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Gabriele D'Annunzio

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Gabriele D'Annunzio
Description de l'image Gabriele D'Annunzio.jpg.
Naissance
Pescara,
Abruzzes, Italie
Décès
Gardone Riviera,
Lombardie, Italie
Auteur
Langue d’écriture italien

Gabriele D'Annunzio ou d'Annunzio[1], prince de Montenevoso, est un écrivain italien, né à Pescara le et mort à Gardone Riviera le 1er mars 1938. Principal représentant du décadentisme italien, héros de la Première Guerre mondiale, il soutint le fascisme à ses débuts et s'en éloigna par la suite.

Biographie

D'Annunzio allongé
Portrait par Mario Nunes Vais.

Son père, Francesco Rapagnetta, est un riche propriétaire terrien, un temps maire de Pescara ; il fait ajouter "D'Annunzio" à son nom en 1851 et, à la naissance de son fils Gabriele, celui-ci est inscrit sur le registre de l'état-civil sous le seul nom de "D'Annunzio".

Gabriele est élève au lycée Cicognini, à Prato, en Toscane. À l'âge de seize ans, il publie son premier recueil poétique, intitulé Primo Vere (1879) ; il est influencé par les Odi barbare de Giosuè Carducci, mais aussi par le poète Lorenzo Stecchetti, alors à la mode pour son ouvrage Postuma.

En 1881, il entre à l'université La Sapienza, à Rome, où il fréquente différents cercles littéraires, dont celui de la revue Cronaca Bizantina, et écrit des articles de critique littéraire pour la presse locale.

Il publie Canto Nuovo (1882), Terra Vergine (1882), L'Intermezzo di Rime (1883), Il Libro delle Vergini ( 1884) et la plupart des nouvelles, ensuite recueillies sous le titre San Pantaleone (1886). La critique littéraire voit très vite en lui un enfant prodige. Son premier roman, Il Piacere (Le Plaisir traduit en français sous le titre de L'enfant de volupté), paru en 1889, est suivi en 1891 par L'Innocente (traduit en français sous le titre L'Intrus, puis L'Innocent) et Giovanni Episcopo en 1892.

Ces trois romans font une forte impression sur le public. L'Innocente, traduit en français par Georges Hérelle [2], est encensé par les critiques littéraires étrangers.

Il épouse en 1883 Maria Hardouin di Gallese, mais ils divorcent en 1891. D'Annunzio commence trois ans plus tard une liaison tumultueuse avec l'actrice Eleonora Duse, qu'il fait jouer dans ses pièces, notamment La Città morta (La Ville morte, 1898) et Francesca da Rimini (1901) ; ils rompent en 1910. En 1897, il est élu à la Chambre des députés pour un mandat de trois ans. Il y siège parmi les indépendants.

En 1910, criblé de dettes, il doit fuir en France, à Arcachon[3] , pour échapper à ses créanciers. Il y collabore avec Claude Debussy et Léon Bakst pour Le martyre de saint Sébastien (1911), écrit pour Ida Rubinstein[4].

Peu après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, il retourne en Italie, et fait de nombreux discours publics en faveur de l'entrée en guerre de l'Italie dans le camp allié. D'Annunzio s'engage volontairement dans l'aviation, et perd l'usage d'un œil dans un accident de vol.

En février 1918, il prend part à un raid sur le port de Bakar, pour rehausser le moral des Italiens, au plus bas après le désastre de Caporetto.

Le 9 août 1918, à la tête de la 87e escadrille de chasse, il effectue un vol de plus de mille kilomètres avec son compagnon de vol Aldo Finzi pour larguer au-dessus de Vienne des prospectus qui disaient :

« Viennois !
Apprenez à connaître les Italiens. Nous volons au-dessus de Vienne, nous pourrions larguer des tonnes de bombes. Nous ne vous lançons qu'un salut tricolore : les trois couleurs de la liberté. Nous autres Italiens ne faisons pas la guerre aux enfants, aux vieillards et aux femmes. Nous faisons la guerre à votre gouvernement, ennemi de la liberté des nations, à votre gouvernement aveugle, obstiné et cruel, qui ne parvient à vous donner ni la paix, ni le pain, et vous nourrit de haine et d'illusions. Viennois ! Vous êtes réputés intelligents. Mais pourquoi donc avez-vous revêtu l'uniforme prussien ? Vous le voyez, désormais tout le monde est contre vous. Vous voulez continuer la guerre ? Continuez-la, c'est votre suicide. Qu'en attendez-vous ? La victoire décisive que promettent les généraux prussiens ? Leur victoire décisive, c'est comme le pain en Ukraine : on meurt en l'attendant. »

La Première Guerre mondiale renforce ses idées nationalistes et irrédentistes, et il fait ouvertement campagne pour que l'Italie devienne une puissance européenne de premier plan. Aventurier, il s'empare notamment de la ville de Rijeka (Fiume en italien) qu'il offre à l'État italien, chassant les troupes d'occupation alliées (Français, Américains et Britanniques).

Il occupe la ville à partir du 12 septembre 1919. Vexé du refus de Rome, il y fonde la Régence italienne de Carnaro en 1920 avec son camarade syndicaliste révolutionnaire Alceste De Ambris. L’État libre de Fiume est éphémèrement reconnu au traité de Rapallo (1920), puis D'Annunzio déclare la guerre à l'Italie, avant que la ville ne doive se rendre en décembre 1920, après un bombardement de la Marine italienne.

Après l'affaire de Fiume, il se retire dans sa maison du lac de Garde et passe ses dernières années à écrire.

En 1921, il est élu « Membre étranger littéraire » de l'Académie Royale de langue et de littérature françaises de Belgique, et le restera jusqu'à sa mort, bien que n'y ayant jamais siégé.

Quoiqu'il ait une influence notable sur l'idéologie mussolinienne, il ne s'implique jamais directement dans le gouvernement fasciste au pouvoir à partir de 1923.

Il est créé "prince de Montenevoso" en 1924, et nommé président de l'Académie royale italienne en 1937.

Fondamentalement antinazi et détestant Hitler, il s'oppose au rapprochement de l'Italie avec l'Allemagne nazie. Mussolini lui accorde cependant des funérailles nationales après son décès, survenu le 1er mars 1938 à la suite d'une hémorragie cérébrale, à Gardone Riviera dans sa demeure (qui devint ensuite le mausolée du Vittoriale degli Italiani).

« Été voir, hier, Gabriele d'Annunzio chez lui 44, avenue Kléber. Il occupe au quatrième un appartement dont j'ai vu le petit salon. Il en a dissimulé la laideur, selon lui, avec des paravents, des tringles, des étoffes ton d'or, etc. C'est assez encombré. Par terre, des coupes où des fleurs baignent, sur la cheminée un Bouddha (...) des plumes de paon qui porteraient malheur si elles n'atteignaient pas le nombre de 999. Ce chiffre conjure tout, m'a dit le romancier-poète (...) Je suis toujours en état de "ferveur", m'a-t-il dit ensuite. De là l'affection qu'il a inspiré à de jeunes prêtres. Il m'a parlé aussi de la candeur inviolable qui est en lui. Il a eu des ennemis, il a subi beaucoup d'attaques. Il est "impuissant à haïr". Il ne faut pas juger les autres. Il m'a montré des vases qu'il fait car il est verrier, lui-même. Il a un atelier rue de Suffren. Être merveilleux que ce petit homme au front dégarni, à la parole étrangère et chantante. »

— Abbé Arthur Mugnier, Journal, 13 octobre 1914

, Mercure de France, 1985, p. 275.

Durant son séjour à Rome comme directeur de la Villa Medicis (1913-1921), Albert Besnard réalisa son portrait en 1917[5]. Romaine Brooks, quant à elle, avait peint le portrait du poète en exil, en 1912.

Œuvres

Le Triomphe de la mort, palais Abatellis, Palerme.
Nouvelles
  • Terra Vergine, (1882)
Romans
  • L'Enfant de volupté (1889)
  • L'Innocent, 1892 (première traduction française sous le titre L'Intrus), La Table Ronde, 1994
  • Le Triomphe de la mort (1894)
  • Les Vierges aux rochers (1899)
  • Le Feu (1900)
  • Francesca da Rimini (1901)
  • La Fille de Jorio (1904)
  • Louanges du ciel, de la terre et des héros (1904-12)
  • Phèdre (1909)
  • Forse che si, forse che no (1910)
  • Le Martyre de Saint-Sébastien (écrit en français) (1911)
  • La Pisanelle (écrit en français) (1913)
  • Nocturne (1916)
Théâtre
  • La Ville morte (1899)
  • La Joconde (1899)
  • Francesca de Rimini (1902)
  • L'Éthiopie en flammes (1904)
Poésie
  • Poésies, 1873-1883 (1912)

Notes

  1. "d'Annunzio", comme il avait l'habitude de signer lui-même. Les deux graphies sont avérées. Cf. Guglielmo Gatti, Vita di Gabriele d’Annunzio, Florence, 1956, p. 1-2.
  2. Georges Hérelle fut le premier traducteur français de D'annunzio. Entre 1891 et 1913, les deux hommes entretinrent une riche correspondance. Les lettres de D'Annunzio nous renseignent à la fois sur l'homme et sur l'écrivain. Voir Gabriele D'Annunzio à Georges Hérelle. Correspondance, accompagnée de douze Sonnets cisalpins, Introduction, traduction et notes de Guy Tosi, Paris, Denoël, 1946
  3. Cette ville française est jumelée, entre autres, avec deux villes d'Italie, Pescara et Gardone Riviera, lieux de naissance et de décès de D'Annuzio
  4. Voir Carlo Santoli, Le Théâtre français de Gabriele D'Annunzio et l'art décoratif de Léon Bakst, Paris, PUPS, 2009.
  5. N°184 au catalogue par Louis Godefroy de l'oeuvre gravé du peintre, Paris 1926

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