Connexion de Gauss-Manin

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En mathématiques, la connexion Gauss-Manin est une connexion associée à un fibré vectoriel sur un espace de base S d'une famille de variétés algébriques . Les fibres du faisceau vectoriel sont les groupes de cohomologie de De Rham des fibres de la famille. Elle a été introduite par Yuri Manin en 1958 pour les courbes S et par Alexandre Grothendieck en 1966 en dimensions supérieures.

Les sections plates du fibré sont décrites par des équations différentielles ; la plus connue d'entre elles est l'équation de Picard-Fuchs, qui apparaît lorsque la famille des variétés sont des courbes elliptiques. Intuitivement, lorsque la famille est localement triviale, les classes de cohomologie peuvent variées d'une fibre de la famille à des fibres voisines, donnant un sens toologique au terme de « section plate ». L'existence de la connexion est déduite des sections plates.

Intuition[modifier | modifier le code]

Soit un morphisme lisse de schémas de caractéristique 0. En tant que qu'espaces complexes analytiques, le théorème d'Ehresmann implique que les fibres sont des variétés lisses et sont toutes difféomorphes. Les groupes de cohomologie de de Rham sont donc tous isomorphes. Nous pouvons utiliser cette observation pour nous demander ce qui se passe lorsque nous essayons de différencier les classes de cohomologie sont des champs de vecteurs de l'espace de base .

Soit une classe de cohomologie tel que est l’inclusion. Si l'on considère les classes

il y aura une relation entre eux, appelée équation de Picard-Fuchs. La connexion de Gauss-Manin est un outil qui code ces informations dans une connexion sur le fibré vectoriel plat sur construit à partir du [1].

Exemple[modifier | modifier le code]

Un exemple classique est la construction de Dwork de l'équation de Picard-Fuchs. Soit

la courbe elliptique .

Ici, est un paramètre décrivant la courbe ; c'est un élément de la droite projective complexe (la famille des hypersurfaces en en dimension n, définies de manière analogue, ont été intensivement étudiées ces dernières années, en lien avec le théorème de modularité et ses extensions)[2]. Ainsi, l’espace de base du fibré est la droite projective. Pour un fixe dans l'espace de base, considérons un élément du groupe de cohomologie de de Rham associé

Chacun de ces éléments correspond à une période de la courbe elliptique. La cohomologie est concentrée en degré inférieur à 2. La connexion de Gauss – Manin correspond à l'équation différentielle du second ordre

Le point de vue des D-modules[modifier | modifier le code]

Dans le cadre plus abstrait de la théorie des D-modules, l'existence de telles équations est contenue dans une discussion générale de l'image directe.

Équations « issues de la géométrie »[modifier | modifier le code]

L'ensemble de la classe des connexions Gauss-Manin a été utilisée pour tenter de formuler le concept d'équations différentielles qui « découlent de la géométrie ». En relation avec la conjecture de la p-courbure de Grothendieck, Nicholas Katz a prouvé que la classe des connexions de Gauss-Manin avec des coefficients en nombres algébriques satisfait la conjecture. Ce résultat est lié à la fonction G de Siegel de la théorie des nombres transcendants, pour les solutions de fonctions méromorphes. La conjecture de Bombieri-Dwork, également attribuée à Yves André postule une réciproque : des solutions sous forme de fonctions G, ou de p-courbure nilpotente mod p pour presque tous les nombres premiers p, signifient qu'une équation « provient » de la géométrie[3],[4].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Reference for Gauss–Manin Connection », math.stackexchange.com
  2. Nicholas M. Katz, Algebra, Arithmetic, and Geometry Vol II, Birkhäuser, , 89–126 p. (ISBN 978-0-8176-4746-9, DOI 10.1007/978-0-8176-4747-6_4, MR 2641188, lire en ligne), « Another look at the Dwork family »
  3. Reiter, « On applications of Katz' middle convolution functor (Deformation of differential equations and asymptotic analysis) », Kyoto University Research Information Repository,
  4. Totaro, « Euler and algebraic geometry », Bulletin of the American Mathematical Society, vol. 44, no 4,‎ , p. 541–559 (DOI 10.1090/S0273-0979-07-01178-0, MR 2338364, lire en ligne)
    • Valentine Kulikov, Mixed Hodge Structures and Singularities, Cambridge Tracts in Mathematics, , 1–59 p. (Une introduction aux connexion de Gauss-Manin)
    • Alexandru Dimca, Sheaves in Topology, 55–57,206–207 (Donne des exemples de connexion de Gauss-Manin et de leur relation avec la théorie des D-modules et de la correspondance de Riemmann-Hilbert.)
    • Phillip Griffiths, Periods of integrals on algebraic manifolds: Summary of main results and discussion of open problems (lire en ligne) (Donne un aperçu des théorèmes de structure principaux sur les connexions de Gauss-Manin.)
    • Ivan Barrientos, The Gauss-Manin connection and regular singular points. (lire en ligne)
    • Alexander Grothendieck, On the de Rham cohomology of algebraic varieties, vol. 29, coll. « letter to Atiyah, Oct. 14 1963 », , 95–103 p. (ISSN 0073-8301, DOI 10.1007/BF02684807, MR 0199194, S2CID 123434721, lire en ligne)
    • (ru) Ju. I. Manin, Algebraic curves over fields with differentiation, vol. 22, , 737–756 p. (MR 0103889, lire en ligne) et (en) Ju. I. Manin, American Mathematical Society translations: 22 papers on algebra, number theory and differential geometry, vol. 37, Providence, R.I., American Mathematical Society, (1re éd. 1958), 59–78 p. (ISBN 978-0-8218-1737-7, MR 0103889, lire en ligne), « Algebraic curves over fields with differentiation »