Hélène d'Oettingen

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Hélène Oettingen
Naissance
Décès
Sépulture
Pseudonymes
Léonard Pieu, Roch Grey, François AngiboultVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
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Fratrie

Hélène d'Oettingen, née Hélène Miontchinska en Ukraine le et morte à Paris 14e le [1], est une artiste peintre et femme de lettres russe de langue française.

Appelée la Baronne d'Oettingen, elle est également connue comme poète sous le pseudonyme de Léonard Pieu, comme romancière sous le pseudonyme de Roch Grey et comme peintre sous le pseudonyme de François Angiboult[2].

Elle est la sœur ou la cousine du peintre Serge Férat avec qui elle a partagé le pseudonyme de Jean Céruse. Elle vécut en concubinage avec le peintre Léopold Survage.

Biographie[modifier | modifier le code]

Hélène Miontchinska serait née à Stepavrovka en Russie en 1887. Le lieu comme la date ont fait l'objet de suspicions. La biographe Jeanine Warnod avance qu’Hélène d'Oettingen serait née entre 1875 et 1880, mais qu'elle aurait souhaité se rajeunir ou alimenter le mystère au sujet de sa biographie[3]. Elle est la fille illégitime de la comtesse polonaise Elena Miaczinska et d'un père inconnu[4].

Après son divorce du baron Otto von Oettingen, officier du tsar, elle part pour l'Europe occidentale en 1902 avec le peintre Serge Férat, qu'elle présente comme son frère mais qui est peut-être son cousin, et avec qui elle partage le pseudonyme Jean Céruse. Ce pseudonyme repose sur le calembour « ces russes »[3]. Tous deux très fortunés, recevant d'abondants revenus de Russie, ils deviennent les mécènes de la bohème parisienne : Max Jacob, Modigliani, Survage dont elle fut l'amante, viennent chez eux pour y prendre leurs repas et se chauffer.

Le Papillon bleu, 1916-1917, Francois Angiboult

Hélène d'Oettingen étudie dans les années 1900 à l'Académie Julian et tient dans les années 1910 un salon « artistico-littéraire » où se retrouve toute l'avant-garde russe et française. Elle joue un rôle important avec Serge Férat dans la survie de la revue Les Soirées de Paris dirigé par Apollinaire et en recevant dans son salon du 229 boulevard Raspail à Paris « ceux qui ont ou auront un nom dans la peinture, le poésie et la musique moderne ».

Alors qu'elle séjourne à Nice, Modigliani réalise son portrait, qui lui sera acheté par Paul Guillaume. Présentée à la Galerie Bernheim Jeune puis en Italie, l'œuvre est aujourd'hui disparue, connu d'une seule reproduction noir et blanc[5].

Autoportrait

En 1917, après la révolution russe, le nouveau régime séquestre sa fortune et la baronne doit réduire son généreux train de vie. Elle continue à écrire, mais son travail ne lui suffit pas pour vivre. Sur les conseils d'Apollinaire et de son amant Soffici, rencontré à Florence à son départ de Russie et retrouvé à Paris en 1903 à La Ruche, elle avait acheté avec Férat neuf toiles et cinq dessins au douanier Rousseau en 1910. Leur vente subviendra à ses besoins jusqu'à sa mort. En 1935, elle quitte le boulevard Raspail et meurt d'une leucémie en 1950.

Dans Fin du monde, Soffici la décrit comme « l'une de ces femmes désastreuses, de la race des héroïnes des poèmes de Pouchkine, de Lermontov, des romans de Dostoïevski et autres écrivains russes[6]. »

Postérité[modifier | modifier le code]

Le poète Pierre Albert-Birot écrit au sujet de la romancière : « Roch Grey était indiscutablement un génie, elle avait la puissance, la complexité du style et aussi l'âpreté du caractère qui font mettre hors de pair certains écrivains, mais elle, ce fut au contraire pour ces raisons qu'on la nia, elle a effrayé autant par son écriture que par sa conversation[7]

Expositions[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • Le Château de l'étang rouge, par Roch Grey, iilustré de bois gravés par Survage.
  • « L'Homme, la ville, le voyage », texte paru dans la revue SIC.
  • Chevaux de minuit, treize poèmes illustrés par Picasso en 1956 et publiée par Iliazd, publication posthume tirée à 28 ex., Le Dégré Quarante et Un.
  • Textes pour Nord-Sud, Action, L'Esprit nouveau, La Vie des lettres, sur Van Gogh, Modigliani, Apollinaire, le Douanier Rousseau.
  • Ardengo Soffici, Serge Férat, Hélène d’Œttingen, Correspondance 1903-1964, éditions établie par Barbara Meazzi, Lausanne, L’Âge d’Homme, 2013.
  • Roch Grey, Romans : Le Château de l’Étang rouge, Les Trois lacs, L’Âge de fer, Billet circulaire, Avant-propos d'Isabel Violante, Paris, Conti, 2010.
  • Roch Grey, Photographies verbales : Écrits sur l’art et les artistes (1913-1956), Introduction d’Isabel Violante, Paris, Le Minotaure, 2016, 128 p. (ISBN 978-2-916775-31-9)
  • Hélène d’Œttingen, dite Roch Grey, Journal d’un étrangère, introduction et éd. établie par Barbara Meazzi, suivi de Serge Férat, Lettres à Hélène d’Oettingen, traduites du russe, présentées et annotées par Régis Gayraud, Paris, Le Minotaure, 2016, 111 p. (ISBN 978-2-916775-33-3)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Acte de décès (avec date et lieu de naissance) à Paris 14e, n° 3009, vue 23/31.
  2. Brigitte Léal, Dictionnaire du cubisme, dl 2018 (ISBN 978-2-221-21991-1 et 2-221-21991-0, OCLC 1057365695), p. 543-544.
  3. a et b Patrick Bergeron, « Hélène d’Œttingen », Nuit blanche, le magazine du livre, no 125,‎ (lire en ligne)
  4. Valérie Bougault, « Nom : Œttingen. Prénom : Hélène. Profession : Mécène », sur Connaissance des arts, (consulté le ).
  5. « Artwork file SecretModigliani », sur www.secretmodigliani.com (consulté le )
  6. Source : Catalogue, L'École de Paris 1904-1929 au Musée d'Art Moderne en 2000-2001 et Paris-Russe 1910-1960, Palace éditions.
  7. « Naissance et vie de SIC », les Lettres nouvelles, no 7,‎ .

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Édouard-Joseph, Dictionnaire biographique des artistes contemporains, tome 1, A-E, Art & Édition, 1930, p. 41.
  • Anne Reverseau, « "Les Regards envoyés dehors". Roch Grey, une poétique moderniste du déplacement », dans L'Esprit Créateur, vol. 53, n° 3, 2013, p. 37-49 Aperçu en ligne.
  • Thomas Snégaroff, Les Vies rêvées de la Baronne d’Œttingen, Albin Michel, 3 janvier 2024. Aperçu en ligne

Liens externes[modifier | modifier le code]