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Abu-l-Ala al-Maari

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Abu-l-Ala al-Maari[1] , Aboul Ala El-Maari ou Aboul Alaa El-Maari (973-1057) est un grand poète arabe, connu pour sa virtuosité et pour l'originalité et le pessimisme de sa vision du monde. En effet, ses poèmes philosophiques sont construits sur la base d’une tristesse existentielle profonde, faisant du pessimisme une ligne de conduite et le départ de toute réflexion philosophique.

Descendant de la tribu de Tanukh, il naquit dans la ville syrienne de Ma`arrat an-N`uman au sud d'Alep. Une maladie d'enfance le laissa pratiquement aveugle. Il étudia à Alep, Antioche, et à Tripoli sur la côte de l'actuel Liban et commença sa carrière littéraire, soutenu par un petit revenu privé. Ses premières poésies furent rassemblées dans le recueil intitulé Saqt az-zand ("L'étincelle d'amadou"), qui jouit d'une grande popularité.

Après environ deux ans passés à Bagdad, Al-Maari revint en Syrie en 1010, en partie du fait de la mauvaise santé de sa mère. À Bagdad, il avait été d'abord bien reçu dans des salons littéraires prestigieux ; mais quand il refusa de vendre ses panégyriques, il ne put trouver de mécène. Il renonça à la richesse matérielle et se retira dans une habitation reculée, pour y vivre dans des conditions modestes. Localement, Al-Maari jouit de respect et d'autorité, et de nombreux étudiants vinrent s'instruire auprès de lui. Il entretint également une correspondance active.

Al-Maari écrivit un second recueil de poésies plus original, Luzum ma lam yalzam ("La nécessité inutile"), ou Luzumiyat ("Les nécessités"), se rapportant à la complexité superflue de l'arrangement des rimes. L'humanisme sceptique de sa poésie est également apparent dans la Risalat al-ghufran, dans laquelle le poète visite le paradis et rencontre ses prédécesseurs, poètes païens qui ont trouvé le pardon. Cette dernière œuvre a suscité quelques suspicions chez les musulmans qui ont pensé qu'il était marqué par le scepticisme.

L'ouvrage Al-Fusul wa al-ghayat ("Paragraphes et périodes"), une collection d'homélies en prose rimée, fut même traitée de pastiche du Coran. Bien qu'il ait été l'avocat de la justice sociale et de l'action, Al-Maari pensait que les enfants ne devraient pas être conçus, afin d'épargner aux générations futures les douleurs de la vie. En novembre 2007, son œuvre était interdite d’exposition au Salon International du Livre d’Alger (SILA) sur ordonnance du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs algérien.

Voici quelques uns de ses vers audacieux :

Les habitants de la terre se divisent en deux,
Ceux qui ont de l'esprit mais pas de religion,
Et ceux qui ont de la religion mais pas d'esprit.

Grand poète lyrique solitaire, il a été traduit en français par Adonis.

Notes et références

  1. arabe : abū al-ʿalāʾ al-maʿari, أبو العلاء المعر
  • Les Impératifs. Poèmes de l'Ascèse. Édition bilingue, traduit par Hoa Hoï Vuong et Patrick Mégarbané, Actes Sud, collection Sindbad, Arles, 2009.
  • L'épître du pardon, traduit par Vincent-Mansour Monteil, Gallimard, Paris, 1984.
  • Risalat ul Ghufran, a Divine Comedy, traduit par G. Brackenbury, Dâr al-Maaref, Le Caire, 1943.
  • Dans la prison d'Aboul-Ala, essai de Taha Hussein, Milelli, Villepreux, 2009, ISBN 978-2-916590-11-0


Modèle:Grandes figures de l'Islam médiéval