Initiative populaire « Éligibilité des fonctionnaires fédéraux au Conseil national »

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Initiative populaire fédérale
Éligibilité des fonctionnaires fédéraux au Conseil national

Déposée le
Déposée par Fédération des fonctionnaires, employés et ouvriers fédéraux

Contre-projet non
Votée le
Participation 45,95 %
Résultat : rejetée[NB 1]
Par le peuple non (par 61,6 %)
Par les cantons non (par 15 4/2)[NB 2]

L'initiative populaire « Eligibilité des fonctionnaires fédéraux au Conseil national », est une initiative populaire suisse, rejetée par le peuple et les cantons le .

Contenu[modifier | modifier le code]

L'initiative propose de transformer l'article 77 de la Constitution fédérale qui indique simplement que « le mandat de conseiller national [est] incompatible avec l'exercice d'une fonction fédérale » en limitant cette interdiction aux députés au Conseil des États, aux membres du Conseil fédéral, aux chefs des services et offices de l'administration fédérale, ainsi qu'aux membres de la direction des chemins de fer fédéraux suisses.

Le texte complet de l'initiative peut être consulté sur le site de la Chancellerie fédérale[1].

Déroulement[modifier | modifier le code]

Contexte historique[modifier | modifier le code]

L'article 77 de la Constitution précise, au moment du dépôt de l'initiative, que « le mandat de conseiller national [est] incompatible avec l'exercice d'une fonction fédérale ». Cette notion d'incompatibilité est inspirée du modèle anglais qui vise à assurer la séparation des pouvoirs. En Suisse, cette notion n'apparait que quelques années pendant la République helvétique puis est abandonnée à la chute de ce régime. Ce n'est que dans les années 1830 que la notion de séparation des pouvoirs revient à l'ordre du jour dans le cadre du mouvement de Régénération de la Confédération des XXII cantons. Lors de la création de l'État fédéral de 1848, la Constitution, dans son article 66, précise que « Les députés au Conseil des Etats, les membres du Conseil fédéral et les fonctionnaires nommés par ce Conseil ne peuvent être simultanément membres du Conseil national » ; cette disposition est reprise telle-quelle dans la Constitution de 1874, seul le numéro d'article étant modifié[2].

Lors de la préparation des élections fédérales de 1919, une motion est déposée pour limiter cette restriction à certaines classes de fonctionnaires uniquement et pour demander au Conseil fédéral de déterminer quelles devraient être ces catégories. En réponse, le Conseil fédéral propose un arrêté fédéral reprenant très exactement les termes de l'initiative populaire ; lors de son examen par les chambres fédérale, l'arrêt est rejeté au Conseil des États en 1921, provoquant le rejet complet de la proposition. Quelques mois après, un comité de la Fédération des fonctionnaires, employés et ouvriers fédéraux propose le même texte sous la forme d'une initiative populaire.

Récolte des signatures et dépôt de l'initiative[modifier | modifier le code]

La récolte des 50 000 signatures nécessaires a débuté le . Le de la même année, l'initiative a été déposée à la chancellerie fédérale qui l'a déclarée valide le [3].

Discussions et recommandations des autorités[modifier | modifier le code]

Le parlement recommande le rejet de cette initiative. Dans son message adressé à l'assemblée, le Conseil fédéral rappelle son projet de l'année précédente et, prenant acte de son rejet par les Chambres, s'abstient de prendre position sur le sujet[4].

Votation[modifier | modifier le code]

Soumise à la votation le , l'initiative est refusée par 15 4/2 cantons[NB 2] et par 61,6 % des suffrages exprimés[5]. Le tableau ci-dessous détaille les résultats par cantons[6] :

Effets[modifier | modifier le code]

Dans une étude réalisée en 2003, l'administration fédérale a relevé une vingtaine de fonctionnaires fédéraux élus au Conseil national entre 1919 et 1991 ; Si certains de ces fonctionnaires ont dû refuser leur élection (principalement après que le Conseil National ait refusé d'accorder aux employés des PTT le droit d'être élus), la plupart des élus ont préféré quitter la fonction publique pour exercer leur mandat[7].

En 2002, une loi sur le Parlement entre en vigueur. Elle définit, dans l'article 14 du chapitre 2, les différentes incompatibilités pour l'élection aux deux Chambres de l'Assemblée fédérales, et donc également au Conseil des États. Cette liste est largement agrandie, en particulier par l'inclusion des juges fédéraux, de toutes personnes élues par le Parlement, des représentants officiels de la Confédération et des membres du commandement de l'armée[8]. Dans ce nouveau règlement, un traitement différent est réservé aux anciennes régies fédérales que sont La Poste Suisse et les Chemins de fer fédéraux suisses : pour ces deux entités, seuls les membres de la direction sont interdits d'exercer une fonction au Parlement[9].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Selon l'article 139 de la Constitution, une initiative proposée sous la forme d'un projet rédigé doit être acceptée à la fois par la majorité du peuple et par la majorité des cantons. Dans le cas d'une initiative rédigée en termes généraux, seul le vote du peuple est nécessaire.
  2. a et b Le premier chiffre indique le nombre de cantons, le second le nombre de cantons comptant pour moitié. Par exemple, 20 6/2 se lit « 20 cantons et 6 cantons comptant pour moitié ».

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Texte de l'initiative populaire fédérale », sur Chancellerie fédérale (consulté le )
  2. « Message du Conseil fédéral »  (23 juin 1920) de la Feuille fédérale référence FF 1920 III 611
  3. « Initiative populaire 'Eligibilité des fonctionnaires fédéraux au Conseil national' » (consulté le )
  4. « Message du Conseil fédéral »  (18 janvier 1922) de la Feuille fédérale référence FF 1922 I 111
  5. « Votation no 91 Tableau récapitulatif », sur Chancellerie fédérale (consulté le )
  6. « Votation no 91 - Résultats dans les cantons », sur Chancellerie fédérale (consulté le )
  7. [PDF] Chancellerie fédérale, Élections au Conseil national. Précédents, (lire en ligne), p. 12-14
  8. Loi du 13 décembre 2002 sur l’Assemblée fédérale (Loi sur le Parlement), RS 171.10, art. 14.
  9. « 03.3290 – Interpellation : Conseil national. Eligibilité des employés des CFF et de la Poste », sur Curia Vista - Objets parlementaires (consulté le )