Fusariose

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Fusariose
Image illustrative de l’article Fusariose
Symptômes de la fusariose du blé (épis échaudés).

Type Maladie fongique
Noms communs Fusariose,
fusariose vasculaire,
flétrissure fusarienne,
chancre fusarien,
pourridié fusarien,
jaunisse fusarienne
Agents genre Fusarium
(nombreuses espèces)
Hôtes vaste gamme de plantes-hôtes dont les céréales
Répartition cosmopolite

Les fusarioses sont des maladies fongiques courantes des végétaux, et parfois de l'animal. Elles sont causées par certains champignons décomposeurs couramment présents dans le sol, du genre Fusarium (deutéromycète) mais ayant dans ces cas un développement parasitaire.

Ces maladies se développent dans les cultures (avec des risques plus ou moins importants selon les conditions météorologiques), leur développement varie beaucoup selon les espèces et variétés considérées et selon la météo au moment de l'épiaison et début de floraison (par temps sec, elle n'apparait pas sur céréale à paille mais peut apparaitre sur maïs). En général, elle n'apparait pas dans les silos ou lieux de stockage, du fait de la trop faible humidité des céréales; cependant, les toxines produites au champ avant stockage sont conservées lors du stockage.

Il existe de nombreuses espèces de Fusarium, dont certaines seulement sont des agents pathogènes ou sont susceptibles d'émettre des mycotoxines (fusariotoxines en l'occurrence), posant problèmes en agriculture ou en médecine humaine et pour l'industrie agroalimentaire. Ces niveaux sont soumis à une réglementation européenne depuis 2006[1].

Il y a aussi eu des essais d'usage comme agent d'arme biologique.[réf. nécessaire]

Symptômes[modifier | modifier le code]

Chez les céréales :

  • après la floraison les épillets sont précocement échaudés
  • puis les grains malades prennent un aspect rugueux et galeux, et une couleur brun clair, rose ou blanc-gris.

Chez d'autres plantes : Les Fusarium oxysporum sont responsables de flétrissements vasculaires dus à l'envahissement des vaisseaux du xylème par le pathogène. Chez la pomme de terre, des Fusarium provoquent des pourritures sèches.

Propagation[modifier | modifier le code]

Les fusarioses persistent l'hiver dans le sol ou dans les grains infectés, les paillettes ou restes de récoltes au sol. Une forte humidité et un temps chaud favorisent la maturation des périthèces sur les résidus de culture de l'année antérieure (notamment si elle était déjà contaminée) avec émission d’ascospores. Le vent dissémine alors les spores. Ceux qui germeront sur la floraison (si l'hygrométrie est proche de 100% durant 2 à 3 jours, avec germination la meilleure à 20 - 25 °C) coloniseront alors les fleurs, puis les glumes et les épis.

Incubation des spores : 3 à 5 jours (selon les conditions extérieures).

Écotoxicologie[modifier | modifier le code]

Divers genres de Fusarium produisent différentes familles de fusariotoxine :

  • Fusarium pseudigraminearum, F. graminearum, F. flocciferum, F.cerealis, F.culmorum produisent des trichothécènes B (DON, A-DON, NIV) et/ou de la zearalénone;
  • F. lumulosporum, F. venenatum, F. robustum, F. tumidum, F. sambicinum, F. poae, F. langsethiae et F. sporotrichioïdes sécrètent des trichothécènes A (T-2, HT-2)et/ou Trichothécènes B (NIV, FX);
  • F. verticilloïdes, F.sacchari, F. fujikuroi, F. proliferatum, F. subglutinans et F. nygamai produisent des fumonisines, beauvericines ou monoliformines.

Coûts et conséquences[modifier | modifier le code]

Les grains fusariés peuvent perturber l'alimentation du bétail du fait des mycotoxines[2],dont ;

  • DON (déoxynivalénol), qui est un trichothécène faisant réduire la consommation des animaux (notamment les porcs) et donc leur vitesse de croissance. Le DON est parfois appelé vomitoxine puisque des teneurs extrêmes peuvent faire vomir les porcs.
  • ZEA (zéaralénone) : qui a un effet œstrogénique, notamment chez les jeunes femelles de l'espèce porcine
  • Fumonisines B1/B2 qui modifient le métabolisme lipidique et ont des effets immunologiques
  • T2/HT2 (en cours d'évaluation) qui sont des trichothécènes immunodépresseurs et dermonécrosants.

Un blé très contaminé produit une farine moins panifiable (qui ne fermente pas normalement) et un pain qui lève moins. L'orge fusariée produit une bière de moindre qualité qui mousse anormalement, c'est ce que l'on appelle le phénomène de gushing.

Traitement[modifier | modifier le code]

Une approche préventive en amont, c'est-à-dire aux champs, consiste à entretenir une rotation des cultures, des sols équilibrés et à planter des végétaux génétiquement diversifiés, et adaptées au sol et aux microclimats locaux. Ne pas replanter deux années de suite la même espèce sur un site touché, ou y développer une jachère et ne pas irriguer ni arroser au moment de la floraison, utiliser des outils de semis et de récolte désinfectés et récolter en période la plus sèche possible semblent être des moyens de limiter les risques.

Si une culture a été contaminée, une bonne gestion des résidus est recommandée (ex : broyage fin et enfouissement partiel (déchaumage..) pour accélérer leur biodégradation[3]). Un sol riche en biodiversité est réputé moins favorable aux attaques fongiques de ce type.

Des pesticides (fongicides) existent, prescrits par leurs fabricants au moment de la floraison (pour les céréales, afin de protéger le futur épi) ; les triazoles limitent la fusariose sur épis et donc l’accumulation de toxines dans la plante, mais les strobilurines semblent moins efficaces sur le genre fusarium

Les associations culturales doivent tenir compte du risque de fusariose.

Réglementation[modifier | modifier le code]

Divers pays et collectivités (dont l'UE ou la France[4]) ont fixé des teneurs maximales à ne pas dépasser pour divers produits. Ces teneurs maximales varient selon la fusariotoxine, mais aussi suivant le produit alimentaire, selon qu'il est donné à des adultes ou à des enfants, ou à des animaux.

Par exemple, en Europe, les teneurs maximales en toxines dans les denrées alimentaires ont été publiées (règlement 1881/2006). Cependant les limites pour les toxines T2 et H-T2 étaient encore en cours de rédaction mi-2009. En alimentation animale, il n'existe que des teneurs maximales recommandées (recommandation 2006/576 du ) et qui ne concernent que les animaux les plus sensibles.

Liste des maladies des plantes appelées « fusarioses » en français[modifier | modifier le code]

Nom de la maladie Agent pathogène code OEPP
fusariose basale de l'asperge Fusarium culmorum FUSACU
fusariose basale du haricot Fusarium solani f. sp. phaseoli FUSASH
fusariose basale du pois Fusarium solani f. sp. pisi FUSASI
fusariose de la betterave Fusarium oxysporum f. sp. betae FUSABE
fusariose de l'ail Fusarium oxysporum, Fusarium culmorum et Fusarium proliferatum
fusariose de la pomme de terre Fusarium coeruleum FUSASC
fusariose de la reine-marguerite Fusarium oxysporum f. sp. conglutinans FUSACO
fusariose de la tige du mais Gibberella fujikuroi GIBBFU
fusariose de la tige du maïs Fusarium culmorum FUSACU
fusariose de la tige du maïs Gibberella zeae GIBBZE
fusariose de la vanille Fusarium oxysporum f. sp. vanillae FUSAVN
fusariose de l'ananas Gibberella fujikuroi var. subglutinans GIBBFS
fusariose de l'épi du maïs Fusarium poae FUSAPO
fusariose de l'épi du maïs Fusarium tricinctum FUSATI
fusariose de l'œillet Fusarium oxysporum f. sp. dianthi FUSADI
fusariose des broméliacées Fusarium oxysporum f. sp. aechmeae FUSAAE
fusariose des bulbes Fusarium oxysporum f. sp. gladioli FUSAGL
fusariose des céréales Fusarium culmorum FUSACU
fusariose des céréales Gibberella rosea FUSARO
fusariose des céréales Gibberella avenacea GIBBAV
fusariose des céréales Gibberella intricans GIBBIN
fusariose des céréales Monographella nivalis MONGNI
fusariose des épis Gibberella zeae GIBBZE
fusariose des racines de l'asperge Fusarium oxysporum f. sp. asparagi FUSAAS
fusariose des racines des cactées Fusarium oxysporum f. sp. opuntiarum FUSAOP
fusariose des racines et du collet de la tomate Fusarium oxysporum f. sp. radicis-lycopersici FUSARL
fusariose des racines et du collet du concombre Fusarium oxysporum f. sp. cucumerinum FUSACC
fusariose du blé Gibberella fujikuroi GIBBFU
fusariose du cacaoyer Albonectria rigidiuscula CALORI
fusariose du caféier Gibberella stilboides GIBBST
fusariose du carthame Fusarium oxysporum f. sp. carthami FUSACA
fusariose du cognassier Gibberella baccata GIBBBA
fusariose du collet des cucurbitacées Fusarium solani f. sp. cucurbitae FUSASU
fusariose du cotonnier Fusarium oxysporum f. sp. vasinfectum FUSAVA
fusariose du gerbéra Fusarium oxysporum f. sp. gerberae FUSAGE
fusariose du glaïeul Fusarium oxysporum f. sp. gladioli FUSAGL
fusariose du lin Fusarium oxysporum f. sp. lini FUSALI
fusariose du maïs Gibberella acuminata GIBBAC
fusariose du maïs Gibberella fujikuroi var. subglutinans GIBBFS
fusariose du maïs Gibberella zeae GIBBZE
fusariose du palmier à huile Fusarium oxysporum f. sp. elaeidis FUSAEL
fusariose du palmier dattier Fusarium oxysporum f. sp. albedinis FUSAAL
fusariose du soja Fusarium oxysporum f. sp. glycines FUSAGY
fusariose du soja Fusarium oxysporum f. sp. tracheiphilum FUSATR
fusariose du tubercule de la pomme de terre Gibberella cyanogena GIBBCN
fusariose moniliforme Gibberella fujikuroi GIBBFU
fusariose nivale Monographella nivalis MONGNI
fusariose roseum Gibberella rosea FUSARO
fusariose vasculaire Fusarium oxysporum FUSAOX
fusariose vasculaire de la lentille Fusarium oxysporum f. sp. lentis FUSALE
fusariose vasculaire de la pastèque Fusarium oxysporum f. sp. niveum FUSANV
fusariose vasculaire de la tomate Fusarium oxysporum f. sp. lycopersici FUSALY
fusariose vasculaire de la tulipe Fusarium oxysporum f. sp. tulipae FUSATU
fusariose vasculaire des crucifères Fusarium oxysporum f. sp. conglutinans FUSACO
fusariose vasculaire du caféier Gibberella xylarioides GIBBXY
fusariose vasculaire du chou Fusarium oxysporum f. sp. conglutinans FUSACO
fusariose vasculaire du chrysanthème Fusarium oxysporum f. sp. chrysanthemi FUSACH
fusariose vasculaire du concombre Fusarium oxysporum f. sp. cucumerinum FUSACC
fusariose vasculaire du cyclamen Fusarium oxysporum var. aurantiacum FUSAAU
fusariose vasculaire du fraisier Fusarium oxysporum f. sp. fragariae FUSAFR
fusariose vasculaire du haricot Fusarium oxysporum f. sp. phaseoli FUSAPH
fusariose vasculaire du melon Fusarium oxysporum f. sp. melonis FUSAME
fusariose vasculaire du pois Fusarium oxysporum f. sp. pisi FUSAPI
fusariose vasculaire du pois chiche Gibberella baccata GIBBBA
fusariose vasculaire du pois-chiche Fusarium oxysporum f. sp. ciceris FUSACI
fusariose vasculaire du radis Fusarium oxysporum f. sp. raphani FUSARA
fusariose du bananier Fusarium oxysporum f. sp. cubensei FUSACB

Cas particuliers[modifier | modifier le code]

Partie de la palmeraie de Béni-Abbés touchée par le bayoud

Au Maghreb, la fusariose, appelée localement « bayoud », attaque tout particulièrement le palmier dattier. Elle se propage actuellement en Mauritanie, en Égypte, en Palestine, en Grèce et en Turquie. Cette maladie est due au champignon Fusarium oxysporum f. sp. albedinis, qui s'insinue par les racines et par les vaisseaux pour gagner toutes les parties de la plante, provoquant sa destruction totale.

Cette maladie est connue en Algérie depuis 1898. Depuis son apparition, ce seul pays a subi une perte de plus de trois millions d’arbres.

Les moyens de lutte curatifs contre ce fléau sont peu efficaces. Les seules méthodes préconisées sont:

  • la prévention consistant à limiter les échanges de matériel végétal entre palmeraies,
  • la lutte chimique (traitement à l'iprodione coûteux mais à effet immédiat),
  • la lutte génétique par la sélection de variétés résistantes (en entretenant une diversité génétique de manière à ne pas faciliter les mutations adaptatives et expansions géographiques du champignon).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Fiche info fusariose de l'épi », sur Dossiers maladies céréales Bayer Agri
  2. « Moisissures et mycotoxines - effets des mycotoxines sur les porcs », sur www.omafra.gov.on.ca (consulté le )
  3. Source : fiche du ministère français de l'agriculture ; voir liens externes
  4. Liens de la Liste « Hygiène »

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • « Mycotoxines, partout, nulle part : Comment savoir ? »Édition spéciale du GLCG, N°2 de (OMAFRA (Canada))
  • règlement 1881/2006 de la Commission du portant fixation de teneurs maximales en certains contaminants dans les denrées alimentaires. JOEU L22 -24
  • Recommandation de la Commission européenne (2006/576/CE) du sur la prévention et la réduction des

toxines du Fusarium dans les céréales et produits céréaliers JOUE L229/7-9

  • Penser et gérer l’innovation en agriculture à l’heure du génie génétique, Gaëtan Vanloqueren (Thèse)
  • « DON et blé tendre, des solutions pour évaluer et maîtriser le risque » (Conseils de l'institut technique français Arvalis – Institut du végétal)

Liens externes[modifier | modifier le code]