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Bey de Tunis

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Visite d'Habib Bey à Paris

Le bey de Tunis est à l'origine un simple préfet représentant l'Empire ottoman à Tunis (Tunisie).

À partir du XVIIIe siècle, les beys issus de la dynastie des Husseinites acquièrent une autonomie de fait, c'est-à-dire une quasi-indépendance, vis-à-vis de leur suzerain : le sultan ottoman. Le premier représentant de cette dynastie est Hussein Ben Ali qui fonde l'État husseinite en 1705[1].

Le régime beylical, qui met fin à l'épisode d'Ibrahim Cherif qui suit la dynastie des Mouradites, se transforme rapidement en monarchie dont le bey est le souverain.

Bien que son pouvoir effectif ait été affaibli par le protectorat français à partir de 1881, c'est après l'indépendance de la Tunisie, proclamée en 1956, que les beys perdent définitivement leur pouvoir qui est déjà passé de fait dans les mains du parti du Néo-Destour d'Habib Bourguiba. Un éphémère Royaume de Tunisie est proclamé en 1956, bientôt chassé par la république, proclamée à son tour le qui abolit ainsi tout pouvoir monarchique[2].

Contexte historique

En 1574, avant de quitter Tunis, Sinan Pacha commandant le corps expéditionnaire qui avait pris possession de la ville au nom du sultan ottoman, procède à la mise en place du gouvernement de la nouvelle province. Celui-ci est dirigé par un pacha nommé pour trois ans assisté du diwan ou conseil de la régence qui comprend les officiers supérieurs ou deys qui sont au nombre de quarante. La prière du vendredi se fait au nom du sultan ottoman, commandeur des croyants, et une nouvelle monnaie frappée en son nom remplace la monnaie hafside.

Drapeau du bey de Tunis, avec en son centre le Zulfikar

Une assemblée générale de la milice turque désigne ensuite quarante nouveaux deys dont l'un est choisi comme chef de gouvernement et des troupes tandis qu'un bey du camp chargé de lever les impôts et de juger les tribus de l'intérieur du pays lors de tournées qui ont lieu deux fois par an. Le pacha ne prend plus part aux affaires et le diwan doit être constitué uniquement dans les cas graves. Quelques années plus tard, Alger connaît la même évolution et porte au pouvoir un dey qui gardera ses prérogatives jusqu'en 1830.

Les premiers deys de Tunis savent se concilier avec la population tunisienne. Parmi les premiers deys se détache nettement la personnalité de Youssef Dey qui succède à Othman Dey à la mort de celui-ci en 1610[3]. Tunis doit beaucoup à Youssef Dey qui est secondé par son ministre et ami Ali Thabet. Le dey est alors assisté du bey du camp, ainsi appelé parce qu'il commande la mhalla ou colonie volante chargée de lever les impôts en nature ou en espèce parmi les tribus. Du fait de ses attributions, il prend peu à peu une grande autorité auprès des tribus et habitants de l'intérieur qui connaissent plus que ce personnage comme représentant de l'autorité. Ce déplacement de pouvoir s'accentue lorsque la charge de bey du camp échoit en 1613 à un renégat nommé Mourad Bey qui fonde la première dynastie beylicale héréditaire[4].

Liste

Dynastie mouradite

# Nom Début règne Fin règne Notes
1 Mourad Ier Bey 1613 1631 Fondateur de la dynastie mouradite
2 Hammouda Pacha Bey 1631 1666
3 Mourad II Bey 1666 1675
4 Mohamed Bey El Mouradi 1675 1696 Partage le pouvoir avec son frère Ali Bey El Mouradi
5 Romdhane Bey 1696 1699
6 Mourad III Bey 1699 1702
7 Ibrahim Cherif 1702 1705 Prince non mouradite

Dynastie husseinite

# Nom Début règne Fin règne Notes
8 Hussein Ier Bey 1705 1735 Fondateur de la dynastie husseïnite
9 Ali Ier Pacha 1735 1756
10 Mohamed Rachid Bey 1756 1759
11 Ali II Bey 1759 1782 Régence du prince Hammouda dès 1777
12 Hammouda Pacha 1782 1814 Règne le plus long (32 ans)
13 Osman Bey 1814 1814 Règne le plus court (3 mois)
14 Mahmoud Bey 1814 1824
15 Hussein II Bey 1824 1835
16 Moustapha Bey 1835 1837
17 Ahmed Ier Bey 1837 1855
18 Mohammed Bey 1855 1859
19 Sadok Bey 1859 1882 Début du protectorat français (1881)
20 Ali III Bey 1882 1902
21 Hédi Bey 1902 1906
22 Naceur Bey 1906 1922
23 Habib Bey 1922 1929
24 Ahmed II Bey 1929 1942
25 Moncef Bey 1942 1943
26 Lamine Bey 1943 1957 Dernier bey de Tunis

Résidence

Escalier des Lions au palais du Bardo
Ancien palais de Carthage

Chaque bey possède son palais car, selon la tradition, il ne peut vivre dans le palais de son prédécesseur par respect pour ses veuves. Parmi les plus importants figurent ceux du Bardo, de Ksar Saïd, de Carthage, d'Hammam Lif, de Mornag ou encore de La Goulette. À propos du palais du Bardo, le botaniste français René Desfontaines qui visite la régence de Tunis à la fin du XVIIIe siècle, laisse la description suivante :

« Le bey réside dans un joli château qu'on appelle le Bardo, situé au milieu d'une grande plaine, à trois quarts de lieue nord de la ville. Ce château est fort ancien : Léon l'Africain nous apprend que, de son temps, les rois y faisaient déjà leur séjour. Le mur qui l'entoure est bien bâti, et défendu par quelques pièces de canon placées du côté de la porte d'entrée. La cour du bey est nombreuse ; les officiers qui la composent sont, en général, très honnêtes et très polis envers les étrangers[5]. »

Beaucoup ont été reconvertis après l'abolition de la monarchie : le palais du Bardo accueille le Musée national du Bardo et la Chambre des députés alors que celui de Carthage est devenu le siège de l'Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts.

Culture populaire

Les couleurs du bey de Tunis, le rouge et le vert, sont également celles du club de football du Stade tunisien qui se trouvait sous son patronage. On les trouve également dans des pâtisseries tunisiennes : l'une, appelée soupir du bey, est faite de pâte d'amande rose, verte et blanche ; l'autre, appelée baklawa du bey, est une forme de baklawa tunisien.

Notes et références

Bibliographie

  • El Mokhtar Bey, Les beys de Tunis, 1705-1957 : hérédité, souveraineté, généalogie, éd. El Mokhtar Bey, Tunis, 2003
  • Henri Hugon, Les emblèmes des beys de Tunis : étude sur les signes de l'autonomie husseinite, éd. Ernest Leroux, Paris, 1913

Voir aussi

Liens externes