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Jan Steen

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Jan Steen
Autoportrait de Jan Steen, 1670
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Jan Havicksz. SteenVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
néerlandaise
Drapeau des Provinces-Unies Provinces-Unies
Activité
Maître
Élève
Lieux de travail
Mouvement
Conjoint
Grietje Van Goyen (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales

Jan Havicksz. Steen (Leyde, 1625 ou 1626 – enterré à Leyde, le 23 février 1679) est un peintre néerlandais (Provinces-Unies) du siècle d’or. Représentant du baroque, il figure parmi les peintres de genre néerlandais les plus importants de son époque. Il a peint quelques centaines de tableaux, de qualités inégales, mais caractérisés, surtout, par la connaissance du cœur humain, l’humour, et une utilisation exubérante de la couleur. Il représente fréquemment des valeurs morales dans des scènes du quotidien, en recourant à des images la plupart du temps symboliques.

Biographie

Jan Steen est né à Leyde où ses parents, Havick Steen, marchand de grains et brasseur, et Elisabeth Capiteyn, exploitaient depuis plusieurs génération une taverne, « La Hallebarde rouge »[1]. Catholiques aisés, il se marièrent en 1625 devant les échevins et, selon toute vraisemblance, quelque temps après dans une schuilkerk. Jan sera l’aîné de huit enfants.

En 1639, Jan Steen fréquente probablement l’école latine de Leyde[2], tout comme Rembrandt (1606-1669), son illustre contemporain. Il part ensuite faire son apprentissage vraisemblablement à Utrecht, chez Nicolaus Knüpfer (1603-1660), un peintre allemand de tableaux historiques et figuratifs, dont l’influence est visible dans les compositions et l’emploi des couleurs de Steen. Une autre de ses sources d’inspiration sera Adriaen Van Ostade (1610-1685), peintre de la vie paysanne qui vécut à Haarlem ; on ignore cependant si Steen fut effectivement son élève. Parmi ses maîtres, on cite aussi le nom de Dirck Hals.

En 1646, Jan Steen fréquente l’Université de Leyde[3] puis, deux ans plus tard, en mars 1648, il s'inscrit à la guilde de Saint-Luc locale et collabore avec Gabriel Metsu.

Autoportrait en joueur de luth.
Paysans devant une auberge.

En 1649, à La Haye, il entre au service du peintre paysagiste Jan Van Goyen (1596-1656), dont il épouse la fille, Margriet (Grietje), le 3 octobre de la même année. Le couple, qui aura au moins cinq enfants[4], vit alors chez Van Goyen sur la Bierkade. La collaboration entre les deux peintres durera cinq ans.

En 1654, Steen devient membre de la schutterij[5] locale. La même année, tout en se rendant toujours régulièrement à Leyde, il part s’établir à Delft, où il tient la brasserie De Slange (« Le Serpent »)[6], sans grand succès : la terrible explosion de la poudrière, qui dévasta une grande partie de la ville, avait mit un frein à l’économie locale.

De 1656/1657 à 1660, il vit dans une petite maison à Warmond, non loin de Leyde, et cesse bien vite de s'occuper du Slange. En 1660, il s’installe à Haarlem, où il s'inscrit dans la guilde de Saint-Luc l'année suivante. C'est là qu'il connaîtra sa période la plus productive.

En 1670, année de la mort de son père, et un an après celle de sa femme, Steen retourne vivre à Leyde où, jusqu’à son propre décès, il occupe une maison héritée de ses parents. Durant cette période, il est souvent accompagné par Frans Van Mieris. En 1671, il est choisi une première fois pour diriger la guilde des artistes, une fonction qu’il devait à nouveau exercer trois ans plus tard. Il obtient l’autorisation d’exploiter une autre taverne, De Vrede (« La Paix ») et, vers 1673[7], il se remarie avec la veuve d’un libraire, Maria Van Egmont, avec laquelle il aura ses sixième et septième enfants.

Jan Steen meurt en février 1679, âgé de 54 ans. Son corps est inhumé dans un caveau de famille de la Pieterskerk (« église Saint-Pierre ») à Leyde. Sa fille, Catherina, épousa le peintre de marines Jan Porcellis.

Le Monde à l'envers.

Œuvre

Le style de Jan Steen appartient au baroque. Peintre prolifique, il a réalisé près de huit cents peintures dont moins de la moitié ont été préservées.

La vie quotidienne constitue le sujet de prédilection de Jan Steen. Un bon nombre de tableaux sont pleins d’animation, voire chaotiques et luxurieux, à tel point que ce genre de scènes a donné naissance à une expression couramment utilisée en néerlandais : « een huishouden van Jan Steen », c'est-à-dire « un ménage de (à la) Jan Steen »[8]. Ses peintures renferment des indices subtils et de nombreux symboles qui laissent entendre que Jan Steen ne veut pas tant inviter le spectateur à imiter ce qui est représenté que, au contraire, donner à celui-ci une leçon morale. Souvent, elles se réfèrent à de vieux proverbes ou à d’anciens textes littéraires néerlandais. La famille du peintre faisait souvent fonction de modèle.

En dehors des peintures de genre, Steen a exploré des sujets variés : il a peint des scènes historiques, mythologiques et religieuses (Samson parmi les Philistins, Amnon et Hagar, Les Noces de Cana…), des portraits – dont quelques autoportraits, peu vaniteux –, des natures mortes et des paysages. On vante ses représentations d’enfants, de même que sa maîtrise de la lumière et son souci du détail, notamment dans le rendu des matières textiles.

L’œuvre de Jan Steen put également jouir de l’estime de ses contemporains et, de ce fait, il gagna assez bien sa vie. À l’exception de deux de ses fils, Cornelis et Thadeus Steen[9], on ne lui connaît aucun élève, mais son travail constitua une source d’inspiration pour bien d'autres artistes.

Sélection de quelques tableaux de Jan Steen

Image Titre Année Technique Format Collection
Ainsi chantaient les Anciens, ainsi gazouillent les jeunes (Soo d'Ouden Songen, Soo Pypen de Jongen...) [Baptême] 1663-1665 (ca.) Huile sur toile 134 × 163 cm Mauritshuis, La Haye
Ainsi gagné, ainsi dépensé (Soo gewonne, soo verteert) 1661 Huile sur toile 79 × 104 cm Musée Boijmans Van Beuningen, Rotterdam
Amnon et Thamar 1651-1675 (ca.) Huile sur panneau 64,5 x 83 cm Wallraf-Richartz-Museum, Cologne
L’Arracheur de dent 1651 Huile sur panneau 32,5 x 26,7 cm Mauritshuis, La Haye
Auberge 1651-1675 (ca.) Huile sur toile 68 × 82 cm Mauritshuis, La Haye
Autoportrait 1670 Rijksmuseum, Amsterdam
Autoportrait en joueur de luth 1663-1665 (ca.) Huile sur panneau 55,5 x 44 cm Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid
Le Baptême de l’enfant Huile sur toile 83 x 99 cm Gemäldegalerie, Berlin
Le Bénédicité 1660 Huile sur panneau 52,7 x 44,5 cm Morrison Collection
Le Bénédicité 1663-1665 (ca.) Huile sur toile 99 x 84 cm Coll. privée
Le Bourgmestre de Delft et sa fille 1655 Huile sur toile 82,5 x 68,5 cm Rijksmuseum, Amsterdam
Le Buveur Smith College Museum of Art, Northampton - Massachusetts
La Cage au perroquet 1651-1675 (ca.) Huile sur panneau 50 x 40 cm Rijksmuseum, Amsterdam
Le Couple dansant 1663 National Gallery of Art, Washington
Des Enfants apprennent à lire à un chat Huile sur panneau (chêne) 45 x 35,5 cm Kunstmuseum, Bâle
L’École de garçons et de filles 1670 (ca.) Huile sur toile 81,7 x 108,6 cm National Galleries of Scotland, Édimbourg
L’École du village
L’École du village 1663-1665 (ca.) Huile sur toile 109 x 81 cm National Gallery of Ireland, Dublin
Enfants apprenant à danser à un chat 1665-1668 Huile sur panneau 68,5 x 59 cm Rijksmuseum, Amsterdam
Fable du satyre et du paysan
La Famille aux chats 1651-1675 (ca.) Huile sur toile 150 × 148 cm Szépművészeti Múzeum, Budapest
La Fête des Rois 1668 (ca.) Huile sur toile 80 x 105 cm Staatliche Museen, Kassel
Le Fiancé trompé ou Noce au village 1670 (ca.) Huile sur toile 57 x 68 cm Kunsthistorisches Museum, Vienne
Jeune Fille aux huîtres 1651-1675 (ca.) Huile sur panneau 20,5 × 14,5 cm Mauritshuis, La Haye
Joueurs de quilles devant l'auberge 1650 (ca.) Huile sur panneau 33,5 × 27 cm National Gallery, Londres
La Joueuse de cistre 1651-1675 (ca.) Huile sur panneau 31 × 27,5 cm Mauritshuis, La Haye
La Joyeuse Famille 1668 Huile sur toile 110,5 x 141 cm Rijksmuseum, Amsterdam
Le vin est un moqueur 1663-1664 (ca.) Huile sur toile 87,3 × 104,8 cm
Le Maître d’école sévère 1668 (ca.) Huile sur panneau 57,5 x 57 cm Coll. privée
Le Monde à l’envers 1663 (ca.) Huile sur toile 105 x 145 cm Kunsthistorisches Museum, Vienne
Les Noces de Cana 1670–72 Huile sur panneau National Gallery of Ireland, Dublin
La Nuit de noce de Tobie et Sarah[10]
L’Orateur couronné 1651-1675 (ca.) Huile sur toile 70 x 61 cm Alte Pinakothek, Munich
Paysans devant une auberge 1653 Huile sur toile Museum of Art, Toledo - Ohio
Paysans jouant aux quilles 1655 (ca.) Huile sur panneau (chêne) 68 x 87 cm Kunsthistorisches Museum, Vienne
La Petite Quêteuse d’aumône 1663-1665 (ca.) Huile sur panneau 59 x 51 cm Musée du Petition Palais, Paris
La Saint-Nicolas 1665-1668 (ca.) Huile sur toile 82 x 70,5 cm Rijksmuseum, Amsterdam
La Tonnelle de l’auberge 1661-1663 (ca.) Huile sur toile 68 x 58 cm Gemäldegalerie, Berlin
La Visite 1651-1675 (ca.) Huile sur panneau (chêne) 61,6 x 46 cm Szépművészeti Múzeum, Budapest
La Visite du docteur Huile sur panneau 49 × 42 cm

Trivia

  • Un même petit chien joue assez régulièrement un rôle dans ses tableaux (Ainsi chantaient..., Ainsi gagné..., Auberge, Enfants apprenant à danser à un chat, L'Épiphanie...). Il s’agit en fait d’une ancienne race canine néerlandaise : le kooikerhondje. On peut supposer que le chien représenté, vu la fréquence avec laquelle il apparaît, appartenait à Steen, ou que, du moins, le peintre possédait un tel chien.
  • Le 1er novembre 2008, un buste de bronze de Jan Steen fut inauguré en face du numéro 36 de la Jan Steenlaan (« Avenue Jan Steen ») à Warmond, la maison où le peintre passa près de cinq ans de sa vie. La sculpture est l’œuvre de Jeroen Spijker, de Leyde, qui a par ailleurs également immortalisé le chanteur néerlandais Ramses Shaffy.

Notes et références

  1. Selon l’article du wikipédia en anglais, qui ne cite pas sa source.
  2. S. Bruno (2008), p. 329
  3. Son nom figure dans les registres d'inscription de l'université - S. Bruno (2008).
  4. Enfants connus : Thadeus, baptisé dans l’église catholique de l’ancienne Molstraat à La Haye le 6 février 1651, Eva, baptisée dans la même église le 12 décember 1653, puis Cornelis, Catherine et John dont on ignore les dates de naissance.
  5. La Schutterij était une sorte de milice composée de volontaires qui exista aux Pays-Bas au Moyen-Âge et jusqu'au début de l'époque moderne ; elle avait pour rôle de protéger les villes.
  6. S. Bruno (2008). – Il aurait également tenu une autre brasserie, De Roscam (« L’Étrille »), selon les articles du wikipédia en allemand et en anglais, qui ne citent pas leur source.
  7. S. Bruno (2008)
  8. Par exemple « Het lijkt hier wel een huishouden van Jan Steen ! », pourrait se traduire par : « Non mais, regardez-moi ça quel fourbi ! »
  9. Rijksbureau voor Kunsthistorische Documentatie – RKD.
  10. [1]

Sources

  • (nl) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en néerlandais intitulé « Jan Steen » (voir la liste des auteurs).
  • (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Jan Steen » (voir la liste des auteurs).
  • (fr) Silvia Bruno, Rembrandt et la peinture hollandaise du XVIIe siècle, Le Figaro, coll. « Les Grands Maîtres de l'art, 14 », Paris, 2008 (ISBN 978-2-8105-0013-0). – Traduit de l'italien (Rembrandt nel Seicento olandese).

Bibliographie

  • (en) W. Liedtke, Dutch paintings in the Metropolitan Museum of Art, 2007.
  • (ne) Guido M.C. Jansen (dir.), Jan Steen schilder en verteller, 1996 – catalogue d’exposition Rijksmuseum, Amsterdam et National Gallery of Art, Washington, D.C.
  • (ne) W. Th. Kloek, Een huishouden van Jan Steen, Uitgeverij Verloren, 1998 (ISBN 90-6550-444-3).
  • (ne) T. Van Westrheene, Jan Steen, La Haye, 1856.
  • (de) « Steen », dans Meyers Konversations-Lexikon, vol. 15, 4e éd., Bibliographisches Institut, Leipzig, 1885-1892, p. 253

Liens externes

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