Jérôme Alexandre
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Jérôme Alexandre, est un théologien catholique français, né à Offranville le 5 septembre 1952, professeur à la Faculté Notre-Dame du Collège des Bernardins à Paris. Ses recherches portent sur trois domaines dont il explore les connexions : l’esthétique, la foi, la politique.
Biographie[modifier | modifier le code]
Enfance Famille[modifier | modifier le code]
Il est le second de sept enfants de Côme Alexandre et Jeanne Bernard, agriculteurs, l’un et l’autre parisiens ayant décidé de vivre à la campagne en 1949, par ailleurs fervents catholiques. Le double lien familial à Paris et au Pays de Caux, à la culture et à la nature, la place importante de la foi, le marquent dès son plus jeune âge.
Il suit sa scolarité à l’école communale d’Offranville puis comme interne à l’institution catholique Join-Lambert à Rouen.
Élève de Louis Thiry au conservatoire de Rouen, il tient l’orgue de son village dès l’âge de onze ans.
Il est le mari de l’historienne d’art Catherine Grenier, et père de trois enfants.
Études[modifier | modifier le code]
Après un baccalauréat scientifique, il choisit d’étudier l’histoire à l’université de Rouen puis de Paris I, et de suivre des cours de philosophie et de théologie à l’Institut catholique de Paris. En 1973, il soutient une maîtrise d’histoire dirigée par Jean Delumeau, sur la conception du travail chez Erasme. En 1975, il passe le concours d’attaché pour entrer au ministère de la culture. Pendant ses années de vie professionnelle au ministère, il poursuit sa formation en philosophie et théologie jusqu’à un premier doctorat à l’université de Paris X en lettres classiques sur la place de la chair dans la théologie de Tertullien, puis un second à l’Institut catholique de Paris en théologie sur la christologie de Tertullien.
Vie professionnelle[modifier | modifier le code]
Adjoint du directeur régional des affaires culturelles d’Île de France entre 1975 et 1980, il est notamment chargé du suivi des établissements culturels conventionnés par l’État. En disponibilité pendant un an, il part en Provence travailler dans un domaine agricole. En 1981, il devient responsable des affaires culturelles de Mont-Saint-Aignan (76), où il dirige un cinéma d’art et d’essai, administre une école de Jazz, crée des soirées hebdomadaires de rencontre avec des artistes, écrivains, philosophes qui connaitront un grand succès.
En 1985, il intègre l’équipe de préfiguration du musée d’Orsay.
En 1987, il devient conseiller pour la musique et la danse pour la Haute-Normandie.
Il démissionne de la fonction publique en 1999, pour se consacrer à l’enseignement et à la recherche.
En 2000, il enseigne la théologie à l’Institut catholique de Paris, puis à la Faculté Notre-Dame recruté par Antoine Guggenheim. À ses côtés, il participe à la préfiguration puis au lancement du Collège des Bernardins. En 2011, il crée le département « La parole de l’art » au Pôle recherche du Collège, qu’il dirige successivement avec l’historien d’art Bernard Marcadé, et le philosophe Alain Cugno.
À la Faculté Notre-Dame, il enseigne les traités dogmatiques (Création, Trinité, Eucharistie), la patristique (Tertullien et saint Augustin), le rapport de l’Écriture et de la Tradition, la théologie fondamentale.
Positions théologiques et politiques[modifier | modifier le code]
Sa longue fréquentation de Tertullien[1], puis de saint Augustin, son intérêt ancien pour la réflexion philosophique, l’ont orienté très tôt vers la question des conditions de crédibilité des énoncés de la foi. Ainsi, son premier essai théologique, Je crois à la résurrection de la chair, propose-t-il de réfléchir et fonder cet article de foi dans l’expérience vécue de la foi, de l’espérance et de la charité. Dans un essai plus récent, La foi n’est pas ce que l’on croit, il prolonge la même intuition d’une foi qui ne se comprend que dans la ressaisie de son propre acte.
Cette ressaisie permet, selon lui, d’envisager l’acte de croire, très loin des contenus de croyances, comme acte esthétique. L’importance de considérer l’existence humaine et la réalité tout entière comme œuvres d’art est pour lui essentielle. La foi ne peut être que créatrice, témoin de la nouveauté permanente qui la porte, ce faisant elle conduit à la responsabilité politique. Il l’exprime dans trois essais L’art contemporain : un vis-à-vis essentiel pour la foi[2] : L’urgence de l’art ; Art, foi, politique : un même acte.
Son attachement à l’anarchisme, qu'il exprime en participant notamment au séminaire Étape, est directement lié à sa conception esthétique, foncièrement pragmatique et libératrice, de la foi. Éthique, justice, esthétique et foi se tiennent, affirme-t-il, dans le même horizon libérateur de l’existence, qui suppose l’égale dignité de tous les vivants, ce que ne cesse de signifier l’Évangile. La sainteté est pour cette raison, à ses yeux, le seul programme politique conséquent, ce qu’il montre dans un récent ouvrage Le christianisme est un anarchisme[3].
Publications[modifier | modifier le code]
Livres[modifier | modifier le code]
- Une chair pour la gloire, l’anthropologie réaliste et mystique de Tertullien, Beauchesne 2001
- Le Christ de Tertullien, Desclée 2004
- Je crois à la résurrection de la chair, Parole et Silence 2007
- L’art contemporain, un vis-à-vis essentiel pour la foi, Parole et Silence 2010
- Le martyre, Parole et Silence 2011
- Tertullien théologien, Parole et Silence 2012
- L’urgence de l’art, avec Bernard Marcadé, Parole et Silence 2015
- Art, Foi, Politique : un même acte, avec Alain Cugno, Hermann 2017
- La foi n’est pas ce que l’on croit, Salvator 2020
- Le christianisme est un anarchisme, Textuel 2024
Livres dirigés[modifier | modifier le code]
- Philosophie et théologie dans la période antique, Cerf, 2009
- L’action créatrice, ce qu’en dit la théologie, Desclée et Brouwer, 2012
- Mère Geneviève Gallois, mystique et artiste, Parole et silence, 2015
Articles[modifier | modifier le code]
- « L’atelier du contemporain » dans Communio n° XXXVI, 4 – juillet-août 2011, p. 55 à 68
- « Dieu Créateur, entre théologie naturelle et théologie révélée » dans Revue théologique des Bernardins n° 20, mai-août 2017, p. 51 à 65
- « L’antiphilosophie des Pères, corollaire de leur esthétique théologique » dans Revue théologique des Bernardins n° 24, septembre-décembre 2018, p. 75 à 95
- « Réalité déniée et salut défiguré : les pièges du gnosticisme contemporain » dans Itinéraires augustiniens, n°67- janvier 2022, p. 29 à 36
Chapitres d'ouvrage[modifier | modifier le code]
- « Du rapport improbable entre théologie et art contemporain » dans Du spirituel dans l’art contemporain ? » Ereme, 2003.
- « Aux sources de la conception augustinienne du péché originel : l’originis vitium de Tertullien » dans Chartae caritatis, études patristiques et d’antiquité tardive en hommage à Yves-Marie Duval, IEA, 2004.
- « Présupposés philosophiques et enjeux théologiques de la corporéité dans la polémique anti-docète de Tertullien » dans Le corps chemin de Dieu, Cerf, 2005.
- « Musique et théologie » dans L’art moderne entre emprise et déprise de Dieu, Parole et Silence, 2005.
- « Un nouvel ordre d’amour sur l’univers » dans Penser le Christ aujourd’hui, Parole et Silence, 2005
- « Philosophie et théologie chez Karl Rahner : deux disciplines distinctes, un horizon unique », dans Philosophie et Théologie en dialogue, 1996-2006, LIPT une trace, L’Harmattan, 2006.
- « Lire les Pères de l’Église avec Joseph Wolinski et Michel Corbin » dans De commencement en commencement, le renouveau patristique dans la théologie contemporaine, Bayard, 2007.
- « Le voile » dans Annette Messager, les messagers, Centre Pompidou, ed. Xavier Barral, 2007.
- « De l’une à l’autre cité, saint Augustin père de la théologie politique » dans Dieu et la Cité, le statut contemporain du théologico-politique, Cerf, 2008.
- « Joseph de Maistre et le péché originel » dans Rencontres autour de Joseph de Maistre, Thonon les Bains, 29.30 septembre 2006, Université de Savoie, 2009
- «Saint Paul et la culpabilité » dans Réinventer la culpabilité, Parole et Silence, 2009.
- «L a théologie comme art, commentaire du sermon 67 de saint Bernard sur le Cantique » dans L’actualité de saint Bernard, Parole et Silence, 2010.
- « La théologie latine de l’image » dans L ‘affaire des 1052 m² , Les vitraux de la Cathédrale de Nevers, les presses du réel, 2010.
- « Tertullien, continuité et distinction dans la disposition divine » dans L’antijudaïsme à l’épreuve de la philosophie et de la théologie, Seuil, 2016
- « Spiritualité et cité » dans Spiritualités et engagements dans la cité, Le Bord de l’eau 2018
- « La volatilité de l’âme » dans L’envol, Flammarion, 2018
- « Le sens du sacré, une caractéristique de l’homme » dans Le symbolique, le sacré et l’homme, CNRS éditions, 2019
- « L’art et l’absence de Dieu » dans L’art, un appel au mystère, Cerf Patrimoines, 2020
- « La théologie, un acte esthétique ? » dans La Pensée du sensible, Cerf Patrimoines, 2022
- « La culture, une idéologie d’État » dans Repenser l’État au XXIe siècle, Atelier de création libertaire, 2023 « Tertullien : aux sources de la pudeur chrétienne » dans Mode modeste, Hermann, 2023
Conférences[modifier | modifier le code]
- Sur le chemin du sacré, Collège des Bernardins, 1 février 2016
- La résurrection de la chair d’après Tertullien, Conférence des Evêques de France, 21 février 2017
- La violence dans la Cité de Dieu de saint Augustin, Séminaire des doctorants du Theologicum, 13 mai 2017
- Croire chez Tertullien et saint Augustin, essai de confrontation, Séminaire des doctorants de philosophie, Saulchoir, 10 février 2018
- L’esthétique théologique de Louis Bouyer, Groupe de recherche Louis Bouyer, Collège des Bernardins, 30 avril 2018
- Interroger les évidences : l’art et la foi, Festival biblique, Collège des Bernardins, 5 juin 2018
- L’intellect chez saint Augustin, Laboratoire de philosophie antique et médiévale, 15 janvier 2019
- La résurrection de la chair, Session de formation continue au diocèse de Nanterre, 4 mai 2021
- Chanter sa vie et vivre son chant, La vie comme art, Centre védantique de Gretz, 26 novembre 2023
- Saint Augustin, un maître spirituel pour notre temps, Église Saint Sulpice, 8 février 2024
Équipes de recherche[modifier | modifier le code]
- Liens inter philosophie et théologie (LIPT) sous la direction d’Emmanuel Falque, Vincent Holzer, Agatha Zielinski, 2001 – 2006
- Laboratoire de philosophie antique et médiévale, Institut catholique de Paris, 2006 – 2013
- Groupe de recherche sur Louis Bouyer, Collège des Bernardins 2015 – 2018
- Séminaire Exploration théoriques anarchistes pragmatistes pour l’émancipation (ETAPE), sous la direction de Philippe Corcuff, Didier Eckel, Guy Lagrange, depuis 2016
Notes & références[modifier | modifier le code]
Références[modifier | modifier le code]
- Marcel Neusch, « Tertullien fidèle à lui-même », La Croix, 7 février 2002
- Sabine Gignoux, « L’art contemporain, un autre langage de la foi », La Croix,
- « Le royaume inattendu, entre rupture et résistance, entretien avec Jérôme Alexandre », Golias Hebdo, no 819, semaine du 30 mai au 5 juin 2024
