Code de la Bible

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Les codes de la Bible, connus aussi sous le nom de codes de la Torah, sont des phrases ou des fragments de mots ou de phrases, dont certains pensent qu'ils ont un sens, et qu'ils sont placés intentionnellement de manière codée dans le texte de la Bible.

À la fin des années 1970, Eliyahu Rips est le premier chercheur à faire une recherche systématique d'un code de la Bible à l'aide d'un ordinateur, se concentrant sur le début de la Genèse. Au début des années 1980, Doron Witztum commence à travailler avec lui puis, en 1994, Rips, Doron Witztum et Yoav Rosenberg publient un article dans le journal Statistical Science, annonçant avoir découvert une preuve que les messages trouvés dans le texte hébreu de la Genèse seraient le fait d'une intention[1].

Ces codes ont été rendus célèbres par le livre La Bible : le Code secret de Michael Drosnin, qui prétend que ces codes peuvent être utilisés pour prédire l'avenir.

Méthodes[modifier | modifier le code]

La première méthode avec laquelle des messages avec une prétendue signification ont été extraits est celle de la Séquence de lettres équidistantes (SLE). Pour obtenir une SLE d'un texte, il faut choisir un point de départ (en général, n'importe quelle lettre) et un nombre, lui aussi choisi de manière libre et pouvant être négatif. Puis de la lettre de départ, sélectionner la lettre de distance égale à celle donnée par le nombre choisi, puis recommencer de la nouvelle lettre trouvée, et ainsi de suite…

Par exemple dans cette phrase les lettres en gras forment une séquence SLE et donnent le mot RESTE (le nombre choisi est 3).

En arrangeant les lettres de la Genèse 26:5–10 (version anglaise) dans une grille de 21 colonnes on obtient les mots « Bible » et « code ». Des centaines d'autres arrangements peuvent permettre de trouver de nouveaux mots. Il faut cependant bien noter que ceci n'est qu'un exemple, car l'hébreu biblique ne contient aucune indication des voyelles, ce qui implique que les mots sont représentés sur nettement moins de lettre que dans les langues basées sur l'alphabet latin, et facilite grandement l'apparition de mots «cachés», qui est beaucoup plus difficile dans nos langues.

La preuve[modifier | modifier le code]

L'étude de Rips, Witztum et Rosenberg était basée sur l'idée que si les mots trouvés dans un texte dans une langue inconnue ont un sens intentionnel, alors en fonction de ce sens, on peut s'attendre à ce que les mots dont le sens est corrélé, soient en moyenne plus proches les uns des autres que les mots n'ayant pas de lien sémantique entre eux. L'idée est que si les mots dont le sens est proche, sont de façon consistante, également plus proches dans le texte, alors, cela signifie que cette correspondance entre la proximité physique et la proximité sémantique, a nécessairement une cause qui attribuait aux mots, une corrélations sémantique similaire à celle que nous y attribuons (sans une telle cause, les proximités physiques et sémantiques devraient être statistiquement indépendantes).

Et donc, si nous disposons d'un «dictionnaire partiel» (c'est-à-dire une liste limitée de mots dont nous connaissons le sens supposé, nous pouvons établir une liste de paires de mots dont le sens est corrélé entre eux). Prenons un exemple, Si mon dictionnaire partiel contenait les mots pour «maman», «bébé», «automobile» et «frein», il serait légitime de s'attendre à ce que les distance dans le texte qu'on analyse, entre «maman» et «bébé», et entre «automobile» et «frein», soient en moyenne plus courtes, que les distances entre les mêmes mots, mais en construisant des paires non corrélées sémantiquement (dans cet exemple simple-ci : entre «maman» et «automobile», et entre «bébé» et «frein»; ou entre «maman» et «frein», et entre «bébé» et «automobile»).

Et donc, en suivant ce raisonnement, le critère de l'étude (l'hypothèse nulle) consiste à dire que s'il n'y a pas de corrélation intentionnelle, alors la mesure de la distance dans le texte entre les mots appariés, devrait être strictement indépendante de la façon dont ceux-ci ont été appariés.

En pratique, La méthode consiste donc à

  1. concevoir une mesure de distance entre deux mots qui soit applicable à des mots cachés dans des séquences de lettres équidistances,
  2. définir une statistique qui exprime la proximité globale de deux mots à partir de cette mesure de distance
  3. choisir l'ensemble des mots sur lesquels on va effectuer la mesure et une façon de les apparier qui rende compte des corrélations sémantiques, ainsi qu'un ensemble de 999.999 façons alternatives de les apparier qui au contraire soient indépendantes de ces corrélations sémantiques.
  4. mesurer par un test statistique la probabilité que la mesure de proximité physique avec le premier appariement fasse partie de la même distribution statistique que les 999.999 autres.

Résultats[modifier | modifier le code]

Les résultats observés par cette expérience ont été hautement significatifs, alors qu'en comparaison, le même test effectué sur une traduction en hébreu du texte «Guerre et paix» de Léon Tolstoy, n'a donné aucun résultat significatif[1].

Les critiques[modifier | modifier le code]

Il existe un certain nombre de critiques relatives à cette recherche, qui ont donné lieu a des débats pas toujours très compréhensibles entre les auteurs et leur contradicteurs. Un nombre important de ces critiques ne sont cependant pas pertinentes dans la mesure où elles attribuent implicitement ou explicitement à l'article, des affirmations qu'il ne fait pas[réf. nécessaire].

Critiques non pertinentes ou invalides[modifier | modifier le code]

Il y a entre autres eu des critiques basée sur la facilité avec laquelle on peut trouver quasiment n'importe quel séquence de lettre par cette méthode, d'autant plus que l'hébreu ancien (au même titre que l'arabe ancien) facilite cette recherche en n'ayant pas de représentation pour les voyelles[2]. Cette critique cependant, néglige le fait que la probabilité d'apparition des mots recherchés n'est pas et n'impacte pas l'effet mesuré par l'étude.

Une autre critique concerne le fait qu'on n'aurait pas réalisé de test contrôle sur d'autres textes[pas clair]. Ceci est inexact[Passage contradictoire (le singulier rend exacte l'absence de pluriel ; avoir fait le test avec un seul autre texte n'invalide pas la remarque qu'il n'a pas été fait avec plusieurs autres textes)] : Bien que le principe de l'expérience ne fasse pas apparaître de raison qui justifie l'apparition d'une telle propriété dans un texte qui n'aurait pas été conçu dans ce but ; un tel test de contrôle est bien mentionné dans l'article (le test avec Guerre et paix) et a fourni un résultat largement non significatif qui diverge clairement de celui avec la genèse[1].

Une troisième critique consiste à dire que ces «codes secrets» permettraient de trouver des prophéties fausses. Cependant, cette critique ne s'applique qu'au livre de Michael Drosnin qui a revendiqué à avoir prédit l'assassinat d'Yitzhak Rabin grâce à cette méthode. Les auteurs de la recherche, par contre, n'ont jamais prétendu que les codes de la bible permettaient de faire des prophéties et ne soutiennent pas les conclusions de Drosnin[3]. Ils ont trouvé des éléments qui n'étaient pas connus au moment de l'écriture de la bible, mais rien ne démontre que le texte ne contienne pas également des choses qui ne sont jamais arrivée et qui n'arriveront jamais. Tout ce que cette étude montre, c'est que l'effet observé est trop improbable pour être accepté comme le fait du hasard.

Critiques pertinentes[modifier | modifier le code]

Des critiques[4] par des statisticiens plus sérieux ont été publiées, mais il semble qu'elles portent essentiellement sur le fait que les données «pourraient» avoir été manipulées sans faire la preuve qu'elles l'aient réellement été. De plus, ceci semble contradictoire avec le fait que l'expérience ait été reproduite avec des données différentes, par Harold Gans, un chercheur de la NSA, alors que celui ci tentait de les réfuter[5].

Selon le Dictionnaire sceptique : « Le professeur Menachem Cohen, célèbre spécialiste de la Bible de l’Université Bar-Han, s’est montré critique envers Witztum et ses collègues pour deux raisons: 1) il y a plusieurs autres versions hébraïques de la Genèse pour lesquelles les SEL [séquences de lettres équidistantes] ne donnent pas de résultats significatifs du point de vue statistique, et 2) les appellations données aux grands hommes d’Israël étaient arbitraires et manquaient d’uniformité[6]. »

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Doron Witztum, Eliyahu Rips, Yoav Rosenberg, Equidistant letter sequences in the Book of Genesis, Statistical Science, 1994, vol. 9, pp. 429-438
  2. « Critique du code secret de la Bible - Projet 22 », sur www.projet22.com (consulté le )
  3. (en) « PUBLIC STATEMENT BY DR. ELIYAHU RIPS », sur torah-code.org, (consulté le )
  4. « Bible Codes debunked in Statistical Science », sur users.cecs.anu.edu.au (consulté le )
  5. (en) « A Primer on the Torah Codes Controversy for Laymen », sur torahcode.net, - (consulté le )
  6. Les Sceptiques du Québec, « Code de la Bible • Dictionnaire Sceptique », sur www.sceptiques.qc.ca (consulté le )

Ouvrages en français[modifier | modifier le code]

Ouvrages en anglais[modifier | modifier le code]

Articles en anglais[modifier | modifier le code]

  • Doron Witztum, Eliyahu Rips, Yoav Rosenberg, Equidistant letter sequences in the Book of Genesis, Statistical Science, 1994, vol. 9, pp. 429-438
  • Brendan McKay, Dror Bar-Natan, Maya Bar-Hillel, Gil Kalai, Solving the Bible Code Puzzle, Statistical Science, 1999, vol. 14, pp. 150-173 [lire en ligne]

Liens externes[modifier | modifier le code]