Heures de Prigent de Coëtivy

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Heures de Prigent de Coëtivy
Artiste
Date
Commanditaire
Matériau
Lieu de création
Dimensions (H × L × l)
14,2 × 11,3 × 4,2 cmVoir et modifier les données sur Wikidata
Format
291 folios reliés
Propriétaire
No d’inventaire
W 082Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation

Les Heures de Prigent de Coëtivy sont un livre d'heures à l'usage de Paris, enluminé en France vers 1443-1445 pour Prigent de Coëtivy. Les 148 miniatures sont attribuées à l'enlumineur Jean Haincelin, connu sous le nom de maître de Dunois. Il est actuellement conservé à la Chester Beatty Library sous la cote W82.

Historique[modifier | modifier le code]

Le manuscrit contient une centaine de pages comportant des signes de son propriétaire originel, Prigent de Coëtivy, un des grands officiers fidèles de Charles VII et amiral de France. Ses armes apparaissent à de nombreuses reprises, et il est lui-même représenté au folio 141, à proximité de saint Michel terrassant le dragon, ainsi que peut-être au folios 171 et 295v. Ses devises, « Dame sans per » et « Hélas! belle merci », se retrouvent à plusieurs reprises. L'ouvrage est daté entre 1443 et 1445, date de son mariage avec Marie de Rais, fille unique de Gilles de Rais. Les armes de cette dernières apparaissent en effet aux folios 21, 201v et 262. Coëtivy est réputé pour être un grand bibliophile, de nombreux ouvrages lui ayant appartenu étant toujours conservés[1].

Il meurt en 1450 lors du siège de Cherbourg. Sans postérité, son livre d'heures est probablement transmis à son frère, le cardinal Alain IV de Coëtivy dont les armes sont repeintes au folio 283, surmontées du chapeau de cardinal. Par la suite, le manuscrit se retrouve dans les collections d'Henri de Bourbon-Parme (1851-1905), qui fait relier l'ouvrage à ses armes par Marcelin Lortic. Une tentative de vente à Florence a lieu en 1897. Il est finalement acquis en avril 1900 par Henry Yates Thompson auprès d'Henri Pawlowski, ancien bibliotécaire du collectionneur Ambroise Firmin-Didot. En juin 1919, il est acquis de gré à gré par Edith Beatty pour en faire cadeau à son mari, l'industriel américain Alfred Chester Beatty[1]. Ce dernier fonde en 1950 à Dublin la bibliothèque qui porte son nom et qui conserve toujours le manuscrit.

Description[modifier | modifier le code]

Le manuscrit contient 364 feuillets mesurant 142 sur 113 mm. Entre 1930 et 1960, 144 feuillets ont été détachés du manuscrits et conservés dans des coffrets à part. Il est calligraphié en latin et en écriture bâtarde par un seul copiste sur un parchemin très fin[1].

Son contenu se répartit comme suit[1] :

  • f.1-12 : calendrier à l'usage parisien
  • f.13-18 :péricopes évangéliques
  • f.19-20 : Passion du Christ selon saint Jean suivi de deux prières
  • f.21-75 : heures de la Vierge, de la croix et du Saint-Esprit à l'usage de Paris, entrecroisés.
  • f.77-83 : psaumes pénitentiaux
  • f.84-88 : litanies
  • f.88-116 : office des morts
  • f.117-131 : psautier de saint Jérôme
  • f.132-253 : nombreuses prières au Christ et à la Vierge dont certaines en français
  • f.254-273 : suffrages des saints
  • f.274-364 : nombreuses prières

Les miniatures, peintes en demi-grisailles sont attribuées à Jean Haincelin, ou Maître de Dunois, successeur du Maître de Bedford à la tête de son atelier parisien. Elles représentent pour un grand nombre d'entre elles la Vierge, à laquelle l'amiral semble vouer un culte particulier. L'iconographie de ces miniatures sont directement inspirée des tableaux des Primitifs flamands de la même époque : Robert Campin et sa Trinité du Musée de l'Ermitage dans le folio 254r., Jan van Eyck et sa Vierge à la fontaine au folio 213 ou sa Vierge de Lucques dans le folio 237r., Rogier van der Weyden et sa Madone Durán dans le folio 209r[2].

Un autre livre d'heures de Prigent de Coëtivy[modifier | modifier le code]

La bibliothèque de Rennes conserve depuis 1992 un autre livre d'heures ayant appartenu à Prigent de Coëtivy. A l'usage de Troyes et probablement réalisé dans cette même ville au début du XVe siècle, il est acquis par l'amiral quelques temps plus tard, peut-être lorsqu'il était lieutenant du roi en Champagne, vers 1439. Il est composé de 265 feuillets et décoré de 29 miniatures attribuées au Maître de Troyes[3]. Il contient lui aussi la devise de l'amiral, « Dame sans per a Prigent » au f.186v. Il est conservé sous la cote Ms.1511[4].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Léopold Delisle, « Les Heures de l'amiral Prigent de Coëtivy », Bibliothèque de l'école des chartes, t. 61,‎ , p. 186-200 (DOI 10.3406/bec.1900.452598)
  • (en) Donal Byrne, « The Hours of the Admiral Prigent de Coëtivy », Scriptorium, t. 28, no 2,‎ , p. 249-261 (DOI 10.3406/scrip.1974.1060)
  • (en) Jill Unkel avec Laura Cleaver et Kristine Rose Beers, Miniature Masterpiece: The Coëtivy Hours, Dublin, Chester Beatty Library, , 120 p. (ISBN 9780957399846)
  • (en) Richard Gameson, Catherine Nicholson et Andrew Beeby, « The Admiral, the Virgin, and the Spectrometer: Observations on the Coëtivy Hours (Dublin, Chester Beatty Library, MS W082) », Gesta, vol. 59,‎ , p. 203-231 (DOI 10.1086/710024)
  • Jean-Luc Deuffic, Le Livre d'heures enluminé en Bretagne : Car sans heures ne puys Dieu prier, Turnhout, Brepols, coll. « Manuscripta Illuminata » (no V), , 742 p. (ISBN 978-2-503-58475-1), p. 189-194 (notice 46)
  • Mathieu Deldicque, Maxence Hermant, Séverine Lepape et Sophie Lagabrielle (dir.), Les arts en France sous Charles VII (1422-1461), Paris, GrandPalaisRmn, , 304 p. (ISBN 9782711880195), p. 102-104 (notice 57)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Deuffic 2020.
  2. Deldicque et al. 2024.
  3. Anne-Sophie Guilleray, « Le livre d'Heures de Prigent de Coëtivy Guilleray », Annales de la Société d'Histoire et d'Archéologie de l'Arrondissement de Saint-Malo,‎ , p. 191-201 (lire en ligne)
  4. Notice et reproduction sur le site des tablettes rennaises