Albert Niemann (chanteur)

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Albert Niemann
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 85 ans)
BerlinVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Albert Wilhelm Carl NiemannVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Conjoints
Marie Seebach (en)
Hedwig Raabe (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Oscar Niemann (d)
Albert Niemann (en)
Gottfried Niemann (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Tessiture

Albert Niemann, né le à Erxleben, près de Magdebourg, et mort à Berlin le , est un ténor allemand, créateur des rôles de Tannhaüser (2e version à Paris, 1861) et de Siegmund (Bayreuth, 1876).

Biographie[modifier | modifier le code]

Niemann perd son père (un aubergiste) à un âge précoce et est élevé par sa mère, une « force de la nature » qui vivra plus 90 ans. Il est apprenti chez un motoriste, mais s'enfuit à Dresde pour faire sa propre vie. Il grandit avec un goût certain et très germanique pour la chasse, mais il étudie aussi la science, l'histoire et la philosophie. Il est réputé pour ne pas être particulièrement sociable et pour son comportement grossier

Niemann fait ses débuts comme chanteur à Dessau en 1849, dans des rôles mineurs et comme choriste. Il reçoit une formation de Fritz Schneider et d'Albert Nusch. Une bourse d'études lui permet d'étudier à Paris avec Gilbert Duprez. Jusqu'en 1866, il a divers engagements à Stuttgart, Königsberg, Stettin, et à partir de 1854, à Hanovre où il chante Tannhäuser (1854), Lohengrin (1855) et Rienzi (1859).

Il a un physique impressionnant et une voix puissante. En 1859, il épouse la soprano Marie Seebach. Ce mariage se termine par un divorce après qu'il l'a jetée par la fenêtre du premier étage.

Niemann rencontre Richard Wagner à Asyl, à l'invitation du compositeur, pendant l'été 1858. Wagner pense à lui pour créer les rôles de Siegfried et Tristan. Son idée est de faire chanter Tannhäuser par Niemann et Lohengrin par Josef Tichatschek en alternance pour reposer les voix avec la possibilité de se remplacer mutuellement en cas de besoin. Mais cela est resté à l'état de projet. En 1860, Niemann est engagé à Paris pour y créer la deuxième version de Tannhäuser. Il est en partie responsable de l'échec de la production. Baudelaire écrit que Niemann a « chanté faux avec une assiduité déplorable », et condamne « ses faiblesses, ses pâmoisons, ses crises d'enfant gâté. »

En 1861, le prince royal de Bavière, âgé de 16 ans, assiste à la représentation de Lohengrin dans un état de transe intense, proche de l'extase. Le ténor Albert Niemann subjugue le prince adolescent. Pour son interprétation, celui-ci lui offre une paire de boutons de manchettes ornés de cygnes, une croix et un bouquet de fleurs, après l'avoir fait venir à la Résidence. En 1864, Niemann chante à nouveau dans les deux représentations de Tannhäuser à Munich, et dans une de Lohengrin à la demande du prince royal, peu avant la mort du roi Maximilien II de Bavière. Louis, devenu roi, invite Niemann à reprendre ces rôles à Munich en 1866, mais la guerre fait avorter ce projet. L'année suivante, il est de nouveau invité, mais il refuse, parce qu'on ne fait pas les coupures traditionnelles dans la partition.

En 1866, il entre à l'opéra de Berlin, puis au Metropolitan Opera de New York. En 1871, il épouse l'actrice Edwige Raabe.

En , Niemann est dans le quatuor de solistes (avec Johanna Jachmann-Wagner, Marie Lehmann et Franz Betz) dans la neuvième symphonie de Beethoven à la pose de la première pierre du palais des festivals de Bayreuth. En 1874, Wagner pense l'engager pour le rôle de Siegmund dans la première Tétralogie à Bayreuth. Wagner l'implique dans les discussions au sujet de la distribution de l'Anneau, mais Niemann pourrit l'atmosphère car il n'admet pas que le rôle de Siegfried lui échappe. Wagner souhaite alors un homme plus jeune pour le rôle de Siegfried.

Après avoir quitté Bayreuth, il y reviendra en 1876 pour chanter Siegmund avec Josephine Schefsky. Lilli Lehmann a écrit de lui : « Jamais depuis je n'ai entendu ou vu un Siegmund comparable à lui ... Sa puissance intellectuelle, sa majesté physique, son expression incomparable étaient superbes au-delà des mots. » (De son Tristan, elle fait remarquer :) « il a été certainement la chose la plus sublime qui ait jamais été réalisée dans le domaine du drame musical. »

Le jugement de Camille Saint-Saëns est plus nuancé : Niemann a perdu de l'éclat dans l'aigu et il ne peut plus chanter piano ou legato. Niemann reste à l'Opéra de Berlin jusqu'en 1888, mais participe à plusieurs tournées importantes. En 1882, il est Siegmund à la création de Die Walküre à Londres. En 1883, il porte le cercueil de Wagner lors des funérailles à villa Wahnfried de Bayreuth. De 1886 à 1888, au Metropolitan Opera House, il incarne Tristan (première à New York le , avec Anton Seidl comme chef d'orchestre et Lilli Lehmann en Isolde). À New York, il a également incarné Siegfried, Siegmund, Jean de Leyde dans Le Prophète, Tannhäuser, Lohengrin, Florestan (Fidelio) et Éléazar de La Juive. Il chante dans l'Anneau du Niebelung dans de nombreuses villes d'Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Suisse, Italie, Hongrie et d'Autriche.

Il quitte la scène en 1892 par un concert à la Philharmonie de Berlin. Albert Niemann meurt à Berlin, le , deux jours avant son 86e anniversaire.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Ludwig Eisenberg: Großes biographisches Lexikon der Deutschen Bühne im XIX. Jahrhundert. Verlag von Paul List, Leipzig 1903, S. 725 f.
  • Adolph Kohut: Aus Josefs Tichatscheks Nachlass. Briefe von Richard Wagner, Heinrich Marschner, Albert Niemann, Hans von Bülow, Wilhelmine Schröder-Devrient, Johanna Jachmann-Wagner und Marie Seebach. In: Bühne und Welt, Verlag von Bühne u. Welt, Hamburg 1907 9 (1906/07) II, S. 418–423.
  • (de) Marion Brück, « Niemann, Albert », dans Neue Deutsche Biographie (NDB), vol. 19, Berlin, Duncker & Humblot, , p. 230–231 (original numérisé).
  • Richard Sternfeld: Albert Niemann. In: Das Theater, Bd. IV. Berlin 1904.
  • Wilhelm Altmann: Richard Wagner und Albert Niemann – Ein Gedenkbuch mit bisher unveröffentlichten Briefen. Berlin 1924.

Liens externes[modifier | modifier le code]