Clapet

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Un clapet est un dispositif mécanique ou a minima un élément mobile d'un mécanisme qui permet de réguler un flux ou encore d'arrêter, restreindre ou accélérer l'écoulement des fluides, par exemple de s'opposer au passage d'un liquide ou d'un gaz dans un conduit ou vers une sortie, ou au contraire de favoriser son évacuation.

Variété d'acceptions du mot technique[modifier | modifier le code]

Clef de clarinette

Il peut s'agir, selon diverses acceptions parfois anciennes ou assez proches, dans des champs techniques différents :

  • d'un élément en partie mobile, adapté à un orifice, d'une soupape, d'une valve ou d'un obturateur spécifique, d'une valvule, parfois représenté par un simple volet, voire une rondelle de cuir ou de caoutchouc, pour empêcher ou permettre le passage dudit fluide
  • d'un clapet d'aspiration ou de refoulement d'une pompe,
  • de soupapes d'admission ou d'échappement d'un moteur thermique, moteur à vapeur, moteur à combustion etc.
  • d'un clapet de retenue, pour empêcher automatiquement le retour en arrière du fluide
  • d'un clapet anti-retour, dispositif qui impose la circulation d'un liquide dans un seul sens (alimentation de vérin ou d'une pompe à bras) ;
  • d'un clapet coupe-feu empêchant le retour de fluides brûlant,
  • d'un élément de sécurité limitant la pression dans une conduite, par exemple empêchant une surpression en retour, voire un coup de bélier ou des cavitations, qui pourrait détruire et la canalisation (tuyauterie) et son équipement (pompes, vannes, capteurs etc.)
  • de la commande d'ouverture d'un évent comme pour les clefs de certains instruments à vent ;
  • d'un composant d'un système de ventilation ou d'aération, de chauffage ou de ventilation.
  • du dysfonctionnement du sphincter oesophagien inférieur, dit problème du "clapet à l'estomac".

Définitions anciennes et origine du terme technique[modifier | modifier le code]

Au début du XXe siècle, Henry de Graffigny peut définir, en correspondance simple, le clapet en mécanique comme la partie mobile d'une soupape et une soupape de façon générique comme un orifice fermé par un clapet mobile[1]. En aérostation, le verbe "soupaper" signifie alors ouvrir la soupape pour laisser échapper le gaz et ajuster la pression dans le ballon. Les ressorts de soupape sont des ressorts à boudin en acier qui assurent la fermeture automatique d'une soupape à gaz ou à air, en rappelant le clapet sur son siège.

Les soupapes commandées désignent celles où le mouvement du clapet est commandé mécaniquement. En hydraulique, les robinets peuvent être asservis à un flotteur à clapet, qui explique leurs ouvertures ou leurs fermetures[1]. Le clapet des installations hydrauliques le plus communes correspond, selon Marcel Lachiver, une espèce de soupape pratiquée dans une écluse de manière à s'ouvrir et se fermer par la seule action des eaux (de remplissage ou de vidange)[2].

Définitions et origines lexicales[modifier | modifier le code]

Selon Le Petit Robert, un clapet est une soupape en forme de couvercle à charnières, ce qui fait allusion au(x) clapet(s) d'une pompe et rappelle la définition proposée par Antoine Furetière dans son dictionnaire universelle en 1690 : terme de Mechanique, espèce de petite soupape qui se lève & qui se ferme par le moyen d'une simple charnière. Le dictionnaire Larousse confirme qu'au sens premier, le clapet correspond à une soupape, qui se lève et se ferme, pour permettre ou empêcher le passage d'un fluide, dans le jeu d'une pompe, d'un moteur, de certains instruments de musique (clapet de tuyau d'orgue, clapet à anches...) etc. Mais il rappelle aussi un sens second de "pièce articulée", soit servant à la fermeture d'un sac de dame, d'un article de sellerie ou de voyage, soit d'un appareil ou d'un dispositif, qui peut ainsi être soulevée et abaissée, voire employée comme couvercle, dans le cas du téléphone à clapet. L'allusion au travail du cuir n'est point fortuite : le cuir fort était utilisé pour réaliser les clapets des pompes autrefois[3].

Le mot technique préalablement défini, adapté au pompe ou au refoulement de l'eau, sur un navire normand, n'apparaîtrait qu'en 1516 dans la langue française[4]. L'origine la plus couramment proposée est le verbe intransitif claper attesté en 1517 selon les notes de Delboulle, signifiant "frapper, frapper en faisant du bruit"[5]. Ce verbe claper existe pourtant bel et bien en ancien français, cité en 1160 dans "La Chronique des ducs de Normandie" de Benoît de Sainte-Maure[6]. La variante orthographique moderne de ce verbe, clapper, est d'abord usitée dans l'expression clapper de la langue, signifiant "produire un bruit sec avec la langue en la détachant brusquement du palais", d'où le mot clappement[7]. Pourtant, il semble que la filiation du terme technique soit plus assuré avec le verbe clapeter ou sa variante clapoter, les deux attestés en 1611 dans le dictionnaire ou "Dictionarie" franco-anglais de Randle Cotgrave. Il s'agit ici de caractériser l'agitation d'un surface liquide, ou quasiment liquide ou à viscosité élastique, mouvement susceptible de produire un son ou bruit caractéristique par entrechoquement de petit paquets du liquide porté par un courant contraire. D'où le clapotement, attesté en 1654 selon Du Tertre, avec le clapotement des semelles sur la glaise, ou mieux le clapotis, mot employé dans le dictionnaire de la marine rédigé par Charles Romme de 1792 à 1813, qui montre une surface liquide agitée de vaguelettes, dont l'origine des ondes reconnues est le passage du vent sur le plan d'eau. D'un point de vue de lexicographie historique, faut-il invoquer une racine clapp d'origine nordique ou une simple onomatopée, parfois associée au bruit saccadé ? Les deux hypothèses semblent se mêler, autant dans le clap des prises cinématographiques, à l'origine de la fonction française de "clapman", que les séances rythmés de clapping que les supporters islandais ont popularisé en 2016 lors de l'Euro organisé en France ?

Sens figuré : vers une dérive sémantique ?[modifier | modifier le code]

Le mot clapet quittant son registre technique a pris un usage figuré et populaire, il désigne trivialement une bouche qui s'ouvre et se ferme[8] :

  • pour émettre un son : un clapet est une bouche qui parle.

D'où les expressions familières : Ferme ton clapet (Tais toi autoritaire), Rabattre son clapet, Quel clapet ! (ici pour s'indigner d'un bavardage intempestif).

  • pour ingurgiter ou cracher : Le verbe claper peut signifier prosaïquement manger.

La "boîte à clapet" désigne la bouche, en argot parisien dévoilé en 1907 .

Élément ancien et essentiel au corps de pompe[modifier | modifier le code]

Le mathématicien Louis Benjamin Francoeur définit le clapet en hydraulique comme la pièce principale d'une pompe, faisant l'office d'une soupape, destinée à ouvrir ou fermer alternativement le passage de l'eau que l'on veut élever. Il décrit un assemblage d'un cuir de forme ronde et plus large, garni sur ces faces opposées de deux rondelles ou platines de métal, solidement attachées par des vis. Une languette du cuir forme une queue attachée au piston ou au diaphragme qui ferme le tuyau de la pompe[9].

L'ingénieur civil L. Knab, répétiteur à l'école centrale des arts et manufactures, précise qu'il s'agit d'un organe essentiel de la plupart des pompes à mouvement rectiligne alternatif. Le qualificatif associé au clapet définit les fonctions qu'il remplit[10].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Henry de Graffigny, opus cité.
  2. Marcel Lachiver, Dictionnaire du monde rural, Les Mots du passé, Fayard, 1997, en particulier entrée polysémique concernant le substantif masculin clapet p. 470.
  3. Leblanc, Le mécanicien constructeur, Paris, 1860, page 11.
  4. Paul et Charles Bréard, Documents sur la marine normande ou documents relatifs à la marine normande et à ses armements aux XVIe et XVIIe siècles pour le Canada, l'Afrique, les Antilles, le Brésil et les Indes, 1889, p. 36 ds IGLF, cité par le Trésor de la Langue Française, version informatisée citée.
  5. Achille Delboulle, Notes lexicographiques inédites (manuscrit déposé à la Sorbonne). Professeur au Lycée du Havre, Achille Delboulle (1834-1905) est philologue et lexicographe, historien de la langue française. Notons que le verbe anglais "to clap" correspond bien à nos verbes applaudir (manifestation bruyante), frapper (dans le dos) etc.
  6. Selon le dictionnaire d'ancien français de Godefroy, "frapper avec un bruit retentissant, être précipité à grand bruit". Un clapet est en ancien français une crécelle, une cliquette et clapeter signifie faire entendre le bruit d'une cliquette. Le mot, selon Marcel Lachiver, opus cité supra, a été préservé en Pays de Caux et en Picardie pour nommer la claquette ou la crécelle, que les enfants (de chœur ou en libre défilé) emploient pour remplacer les cloches supposées absentes ou parties à la fin de la semaine sainte. Au Havre, toujours selon Marcel Lachiver, un clapet désignait autrefois la fleur de digitale ou toute la plante avec ses clochettes.
  7. Selon la neuvième édition du Dictionnaire de l'Académie française, un déplacement de sens de l'onomatopée apparaît, initialement de "frapper" à "aboyer". En Belgique francophone, le verbe transitif clapper signifie dans un registre familier "faire se refermer à grand bruit". Par exemple "clapper les portes", "clapper la fenêtre". "Clapper" dans la Base de données lexicographiques panfrancophone de Belgique.
  8. Définition complémentaire du TLFi, opus cité en lien externe.
  9. Louis Benjamin Francoeur, Dictionnaire technologique, opus cité.
  10. Marcellin Berthelot, La grande encyclopédie, opus cité.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • La Grande Encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts, collectif -société de savants et gens de lettres - dirigé par Marcellin Berthelot, 31 volumes, H. Lamirault et Cie, éditeurs, Paris, 1885-1902. En particulier, tome onzième, Chien-Comédie, Entrée Clapet p. 537.
  • J-B Beurard, Dictionnaire allemand français contenant les termes propres à l'exploitation des mines, à la minéralurgie et à la minéralogie etc., Imprimerie de Madame Huzard, Paris, 1809, 696 pages avec table (lexique technique) et errata. Entrées die Klappe p. 260, die Pumpenklappe p. 345, das Schnepperlein (technique d'affinage), die Thurle-Röhre ou tuyau à clapet p. 471.
  • Louis Benjamin Francœur (1773-1849) parmi un collectif de rédaction, Dictionnaire technologique ou nouveau dictionnaire universel des arts et métiers, et de l'économie industrielle et commerciale, 22 volumes, Thomine et Fortic, Paris, 1822-1835. En particulier, Tome 5, Char à Contrôle, à l'entrée "Clapet (hydraulique)" en liaison avec Pompe et Soupape, p. 336-337. Article accessible à la bibliothèque numérique du CNAM, cote CNAM-BIB 8 Ky 1 (texte) 4 Ky 3 (atlas).
  • Henry de Graffigny, Dictionnaire des termes techniques employés dans les sciences et dans l'industrie, Imprimerie Deslis Frères (Tours), H. Dunod et E. Pinat éditeurs, Paris, 1906, 839 pages, préface de Max de Nansouty. Recueil de 25.000 mots techniques avec leurs différentes significations. Entrée Barillet p. 71-72, Boite à clapet, p. 100, Charge d'une soupape p.164, Clapet p. 185, Flotteur à clapet p. 369, Ressort de soupape p. 699, Soupape p. 742-743, Valve p.814.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Liens internes[modifier | modifier le code]

Autres liens[modifier | modifier le code]