Ala Kheir

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Ala Kheir
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Ala Kheir (arabe : علاء خير), né le est un photographe, cinéaste et ingénieur en mécanique soudanais.

Il s'est fait connaître comme l'un des fondateurs du Sudanese Photographers Group à Khartoum en 2009 et grâce à des expositions internationales de ses photographies, ainsi que pour le réseautage et la formation des photographes en Afrique.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et formation[modifier | modifier le code]

Ala Kheir naît le à Nyala, dans le Darfour du Sud, puis déménage, encore enfant, dans la capitale Khartoum avec ses parents. Pendant les vacances d'été, il se rend fréquemment à Nyala puis prend des photos de la vie des gens dans la région des montagnes de Marrah[1].

Kheir étudie l'ingénierie mécanique en Malaisie et débute en parallèle comme photographe autodidacte[2].

Sudanese Photographers Group et pédagogie[modifier | modifier le code]

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Photographie d'Ala Kheir (tirée du site TheEndFund). Pour des questions de droit d'auteur, sa reproduction n'est pas autorisée sur Wikipédia.

À son retour au Soudan en 2009, lui et d'autres photographes de Khartoum créent le Sudanese Photographers Group (Groupe des Photographes Soudanais). Ce groupe commence à prendre des photographies et l'enseigner en tant que forme d'art visuel (en) à part entière, en intégrant des photographes en herbe dans leurs ateliers et expositions[2].

Kheir s'implique dans le réseautage et la formation des photographes en Afrique, notamment avec les Centers of Learning for Photography in Africa (Centres d'apprentissage pour la photographie en Afrique) à Johannesbourg, en Afrique du Sud[3]. Ce réseau regroupe des plateformes africaines actives dans l'enseignement de la photographie, où les membres « échangent des idées et des méthodologies pédagogiques et apprennent également en tant que formateurs »[2].

L'un des manifestations d'une telle formation et d'un tel réseautage est une série d'ateliers et d'expositions de photos à Khartoum entre 2014 et 2016, intitulée « Mugran Foto Week ». L'exposition de 2016 présente les résultats collectifs d'un atelier intitulé « Modern Times », mené l'année précédente par les photographes Michelle Lukidis d'Afrique du Sud et André Lützen d'Allemagne[4].

Il dirige depuis le début des années 2020 The Other Vision, une plateforme pour l'enseignement de la photographie au Soudan[5].

Conflits au Soudan[modifier | modifier le code]

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Cast off: People prepare to flee the war in Khartoum (photographie d'Ala Kheir tirée du site The Continent). Pour des questions de droit d'auteur, sa reproduction n'est pas autorisée sur Wikipédia.

En avril 2024, le magazine d'information The Continent rapporte comment Kheir et sa famille ont été touchés par la révolution de 2018 et la guerre de 2023 au Soudan. Au début de la révolution, il déménage avec sa famille de Khartoum au Caire, en Égypte. Il retourne ensuite au Soudan pour photographier le mouvement antigouvernemental à Khartoum et dans d'autres villes. Il se rend ensuite au Darfour, la région occidentale du Soudan d'où ses parents sont originaires, afin d'effectuer des recherches et de documenter comment les gens de cette région ont survécu à des décennies de conflit. Après le déclenchement de la guerre entre les groupes militaires opposés, la nourriture, l’eau et l’électricité se font rares, et Kheir se retrouve menacé par des soldats qui semblent « plus terrifiants que les cadavres » dans les rues de la région de Khartoum. Après avoir survécu quelques semaines chez ses parents à Omdurman, il se rend à Wad Madani, la deuxième plus grande ville du pays. De nombreuses autres personnes trouvent refuge dans cette ville et Kheir devient photographe de guerre. Finalement, il doit fuir le Soudan vers les Émirats arabes unis, ne pouvant communiquer qu'au moyen d'Internet avec ses parents restés au Soudan, ou avec sa femme et ses enfants en Égypte, qui a de fait fermé ses frontières à davantage de réfugiés soudanais[6],[7].

Autres engagements[modifier | modifier le code]

Pendant plusieurs années, Kheir est membre du jury du Prix international de la photographie africaine contemporaine (en) (CAP Prize) à Bâle, en Suisse, « décerné chaque année à cinq photographes dont les œuvres ont été créées sur le continent africain ou qui s'engagent auprès de la diaspora africaine »[5],[8].

Tandis qu'il est engagé dans une conversation en ligne en octobre 2022 avec les collections spéciales de la de la bibliothèque de l'université de Durham et le Photography Legacy Project, Ala Kheir est arrêté et harcelé par la police de sécurité soudanaise, probablement parce qu'il est soupçonné d'être impliqué dans des manifestations citoyennes[9].

Publications[modifier | modifier le code]

En 2024, Lützen publie ses propres photographies dans le livre d'artiste Khartoum – A Tale of Three Cities[10].

Dans l'article « Street Photography : A Glimpse into Khartoum Architecture and Urban Design » pour le magazine World Architecture, Kheir réfléchit sur la nature de la photographie de rue telle qu'il la connaissait avant la guerre[11] :

« En tant que photographe, la photographie de rue a ses joies uniques, et les rues sont le meilleur endroit pour relier l'être humain à l'espace environnant, ce qui donne un portrait environnemental qui raconte une histoire complète. C'est sans aucun doute un moyen efficace d'éduquer le public sur notre environnement immédiat. »

— Ala Kheir

Œuvres et réception[modifier | modifier le code]

Portrait de l'artiste plasticienne soudanaise Amna Elhassan par Ala Kheir, 2020.

Les photographies de Kheir ont été publiées par The Guardian, et le magazine Brownbook de Dubaï et la World Architecture Community[12], [13].

En 2020, son travail est présenté parmi ceux de 17 photographes africains contemporains dans le livre The Journey. New Positions in African Photography[14],[15]. De 2008 à 2018, ces photographes africains ont été invités à participer à la Photographers’ Masterclass, un programme de mentorat professionnel fondé par Simon Njami en collaboration avec le Goethe-Institut. Se voulant instructif et destiné à des lecteurs intéressés par la photographie africaine contemporaine, l'ouvrage explore également des questions telles que le rôle de l'autodidaxie dans un contexte où les écoles de photographie sont rares en Afrique, ainsi que l'importance de l'écriture dans la perception visuelle et les discours propres à la photographie africaine[16],[17],[18].

Dans le livre français sur 52 artistes africains contemporains Oh ! AfricArt[19], Kheir est le seul artiste soudanais représenté. Dans l'émission homonyme de France Télévisions, Ala Kheir est également choisi pour représenter son pays, avec la série « Revisiting Khartoum », où l'artiste s'attache à explorer le lien entre l'individu et l'espace, lui qui étudie l'évolution des paysages dans l'ensemble de son œuvre et utilise le noir et blanc pour mieux « restituer l’esprit des lieux et leurs métamorphoses »[20].

Pour son concours 2022, le World Press Photo nomme Kheir membre du jury africain[21].

Lors du conflit soudanais de 2023, The Guardian a publié un article de fond dans sa série « My best Shot » sur l'une des photos de Kheir de Khartoum et son approche personnelle de la photographie[22]. Dans l'exposition collective « Recading Neglect » de 2023 à New York, Kheir est représenté avec des photos de personnes vivant dans la banlieue de Khartoum et souffrant de « maladies tropicales négligées », parmi lesquelles la lèpre, la maladie du sommeil et la cécité des rivières[23].

Expositions individuelles et collectives[modifier | modifier le code]

  • « 50+1 », Malaysia, Kuala Lumpur (2007)[24]
  • « Feel the color », Khartoum, avec Dia Khalil (2009)
  • « The Un-governables », collective, New York (2012)
  • « Khartoum », Addis Photo Festival (2012)
  • « Invisible Borders », collective, Addis Photo Festival, Ethiopie (2012)[25]
  • « Africa, Big change, Big chance », Milan, Italie (2014)
  • « Khartoum 2 Addis », Biennale de Venise, Italie (2015)
  • « Revisiting Khartoum », Biennale de Dakar, Sénégal (2016)[26]
  • « Revisiting Khartoum, African Capitals », France (2017)
  • « Thawra! ثورة Révolution! », Arles, France (2021)[7]
  • « Reframing Neglect », Milan, New York et Abu Dhabi, Italie, États-Unis, Émirats arabes unis (2022-2023)[27],[28]

Prix[modifier | modifier le code]

  • UN education photograph, 2010[24]
  • Connect for Climate photo competition, 2e prix, 2012
  • Our Continent, Our Future photo competition, 2e prix, 2013

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Ala Kheir's return to Darfur », sur plparchive.com, The Photography Legacy Project (consulté le ).
  2. a b et c (en) Aïcha Diallo, « Where the White Nile and the Blue Nile meet », sur contemporaryand.com, (consulté le ).
  3. (en) « Launch of the first phase of the 'Survey on photography training and learning initiatives on the African continent' », sur contemporaryand.com (consulté le ).
  4. (en) « Photo exhibition Modern Times – Mugran Foto Week 2016 », sur goethe.de, Goethe-Institut Sudan, (consulté le ).
  5. a et b « Prix CAP 2021 | Le panel de juges », sur capprize.com, CAP Prize, (consulté le ).
  6. (en) « Sudan: A fractured life in limbo », sur continent.substack.com, The Continent, (consulté le ).
  7. a et b « Carte blanche à Juliette Agnel : Parole aux photographes soudanais·es – Ala Kheir », sur 9lives-magazine.com, (consulté le ).
  8. « Prix CAP 2023 | Le panel de juges », sur capprize.com, CAP Prize, (consulté le ).
  9. (en) « Sudan Photographer and Archivist, Ala Kheir detained in Sudan », sur plparchive.com, The Photography Legacy Project (consulté le ).
  10. (en) « Life in Extreme Climate Zones », Stories, sur lfi-online.de, Hambourg, LFI-Leica Fotografie International, (consulté le ).
  11. (en) Zainab Gaafar, « Street photography: a glimpse into Khartoum architecture and urban design », sur worldarchitecture.org, World Architecture Community, (consulté le ).
  12. (en) « Meet the radical beauty queen taking on the Sudanese regime », sur theguardian.com, The Guardian, (consulté le ).
  13. (en) Ala Kheir, John Burns et Ibrahim Algrefwi, « The psychedelic world of Sudan's Sufis – in pictures », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne).
  14. (en) Njami Simon, Sean O'Toole, Akinbode Akinbiyi, Lucienne Bestall, Nicola Brandt, Frédérique Chapuis, John Fleetwood et al., The Journey. New Positions in African Photography, Bielefeld, Kerber Verlag, (ISBN 978-3-73560-682-2), p. 200-209.
  15. (en-GB) « The Journey », sur kerberverlag.com (consulté le ).
  16. (en-US) Emmanuel Iduma, « Post-Continental: Contemporary African Photography », sur artnews.com, (consulté le ).
  17. (en) Simon Njami et Sean O'Toole, « Extract from ‘The Journey: New Positions in African Photography’ — an introduction », sur mg.co.za, Mail & Guardian, (consulté le ).
  18. (en) « Book Review | The Journey: New Positions in African Photography », sur latitudes.online, (consulté le ).
  19. Elizabeth Tchoungui, Oh! AfricArt, Vanves, Hachette Livre – Editions du Chêne, (ISBN 9782812321016), p. 188–191.
  20. « Ala Kheir – « Revisiting Khartoum » », Oh ! AfricArt, sur lumni.fr (consulté le ).
  21. (en) « 2022 World Press Photo Contest jury » [archive du ], www.worldpressphoto.org (consulté le ).
  22. (en) Edward Siddons, « A tea shop in Khartoum before the bombs: Ala Kheir's best photograph », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne).
  23. (en) « Sudanese photographer Ala Kheir looks to preserve memories of his homeland at a group show in New York », Arab News, (consulté le ).
  24. a et b (en-US) « African Photography Network – Ala Kheir », African Photography Network (consulté le ).
  25. (en) « Artist portfolio: Ala Kheir », sur invisible-borders.com (consulté le ).
  26. (en) Simon Njami (dir.), Auteurs:Dak'art: Biennale of Contemporary African Art, Réenchantements, Bielefeld, Kerber, coll. « La cité dans le jour bleu » (no 1), , 318 p. (ISBN 9783735602442, OCLC 1050023904).
  27. (en-US) « Reframing Neglect Events Page », The END Fund, (consulté le ).
  28. (en) « Sudanese photographer Ala Kheir looks to preserve memories of his homeland at a group show in New York », sur arabnews.pk, (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Simon Njami (dir.) et Martine Aubry, La Villette (Paris, France), Gare Saint Sauveur (Lille, France), Afriques capitales = Capital Africas, Heidelberg, Kehrer, , 207 p. (ISBN 9783868287929, OCLC 992496641).
  • (en) Simon Njami, The journey : new positions in African photography, Kerber Publishers, (ISBN 978-3-7356-0682-2, OCLC 1157344323).
  • (en) Kylie Thomas, « Seeing Sudan: Visual Archives in a Time of War », Safundi, vol. 24, nos 1-2,‎ (ISSN ISSN 1543-1304[à vérifier : ISSN invalide], OCLC 1419112709).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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