Le Sang d'un poète

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Le Sang d'un poète

Réalisation Jean Cocteau
Scénario Jean Cocteau
Acteurs principaux
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Film surréaliste
Durée 49 minutes
Sortie 1930

Série

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Le Sang d'un poète est un film français surréaliste réalisé par Jean Cocteau en 1930.

Synopsis[modifier | modifier le code]

Le film se décompose en quatre parties :

Première partie

Une cheminée d'usine s'apprête à tomber. Durant ce temps, dans la chambre d'un poète, une statue sans bras s'anime brusquement. Cette dernière l'invite à plonger dans un miroir et de découvrir un autre monde. Des lieux et des personnages étranges s'offrent à lui : un couloir d'hôtel borgne, une fumerie d'opium, une chambre où l'on donne une leçon de vol à une jeune fille, un hermaphrodite, etc. Le poète s'arrache à ses fascinations malsaines et non sans mal regagne sa chambre. Il détruit la statue, après quoi il devient statue lui-même.

Deuxième partie

Dans une école, le spectateur assiste à une bataille de boules de neige. L'une d'elles, en fait du marbre, heurte de plein fouet un garçonnet et le tue.

Troisième partie

Des spectateurs en habits de soirée viennent assister comme au théâtre, à l'agonie de l'enfant près du corps duquel le poète et une jeune femme jouent aux cartes. Le cœur de l'enfant devient un atout maître dans le jeu. Le poète se suicide, sous les applaudissements des invités.

Quatrième partie

Un tableau vivant représentant la femme statue tenant une lyre et une mappemonde clôture le film. Quand l'on voit que la cheminée d'usine s'écroule, le spectateur se rend compte qu'il ne s'est écoulé qu'une seconde, comme dans un rêve.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Source : IMDb, sauf mention contraire

Distribution[modifier | modifier le code]

Production et réception[modifier | modifier le code]

Le vicomte Charles de Noailles est le mécène du Sang d’un poète, premier film de Jean Cocteau avec un budget d'un million de francs. Il lui commande un film d’animation, et un autre en prise de vue réelle à Luis Buñuel qui réalisera ainsi L'Âge d'or. Cependant, Cocteau, conscient des difficultés que représentent les techniques du cinéma d’animation, propose « de faire un film [en images réelles] aussi libre qu’un dessin animé, en choisissant des visages et des lieux qui correspond[ent] à la liberté où se trouve un dessinateur inventant un monde qui lui est propre »[3]. L’âge d’or et Le Sang d’un poète, tous deux aidés par le Vicomte de Noailles, sont associés au surréalisme, ce que Cocteau a toujours rejeté pour son film. Il est également accusé par des critiques d’avoir « copié sur L’Âge d’or », ce qu’il nie complètement, allant même jusqu’à dire qu’il n’a pas vu le film de Buñuel avant d’avoir terminé son propre film. Le film n’est sorti que le dans la salle du Vieux-Colombier[4] car l’image qu’il donnait de la bourgeoisie n’a pas du tout été appréciée par le Vicomte de Noailles et sa femme. Les critiques ont évolué au cours des années, au point de considérer aujourd’hui ce film comme une œuvre majeure.

Commentaire[modifier | modifier le code]

Le Sang d’un poète laisse entrevoir la suite des œuvres de Cocteau telles qu’Orphée ou Le Testament d'Orphée, à travers des thèmes et des symboles qui lui sont chers tels que la mort, le miroir ou les étoiles. Cocteau nous présente certainement ici son film le plus personnel, où il décrit les souffrances du poète et les affres de la création. En l’espace d’un instant, alors que s’écroule une cheminée, le film se déroule à « la manière dont les souvenirs s’enchaînent et se déforment chez l’homme qui marche et qui dort debout »[5]. Pour Cocteau, son film « n’est qu’une descente en soi-même, une manière d’employer le mécanisme du rêve sans dormir, une bougie maladroite, souvent éteinte par quelque souffle, promenée dans la grande nuit du corps humain. »[6] La temporalité du film est intérieure, semblable à celle d’un rêve. Les événements se déroulent comme ils peuvent le faire dans l’esprit humain, ils s’enchaînent les uns les autres dans une logique qui échappe au spectateur, en dehors de toute linéarité.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Éric Leguèbe, Cinéguide 2001, Omnibus, 2000
  2. 20 janvier 1932 (première mondiale) selon l'IMDb
  3. Jean Cocteau, cité par Jean Collet, « Le sang d’un poète », Télérama, no 840, 20 au 26 février 1966
  4. Clément Borgal, Cocteau, poète de l'au-delà, Téqui, , p. 104
  5. « Notices pour être lue avant Le Sang d’un poète : vers 1949 »
  6. Jean Cocteau, De la difficulté d’être, « Du merveilleux au cinématographe », Éditions du rocher, 1957

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Eléonore Antzenberger, « Le surréalisme dans Le Sang d’un poète », dans Le cinéma des surréalistes, L'Age d'homme, coll. « Mélusine » (no 24), (ISBN 978-2-8251-1861-0, présentation en ligne), p. 79-92

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]