés, détendus ou déjà lissés). La technique de l'application est similaire au lissage japonais ainsi qu'au lissage de type Yuko par l'utilisation de fers à lisser, chauffés pour enfermer le produit dans la cuticule du cheveu.

Ce traitement vise à lisser les boucles et les vagues indisciplinées mais aussi à réduire les frisottis. Le traitement ne garantit pas complètement la raideur des cheveux, bien que, s'il est effectué correctement, il puisse réduire entre 50 et 80 % des boucles en fonction de la texture des cheveux d'origine. Les traitements perdurent environ 10-12 semaines et doivent être répétés pour traiter les repousses (croissance du cheveu).

Toxicité et caractère cancérigène des traitements de lissage[modifier | modifier le code]

Ce traitement « lissant », largement disponible, et très utilisé dans le monde[2], comprend comme ingrédient du formaldéhyde, un produit connu comme étant toxique et cancérogène suspecté[3]. Outre qu'il est parfois responsable de sensibilisations[4], d'allergies (dermatite de contact)[5] et/ou d'un œdème pervasif de la face [5], en 2010, il a doublement attiré l'attention d'autorités sanitaires de plusieurs pays après qu'un examen minutieux de produits emballés et étiquetés « sans formaldéhyde », se sont en réalité avérés libérer des quantités importantes de formaldéhyde[3]. Et il a été aussi constaté que « de nombreux produits appliqués par les professionnels de salon de coiffure contiennent du formaldéhyde ou ses dérivés et sont commercialisés comme supposés sûrs », certains endommageant en outre les cheveux (de types caucasiens comme africains)[6],[7], ce qui a contribué à alimenter un débat déjà ancien sur la sécurité et les adverses pour la Santé de nombreux traitements cosmétiques[8].

Aux États-Unis, la FDA (Food and Drug Administration) a averti que les lissages brésiliens, comprenant certains produits, sont dangereux pour la santé des femmes mais aussi pour celle des coiffeurs et coiffeuses qui appliquent ces produits[9].

En France, les mêmes inquiétudes reposent sur la présence avérée de méthanal (formaldéhyde), en quantité parfois nettement supérieure aux normes[10] selon l'ANSM, dans différentes compositions de nombreux produits de lissage de cheveux notamment importés.

En 2019, une nouvelle étude, la première étude prospective ayant porté sur une vaste cohorte et ayant évalué séparément le risque chez les femmes noires et blanches[11] a confirmé un risque de cancer du sein accru chez les femmes utilisant des teintures capillaires permanentes, et chez celles qui utilisent des lisseurs chimiques, et avec un risque fortement accru chez les femmes à peau noire par rapport aux femmes à peau blanche[11]. L'utilisation fréquente de lisseurs chimiques augmente dans tous les cas le risque de développer un cancer du sein[11].

En 2024, des études montrent que l'acide glyoxylique considéré comme alternative au formaldéhyde peut produire des épisodes d'insuffisance rénale aiguë. La métabolisation de l’acide glyoxylique absorbée par voie transcutanée au niveau du cuir chevelu produirait des cristaux d'oxalate de calcium toxiques pour le rein. Les symptômes sont la plupart du temps des nausées et vomissements survenant pendant la séance de lissage ou peu après, suivi de douleurs abdominales. Une étude israélienne indique que les patientes sont restées en moyenne six jours à l’hôpital avec un traitement par dialyse[12].

Nomenclature[modifier | modifier le code]

Selon le Chemical Abstracts Service (CAS)[13], le formaldéhyde et le méthylène glycol sont répertoriés comme deux substances différentes avec deux numéros de registre CAS différents (CAS 50-00-0[14] et 463-57-0[15]).

Les composés, qui ont deux structures chimiques différentes, existent en deux familles chimiques différentes et présentent des propriétés physiques différentes. Le formaldéhyde est un gaz incolore dont la structure chimique est HCHO. Le méthylèneglycol, ou monohydrate de formaldéhyde, est un liquide possédant la structure chimique : CH4O2. Le formaldéhyde peut être cancérigène[16]. Le méthylèneglycol est un agent de fixation qui fixe les tissus chimiques dès la température ambiante et en tant que tel, il présente des risques pour la santé. Cependant, il est à noter que la chaleur appliquée dans le processus du lissage brésilien provoque la déshydratation du méthylène-glycol qui donne du gaz de formaldéhyde et des vapeurs d'eau.

Les rapports sur les effets sur la santé[modifier | modifier le code]

Les analyses des produits contenant du formaldéhyde ou du méthylène-glycol mettent en relation le lissage brésilien et les effets physiques suivants : troubles oculaires (irritation, augmentée de larmoiement, vision floue, une hyperémie) ; troubles du système nerveux (maux de tête, sensation de brûlure, étourdissements, syncope) et des troubles des voies respiratoires (dyspnée, toux, inconfort nasal, épistaxis, respiration sifflante, rhinorrhée, irritation de la gorge, rhino-pharyngite). D'autres symptômes ont également été signalés, notamment des nausées, hypotrichose, douleurs à la poitrine, vomissements et une éruption cutanée[17] et risque de cancer.

Interdictions[modifier | modifier le code]

Ont été interdits les produits qui contiennent des produits de réaction tels que l'acétophénone, le formaldéhyde, le méthanol, l'acide cyclohexylamine et l'acide acétique (CE n ° 406-230-1), 1,2,3,4,5,6-hexachlorcyclohexanes. Il en est de même pour les produits contenant des aldéhydes plus de 0,001 % dans et sur les produits ou 0,01 % dans les produits à rincer : ceux-ci doivent énumérer les ingrédients de manière explicite sur les étiquettes des produits.

Alternatives[modifier | modifier le code]

Des chercheurs ou laboratoires tentent de développer des produits se voulant plus « verts », utilisant par exemple :

  • des composés carbonylés tels que l'acide glyoxylique ; selon une étude récente, les aldéhydes et la N-α-acétyl-L-lysine peuvent à certaines conditions réagir en formant des imines, induisant aussi des réarrangements dans la distribution de la structure secondaire, des changements conformationnels des ponts disulfures, une diminution des résidus sérine. Le lissage conduit alors à des « réarrangements conformationnels majeurs dans la fibre capillaire plutôt que sur la cuticule »[18] ;
  • des peptides qui sont codés par les gènes humains (ex : décapeptides de kératine ) pour - au niveau moléculaire - modifier les grandes molécules de kératine des cheveux humains non naturellement lisses afin de changer la forme de la fibre capillaire[19],[20].

Réglementation en France[modifier | modifier le code]

L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ont édité une mise en garde concernant les produits de lissage contenant du formaldéhyde en quantité supérieure à la limite maximale autorisée[21],[22].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. (fr) Les différents types de lissage capillaires
  2. (en) Courtney Weathersby et Amy McMichael, « Brazilian keratin hair treatment: a review », Journal of Cosmetic Dermatology, vol. 12, no 2,‎ , p. 144–148 (DOI 10.1111/jocd.12030, lire en ligne, consulté le )
  3. a et b Frawley, Kristin L (2013) Formaldehyde exposure in the cosmetology industry from Brazilian blowouts. Master Essay, University of Pittsburgh (résumé).
  4. (en) Andrea Prodi, Francesca Rui, Anna Belloni Fortina et Maria Teresa Corradin, « Sensitization to Formaldehyde in Northeastern Italy, 1996 to 2012: », Dermatitis, vol. 27, no 1,‎ , p. 21–25 (ISSN 1710-3568, DOI 10.1097/DER.0000000000000158, lire en ligne, consulté le )
  5. a et b (en) Ebru Celik, Kubra Esin Korkmaz et Asena Cigdem Dogramaci, « Induction of allergic contact dermatitis and pervasive face edema due to Brazilian keratin treatment », Journal of Cosmetic Dermatology,‎ , jocd.13605 (ISSN 1473-2130 et 1473-2165, DOI 10.1111/jocd.13605, lire en ligne, consulté le )
  6. (en) L.D. Bloch, A.M. Goshiyama, M.F. Dario et C.C. Escudeiro, « Chemical and physical treatments damage Caucasian and Afro‐ethnic hair fibre: analytical and image assays », Journal of the European Academy of Dermatology and Venereology, vol. 33, no 11,‎ , p. 2158–2167 (ISSN 0926-9959 et 1468-3083, DOI 10.1111/jdv.15761, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Eman M. Sanad, Fatma M. El‐Esawy, Amany I. Mustafa et Hala A. Agina, « Structural changes of hair shaft after application of chemical hair straighteners: Clinical and histopathological study », Journal of Cosmetic Dermatology, vol. 18, no 3,‎ , p. 929–935 (ISSN 1473-2130 et 1473-2165, DOI 10.1111/jocd.12752, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Macías-Alonso Begoña, Travis Frantz et Amy J. McMichael, « The Other Side of the Coin: Adverse Effects of Hair Cosmetics », International Society of Hair Restoration Surgery, vol. 29, no 6,‎ , p. 217–226 (ISSN 2641-6719 et 2641-6727, DOI 10.33589/29.6.217, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Le lissage brésilien est dangereux
  10. (fr) Avis de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé relatif aux risques sanitaires d’exposition au formaldéhyde contenu dans certains produits cosmétiques de lissage capillaire
  11. a b et c (en) Carolyn E. Eberle, Dale P. Sandler, Kyla W. Taylor et Alexandra J. White, « Hair dye and chemical straightener use and breast cancer risk in a large US population of black and white women », International Journal of Cancer, vol. 147, no 2,‎ , p. 383–391 (ISSN 0020-7136 et 1097-0215, PMID 31797377, PMCID PMC7246134, DOI 10.1002/ijc.32738, lire en ligne, consulté le )
  12. Marc Gozlan, « Du danger du lissage brésilien pour les reins », sur lemonde.fr - blog Réalités médicales, (consulté le )
  13. (en) Databases du CAS
  14. (en) Formaldehyde Basic information
  15. (en) Methanediol
  16. effets sur la santé
  17. (en)Mise en garde de la FDA du 22 août 2011
  18. (en) C. Boga, P. Taddei, G. Micheletti et F. Ascari, « Formaldehyde replacement with glyoxylic acid in semipermanent hair straightening: a new and multidisciplinary investigation », International Journal of Cosmetic Science, vol. 36, no 5,‎ , p. 459–470 (DOI 10.1111/ics.12148, lire en ligne, consulté le )
  19. (en) C. F. Cruz, M. Martins, J. Egipto et H. Osório, « Changing the shape of hair with keratin peptides », RSC Advances, vol. 7, no 81,‎ , p. 51581–51592 (ISSN 2046-2069, DOI 10.1039/C7RA10461H, lire en ligne, consulté le )
  20. (en) C. F. Cruz, M. Martins, J. Egipto et H. Osório, « Changing the shape of hair with keratin peptides », RSC Advances, vol. 7, no 81,‎ , p. 51581–51592 (ISSN 2046-2069, DOI 10.1039/C7RA10461H, lire en ligne, consulté le )
  21. Mise en garde de l'AFSSAPS et de la DFCCRF
  22. Produits de lissage et risques liés (AFSSAPS)