La Mano Negra

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Exécution des anarchistes de Xérès. Illustration du journal français Le Progrès Illustré.

La Mano Negra (« La Main Noire » en espagnol) est une prétendue organisation anarchiste secrète et violente, qui aurait agi en Andalousie à la fin du XIXe siècle et à laquelle on attribua des assassinats ainsi que des incendies de récoltes ou de bâtiments.

Histoire[modifier | modifier le code]

Des pressions furent exercées sur plusieurs témoins, qui firent des aveux impliquant les inculpés. On considéra comme preuve valable un bout de papier trouvé au milieu des montagnes avec la liste des membres supposés de la Mano Negra. En dépit de l'absence de preuves formelles et du fait que les groupes anarchistes de la zone aient affirmé n'avoir aucun lien avec cette organisation, les forces de l'ordre espagnoles menèrent une répression féroce motivée par quatre crimes commis entre la fin de 1882 et le début de 1883 qui déboucha sur la condamnation à mort de quinze paysans ; sept d'entre eux furent exécutés sur la Place du Marché de Jerez de la Frontera le .

L'existence de cette organisation a été remise en question dès l'éclatement de l'affaire et n'a toujours pas reçu d'éclairage satisfaisant[1]. Des études continuent d'être menées sur ce thème ; une théorie très diffusée dans les milieux académiques suggère une invention dans le style des opérations sous fausse bannière ou une manipulation du gouvernement de Sagasta pour réprimer les révoltes paysannes du sud de l'Espagne, comme cela fut déjà insinué par Vicente Blasco Ibáñez dans son roman sociologique de 1905 La Bodega[2],[3],[4]. Néanmoins, Clara E. Lida remet en cause ces théories[5]. Elle suggère notamment que l'existence réelle de la Mano Negra ne doit pas être discutée sur la période 1882-1883, pendant laquelle elle n'existe peut-être plus et sert effectivement de justification à la répression policière, mais plutôt dans une période antérieure (à partir de 1874) pendant laquelle la FTRE et le mouvement anarchiste espagnol étaient contraints à la clandestinité[5].

Références[modifier | modifier le code]

  1. (es) Josep Fontana (dir.) et Ramón Villares (dir.), Historia de España, vol. 7 : Restauración y Dictadura, Barcelone, Crítica / Marcial Pons, , 1re éd., 760 p. (ISBN 978-84-8432-917-6) p. 166
  2. La bodega
  3. Selon l'historien et journaliste Juan Madrid, en référence à la Mano Negra « cet acharnement déconcertant pour imputer aux anarchistes n'importe quel crime dans le but de détériorer l'image du mouvement a été une constante dans l'histoire de ce pays et de tous les pays ».
  4. (es) Diario bahía de Cádiz
  5. a et b Clara E. Lida (trad. de l'anglais), La Mano Negra : Anarchisme rural, sociétés clandestines et répression en Andalousie (1870-1888), Montreuil, L'Échappée, , 126 p. (ISBN 978-2-915830-48-4), p. 73-83

Notes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Clara Lida, La Mano Negra : Anarchisme rural, sociétés clandestines et répression en Andalousie (1870-1888), L'Échappée, 2011.

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