Jean Bahier

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Jean Bahier
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Jean Bahier, ([1], Châtillon-sur-Colmont[2] - ), oratorien français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Il étudie au Collège du Mans où il a comme professeur Jules Mascaron[3]. Il est admis à la Congrégation de l'Oratoire. Il achève ses études dans la maison de Paris, où il est reçu le . Il est envoyé plus tard enseigner les lettres latines en divers collèges de son ordre. Estimé dans sa congrégation, il en est pendant trente ans le secrétaire.

Poète et humaniste, il débute par un petit poème de 150 vers sous forme d'une prière à la Vierge, qu'il met dans la bouche de Fouquet et qu'il adressa au prisonnier Fuquetus in vinculis[4].

Professeur de rhétorique à Troyes, il publie un poème latin, aussitôt traduit en français, sur la description des miniatures du cabinet de Quinault, peintes par J. de Werner. Joseph Werner avait peint à la miniature pour Quinault, son ami, plusieurs petits tableaux historiques ou allégoriques que tout Paris allait admirer. Quinault, qui goûtait, il paraît, le talent poétique de Bahier, le pria de décrire en vers ces tableaux[5].

Bahier professait la rhétorique à Marseille, quand, en 1670, meurt Henriette d'Angleterre, duchesse d'Orléans. Chargé de prononcer son éloge funèbre dans l'église du collège, il parle, selon l'usage, en latin. Cet éloge a été imprimé[6]. Il publie la même année un poème de 600 vers à l'occasion du retour de l'assemblée du clergé de Toussaint Forbin de Janson.

Il meurt le d'une maladie contractée en soignant Henri Vignier, son ami.

Publications[modifier | modifier le code]

  • In Tabellas excellentissimi pictoris Josephi de Werner, ad... Eustachium Quinot, apud quem illae visuntur Trecis, carmen (auctore P. J. Bahier). Trecis : apud F. Jacquard, 1668, in-4 ̊ , 22 p. ;
  • Peinture poétique des tableaux de miniature de M. Quinot, fait par Joseph Werner. Troyes, 1668. Ce poème français obtint les honneurs d'une seconde édition; il a été inséré dans le Recueil des poesies chrétiennes et diverses, publié en 1671 par Henri Louis de Loménie, comte de Brienne, avec une dédicace au prince de Conti par Jean de La Fontaine ;
  • Harangue latine sur Henriette d'Angleterre, duchesse d'Orléans, 1670 ;
  • Poème latin à la louange de T. Forbin de Janson, évêque de Marseille, 1670 ;
  • Remercîment à Monseigneur le duc de Duras... par ses très humbles... serviteurs les prestres de l'Oratoire de Jésus du Collège de Salins. (S. l., vers 1675.), in-4 ̊ . 26 p.

Œuvres manuscrites[modifier | modifier le code]

Ses œuvres manuscrites passées de la bibliothèque de l'Oratoire à la Bibliothèque nationale de France comprennent entre autres pièces :

  • une comédie latine en 3 actes : Drama-comicum ;
  • un volume de poésies latines et française sur des sujets détachés : Stances sur la prose du Saint-Esprit, Paraphrase du psaume IV ;
  • deux tragédies, l'une en vers latins, l'autre en vers français : Pueri martyres et Flavius Clemens ;
  • l'oraison funèbre latine de Gaston de Vendôme, duc de Beaufort ;
  • une epitre à D. Lemore, chanoine du Mans ;
  • une prose latine en l'honneur de Saint Lezin, évêque d'Angers, avec l'éloge obligé de la part d'un oratorien d'Henri Arnauld.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Et non en 1636
  2. Un fait ignoré, relevé par l'abbé Angot, rattache cependant plus étroitement Jean Bahier à son pays natal : il est pourvu le de la cure de Saint-Tugal de Laval, bénéfice qu'il garde sans s'astreindre à la résidence, jusqu'au mois de novembre 1701. Les tendances jansénistes du chapitre de Saint-Tugal et spécialement du doyen Le Verrier explique ce choix.
  3. Le maître avait deux ans de plus que son élève.
  4. Cette pièce fut imprimée, mais on ne la connait plus que par une copie conservée à la bibliothèque du Mans.
  5. Voici la description d'un portrait de Pallas: Voyez celte action, cette attitude juste, Ce mouvement, ce port et cette mine auguste, Cet air d'intelligence et ce feu gracieux, Ces esprits animés qui partent de ses yeux, Et ce modeste orgueil qui plait et qui menace, Cette belle fierté qui donne de la grâce... Voyez-la sur son trône et rêveuse et pensive: A quelque grand projet son âme est attentive; Elle penche sa tête et sa main sans eflort La soutient, et lui sert d'un commode support. Cette retraite même, où son âme enfoncée S'entretient en silence avecque sa pensée, Fait voir dessus son front, par de justes accords, Le secret de son cœur, le dedans au dehors. Les arts font autour d'elle un trophée à sa gloire, Et de ses faits divers une muette histoire. On trouve, dans le même poème, une traduction du distique d'Ausone sur les infortunes de Didon: Je plains aussi, Didon, de tes deux mariages Ou les tristes succès, ou les cruels outrages. Tes époux l'un et l'autre ont causé tes malheurs: Lorsque l'un meurt, tu fuis; quand l'autre fuit, tu meurs. ncore ce portrait de la reine Artémise: L'amour ingénieux qui grava dans son âme L'image de Mausole avec des traits de flamme, Et qui charma leurs cœurs par de communs appas, Les réunit jadis en dépit du trépas. Le crayon de Werner, en cette autre figure, Aujourd'hui fait revivre une flamme si pure, Et ce riche portrait, qu'il a produit au jour, Est un beau monument qu'il dresse à leur amour. Artémise en son deuil, et sans pleurs et sans plainte, Exprime la douleur dont son âme est atteinte. Si la plainte et les pleurs avaient un libre cours, Ses maux en recevraient, du moins, quelque secours; Mais comme son amour pour Mausole est extrême, Son cœur ne se plaint pas d'une peine qu'il aime; Et cet amour paraît, même encore aujourd'hui, Cultiver sa tristesse et nourrir son ennui: Car ce grand peintre a su tracer sur son visage De ces deux mouvements une commune image. L'un est peint sur son front et l'autre dans ses yeux, Par des traits différents de pâleur et de feux; Et ses beaux yeux, encore éclatants de lumière, Conservent son amour sous leur pâle paupière. La douleur sur son front à peine a respecté Les beaux traits de sa grâce et de sa majesté; L'on en peut pourtant voir de magnifiques restes.... C'est ainsi qu'Artémise, et sans voix et sans pleurs, Sur un lit de parade étale ses douleurs. Près d'elle est un tombeau d'une riche structure, Qui sert de monument à la race future, Et, malgré les rigueurs et des temps et du sort, Fait vivre son amour mêmes après sa mort... Mais enfin, pour pompeux que fût ce mausolée Dont vous voyez ici la structure égalée, Ce n'était rien au prix de ce tombeau vivant Que la reine en son cœur dressait à son amant. Quoique ce beau chef-d'œuvre, en son architecture, Ait lassé tous les arts, épuisé la nature, Son cœur, peu satisfait de ses riches travaux, Ne peut souffrir le marbre et l'or pour ses rivaux. Voici donc que pour rendre à son époux la vie, Que malgré son amour la mort avait ravie, Par un rare secret d'un zèle plus qu'humain, Cette reine s'en fut, une coupe à la main, Boire de son amant la cendre bien aimée, Et lui faire en son cœur une tombe animée... Amants trois fois heureux dans vos chastes amours, Si la mort n'en eût point interrompu le cours! Mais Artémise est morte, aussi bien que Mausole, Et ce riche tombeau, ce magnifique mole, Où devaient à jamais vivre ces deux amants, N'a pu se garantir de l'injure des ans. Même à peine avons-nous aujourd'hui dans l'histoire Du naufrage des temps sauvé votre mémoire. Consolez-vous pourtant dans un sort si fâcheux, Vous revivrez encore aux yeux de nos neveux, Puisque du grand Werner la peinture éternelle Rendra de vos amours la mémoire immortelle !...
  6. Il est rare, et Hauréau indique qu'il serait peut-être curieux de le comparer aux autres panégyriques de la même princesse, par Bossuet, Mascaron et Sénault.

Source partielle[modifier | modifier le code]

Peintre : 2 œuvres : le phare de Biaritz et Pont de Normandie.