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Jean-Baptiste Willermoz

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Jean-Baptiste Willermoz

Jean-Baptiste Willermoz (Lyon, 1730 - Lyon, 1824) est un franc-maçon français qui joue un rôle important dans la constitution des systèmes de hauts grades maçonniques de son temps en France et en Allemagne.

Biographie

Jean-Baptiste Willermoz est né le 10 juillet 1730 à Lyon (Rhône). Aîné de 13 enfants, il vit principalement à Lyon. Frère de Pierre-Jacques Willermoz, médecin et chimiste collabore également à l'Encyclopédie de Diderot et D'Alembert.

Grand bourgeois, fabricant d'étoffes de soie et d'argent rue des Quatre-Chapeaux, administrateur bénévole d’œuvres de bienfaisance, il joue un rôle important dans la franc-maçonnerie européenne de son temps, où il est initié à l'âge de 20 ans et devint Vénérable à 23 ans[1].

Mystique, passionné des mystères secrets de l'initiation, il contribue à la création de la Grande Loge des Maîtres Réguliers de Lyon et en devient le Grand Maître en 1761. Cette Grande Loge pratique les sept hauts grades de l'époque et y ajoute un huitième dénommé « Grand Maître Écossais, Chevalier de l'Épée et de Rose-Croix ». Willermoz fonde dans ce cadre en 1763 en compagnie de son frère Pierre-Jacques un atelier nommé « Souverain Chapitre des Chevaliers de l'Aigle Noir Rose-Croix » qui s'intéresse à la recherche alchimique[2].

Il est admis aux premiers grades de l'ordre des Élus Coëns à Versailles en 1767 sur la recommandation de Bacon de la Chevalerie et du marquis de Lusignan. Après la mort de Martines de Pasqually en septembre 1774, il engage avec Louis-Claude de Saint-Martin un examen complet de la doctrine des élus coëns, sous la forme de Leçons, dites "Leçons de Lyon" qui se déroulent du 7 janvier 1774 au 23 octobre 1776. Il précise dans une lettre de 1780 au Prince de Hesse qu'il est reçu au grade de Réau-Croix dans l'Ordre de Martinès de Pasqually[2].

Dans les années 1770, il entre en contact avec le baron de Hund et l'ordre allemand de la Stricte observance templière (S.O.T.) dont il devient membre sous le nom de Eques ab Eremo et chancelier du chapitre de Lyon. C'est sous son impulsion que se réunit le « Convent des Gaules », à Lyon, en 1778 qui reconnaît les grades de Profès et Grands Profès et constitue l'Ordre des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte (C.B.C.S.)[2].

En 1782, Willermoz écrit qu'il distingue trois sortes de maçons alchimistes:

  • Ceux qui pensent que le but de la maçonnerie est la fabrication de la Pierre philosophale.
  • Ceux qui recherchent la Panacée.
  • Ceux qui recherchent la Science du Grand Œuvre, par lequel l'homme retrouverait la sagesse et les pratiques du christianisme primitif (courant dans lequel il s'inscrivait)[2].

Suite à des dissensions au sein de la S.O.T., Willermoz organise en juillet 1782 le convent de Wilhelmsbad auquel assisteront 33 délégués européens et qui voit la création du Rite écossais rectifié. Il y défendit, alors qu'auparavant Joseph de Maistre lui avait fait parvenir son célèbre Mémoire au duc de Brunswick, le courant du Martinésisme mais n'est pas suivi dans cette démarche par les autres délégués[2].

Très réservé au sujet de comte de Cagliostro, dont il juge, suite à plusieurs entretiens, le christianisme peu "orthodoxe" à ses yeux, il invite les membres de la Bienfaisance à ne point accorder leur confiance au fondateur en 1785 à Paris, de la première loge mère du rite égyptien, dont le nom était la "Sagesse Triomphante"[3].

Inquiété, puis recherché pendant la Révolution, il se cache dans l'Ain, dans une maison appartenant à son frère Pierre-Jacques, emportant avec lui ses importantes archives maçonniques[2].

Nommé conseiller général du département du Rhône par le Premier Consul le 1er juin 1800, il le reste pendant 15 ans. Il reprend ses activités maçonniques à l'occasion de la reprise des activités des C.B.C.S. en 1804, jusqu'à sa mort à l'âge de 94 ans, le 29 mai 1824[2].

Sa devise était "L'Union fait la force". Elle pourrait avoir influencé[réf. souhaitée] celle de la Belgique dont de nombreux Francs-Maçons figuraient parmi les Constituants de 1830 (Alexandre Gendebien, Constantin Rodenbach, Eugène Defacqz, un des rédacteurs de la Constitution, etc.)

Bibliographie

Œuvres de J.-B. Willermoz

  • Les sommeils, édi. par E. Dermenghem, La Connaissance, 1926
  • Les conférences des Elus Cohens de Lyon (1774-1776), aux sources du Régime Ecossais Rectifié, édi. par Antoine Faivre, Braine-le-Comte, Editions du Baucens, 1975.
  • Actes du Convent de Wilhelmsbad, "Préavis" (29 juil. 1782), Les Cahiers Verts (Bulletin intérieur du Grand Prieuré des Gaules, 7 (1985), 8 (1896), 9 (1988).
  • Les Leçons de Lyon aux Elus Coëns, un cours de martinisme au XVIII° siècle par Louis-Claude de Saint-Martin, Jean-Jacques Du Roy d'Hauterive, Jean-Baptiste Willermoz, édi. par Robert Amadou, Dervy, 1999.
  • Jean-Baptiste Willermoz, Fondateur du Régime Écossais Rectifié, Textes choisis et présentés par Jean-Marc Vivenza, Editions Signatura, 2012.

Études sur J.-B. Willermoz

  • Jean-Pierre Bayard, Symbolisme maçonnique traditionnel, vol. 2, EDIMAF, (ISBN 290-3846-19-7)
  • Pierre Chevallier, Histoire de la franc-maçonnerie française, 3 volumes, Fayard, 1974.
  • Jean-Marc Vivenza, Le Martinisme, l'enseignement secret des maîtres : Martinès de Pasqually, Louis-Claude de Saint-Martin et Jean-Baptiste Willermoz fondateur du Rite Ecossais Rectifié, Le Mercure Dauphinois, 2005.
  • Patrice Béghain, Bruno Benoit, Gérard Corneloup, Bruno Thévenon, Dictionnaire historique de Lyon, Stéphane Bachès, 2009, Lyon, 1054 p., (ISBN 2-915266-65-8[à vérifier : ISBN invalide])
  • Jean-Marc Vivenza, Les élus coëns et le Régime Écossais Rectifié : de l'influence de la doctrine de Martinès de Pasqually sur Jean-Baptiste Willermoz, Le Mercure Dauphinois, 2010.
  • Eric Kaija Guerrier, La Traversée de l'Intervalle (un livre-disque consacré aux aperçus fragmentaires de l'influence de la mystique rhénanique sur la franc-maçonnerie christique), Paris, Éditions Yves Meillier et Balandras Éditions, 2010.
  • Dominique Sappia, "Présentation et étude de la Correspondance entre Jean-Baptiste Willermoz et Claude-François Achard & Nouveaux Documents concernant La Triple Union de Marseille. 1ère Partie : 1786-1801" in: Renaissance Traditionnelle no 163-164, juin-septembre 2011, p. 201 à 230.
  • Dominique Sappia, "Étude de la Correspondance entre Jean-Baptiste Willermoz et Claude-François Achard & Nouveaux Documents concernant La Triple Union de Marseille. 2ème Partie : 1801-1804" in: Renaissance Traditionnelle (à paraître).
  • Dominique Sappia, "Étude de la Correspondance entre Jean-Baptiste Willermoz et La Triple Union de Marseille. 3ème Partie : 1804-1805" in: Renaissance Traditionnelle (à paraître).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Dictionnaire historique de Lyon p.1387
  2. a b c d e f et g (Bayard 1981, p. 245-248)
  3. « Willermoz a conté ses entrevues avec Cagliostro à Charles de Hesse (Lettre du 6 au 8 novembre 1784. (« Il venait dans le désir d'établir le rite égyptien en France et son chef-lieu à Lyon. Il avait jeté les yeux pour cela sur la Loge de la Bienfaisance de Lyon ») ; il en fit part aussi, d'une façon plus officielle, au duc d'Havré de Croy, le 13 décembre 1785 (Lyon, ms. 5458, pièce 11). Ils eurent ensemble quatre entretiens longs et graves, dont le dernier ne dura pas moins de cinq heures. La dernière conversation porta sur la nature de Jésus-Christ. « Il parut, écrit Willermoz, embarrassé et hésita. Il termina cependant par déclarer que Jésus-Christ n'est pas Dieu, qu'il était seulement fils de Dieu, comme lui Cagliostro, et un philosophe. Je lui demandai comment donc il expliquait tels et tels passages de l'Évangile qu'il avait nommés quelquefois. Il prétendit que tous ces versets étaient faux et ajoutés au texte. Il me demanda à son tour quelle était ma croyance sur ce point. Je lui fis ma profession de foi. » (Willermoz, Lettre à Ch. de Hesse, 8, 9 novembre 1784).L'aventurier sentit que la partie était perdue. Mais il était homme à chercher avantage même d'une défaite. Celle-là lui permettait de revenir sur ses embarrassantes promesses. Il allégua qu'étant donnée cette différence de croyance, il lui était impossible de donner aucune preuve de son pouvoir. À quoi l'autre répliqua qu'une différence d'opinion n'empêchait pas les faits. Cagliostro persista dans son refus. Willermoz fit remarquer que c'était manquer à la parole donnée. Cagliostro prétendit qu'on la lui avait extorquée. Willermoz se fâcha devant une mauvaise foi aussi impudente." (A. Joly, Un mystique lyonnais et les secrets de la franc-maçonnerie, 1730-1824, Protat Frères, 1938, pp. 209- 211).