Jacques-Charles Poncet

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Jacques-Charles Poncet
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Charles-Jacques PoncetVoir et modifier les données sur Wikidata
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Jacques-Charles Poncet, dont le prénom est parfois écrit Charles-Jacques, né à Saint-Claude (Franche-Comté espagnole) en 1655 et mort à Ispahan en 1706 (ou en 1708[1]), est un médecin et explorateur français. Son expédition en Éthiopie constitue l'un des rares contacts de ce pays avec des Européens, qui en restèrent quasiment exclus pendant un siècle et demi au cours des XVIIe et XVIIIe siècles[2]. Sa relation de voyage est empreinte d'un esprit scientifique orienté vers les observations concrètes, à la différence des précédentes écrites par des jésuites plus préoccupés par la spiritualité[3].

Biographie[modifier | modifier le code]

Médecin et apothicaire au Caire depuis 1691, il est envoyé par le consul de France Benoît de Maillet en Abyssinie pour y soigner le roi et son fils[4]. Il part ainsi en avec une caravane et, en passant par Sennar qu'il quitte le , il arrive à la cour du roi à Gondar, où le négus Iyasou Ier le reçoit le [1].

Rentré en Égypte en 1700, il revient en France la même année et paraît à la cour de Louis XIV en costume abyssin[5]. Mais à la suite d'un différend avec Benoît de Maillet, il est calomnié et la véracité de son voyage en Éthiopie est contestée. Déçu, il revient en mer Rouge en 1702 pour embarquer à destination du comptoir français de Surate, où il espère faire fortune. En 1706, il s'établit en Perse pour y mourir dans les deux années qui suivent, oublié de tous[3]. Il faut attendre la fin du XVIIIe siècle pour qu'il soit réhabilité par le récit de voyage de James Bruce, qui confirme en grande partie les observations de Poncet.

Poncet a narré son voyage dans sa Relation de mon voyage d'Éthiopie, 1698-1701.

Œuvre[modifier | modifier le code]

  • Jacques-Charles Poncet et Éric Poix (éditeur) (préf. José-Marie Bel), Relation de mon voyage d'Éthiopie, 1698 - 1701 : un médecin français à la cour de Gondar sous Louis XIV ; la véritable histoire de l'Abyssin, Besançon, La Lanterne magique, , 222 p. (ISBN 978-2-916180-11-3).
  • A Voyage to Æthiopia Made in the Year 1698, 1699, and 1700 (traduction anglaise de son journal de voyage)[6].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Joseph Fr. Michaud, Louis Gabriel Michaud, Biographie universelle, 1823, p. 341-345
  • François Pouillon, Dictionnaire des orientalistes de langue française, 2008, p. 772
  • François Angelier, Dictionnaire des Voyageurs et Explorateurs occidentaux, Pygmalion, 2011, p. 557-558 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Relations, lettres et mémoires concernant l'ambassade en Éthiopie[7] :
    • « Relation du sieur Maillet envoyée à M. de Ferriol ambassadeur pour le Roi à la Porte » (p. 359-405).
    • « Mémoire sur l'ambassade du sieur Murat Eben-Madeloun, envoyé du roi d'Éthiopie » (p. 406-420).
    • « Relation des choses qui se sont passées au sujet de l'ambassadeur d'Éthiopie. Cette relation est en faveur de Murat Eben-Madeloun » (p. 421-427).
    • « Mémoire touchant le nommé Murat, prétendu ambassadeur du roi d'Éthiopie en France, venu au Caire sous ce titre supposé » (p. 428-435).
  • « Lettre datée du grand Caire le . Extrait du Mercure galant, . »[8]
  • Note sur la relation manuscrite d'un voyage en Éthiopie offerte par Ch. Poncet au pape Clément XI[9]

Postérité romanesque[modifier | modifier le code]

Jean-Christophe Rufin s'inspire très partiellement de sa vie, dans son roman L'Abyssin (1997), mais fait le choix délibéré de renommer son personnage principal « Jean-Baptiste », de le faire naître beaucoup plus tard que le véritable Poncet (dans le premier chapitre, il le dit âgé de 28 ans en 1699) et de le faire survivre à la mort de Charles-Jacques, survenue en 1708 : l'épilogue du roman invente en effet une correspondance échangée après la mort de Louis XIV — survenue en 1715 — entre « Jean-Baptiste » et le régent Philippe d'Orléans, qui tente en vain de le convaincre d'effectuer un voyage jusqu'à Paris[10].

Le personnage romanesque de « Jean-Baptiste Poncet » réapparaît en outre dans un autre roman de Jean-Christophe Rufin, Sauver Ispahan, dont l'action se déroule à partir de 1721, en Perse et dans l'Asie centrale. Jean-Christophe Rufin s'explique brièvement, dans une annexe titrée « À propos des sources de L'Abyssin et de Sauver Ispahan », sur certaines libertés prises dans la fiction par rapport à la réalité historique[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Jean-Baptiste-Benoît Eyriès, Voyage pittoresque en Asie et en Afrique : résumé général des voyages anciens et modernes, Paris, Furne et Cie, , 160 p. (lire en ligne), p. 37-38
  2. Yves Boulvert, « Poncet (Jacques-Charles) : « Relation de mon voyage d’Ethiopie, 1698-1701. Un médecin français à la cour de Gondar sous Louis XIV. La véritable histoire de l’Abyssin » Préface de José-Marie Bel. Texte établi et présenté par Eric Poix. Editions La Lanterne magique, 2010, Besançon, 222 pages », Bulletin de liaison des membres de la Société de Géographie, no 16,‎ , p. 43 (lire en ligne [PDF])
  3. a et b (en) Ronald S. Love, « A French Physician at the Court of Gondar: Poncet's Ethiopia in the 1690s », Proceedings of the Western Society for French History, vol. 31,‎ , p. 103-124 (lire en ligne)
  4. Pierre-Jacques Charliat, Le temps des grands voiliers, tome III de Histoire Universelle des Explorations publiée sous la direction de L.-H. Parias, Paris, Nouvelle Librairie de France, 1957, p. 103
  5. Ferdinand Hoefer (dir.), Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, avec les renseignements bibliographiques et l'indication des sources à consulter, t. 40, Paris, Firmin Didot Frères, Fils et Cie, , 1024 p. (lire en ligne), p. 738-739
  6. (en) Sir William Foster, The Red Sea and Adjacent Countries at the Close of the Seventeenth Century : As described by Joseph Pitts, William Daniel, and Charles Jacques Poncet, Londres, The Hakluyt Society, coll. « Works issued by the Hakluyt Society / 2 » (no 100), (lire en ligne)
    Publié en français pour la première fois en 1704, l'ouvrage de Poncet a été traduit et publié en anglais en 1709, puis reproduit par Foster en 1949 (cf. Love, 2003)
  7. Gerónimo Lobo et Joachim Le Grand, Relation historique d'Abissinie du R. P. Jérôme Lobo, de la Compagnie de Jésus. Traduite du portugais, continuée et augmentée de plusieurs dissertations, lettres et mémoires par M. Le Grand, Paris, Vve de A.-V. Coustelier et J. Guérin, , 514 p. (lire en ligne), p. 359-435
  8. Henri Ternaux-Compans, Archives des voyages, ou Collection d'anciennes relations inédites ou très-rares de lettres mémoires itinéraires et autres documents relatifs à la géographie et aux voyages et d'anecdotes relatives aux voyageurs, tirées des mémoires du temps, t. 2, Paris, Arthus Bertrand, , 474 p. (lire en ligne), « Troisième livraison - Relations inédites », p. 209-226
  9. « Note sur la relation manuscrite d'un voyage en Éthiopie offerte par Ch. Poncet au pape Clément XI, par M. le Dr Bonnet, préparateur au Muséum d'histoire naturelle », Bulletin de géographie historique et descriptive, Paris, Ernest Leroux, no 1,‎ , p. 296-301 (lire en ligne)
  10. Jean-Christophe Rufin, L'Abyssin : relation des extraordinaires voyages de Jean-Baptiste Poncet, ambassadeur du Négus auprès de sa majesté Louis XIV, Paris, éd. Gallimard, coll. « Blanche », , 579 p., 21 cm (ISBN 978-2-07-074652-1, BNF 35864974), « Épilogue » :
    « À la mort de Louis XIV, ils apprirent, avec retard, la régence du duc d'Orléans, que Jean-Baptiste avait manqué de connaître lorsqu'il était encore duc de Chartres. Il lui écrivit. Le Régent répondit de sa main, exprima le vif désir de les recevoir à Paris. Jean-Baptiste consulta Alix ; finalement, ils décidèrent de ne point quitter leurs montagnes douces ni leurs roses. »
  11. Jean-Christophe Rufin, Sauver Ispahan, Paris, éd. Gallimard, coll. « Blanche », , 510 p., 21 cm (ISBN 978-2-07-075353-6, BNF 36710812), « « À propos des sources de L'Abyssin et de Sauver Ispahan » » :
    « (…) Poncet est un être hybride, véridique par un côté de sa vie (apothicaire, envoyé vers l’Abyssinie en compagnie d’un jésuite, jugé à Paris pour affabulation, etc.), il est imaginaire par tout un autre (ce qui explique qu’on lui ait laissé son nom mais changé son prénom, qui était Charles-Jacques). Le vrai Poncet n’a pas rompu avec les jésuites, il est plutôt devenu leur instrument. Cette idée d’un personnage solaire, souverain, qui protège et referme derrière lui le pays qu’il a découvert, appartient en propre au projet romanesque de L’Abyssin, et non à l’histoire véridique.

Liens externes[modifier | modifier le code]