Friedrich Alfred Krupp

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Friedrich Alfred Krupp
Friedrich Alfred Krupp (1900).
Fonctions
Député du Reichstag
Député de la chambre des seigneurs
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Friedhof Bredeney (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Famille
Père
Mère
Bertha Eichhoff (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Margarethe Krupp (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Bertha Krupp
Barbara Krupp (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Parti politique
Distinction
Vue de la sépulture.

Friedrich Alfred Krupp, né le à Essen, et mort le dans la même ville, est un industriel et homme politique allemand. Il est le fils d'Alfred Krupp, dont il hérita les fonderies en 1887.

Biographie[modifier | modifier le code]

Statue de Friedrich Alfred Krupp devant le musée Krupp (à la Villa Hügel)

L'héritage[modifier | modifier le code]

Friedrich Alfred Krupp reçut une formation de lettres classiques au Lycée du Château d'Essen. Il fit de l'entreprise Krupp un groupe industriel de stature mondiale, qui aujourd'hui constitue le noyau de ThyssenKrupp. L'entreprise, renforcée par l'usine sidérurgique de Rheinhausen, produisait surtout pour le secteur de l'armement. En 1893, soutenu par le gouvernement allemand, il fusionne son empire avec celui de son principal concurrent Hermann Gruson.

Sous son mandat, le nombre d'ouvriers doubla pratiquement jusqu'à atteindre 45 000. Il multiplia les mesures paternalistes d'aide et de promotion de la condition de ses employés. Son engagement social était pour l'époque révolutionnaire, par exemple en ouvrant l'un des premiers villages de vacances, celui d'Altenhof (de) à Essen-Rüttenscheid. Les employés de la société pouvaient venir en vacances et habiter ces maisons d'architectes gratuitement, afin de rompre avec la grisaille de leur ville industrielle. Par l’achat d'autres entreprises comme les chantiers navals Germania de Kiel (1896-1902), il était en 1902 à la tête d'une entreprise forte de 70 000 ouvriers et salariés.

De 1893 à 1898, Friedrich Alfred Krupp fut député de la circonscription d’Essen au Reichstag. Il y siégeait avec les conservateurs. Il n'hésitait pas à faire pression sur les autorités allemandes pour obtenir des commandes de matériels militaires.

Friedrich Alfred Krupp épousa en 1882 Margarethe von Ende, fille du haut président August von Ende, qui lui donna deux filles, Bertha et Barbara (de).

Le refuge de Capri[modifier | modifier le code]

Via Krupp à Capri.

Krupp était un fervent adepte des séjours à Capri, où il passa les mois d'hiver de 1899 à 1902. Il y fit tracer un chemin escarpé au milieu des rochers, l'actuelle Via Krupp, devenue une curiosité touristique. La recherche océanographique était la principale activité du chevalier d'industrie à Capri : il a identifié plusieurs espèces vivant en Méditerranée. Il recevait dans son domaine des naturalistes aussi célèbres que Felix Anton Dohrn et Ignazio Cerio (en), et il possédait deux yachts à Capri, le Maja et le Puritan[1].

Rumeurs et mort[modifier | modifier le code]

Les soupçons de pédérastie envers Friedrich Alfred Krupp remontent à ses séjours à l'hôtel Bristol de Berlin[2]. Ils ont été confirmés par le commissaire de police Hans von Tresckow, chargé de la surveillance des homosexuels[3].

À Capri, durant l’hiver 1901-1902, il s’était fait aménager une grotte près de Marina Piccola pour s’y recueillir et aussi pour y mener diverses festivités avec un cercle d’amis, la Congrega di Fra Felice[4]. On ne sait s’il y a réellement organisé des orgies avec de jeunes amants, ou si cette accusation reflète un chantage[5],[6], dans le contexte des luttes politiques locales[7]. Krupp découvrit ces rumeurs en [8]. Les 15 et , le journal socialiste napolitain Propaganda le traitait de « dégénéré sexuel »[9],[10]. Le , le journal catholique Augsburger Postzeitung dévoilait le scandale, sans citer de nom. Le , le journal social-démocrate Vorwärts désignait Krupp comme homosexuel, et soulignait qu'il était passible du paragraphe 175. Les exemplaires de ce numéro furent saisis, même chez les abonnés[11].

Peu après, le , Krupp mourait dans la villa Hügel d’Essen. On parla officiellement d’une hémorragie cérébrale[12] ou d'une défaillance cardiaque[13], mais la rumeur d'un suicide se répandit. Lors de ses obsèques à Essen, le cortège funéraire fut suivi par Guillaume II[14] : l'empereur accusa les socialistes d'avoir « assassiné » son ami[15].

Krupp avait demandé par testament que l’entreprise familiale soit transformée en société par actions, sa fille aînée Bertha héritant de toutes les actions.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (de) Dieter Richter, « Bruder Glücklichs trauriges Ende », sur www.kirche-capri.de (consulté le )
  2. (it) Giovanni Dall'Orto, « Storia gay - Friedrich Alfred Krupp (1854-1902), l'omosessualità e lo scandalo di Capri », sur www.giovannidallorto.com (consulté le )
  3. (de) Hans von Tresckow, Von Fürsten und anderen Sterblichen. Erinnerungen eines Kriminalkommissars, Berlin, F. Fontane und Co, , p. 126-132 (Der Fall Krupp)
  4. D'après (de) Dieter Richter, in Michael Epkenhans, Ralf Stremmel (éd.), Friedrich Alfred Krupp. Ein Unternehmer im Kaiserreich, Munich, Beck, , 363 p. (ISBN 978-3-406-60670-0, lire en ligne), « Krupp auf Capri. Ein Skandal und seine Geschichte », p. 166-168.
  5. (de) Norman Douglas, Rückblick. Eine Reise in meine Vergangenheit, p. 198-199.
  6. (de) Diana Maria Friz, Margarethe Krupp, Munich, dtv, 2008 (ISBN 978-3-423-24703-0) (OCLC 316276410), p. 342.
  7. (it) Carlo Knight, Krupp a Capri, Naples, 1989.
  8. Richter, op. cit., p. 169-174.
  9. (it) Giovanni Dall'Orto, « Testi di storia gay - Il caso Krupp - La Propaganda 15-10-1902 », sur www.giovannidallorto.com (consulté le )
  10. (it) Giovanni Dall'Orto, « Testi di storia gay - Il caso Krupp - La Propaganda 20-10-1902 », sur www.giovannidallorto.com (consulté le )
  11. William Manchester, Les armes des Krupp, Paris, Robert Laffont, , p. 220
  12. (de) Diana Maria Friz, Margarethe Krupp, Munich, dtv, 2008 (ISBN 978-3-423-24703-0) (OCLC 316276410), p. 361.
  13. Douwe Draaisma, Quand l'esprit s'égare, Seuil, , 496 p. (ISBN 978-2-02-118614-7, lire en ligne)
  14. (de) Frank Stenglein, « Der einsame Tod des Friedrich Alfred Krupp | WAZ.de », sur www.derwesten.de (consulté le )
  15. Norbert Mühlen, L'incroyable famille Krupp, Paris, Buchet-Chastel, , p. 107

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (de) Edwin Cerio, Capri. Ein kleines Welttheater im Mittelmeer, Munich 1954, p. 135–143.
  • (en) Norman Douglas, Looking Back, Neugebauer Graz/Feldkirch, 2006 (ISBN 978-3-85376-206-6) (OCLC 162216916), p. 194-205 (Orig.: 1934).
  • Michael Epkenhans, Ralf Stremmel (éd.), Friedrich Alfred Krupp. Ein Unternehmer im Kaiserreich, Munich, C. H. Beck, 2010, 364 p. (ISBN 978-3-406-60670-0). (critique)
  • (it) Tito Fiorani, Le dimore del mito. La Conchiglia, Capri 1996, p. 99-106.
  • (de) Harold James, Krupp. Deutsche Legende und globales Unternehmen, Munich, C. H. Beck Verlag, 2011, 343 p.
  • (de) Humbert Kesel, Capri. Biographie einer Insel. Prestel, München 1971, (ISBN 3-7913-0007-5), p. 264–268.
  • (de) Carlo Knight, Die Capri-Utopie von Krupp – L’utopia caprese di Krupp. La Conchiglia, Capri, 2002. (ISBN 88-86443-54-4).
  • William Manchester, Les armes des Krupp 1587-1968, Paris, Robert Laffont, 1970, 826 p.
  • Norbert Mühlen, L'incroyable famille Krupp, Paris, Buchet-Chastel, 1961, 303 p.
  • (de) Julius Meisbach, Friedrich Alfred Krupp: wie er lebte und starb. Stauff, Köln o. J. [vers 1903].
  • (de) A. Sper [Hans Rau (1882–1906)], Capri und die Homosexuellen. Eine psychologische Studie, Orania, Berlin 1903.
  • (de) Willi A. Boelcke (de) (Hrsg.): Krupp und die Hohenzollern in Dokumenten. Krupp-Korrespondenz mit Kaisern, Kabinettschefs und Ministern 1850–1918. Akademische Verlagsgesellschaft Athenaion, Frankfurt am Main 1970.

Liens externes[modifier | modifier le code]