Jacob ben Eléazar de Tolède
Jacob ben Eléazar de Tolède est un poète, grammairien et lexicographe hébraïsant du premier tiers du XIIIe siècle.
Éléments biographiques
[modifier | modifier le code]Jacob ben Eléazar est probablement natif de Tolède, où il a pu avoir accès au Codex Hilleli[1], disparu depuis. L'affirmation de plusieurs auteurs selon laquelle il aurait vécu au XIIe siècle[2] est inexacte. Il a ensuite vécu dans le sud de la France, où il a écrit Gan Te'oudot à la demande de Samuel et Ezra ben Juda, lequel Juda serait, selon Steinschneider[3], le poète Juda ben Nathanael.
Œuvres
[modifier | modifier le code]Kitab al-Kamil
[modifier | modifier le code]Le grand-œuvre de Jacob ben Eléazar, le Kitab al-Kamil (hébreu : Sefer hashalem), écrit en arabe, est perdu de longue date.
Tanhoum Yeroushalmi, qui le cite dans son lexique[4], dit, dans l'introduction à son commentaire biblique, que ce livre était véritablement complet, au sens propre[5]. Avraham Maïmonide, contemporain de Tanhoum Yeroushalmi, le cite aussi dans son commentaire sur le Pentateuque[6].
Le Kitab al-Kamil, qui contenait probablement une partie grammaticale et une autre lexicale, est également cité dans près de vingt articles du Sefer HaShorashim de David Kimhi, ainsi que dans un lexique hébreu-arabe anonyme[7]. Au XIVe siècle encore, le livre est librement cité par Isaac Israeli de Tolède, dans son commentaire sur Job[8]. Un auteur hébreu de Damas affirme, à une date inconnue, que des copies complètes du Kitab al-Kamil circuleraient en Égypte[6].
On peut supposer qu'au vu de l'épaisseur du livre, il n'en existait qu'un nombre de copies limitées, et que des fragments pourraient avoir été préservés, par exemple un manuscrit conservé à la bibliothèque de Saint-Pétersbourg, qui a été attribué à Isaac ibn Yashush, un grammairien antérieur. Ce traité grammatical incomplet cite également le Codex Hilleli.
Autres
[modifier | modifier le code]Certains travaux en hébreu portant le nom de Jacob ben Eléazar ont été attribués, probablement à bon droit, à l'auteur du kitab al-Kamil. Ils font certainement partie des douze traités sur divers sujets, mentionnés par Tanhoum Yeroushalmi[5].
Trois de ces travaux ont été préservés :
- le Gan Teoudot, un ouvrage didactique sur l'âme humaine, écrit en style mosaïque, conservé dans la collection Montefiore à Ramsgate ; il semblerait que des copies de cette œuvre soient conservées sous un titre différent dans la Bibliothèque du Vatican et de l'Escurial[9].
- Meshalim, des paraboles en forme de maqama, écrits en 1233 à la demande d'amis, afin de montrer que l'hébreu vaut bien l'arabe comme langage (Munich MS. n° 207).
- Sefer Kalilah veDimnah, une version hébraïque du Pañchatantra, en prose rimée, écrite pour un certain Benveniste. Seul le début de cette traduction a été préservé[10]; il a été édité par Joseph Derenbourg[11].
Deux poèmes liturgiques de Jacob ben Eléazar sont énumérés par Zunz[12].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- David Ḳimḥi, Mikhlol, éd. Fürst, p. 78b
- Abraham Geiger, Jüd. Zeit. xi. 235 ; Grätz, Gesch. 3e éd., vol. vi. p. 110; Winter & Wünsche, Jüdische Litteratur, vol ii. p. 183
- M. Steinschneider, in Z. D. M. G. vol. xxvii. p. 558
- Cf. W. Bacher, Aus dem Wörterbuche Tanchum Jerushalmi's, 1903, p. 42
- Cf. Revue des études juives vol. xl., p. 141, note 5
- Cf. Zeitung für Hebr. Bibl. vol. ii. p. 154-155
- Steinschneider, Die Arabische Literatur der Juden, p. 290
- A. Neubauer, Bodleian Catalogue of Hebrew Manuscripts n° 383; Otzar Nehmad, vol. iii. p. 151
- Cf. Steinschneider, in Z. D. M. G. vol. xxvii. pp. 555 et suivantes
- A. Neubauer, Bodleian Catalogue of Hebrew Manuscripts n° 384
- J. Derenbourg, Deux Versions Hébraïques du Livre de Kalilah et Dimnah, pp. 311-388, Paris, 1881
- Zunz, Zur Geschichte und Literatur, p. 201
Cet article contient des extraits de l'article « JACOB B. ELEAZAR » par Crawford Howell Toy & Wilhelm Bacher de la Jewish Encyclopedia de 1901–1906 dont le contenu se trouve dans le domaine public.