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Halle Freyssinet

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Halle Freyssinet
Halles des Messageries
Intérieur - La nef centrale et les deux nefs latérales
Présentation
Destination initiale
Destination actuelle
site de réception
Style
Architecte
Jean-Michel Wilmotte (rénovation)Voir et modifier les données sur Wikidata
Ingénieur
Eugène Freyssinet
Matériau
colonne en béton armé, toit en béton précontraint (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Construction
Hauteur
23 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Longueur
311 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Occupant
Propriétaire
SNCF
Patrimonialité
Localisation
Pays
Département
Commune française
Paris
Coordonnées
Localisation sur la carte de Paris
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La halle, côté entrée

À Paris, la halle Freyssinet désigne les anciennes halles des messageries de la gare d'Austerlitz. C'est un bâtiment ferroviaire construit dans les années 1920. Son entrée est située au 55 boulevard Vincent-Auriol, dans le 13e arrondissement de Paris.

Description

La halle de messagerie de fret a été construite entre 1927 et 1929 le long des voies ferrées connectés à la gare d’Austerlitz. Elle tient son nom d’Eugène Freyssinet, l’ingénieur qui l’a conçu.

La halle comprend trois nefs et des auvents de part et d'autre. La partie centrale de la nef nord qui longe les voies ferrées a été surélevée pour pouvoir y installer des bureaux. Cinq voies ferrées étaient installées dans la halle.

  • Longueur : 310 m ;
  • Largeur maximale : 72 m (elle diminue côté sud-est).

Définition du programme

Face à l'augmentation du trafic de fret, la Compagnie du Paris-Orléans envisage dès 1913 la construction d'une nouvelle halle. La Première guerre mondiale ayant arrêté tout projet, les réflexions reprennent en 1920. La direction de la Compagnie confie, entre 1924 et 1927, l'étude du programme de cette nouvelle messagerie à deux services internes, le bureau d'études et le service de l'exploitation :

  • le bureau d'études conçoit des quais protégés par des auvents pour couvrir les opérations de transbordement entre les trains et les camions ;
  • le service d'exploitation prévoit une halle à trois nefs suffisamment haute pour permettre la réalisation d'un étage supplémentaire pour faire face à une hausse éventuelle du trafic et sur une partie de la nef nord une surélévation est prévue pour un second étage pour le stockage des petits colis. Dans la nef centrale qui doit recevoir trois voies de chemin de fer, l'ingénieur Victor Sabouret qui défend ce projet, a prévu la possibilité de monter un pont roulant pour permettre une distribution mécanisée des colis. Des auvents extérieurs protégeaient les trains qui arrivaient sur les voies situées de part et d'autre de la halle.

C'est finalement cette dernière solution qui a été choisie par la direction de la Compagnie qui y voyait une possibilité d'améliorer la productivité des opérations de transbordement mais en remettant à plus tard la réalisation des planchers intermédiaires et du pont roulant. Le concours d'appel d'offres des entreprises est lancé au début de 1927. Il est remporté par l'entreprise Limousin dont le directeur technique est Eugène Freyssinet.

L'œuvre d'Eugène Freyssinet

Eugène Freyssinet a choisi une structure d'une extrême légèreté en choisissant des voûtes cylindriques minces de 7 cm d'épaisseur pour les trois nefs éclairées par des lanternaux et supportées par des poteaux placés tous les 10,25 m dans le sens longitudinal. Les portées des voiles sont les suivantes :

  • nef sud (côté arrivée) : 16,20 m ;
  • nef centrale : 25 m ;
  • nef nord (côté départ) : 18 m.

Les auvents côté sud ont une portée de 8,30 m et une épaisseur de 6 cm. Ceux du côté nord sont plus courts (4,50 m). La structure se décompose en travées marquées par les hautes piles pyramidales. Les poussées des voûtes sont reprises par des tirants placés au droit des poteaux. Ils sont horizontaux pour ceux des nefs et inclinés pour la reprise des efforts des auvents. À l'extrémité côté ouest se termine par un bâtiment administratif de deux étages voûté disposé perpendiculairement à la halle.

La finesse et la qualité des voûtes des trois nefs donnent une grande élégance à ce bâtiment industriel reprenant un principe constructif pouvant se rapprocher de celui des églises-halles. Les auvents en voûtes cylindriques animent les longues façades nord et sud. La qualité des travaux de l'entreprise Limousin et l'utilisation de la vibration mise au point par Freyssinet pour la mise en place du béton, et diminuer sa porosité, ont permis de conserver ce bâtiment dans un état de conservation remarquable.

On peut leur appliquer ce que Siegfried Giedion écrivait sur les voûtes du hangar d'Orly construites par Eugène Freyssinet :

« On peut facilement établir une filiation entre les arcs, d'une gracilité confinant à la fragilité, du chœur de Beauvais …[1] »

La halle a été mise en service le 19 mars 1929

Les auvents de la halle du côté des voies ferrées de Paris-Austerlitz (côté nord)

Réception du bâtiment

Dès sa réalisation, le bâtiment a été le sujet d'articles dans la presse spécialisée montant sa grande qualité technique et architecturale dans sa réponse au programme de la Compagnie.

En juillet 1929, la municipalité de Nantes se rapproche de l'entreprise Limousin pour l'étude d'un marché couvert utilisant les mêmes techniques. Ce marché a été réalisé en 1936. En 1930, c'est le génie militaire qui s'y intéresse pour des applications dans ses propres constructions.

Le projet est présenté par la Compagnie Paris-Orléans dans le Bulletin de l'association internationale du Congrès des chemins de fer en 1929 et mentionne la technique des tirants prétendus utilisés pour les auvents.

L'ouvrage est mentionné comme ouvrage de référence dans le Cours de béton armé de l'École des travaux publics publié en 1943.

Modification de l'affectation

La halle Freyssinet a été exploitée par le Sernam[2] jusqu’en 2006 puis laissée à l’abandon, d’où un certain nombre de dégradations, tels que tags, vitres cassées, etc.

La SNCF n'ayant plus l'utilité de cette halle souhaite s'en séparer. Prise dans le projet de Paris Rive Gauche, l'aménageur de la ZAC, la SEMAPA a d'abord eu la tentation de la démolir totalement ou partiellement pour utiliser le terrain ainsi libéré.

Puis l'Établissement Public pour le Palais de Justice de Paris qui était à la recherche d'un site s'intéresse à la halle pour y loger de nouveau Tribunal de Grande Instance. Pour cela il lance un concours international d'architecture en juillet 2006. Il reçoit 275 projets de 34 pays en octobre 2006[3] dont les meilleurs ont été présentés à la Cité de l'architecture et du patrimoine au Palais de Chaillot. Cette possibilité de réutilisation n'ayant pu aboutir, elle a permis de montrer son intérêt pour la communauté architecturale internationale et a amené l'aménageur à reconsidérer l'avenir de la halle.

Aujourd'hui et avenir

En 2011, elle est exploitée par un groupe d’évènementiel qui a obtenu un bail de 5 ans auprès de la SNCF, propriétaire des locaux[4]. Celui-ci y effectue quelques travaux de rénovation sommaires afin de conserver le bâtiment en assez bon état pour accueillir le public. Certains défilés de la Fashion week y sont organisés.

Le chantier de la ZAC Paris Rive Gauche lui a fait perdre définitivement sa vocation ferroviaire.

Bâtiment bas à côté des voies ferrées de la ligne partant de la gare Paris-Austerlitz, il se trouve face à des projets d'ouvrages construits au-dessus d'une dalle de couverture des voies ferrées.

L'avenir du bâtiment se joue en 2011, car la SNCF a déposé un permis de démolir limité au 15 décembre, mais le préfet a décidé de prolonger ce permis à démolir[5]. Si le principe de la sa protection au titre des monuments historiques a été préconisé par la commission régionale des monuments historiques[6] en 2011, l'étendue de la protection à la totalité de l'édifice n'est pas encore actée par la préfecture de région. La Ville de Paris soutient un programme d'aménagement de l'îlot impliquant une démolition partielle de la halle[7], à ses deux extrémités[8].

Le 23 février 2012, la halle Freyssinet a été inscrite au titre des monuments historiques dans son intégralité, à l'exclusion des bâtiments de bureaux situés au nord-ouest[9],[10],[11]. En juin 2012, Bertrand Delanoë, maire de Paris, fait une demande de désinscription pour ce bâtiment[12].

Desserte

Modèle:Station du métro de paris

Notes et références

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

  • Blondel, Note au sujet des travaux d'agrandissement de la gare Paris-Austerlitz, dans la Revue générale des chemins de fer, 1929, no 3
  • Charles Dantin, Les nouvelles halles du service des messageries de la gare d'Austerlitz, dans la reve Le Génie civil, 11 janvier 1930
  • Nicolas Nogue, Les messageries d'Austerlitz, dans la revue AMC-Le Moniteur architecture, no 75, novembre 1996
  • Bernard Marrey, Franck Hammoutène, Le béton à Paris, p. 74, Éditions du Pavillon de l'Arsenal, Picard éditeur, Paris, 1999 (ISBN 2-907513-63-X) (ISBN 2-7084-0559-4)
  • Marie Françoise Laborde, Architecture industrielle Paris & alentours, p. 54, Parigramme, Paris, 2003 (ISBN 2-84096-315-9)
  • Claudine Cartier, Emmanuel de Roux, Patrimoine ferroviaire, p. 154-157, Éditions Scala, Paris, 2007 (ISBN 978-2-86656-394-3)
  • Claire Roullet-Sureau, La halle Freyssinet, le patrimoine industriel à l’épreuve du projet urbain, dans la revue L'Archéologie industrielle en France, 2007, no 50
  • Nicolas Nogue, La Halle des messageries de la gare d'Austerlitz, 1927-1929 : Eugène Freyssinet, Paris, 2007
  • Concours d’idées international pour l’implantation du nouveau Palais de Justice de Paris à Tolbiac, halle Freyssinet, dans la revue Le Moniteur architecture AMC, février 2007, 58 pages, supplément au no 167
  • Nicolas Nogue, Eugène Freyssinet. La halle des Messageries de la gare d'Austerlitz, 1927-1929, Jean Michel Place (collection architecture/archives), Paris, 2007 (ISBN 978-2-858939-21-3)
  • Paul Chemetov, Que faire des halles Freyssinet ?, p. 21, dans le journal Le Monde du 25 mai 2007

Articles connexes

Liens externes