Félicie Gimet

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Félicie Gimet
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité

Louise-Félicie Gimet serait une anarchiste, communarde, puis religieuse catholique française[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

1893.09.12 - Acte de décès d'une personne dénommée Félicie Ginet.

On ne sait quasiment rien de façon sûre de la vie de Félicie Gimet et encore moins de sa jeunesse.

Des sources évoquent une naissance en 1835 à partir de la lecture de l'acte de décès d'une « Félicie Ginet ». Cet acte indique « Rouenne-en-Forêt (Loire) » et les prénoms et noms de ses parents[2]. Bien qu'il n'existe pas aujourd'hui de commune à ce nom, il pourrait s'agir de Roanne en Forez, nom autrefois usité pour Roanne, voisine de la région du Forez, dans le département de la Loire[3]. Une hypothèse a été proposée que l'officier d'état civil, peu scrupuleux sur la justesse du nom de la commune, ait confondu avec Boën-sur-Lignon, autrefois Boën en Forez[4], mais on n'y trouve pas de naissance au nom de Félicie Ginet ou non plus d'une Félicie Gimet. Aucune information ne permet de faire le lien entre cette Félicie Ginet et la Félicie Gimet de la légende.

Cet acte de décès précise qu'elle est célibataire[2]. Cette Félicie Ginet repose au cimetière Saint-Lazare de Montpellier[5].

Remise en cause[modifier | modifier le code]

Une source catholique tardive[6], reprise dans différents articles dont Le Maitron[7], publie des informations relatives à Félicie Gimet, informations remises en cause depuis la fin des années 1930 à la suite d'un long processus de recherches[8], qui ne trouvent pas sa présence parmi les femmes ayant comparu devant le Conseil de Guerre mais affirment que la première source de cette histoire en serait la sœur Zachée et y trouvent des éléments de vraisemblance.

D'après cette source, elle aurait grandi à Lyon dans une famille catholique et rapidement aurait rejeté la foi de ses parents. En 1858, par curiosité, elle se serait rendu à Ars pour voir le célèbre curé du lieu et aurait réagi avec ironie à l'homélie de ce dernier.

En 1871, elle se serait engagée dans l'armée des Fédérés[9]. Habillée soit en homme — auquel cas elle se serait fait appeler « capitaine Pigerre »[11] —, soit en femme, elle aurait participé, lors de la Semaine sanglante, à l'exécution des otages ecclésiastiques : en particulier Mgr Georges Darboy, archevêque de Paris et le jésuite Pierre Olivaint. Les sources ne s'accordent pas sur le rôle exact qu'elle aurait joué dans ces exécutions. Certains affirment qu'elle n'a fait qu'y assister[12], d'autres qu'elle a elle-même tué l’archevêque, et qu'elle aurait déclenché le massacre[13]. Elle aurait avoué avoir tué treize prêtres[14],[15],[6].

Louise Gimet est condamnée à mort et est transférée à la prison de femmes de Saint-Lazare avec Louise Michel, condamnée à la déportation[16]. À cette époque la prison Saint-Lazare est tenue par des religieuses, les Sœurs de Marie-Joseph[17]. Félicie Gimet aurait promis à la Supérieure de la Congrégation des sœurs des Prisons de l’ordre de Saint-Joseph, Mère Marie-Eléonore, de se convertir si elle sortait vivante de prison. Or, Mère Marie-Eléonore obtient son sursis, et elle ne sera pas exécutée. Elle aurait tenu parole et se serait convertie[18], en particulier en lisant le Journal du père Olivaint (alors qu'elle avait participé à son exécution). Elle aurait alors mené une vie retirée, souvent auprès de Mère Éléonore, et serait devenue membre des filles de Marie le 15 août 1890[6], prenant le voile sous le nom de sœur Marie-Éléonore[19]. Jusqu’à la fin de son existence, elle aurait accompagné des personnes en fin de vie[20].

Elle serait morte en 1893, à la maison religieuse La Solitude de Nazareth[réf. nécessaire].

Charles Clair, dans son ouvrage Pierre Olivaint, publié en 1888, décrit dans le détail —  durant 42 pages[21] — les derniers instants de Mgr Georges Darboy et Pierre Olivaint. Parmi toutes les personnes mentionnées, aucune mention n'est faite à Félicie Gimet ou à un capitaine Pigerre.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Pierre Duclos, « Une pétroleuse convertie : Félicie Gimet et Pierre Olivaint », Revue d'histoire de l'Église de France, t. 74, no 192,‎ , p. 53-62 (lire en ligne) . Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jeanne Ancelet-Hustache, Les Sœurs des prisons, Paris, Grasset, coll. « Les Grands ordres monastiques et instituts religieux », , 315 p., p. 285-297.
  • Félix Causas, Louise-Félicie Gimet (1835-1893) : le terrible « Capitaine Pigerre » de la Commune de Paris (1871), Saint-Remi, , 52 p. (ISBN 9782816204384).
  • Claudine Rey, Annie Gayat et Sylvie Pépino, Petit dictionnaire des femmes de la Commune : Les oubliées de l'histoire, Limoges, Le bruit des autres, , 301 p. (ISBN 2356520856).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Vie de la révérende mère Saint-Augustin, fondatrice et première Supérieure générale de la Congrégation des sœurs de Marie-Joseph pour les prisons / par une religieuse de la même congrégation, P. Téqui (Paris), 1925
  2. a et b Acte de décès de Félicie Gimet, archives départementales de l'Hérault.
  3. Notre Dame des Otages: De la Commune au Couvent
  4. Jean de Pavilly, in L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, ,[lire en ligne].
  5. De Capitaine Pigerre à Sœur Marie-Eléonore : itinéraire de la communarde Louise Gimet.
  6. a b et c Duclos Pierre. Une pétroleuse convertie : Félicie Gimet et Pierre Olivaint. In: Revue d'histoire de l'Église de France, tome 74, n°192, 1988. pp. 53-62
  7. a et b « notice GIMET Louise, Félicie (ou Guimet), épouse Pigerre (ou Pigerel) », sur maitron.fr, (consulté le )
  8. Première question sur le Capitaine Pigerre en février 1937, la suite en mai 1937, puis en juillet 1937, puis en novembre 1937, puis en décembre 1937, encore en décembre 1937, la conclusion en avril 1938, un dernier épilogue en novembre 1939.
  9. ll La capitaine Pigerre, Jeanne Ancelet-Hustache, L'Aube, 19 octobre 1934
  10. « PIGERRE Élie, Jean-Baptiste », sur maitron.fr, .
  11. Un « vrai » capitaine Pigerre (Élie Jean-Baptiste Pigerre)[10] a existé parmi les communards. Son lien avec Félicie Gimet varie : certaines sources affirment qu'ils étaient mariés, d'autres que Félicie Gimet a usurpé l'identité du capitaine[7].
  12. Pierre Jovat, « Félicie Gimet, l'inattendue conversion d’une communarde devenue laïque consacrée », sur La Vie.fr, 2021-05-25cest17:28:52+02:00 (consulté le )
  13. Le massacre des otages de la Commune, rue Haxo, Alain Duval, La Mayenne, 1er juin 1929
  14. 1871 - Louise-Félicie Gimet, dite capitaine Pigerre
  15. L'affaire de la rue Haxo, Étienne Hervier, Qui ?, 27 décembre 1948, page 13
  16. Cimetières de Montpellier: GIMET Louise Félicie
  17. Un cas peut-il être désespéré ? L’exemple de Louise-Félicie Gimet
  18. Les Sœurs des prisons, La Croix, 25 novembre 1934, page 3
  19. Revue des questions historiques Marquis de Beaucourt, 1935
  20. Les femmes dans la Commune et le 20e
  21. Charles Clair : Pierre Olivaint, prêtre de la Compagnie de Jésus, Paris, 1878, p. 436 à 477.

Liens externes[modifier | modifier le code]