Alaa Mousa

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Alaa Mousa
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Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (38 ans)
HomsVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
علاء موسىVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domicile
Allemagne (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Université d'Alep (jusqu'en )Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Autres informations
A travaillé pour

Alaa Mousa est un médecin syrien. Il soupçonné de crimes contre l'humanité, tortures et exactions commises à Homs durant le conflit syrien. Il est arrêté en Allemagne le , son procès pour crime contre l'humanité s'ouvre le 19 janvier 2022 à Francfort.

Biographie[modifier | modifier le code]

Lorsque la révolution syrienne éclate en , le docteur Alaa Mousa travaille comme médecin dans une prison des services de renseignement militaires de Homs, l'hôpital militaire 608, et à l'hôpital militaire 601 de Damas[1],[2]. Durant le siège de Homs, il est chargé, avec son collègue le docteur Shuaib Al-Naqari, de visiter chaque matin la branche 261 des services de renseignements militaires « pour torturer et tuer les patients plutôt que pour les soigner », selon des témoins[3].

Ayant fui la Syrie, Mousa rejoint l'Allemagne en , où il obtient le statut de réfugié et travaille rapidement comme orthopédiste. Le fait qu'il obtienne un permis de travail en moins de 2 mois éveille les soupçons : il aurait pu bénéficier de réseaux existants, visiblement syriens. Alaa Mousa est alors identifié par d'autres réfugiés syriens comme un ancien tortionnaire. Plusieurs témoins affirment également qu'il collecterait des informations sur les réfugiés syriens en Allemagne et militants, pour le compte du régime de Bachar el-Assad[4],[5],[6],[7].

Exactions[modifier | modifier le code]

Alaa Mousa est d'abord accusé d'avoir frappé un homme épileptique (arrêté avec son frère car ils venaient du quartier rebelle de Baba Amr[8]), alors qu'il avait été appelé à intervenir après une crise d'épilepsie. Au lieu de le soigner, Mousa l'aurait, en pleine crise d'épilepsie, forcé à mettre une chaussure dans sa bouche, frappé avec un tuyau, d'abord seul, puis de nouveau avec un collègue le lendemain, et l'homme serait mort peu après[9]. Selon d'autres témoignages, il aurait également torturé d'autres patients : il aurait notamment commis une stérilisation forcée sur un garçon de 14 ans en mettant le feu à ses organes génitaux après les avoir aspergés d'alcool[3],[10]. Alaa Mousa frappait les membres fracturé des patients. Il est également accusé d'avoir pratiqué des injections mortelles à des patients ayant protesté contre ces mauvais traitements[11],[12]. D'anciens collègues témoignent également qu'Alaa Mousa se serait vanté auprès d'eux d'avoir opéré un opposant blessé sans anesthésie[9].

Les exactions dont sont accusées le docteur Alaa Mousa sont des violences auxquelles sont encouragés les personnels des hôpitaux, notamment les hôpitaux militaires, où la torture est généralisée, selon les témoignages d'autres soignants et anciens patients. Le refus de soin et la torture de toute personne soupçonnée de ne pas soutenir le régime de Bachar el-Assad fait partie intégrante du système de répression du régime syrien, accusé de crime contre l'humanité. Alaa Mousa était cependant surnommé « docteur torture » par ses victimes[13],[14],[15],[11].

Justice[modifier | modifier le code]

Arrêté le , dans le land de Hesse, où il exerçait de nouveau comme médecin[16], par les autorités judiciaires allemandes, agissant sur le fondement de la compétence universelle[9], Alaa Mousa est placé en détention provisoire pendant un an, avant d'être inculpé de crimes contre l'humanité[10]. En , le parquet fédéral ajoute de nouvelles charges à son encontre, dont un meurtre et dix-huit actes de torture[17]. En juillet 2021, l'acte d'accusation comporte 18 chefs d'inculpation[18], le procès s'ouvre le 19 juin 2022 devant la Haute cour régionale de Francfort (de)[16],[19].

Alaa Mousa aurait des connexions importantes avec le régime syrien, qui, après son inculpation, lui aurait apporté de l'aide via l'ambassade de Syrie à Berlin pour qu'il tente de fuir l'Allemagne puis pour l'aider à former une équipe pour sa défense juridique[20].

Son procès est suivi par l'ONG Syria Justice and Accountability Centre[21],[22].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. AFP, « Un médecin syrien soupçonné de « crime contre l’humanité » arrêté en Allemagne », Ouest-France,‎ (lire en ligne)
  2. (en) Associated Press in Berlin, « Syrian doctor charged in Germany with crimes against humanity », sur the Guardian, (consulté le )
  3. a et b (en-GB) « New evidence emerges on Syria torture doctor posing as refugee in Germany », sur Middle East Monitor (en), (consulté le )
  4. (de) LTO, « Die juristische Presseschau vom 28. bis 30. Mai 2022: BGH verhandelt über Judensau-Relief / DRB zu Massenverfahren / BGH zu Pflichtverteidigung », sur Legal Tribune Online (consulté le )
  5. (en-US) Mansour Omari, « Syria Justice News in 2020: Roundup and Comment », sur Enab Baladi, (consulté le )
  6. (en-US) Christopher F. Schuetze et Ben Hubbard, « Syrian Doctor Accused of Torture Is Arrested in Germany », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  7. « Syrian Doctor Who Involved in War Atrocities Turned a Refugee in Germany », sur The Syrian Observer, (consulté le )
  8. (de) « Generalbundesanwalt ermittelt gegen syrischen Arzt aus Hessen: "Nehmt ihn mit" », sur Der Spiegel, (consulté le )
  9. a b et c AFP, « Un médecin syrien accusé de « crime contre l’humanité » arrêté en Allemagne », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. a et b (en-US) « German Prosecutor about to indict Syrian Doctor for Crimes Against Humanity », sur Syria Justice and Accountability Centre, (consulté le )
  11. a et b (en-GB) Deutsche Welle (www.dw.com), « Germany tries Syrian doctor for torture | DW | 19.01.2022 », sur DW.COM (consulté le )
  12. « Encercler le régime syrien, un procès à la fois », sur La Presse, (consulté le )
  13. (en) « Trial of Syrian doctor in Germany revives horrors of torture for surgeon in exile », sur The National, (consulté le )
  14. (en-GB) « Germany begins trial of Syrian doctor for crimes against humanity », sur Middle East Monitor, (consulté le )
  15. « Allemagne : quand les médecins syriens font partie de la terreur d'Assad », sur JusticeInfo.net, (consulté le )
  16. a et b Hannah El-Hitami, « Procès syrien en Allemagne : le rôle des médecins et des hôpitaux dans le système carcéral du régime Assad », sur JusticeInfo.net, (consulté le )
  17. AFP, « Un médecin syrien réfugié en Allemagne soupçonné de torture et de meurtres », sur Le Parisien, (consulté le )
  18. « Der Generalbundesanwalt - Aktuelle Pressemitteilungen - Anklage gegen syrischen Arzt wegen Verbrechen gegen die Menschlichkeit u.a. erhoben », sur www.generalbundesanwalt.de (consulté le )
  19. (en) « Syrian doctor to be tried in Germany », sur Foreign Brief, (consulté le )
  20. (en-GB) « 'I fear bumping into my torturers in the street' », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  21. (en) « Easily listen to Branch 251 in your podcast app of choice », sur branch-251.captivate.fm (consulté le )
  22. (en-US) « Trial Monitoring Archives », sur Syria Justice & Accountability Centre (consulté le )