Concile d'Elvire
Le concile ou synode d’Elvire ou encore d’Eliberis ou Illiberis est le plus ancien synode chrétien dont les canons nous sont parvenus. Il s'est tenu à Eliberis, Elvira, aujourd'hui Alarife, un quartier de Grenade en Espagne. La date d'ouverture de ce synode a été discutée, mais il est communément admis qu'il s'est ouvert le ou 306, après la fin de la persécution de Dioclétien. Il traite de la vie interne de l'Église (comportement des chrétiens, célibat des clercs, pénitence, attitude face au paganisme, etc.)[1].
Description
[modifier | modifier le code]Le concile réunit 19 évêques, 27 prêtres, des diacres et des laïcs venus de toute l'Espagne : Gallaecia (Dèce de Legio), Tarraconaise (Valère de Caesaraugusta, Janvier de Fibularia), Lusitanie (Libère de Emerita, Vincente de Ossobona Quintilien de Elbona), Carthaginoise (Melantius de Toletum, Secundinus de Castulo, Pardo de Mentesa, Felix de Acci, Eulicianus de Basti, Succesus de Eliocroca, Cantonius de Ursi) et Bétique (Ossius de Cordoba, Sabinus de Hispalis, Camerinus de Tucci, Sinagius de Ipagrum, Flavien de Iliberis, Patricius de Malaca)[1].
Le concile aurait approuvé 81 canons. Les plus anciennes mentions de ces canons se trouvent dans les collections canoniques du XIe siècle et XIIe siècle : Décret de Burchard de Worms, avec dix canons dits d’Elvire, la Tripartite d’Yves de Chartres avec seize canons et le Décret de Gratien où se trouvent onze canons.
Il décrète l’abstinence sexuelle des prêtres[2]. Il proscrit les mariages avec des non-chrétiens[1] et condamne l’étroite fréquentation des Juifs. Les femmes chrétiennes n’ont pas le droit d’épouser des Juifs, à moins qu’ils ne se soient convertis. Les Juifs n’ont pas le droit d’accueillir à leur table des chrétiens, qu’ils soient laïcs ou prêtres, ne peuvent pas avoir d’épouses chrétiennes, ni bénir les champs des chrétiens[3].
Par son canon 54, le concile décréta l'excommunication des femmes se faisant avorter.
Le concile aborde pour la première fois, en son canon 62, la question des « histrions, pantomimes et cochers du cirque ». Ceux qui désiraient embrasser la foi chrétienne devaient auparavant renoncer à leur profession, ce qui aboutit à l'affaire de l'excommunication des acteurs. Mais le concile d’Elvire est un concile provincial, dont les décisions n’avaient qu’une portée géographique limitée.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Philippe Beitia (trad. du latin), Le Baptême et l'Initiation Chrétienne en Espagne du IIIe au VIIe, Paris/Torino/Budapest etc., Éditions L'Harmattan, , 253 p. (ISBN 978-2-296-11783-9, présentation en ligne)
- Elizabeth Abbott (trad. de l'anglais), Histoire universelle de la chasteté et du célibat, Saint-Laurent (Québec)/Paris, Éditions Fides, , 615 p. (ISBN 978-2-7621-2507-8, présentation en ligne)
- Moïse Schwab, Histoire des Israélites depuis d'édification du second temple jusqu'à nos jours, L. Blum, (présentation en ligne)
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Ferdinand de Mendoza, De confirmando Concilio IIIiberitano ad Clementem VIII, 1593
- Louis Moreri, Le grand dictionnaire historique ou le mélange curieux de l'histoire sacrée et profane, chez Jean-Baptiste Coignard, Paris, 1725, tome 3, p. 790 (lire en ligne)
- Giovanni Domenico Mansi, Sacrorum Conciliorum nova et amplissima collectio (Florence and Venice, 1758-98) vol.II.ii.1-406; reprint (Paris) 1906 Reprints the account of Ferdinand de Mendoza, pp. 57-397.
- Jean Hardouin, Conciliorum collectio regia maxima i. pp. 247-258.
- Karl Joseph von Hefele, Conciliengeschichte I, pp. 148-192 (2nd ed. 1873) traduction en français : Charles Joseph Hefele, Histoire des conciles d'après les documents originaux, Letouzey et Ané éditeurs, Paris, 1907, tome 1, première partie, p. 212-264 (lire en ligne)
- Edgar Hennecke, dans Schaff-Herzog Encyclopedia of Religious Knowledge (3rd ed), sv. "Elvira", en particulier la bibliographie.
- Samuel Laeuchli, Power and Sexuality: The Emergence of Canon Law at the Synod of Elvira (Philadelphia: Temple University Press) 1972.
- José F. Ubina. Le concile d'Elvire et l'esprit du paganisme // Dialogues d'histoire ancienne. V. 19. No. 19-1, 1993 pp. 309-318. Disponible sur Persée
- Élie Griffe, « Prima cathedra episcopatus », dans Bulletin de littérature ecclésiastique, 1961, tome 62, no 2, p. 131-134 (lire en ligne)
- Élie Griffe, « À propos du canon 33 du concile d'Elvire », dans Bulletin de littérature ecclésiastique, 1973, tome 74, no 2, p. 142-145 (lire en ligne)
- Élie Griffe, « Le concile d'Elvire devant le remariage des femmes », dans Bulletin de littérature ecclésiastique, 1974, tome 75, no 3, p. 210-214 (lire en ligne)
- Élie Griffe, « Le concile d'Elvire et les origines du célibat ecclésiastique », dans Bulletin de littérature ecclésiastique, 1976, tome 77, no 2, p. 123-127 (lire en ligne)
- Maurice Meigne, « Concile ou collection d'Elvire ? », dans Revue d'histoire ecclésiastique, 1975, volume 70, no 2, p. 361-387
- José F. Ubina, « Le concile d'Elvire et l'esprit du paganisme », dans Dialogues d'histoire ancienne, 1993, tome 19, no 1, p. 309-318 (lire en ligne)
- Miguel J. Lázaro Sánchez, « L’état actuel de la recherche sur le concile d’Elvire », Revue des Sciences Religieuses, , p. 517-546 (lire en ligne)